Citations ajoutées le 07 juillet 2006

William Blake

  1. Sans contraintes il n'est pas de progrès. Attraction et Répulsion, Raison et Énergie, Amour et Haine, sont nécessaires à l'existence de l'homme.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.12, José Corti, 2003)
     
  2. Ceux qui répriment leur désir, sont ceux dont le désir est faible assez pour être réprimé ; et l'élément restricteur ou raison usurpe alors la place du désir et gouverne celui dont la volonté abdique.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.15, José Corti, 2003)
     
  3. La Prudence est une riche et laide vieille fille à qui l'incapacité fait la cour.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.20, José Corti, 2003)
     
  4. Le Désir non suivi d'action engendre la pestilence.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.20, José Corti, 2003)
     
  5. Un sage ne voit pas le même arbre qu'un fou.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.20, José Corti, 2003)
     
  6. Livre de comptes, toise et balance - garde cela pour les temps de disette.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.21, José Corti, 2003)
     
  7. L'oiseau ne vole jamais trop haut, qui vole de ses propres ailes.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.21, José Corti, 2003)
     
  8. Insanité, masque du fourbe.
    Pudeur, masque de l'orgueil.

    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.21, José Corti, 2003)
     
  9. Renard pris n'accuse que le piège.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.22, José Corti, 2003)
     
  10. La joie féconde, la douleur accouche.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.22, José Corti, 2003)
     
  11. À l'oiseau le nid ; à l'araignée la toile ; à l'homme l'amitié.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.23, José Corti, 2003)
     
  12. Évidence d'aujourd'hui, imagination d'hier.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.23, José Corti, 2003)
     
  13. Sois toujours prêt à dire ton opinion, et le lâche t'évitera.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.23, José Corti, 2003)
     
  14. C'est parce que d'autres ont été fous, que nous, nous pouvons ne pas l'être.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.25, José Corti, 2003)
     
  15. Pour créer la moindre fleur, des siècles ont travaillé.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.26, José Corti, 2003)
     
  16. Le lion serait rusé, si conseillé par le renard.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.27, José Corti, 2003)
     
  17. La culture trace des chemins droits ; mais les chemins tortueux sans profit sont ceux-là mêmes du génie.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.27, José Corti, 2003)
     
  18. La vérité, jamais ne peut être dite de telle manière qu'elle soit comprise et ne soit pas crue.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.28, José Corti, 2003)
     
  19. Si les fenêtres de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme, - ainsi qu'elle l'est - infinie.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.36, José Corti, 2003)
     
  20. L'homme qui ne change jamais d'opinion, est comparable à l'eau stagnante ; il fomente les serpents de l'esprit.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.47, José Corti, 2003)
     
  21. Une même loi pour le Lion et pour le Boeuf, c'est Oppression.
    (Le mariage du Ciel et de l'Enfer, trad. André Gide , p.59, José Corti, 2003)
     

Claude Roy

  1. Aide-toi : ça pourra aider le Ciel.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.15, Folio n°2388)
     
  2. Il faudrait chaque fois se redire qu'on ne discute pas pour avoir raison, mais pour devenir raison. Pas pour avoir l'avantage mais pour savoir davantage. Dans Platon, la phrase si belle que Socrate dit à Philèbe : « Ne nous entêtons pas à savoir qui de nous deux a raison, mais rallions-nous tous deux au point de vue qui nous apparaîtra comme le plus juste. »
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.19, Folio n°2388)
     
  3. À un critique qui reprochait aux écrivains comme lui de décrire les maux de la société mais de ne pas suggérer de remèdes, Trifonov répond : « Nous ne sommes pas les médecins. Nous sommes la douleur. »
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.31, Folio n°2388)
     
  4. Une de mesures du progrès moral me semble être l'augmentation ou la diminution du nombre des êtres vivants à qui on ne demande pas leurs avis.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.32, Folio n°2388)
     
  5. Le planète connaît deux ostracismes : le bannissement, qui chasse les hommes de leur patrie, les exile. Et l'interdiction de s'exiler, qui exile sur place.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.42, Folio n°2388)
     
