Citations ajoutées le 11 mars 2006

  
Jean Rostand

  1. La séparation du conjugal d'avec le sentimental est la première sagesse du mariage : tu ne mêleras jamais tes griefs domestiques et tes ressentiments amoureux.
    (Le mariage, p.5, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  2. Un bon mariage serait celui où l'on oublierait, le jour, qu'on est amants, la nuit, qu'on est époux.
    (Le mariage, p.7, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  3. [...] les femmes sont promptes à découvrir dans tout ce qui leur désagrée un sujet d'alarme pour leur amour.
    (Le mariage, p.7, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  4. Le vainqueur, dans la lutte conjugale, est d'ordinaire celui des deux qui attache le moindre prix à la paix. Souvent aussi c'est le plus mesquin, et n'oublie pas que les défauts mêmes de ta femme la qualifient pour la victoire.
    (Le mariage, p.8, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  5. Fais la part de la femme ; sacrifie le détail si, par là, tu peux sauvegarder l'ensemble.
    (Le mariage, p.8, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  6. Brise ta chaîne ou endure-la  ne tire pas dessus.
    (Le mariage, p.10, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  7. Permets-toi de céder quand tu as raison, à la condition de savoir être intransigeant quand tu as tort.
    (Le mariage, p.13, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  8. L'art est souvent de déconcerter : résiste là où l'on s'attend que tu cèdes ; cède là où l'on s'attend que tu résistes.
    (Le mariage, p.13, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  9. Regardes-y à deux fois avant de renoncer les libertés qui te sont indifférentes : c'est toujours par là que l'on commence.
    (Le mariage, p.16, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  10. Amuse-toi, de temps en temps, à faire venir sur ses lèvres un reproche qu'elle sera forcée de contenir parce qu'elle-même en serait passible.
    (Le mariage, p.25, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  11. Dès l'instant d'ouvrir la bouche, prépare-toi à être contredit.
    (Le mariage, p.27, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  12. N'essaie pas de convaincre : tu ne convaincras jamais une femme, ni surtout la tienne.
    (Le mariage, p.28, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  13. Une bonne allusion vaut tous les reproches, outre qu'elle est d'un usage plus commode. Pour être bonne, une allusion doit être si directe qu'on en soit frappé sûrement, si détournée qu'on doute d'avoir été visé.
    (Le mariage, p.31, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  14. Ne comprends jamais tout de suite une allusion de ta femme ; en l'obligeant à insister, tu la mettras dans son tort.
    (Le mariage, p.31, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  15. Ne passe pas des heures à te demander si ta femme boude : dès lors que tu te poses la question, c'est oui.
    (Le mariage, p.33, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  16. À moins d'un accord idéal et proprement utopique, il s'établit de la haine jusqu'entre les époux les plus aimants. La haine conjugale est, de toutes, la plus constante, la plus normale : on hait des gens pour des raisons bien moindres qu'on ne hait sa femme ou son mari.
    (Le mariage, p.45, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  17. Un ménage est bien accordé où les deux époux ressentent en même temps le besoin de la querelle.
    (Le mariage, p.47, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  18. Attends toujours, pour riposter, l'attaque directe. Si ta femme te provoque sournoisement, c'est qu'elle n'est pas sûre de son droit et cherche à te faire endosser la querelle.
    (Le mariage, p.49, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  19. Il y a certaines réconciliations qui exigent une nouvelle querelle pour devenir définitives.
    (Le mariage, p.54, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  20. Oublie sa figure de querelle, et ses mots, et son accent : la vie serait impossible s'il fallait continuer de voir ce qu'on aime comme on l'a vu quelques minutes.
    (Le mariage, p.55, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  21. Demande de temps en temps, à ta femme, de petites concessions toutes naturelles, mais que tu sais qu'elle ne peut te faire : tu auras le profit de son refus.
    (Le mariage, p.56, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  22. Ne dis en sa présence ni tout le mal que tu penses des femmes, ni tout le bien que tu penses de quelques-unes.
    (Le mariage, p.61, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  23. Ne t'exagère pas vos différences : elles sont infinies, comme toujours entre deux êtres, mais pas davantage.
    (Le mariage, p.63, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  24. Surtout, ne te figure pas qu'une autre te conviendrait mieux. On ne peut se croire des affinités qu'avec les personnes que l'on ne connaît guère.
    (Le mariage, p.63, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  25. Tu n'es ni un monstre ni une victime. Trouve dans tes remords de quoi apaiser tes rancunes, dans tes rancunes de quoi amoindrir tes remords.
    (Le mariage, p.68, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  26. Dis-toi, chaque matin, en te levant : « Je vais me rencontrer dans ma maison avec une futile, une contredisante, une entêtée, une chicanière, une boudeuse... »
    (Le mariage, p.71, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  27. Tant que tu gardes la conscience de n'être plus le même, tu n'es pas encore tout à fait un autre.
    (Le mariage, p.75, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  28. Le mariage simplifie la vie et complique la journée.
    (Le mariage, p.77, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  29. Toute la vie auprès du même être, c'est long : un des bienfaits du mariage est de nous faire sentir la durée.
    (Le mariage, p.74, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  30. Deux époux ne se supporteraient pas si chacun savait tout le mérite de l'autre à le supporter.
    (Le mariage, p.74, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  31. Il ne faut pas oublier que le premier devoir, dans le mariage, est de se faire pardonner d'être là.
    (Le mariage, p.78, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  32. Nous n'aimons point qu'on dise du mal de notre femme, ni trop de bien.
    (Le mariage, p.79, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  33. C'est déjà tout à l'honneur d'une femme quand elle donne à son mari le sentiment que le bonheur n'eût pas été impossible avec une autre.
    (Le mariage, p.81, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  34. Le mariage, comme la captivité, enrage ou domestique.
    (Le mariage, p.82, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  35. On se marie comme on va au danger, par manque d'imagination.
    (Le mariage, p.85, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  36. La difficulté est pareille de vivre avec l'être qu'on aime et d'aimer l'être avec qui l'on vit.
    (Le mariage, p.86, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  37. Deux époux doivent se garder de se quereller quand ils ne s'aiment plus assez pour les réconciliations.
    (Le mariage, p.87, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  38. Le pire mariage est celui qui chaque jour soude un peu plus deux êtres qu'il sépare chaque jour un peu plus.
    (Le mariage, p.87, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  39. Il y a peut-être de notre faute quand nous détestons notre femme, sûrement il y a de la sienne quand nous ne pouvons l'aimer comme nous le voudrions.
    (Le mariage, p.88, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  40. Il y a des minutes où notre femme nous paraît si étrangère que nous la trouvons outrecuidante de dire « nous ».
    (Le mariage, p.89, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  41. Les femmes ne se consolent d'être honnêtes qu'en se répétant sans cesse qu'il ne tiendrait qu'à elles de ne le point rester.
    (Le mariage, p.91, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  42. C'est grand dommage qu'on cesse ordinairement d'aimer sa femme avant que d'avoir pu s'accoutumer à elle.
    (Le mariage, p.92, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  43. À combien de ménages ne manque-t-il, pour s'entendre qu'un peu de passion ; à combien d'autres, qu'un peu d'indifférence !
    (Le mariage, p.94, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  44. De toutes les amours, les conjugales sont les plus rares et les plus jalousées.
    (Le mariage, p.95, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     
  45. Le mariage est trop décrié pour n'avoir pas beaucoup de bon.
    (Le mariage, p.95, Hachette, coll. Notes et maximes (orig. 1927), 1964)
     