  6. L'enfance protégée est le luxe des êtres protégés : le chat sauvage ne ronronne plus dès qu'il a atteint l'âge adulte.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.42, Folio n°2388)
     
  7. Les écrivains sont une espèce curieuse dont l'activité consiste à se donner et à donner à leurs semblables de petits bonheurs en décrivant avec la plus minutieuse exactitude de grands malheurs.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.43, Folio n°2388)
     
  8. La littérature constitue un très vieux ressac de paroles obstinées.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.43, Folio n°2388)
     
  9. Les tyrans veulent tout à la fois : des esclaves, et qui soient libres. Librement esclaves.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.60, Folio n°2388)
     
  10. [...] la conclusion d'Ilya Prigogine : « Le problème de la vérité doit partir du fait que notre rapport au réel contient un élément essentiel de construction. »
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.70, Folio n°2388)
     
  11. [...] les êtres humains ne croient pas ce qui est, ce qu'ils voient, ce qu'ils savent. Ils croient ce qu'ils veulent croire, ont besoin de croire.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.71, Folio n°2388)
     
  12. Quand quelqu'un vous dit : « Je lui ai envoyé ses quatre vérités », il y a beaucoup de chances qu'il n'ait pas « envoyé » quatre vérités, ni trois, ni deux, ni une, mais simplement quatre méchancetés déguisées en vérité.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.76, Folio n°2388)
     
  13. « Il n'y a pas d'amour, dit Pierre Reverdy : il n'y a que des preuves d'amour. »
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.83, Folio n°2388)
     
  14. Il ne suffit pas d'avoir entendu parler de la vérité. Il faut qu'elle nous soit devenue vraie.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.88, Folio n°2388)
     
  15. On n'aime l'odeur que de qui on aime.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.90, Folio n°2388)
     
  16. Le révérend H. M. Wilkinson lui [en parlant de Darwin] avait annoncé qu'il avait trouvé une libellule vivante emprisonnée entre deux feuilles de sun-dew. Il se mit à étudier ces fleurs, à cinquante-deux ans. Le livre a trois cent soixante-dix pages. C'est un beau livre.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.91, Folio n°2388)
     
  17. Les dictionnaires, les encyclopédies, les manuels, c'est une assurance, des provisions mises en réserve en prévision des trous noirs d'ignorance qui, inexorablement, s'ouvriront sous nos pas.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.100, Folio n°2388)
     
  18. Ces grands penseurs politiques, prophètes, qui à force de prévoir ne voient plus rien.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.101, Folio n°2388)
     
  19. Ma bêtise ne me saute aux yeux qu'en me relisant : encore faut-il avoir écrit.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.101, Folio n°2388)
     
  20. L'homme a des yeux pour voir, des oreilles pour entendre. Il excelle aussi à en faire l'usage le plus pervers quand il ne veut pas voir, ne veut pas entendre, ne veut pas savoir.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.130, Folio n°2388)
     
  21. J'ai voyagé parfois pour me changer les idées, ou me guérir de mes sentiments. Je voudrais ne plus voyager que pour les vérifier.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.143, Folio n°2388)
     
  22. Le voyageur voit. Le touriste toure.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.144, Folio n°2388)
     
  23. On reconnaît les touristes à ce qu'il ne cesse de pester contre les touristes.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.144, Folio n°2388)
     
  24. L'esprit, c'est comme l'argent. Ceux qui en ont l'ont en général aux dépens d'autrui.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.146, Folio n°2388)
     
  25. Un paradoxe, c'est une vérité qui a mis une robe du soir un peu excentrique.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.147, Folio n°2388)
     
  26. Chesterton disait que le monde est plein de vérités chrétiennes devenues folles. Il est encore plus peuplé aujourd'hui de vérités psychanalytiques devenues gâteuses.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.157, Folio n°2388)
     
  27. [...] du premier cri au dernier soupir, l'homme est un souffle pensant.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.157, Folio n°2388)
     
  28. Bien sûr, l'argent ne fait pas le bonheur, mais il aide à acheter des livres.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.162, Folio n°2388)
     
  29. L'amour des livres peut être plus fort que le goût pour une vie qui en serait privée.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.164, Folio n°2388)
     
  30. Morte est la demeure où n'entrent pas chaque jour un nouveau livre et un nouveau visiteur, de nouveaux amis.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.172, Folio n°2388)
     
  31. L'asile est la consigne de la gare sociale où l'on dépose les colis encombrants.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.184, Folio n°2388)
     
  32. Le printemps est presque toujours moins beau au printemps qu'en hiver. La liberté est presque toujours moins séduisante quand on est libéré que sous la tyrannie.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.191, Folio n°2388)
     
  33. L'image, opium du peuple.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.195, Folio n°2388)
     
  34. Il vaut mieux éviter d'être content de soi. Mais être content avec soi ne serait pas mal. Je veux dire se regarder clair, se voir avec ses défauts et ses manques, mais amicalement.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.201, Folio n°2388)
     
  35. Le vrai pardon c'est l'oubli parce que l'oubli suppose le plus profond pardon. Celui qui vous tient à la merci de sa mémoire a-t-il vraiment pardonné ?
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.201, Folio n°2388)
     
  36. Un bon écrivain d'un pessimisme noir est un déprimé que l'expression de sa dépression empêche d'être déprimé.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.204, Folio n°2388)
     
  37. L'honnêteté : la plus rare aujourd'hui, c'est celle qui consiste à écouter et comprendre ce que dit vraiment l'autre ou l'adversaire, au lieu de réfuter une caricature.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.205, Folio n°2388)
     
  38. [...] la poésie, cette activité gratuite par excellence, ajoute aux charmes essentiels de l'inutilité la force inattendue de l'extrême utilité.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.222, Folio n°2388)
     
  39. Une raison qui saute trop vite aux yeux rend aveugle.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.231, Folio n°2388)
     
  40. Une nuit si noire qu'elle rend l'obscurité visible.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.232, Folio n°2388)
     
  41. L'égalité commence le jour où un Blanc peut dire à un Noir tout ce qu'il pense sans s'autocensurer parce qu'il parle à un Noir. Et vice versa.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.232, Folio n°2388)
     
  42. On appelle « homme de la rue » celui qui est comme tout le monde mais un peu plus comme tout le monde que tout le monde.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.232, Folio n°2388)
     
  43. La preuve de l'existence de Dieu par les résultats des sondages.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.234, Folio n°2388)
     
  44. Nous remportons d'importantes victoires. L'ennemi perpètre d'atroces massacres.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.234, Folio n°2388)
     
  45. À en juger par ce qu'ils font de la vie mortelle, la plupart des vivants ne semblent pas assez mûrs pour une vie éternelle.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.242, Folio n°2388)
     
  46. « Le pouvoir rend fou. Le pouvoir absolu rend absolument fou. »
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.249, Folio n°2388)
     
  47. Il y a deux hommes en moi, l'aveugle, et celui qui aide l'aveugle à traverser la route.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.250, Folio n°2388)
     
  48. Préférer toujours l'ombre à la proie, les lèvres à la coupe, l'ours à la peau de l'ours et les moyens aux fins.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.250, Folio n°2388)
     
  49. Le football aujourd'hui, c'est le blitz à la portée des sous-développés qui ne pratiquent pas le terrorisme direct.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.261, Folio n°2388)
     
  50. L'Histoire : ce qui se passe entre le Bang et la Bombe.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.288, Folio n°2388)
     
  51. Mon expérience des hauts fonctionnaires m'en a fait rarement rencontrer qui expriment des inquiétudes métaphysiques.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.301, Folio n°2388)
     
  52. Comme le dit Octavio Pas : « L'idéal du diable c'est l'indifférence universelle. » L'indifférence et l'ignorance du monde extérieur se partagent l'esprit des deux tiers des citoyens américains d'aujourd'hui.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.334, Folio n°2388)
     