Patrick Süskind

  1. Mais laissez-moi enfin la paix !
    (L'histoire de Monsieur Sommer, trad. Bernard Lortholary , p.34, Folio Junior n°850, 1998)
     

Maxime Chattam

  1. On a souvent dit que vieillir c'est perdre sa dignité et mourir la retrouver ; c'est probablement vrai mais à condition que quelqu'un passe par là pour remettre le corps dans une attitude un peu plus digne, car la mort a ceci d'étrange qu'elle se plaît à frapper aux instants les plus inattendus.
    (L'âme du mal, p.95, Michel Lafon, 2002)
     
  2. [...] la première des qualités d'un tueur, l'art du caméléon, de s'adapter sans faire de vagues.
    (L'âme du mal, p.196, Michel Lafon, 2002)
     
  3. On ne peut lutter contre ce qui ne meurt pas.
    (L'âme du mal, p.197, Michel Lafon, 2002)
     
  4. [Je ne veux pas finir] dans un hôpital. À gueuler comme tout le monde, à pisser le sang, en sentant la panique monter alors que tu perçois la mort imminente. Entouré de gens dévoués certes, mais qui n'en restent pas moins des professionnels pour qui ta mort ne sera qu'une de plus dans le Grand Anonymat. Je veux une mort personnelle, égocentrique tu vois. Un truc vraiment centré sur ma petite personne, avec des gens qui prendraient conscience avec moi que c'est fini, que je m'en vais. Je veux pas d'une mort professionnelle comme on en fait aujourd'hui, ça dédramatise tellement tout.
    (L'âme du mal, p.281, Michel Lafon, 2002)
     
  5. Cette heure de la nuit [trois heures du matin] où la fatigue fige le monde autour de soi, où l'absence de vie donne à la nuit tous les droits sur l'homme, surtout celui de s'inquiéter.
    (L'âme du mal, p.315, Michel Lafon, 2002)
     
  6. Le sommeil est peut-être le seul sanctuaire de quiétude dont dispose l'homme, se dit-il.
    (L'âme du mal, p.430, Michel Lafon, 2002)