  53. La métaphysique, art de se payer de mots.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.339, Folio n°2388)
     
  54. Le silence éternel de ces espaces infinis me repose du bruit de la télévision.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.342, Folio n°2388)
     
  55. « Où avez-vous mal ? », demande le docteur. On n'ose pas répondre : « J'ai mal à l'espoir. »
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.342, Folio n°2388)
     
  56. Les idées vraiment claires n'oublient pas l'ombre dont elles viennent.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.342, Folio n°2388)
     
  57. Un atrabilaire invente l'Enfer, un épicurien le Paradis, et un centriste invente le Purgatoire.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.344, Folio n°2388)
     
  58. L'amour est un tranquillisant, mais il est recommandé de prendre garde aux effets secondaires.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.344, Folio n°2388)
     
  59. C'est quelqu'un qui visite sa vie en étranger, très poli, en essayant de ne pas déranger, s'excusant de passer.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.346, Folio n°2388)
     
  60. Professeurs qui entrent dans un poème comme dans un moulin.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.354, Folio n°2388)
     
  61. Résumons la chose : langes, draps, linceul.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.356, Folio n°2388)
     
  62. Il ne se contredit pas suffisamment pour être vraiment intéressant.
    (La fleur du temps, journal 1983-1987, p.366, Folio n°2388)
     

Abel Bonnard

  1. L'argent ne doit être que le plus puissant de nos esclaves.
    (L'Argent, p.7, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  2. Les pauvres sont fats de leurs dépenses et les riches de leurs économies.
    (L'Argent, p.7, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  3. Il faut que les riches aient l'âme bien forte, pour se priver si fermement du plaisir qu'on éprouve à donner.
    (L'Argent, p.8, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  4. Pauvres ou riches, la pire misère qui puisse nous arriver est que ce caractère accidentel devienne la définition de nous-mêmes.
    (L'Argent, p.8, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  5. Le vrai mépris de l'argent repose sur la connaissance de toutes les richesses qu'on peut avoir sans lui.
    (L'Argent, p.8, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  6. Une certaine façon de gâcher l'argent prouve uniquement qu'on était indigne d'en posséder. Le nouveau riche, par tout ce qu'il fait, nous démontre que jamais il n'aurait dû être riche. Ses dépenses sont des violences qu'il fait à des choses qu'il n'auraient pas dû avoir. Il est une manière élégante d'être prodigue, mais qui ne s'attrape pas facilement. Il faut des qualités assez peu communes pour jouir de la vie de façon à donner un joli spectacle à ceux qui regardent. Là où un lourdaud gâche l'argent, un délicat le dissipe. Toutes les fois qu'une grande dépense fait penser à la somme qu'on y a mise, c'est qu'elle est manquée. L'argent doit s'évanouir dans les résultats qu'il procure. On ne pense pas plus à lui, dans une dépense bien faite, qu'on ne se soucie, en jouissant d'une oeuvre d'art, du travail et de la fatigue de l'ouvrier.
    (L'Argent, p.13, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  7. La plupart des riches n'ont pas assez d'âme pour nous faire oublier qu'ils ont de l'argent.
    (L'Argent, p.26, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  8. La pauvreté n'empêche pas un être de montrer ce qu'il a de noble, mais il lui faut un peu d'argent, pour manifester ce qu'il a de charmant.
    (L'Argent, p.26, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  9. La richesse illumine la médiocrité.
    (L'Argent, p.26, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  10. Le plaisir d'un riche qui fait son testament n'est pas de penser à ceux qu'il enrichira, mais à ceux qu'il frustre.
    (L'Argent, p.28, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  11. La spéculation elle-même, quels que soient les inconvénients qui l'accompagnent et les ravages qu'elle peut causer, ne va pas sans une sorte de poésie. L'homme qui travaille laboure, mais l'homme qui spécule navigue. Il voit s'ouvrir à l'horizon des profondeurs où mûrissent le bon et le mauvais temps. Si chétif que soit le bateau sur lequel il se hasarde, il n'en éprouve pas moins les ivresses et les colères de la mer.
    (L'Argent, p.42, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  12. [Le monde moderne] n'a plus la poésie de la variété ; il n'a plus la poésie de la profondeur, ni celle du calme, ni celle de l'ordre. Il ne lui reste que la poésie du hasard.
    (L'Argent, p.44, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  13. Si l'on veut pénétrer le caractère d'un homme, on a le choix de l'observer pendant des années, ou de lui faire jouer un peu d'argent, et de le connaître en une heure.
    (L'Argent, p.47, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  14. « Mes enfants, vous resterez pauvres ou vous deviendrez riches, je n'en sais rien, et, du reste, je ne m'en soucie pas. Mon oeuvre est de vous donner toutes les richesses qui ne dépendent pas de l'argent : c'est de vous apprendre à rendre riche, au dedans, la vie dont les dehors seront les plus pauvres. Quand j'aurai fait cela, je vous livrerai à votre sort avec confiance, car, si humble que puisse être votre condition, je serai sûr que vous ne serez jamais des inférieurs en vous-mêmes, et je croirai avoir bien rempli ma tâche, si, quoi qu'il vous arrive, j'ai mis votre âme au-dessus de votre destin. » C'est pour dire de telles choses qu'il serait beau d'être instituteur.
    (L'Argent, p.48, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  15. Il y a des gens si indignes de posséder les oeuvres d'art que leur richesse leur a donné les moyens d'acquérir qu'on peut dire qu'ils les ont volées avec de l'argent.
    (L'Argent, p.52, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  16. Les plus belles collections ont été faites avec peu d'argent et beaucoup d'amour.
    (L'Argent, p.52, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  17. Quand on a l'occasion de faire un cadeau à un pauvre, il est plus délicat de lui donner la chose inutile dont il a envie que la chose utile dont il a besoin.
    (L'Argent, p.58, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     
  18. Quand un artiste ou un auteur se vante de gagner de l'argent, il nous avertit, sans y prendre garde, qu'il a changé de métier.
    (L'Argent, p.58, Librairie Hachette (coll. Notes et maximes), 1928)
     

Pierre-Yves Bourdil

  1. Il arrive par exemple que nous nous trouvions trop gros ou trop petits, et d'en être affligés. Mais « gros » ou « petit » par rapport à quoi ? Par rapport à ce que disent les magazines ou parce que l'homme est un être qui en soi pèse soixante-dis kilos quand il mesure cent soixante-dix centimètres, ni plus ni moins ? Existe-t-il des cailloux nains, ou des noisettes géantes ?
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.17, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)
     
  2. Quand nous sentons que rien de ce qui nous importe n'est en jeu, nous nous payons la coquetterie de nous distinguer. Une grippe ne nous met pas vraiment en danger. Au pire, elle nous gêne. Seulement, grâce à elle, nous aurons quelque chose à raconter.
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.19, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)
     
  3. Aucune vérité n'échappe à son expression. Et aucune formulation ne demeure absolument neutre.
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.27, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)
     
  4. On n'écoute guère le fou quand il déclare qu'il n'est pas fou.
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.28, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)
     
  5. C'est ainsi qu'un enfant « sage » ou « bien élevé » ressemble avant tout à un petit animal bien dressé qui répète ce que nous lui avons appris. Là, nous aimons paraître comme tout le monde. Mais quand cela nous arrange, nous rêvons d'être uniques en notre genre. Nous serions fâchés si notre goût artistique, si notre génie littéraire étaient communs à tout le monde. Là, nous aimons que notre humanité soit seule face à l'univers entier. De moment que celui-ci nous admire !
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.32, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)
     
  6. La collectivité n'est pas l'universel.
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.35, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)
     
  7. Le despotisme ne vaut que si nous trouvons assez d'avantages à son action pour tolérer ses ambitions.
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.43, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)
     
  8. Aucune religion terroriste, aucun régime assassin ne tient sans complices.
    («L'homme est une passion inutile» (Sartre), p.43, Éd. Pleins Feux, coll. Variations, 2001)