Citations ajoutées le 24 février 2006

  
Edgar Morin

  1. Une intelligence incapable d'envisager le contexte et le complexe planétaire, rend aveugle, inconscient et irresponsable.
    (La tête bien faite, p.15, Seuil, 1999)
     
  2. La science économique est de plus incapable d'envisager ce qui n'est pas quantifiable, c'est-à-dire les passions et les besoins humains. Ainsi l'économie est à la fois la science la plus avancée mathématiquement et la plus arriérée humainement. Hayek l'avait dit :«Personne ne peut être un grand économiste qui soit seulement un économiste.» Il ajoutait même qu'« un économiste qui n'est qu'économiste devient nuisible et peut constituer un véritable danger ».
    (La tête bien faite, p.16, Seuil, 1999)
     
  3. Plus la politique devient technique, plus la compétence démocratique régresse.
    (La tête bien faite, p.20, Seuil, 1999)
     
  4. La réforme de l'enseignement doit conduire à la réforme de la pensée et la réforme de pensée doit conduire à la réforme de l'enseignement.
    (La tête bien faite, p.21, Seuil, 1999)
     
  5. Ce que signifie « une tête bien pleine » est clair : c'est une tête où le savoir est accumulé, empilé, et ne dispose pas d'un principe de sélection et d'organisation qui lui donne sens. « Une tête bien faite » signifie que, plutôt que d'accumuler le savoir, il est beaucoup plus important de disposer à la fois :
    - d'une aptitude générale à poser et traiter des problèmes,
    - de principes organisateurs qui permettent de relier les savoirs et de leur donner sens.

    (La tête bien faite, p.23, Seuil, 1999)
     
  6. Le développement de l'intelligence générale requiert de lier son exercice au doute, levain de toute activité critique, qui, comme l'indique Juan de Mairena, permet de « repenser le pensé » mais aussi comporte « le doute de son propre doute ». Il doit faire appel à l'ars cogitandi, lequel inclut le bon usage de la logique, de la déduction, de l'induction - l'art de l'argumentation et de la discussion. Il comporte aussi cette intelligence que les Grecs nommaient métis, « ensemble d'attitudes mentales... qui combinent le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d'esprit, la débrouillardise, l'attention vigilante, le sens de l'opportunité ». Enfin, il faudrait partir de Voltaire et de Conan Doyle, plus plus tard examiner l'art du paléontologue ou du préhistorien pour initier à la sérendipidité, art de transformer des détails apparemment insignifiants en indices permettant de reconstituer toute une histoire.
    (La tête bien faite, p.24, Seuil, 1999)
     
  7. [...] l'organisation en système produit des qualités ou propriétés inconnues des parties conçues isolément : les émergences.
    (La tête bien faite (Note de bas de page.), p.29, Seuil, 1999)
     
  8. Connaître l'humain, c'est non pas le retrancher de l'Univers, mais l'y situer. Toute connaissance [...] doit contextualiser son objet pour être pertinente. « Qui sommes-nous ? » est inséparable d'un « Où sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous ? »
    (La tête bien faite, p.39, Seuil, 1999)
     
  9. [...] l'apprendre à vivre nécessite non seulement des connaissances, mais la transformation, en son propre être mental, de la connaissance acquise en sapience [Nbp : Mot ancien qui recouvre « sagesse » et « science ».] et l'incorporation de cette sapience pour sa vie.
    (La tête bien faite, p.51, Seuil, 1999)
     
  10. Qu'on me permette cette confidence sur la relation entre le livre et le vivre : Je n'ai cessé d'être emporté par le vivre, mais les livres ont été omniprésents dans mon vivre et ont agi sur lui. Le livre a toujours stimulé, éclairé, guidé mon vivre, et réciproquement mon vivre, demeuré à jamais interrogateur, n'a cessé d'en appeler au livre.
    (La tête bien faite (Note de bas de page.), p.52, Seuil, 1999)
     
  11. La compréhension humaine nous vient quand nous ressentons et concevons les humains comme sujets ; elle nous rend ouverts à leurs souffrances et leurs joies ; elle nous permet de reconnaître en autrui les mécanismes égocentriques d'auto-justification qui sont en nous, ainsi que les rétroactions positives (au sens cybernétique du terme) qui font dégénérer les moindres querelles en conflits inexpiables. C'est à partir de la compréhension que l'on peut lutter contre la haine et l'exclusion.
    (La tête bien faite, p.56, Seuil, 1999)
     
  12. L'apprentissage de l'auto-observation fait partie de l'apprentissage de la lucidité. L'aptitude réflexive de l'esprit humain, qui le rend capable en se dédoublant de se considérer lui-même, cette aptitude que certains auteurs comme Montaigne ou Maine de Biran ont admirablement exercée, devrait être chez tous encouragée et stimulée. Il faudrait enseigner de façon continue comment chacun produit le mensonge à lui-même ou self-deception. Il s'agirait d'exemplifier sans cesse comment l'égocentrisme auto-justificateur et la bouc-émissarisation d'autrui conduisent à cette illusion, et comment y concourent les sélections de la mémoire qui éliminent ce qui nous gêne et enjolivent ce qui nous avantage (ce pourrait être par l'incitation à tenir un journal quotidien et à y réfléchir sur les événements vécus.)
    (La tête bien faite, p.57, Seuil, 1999)
     
  13. L'élève doit savoir que les hommes ne tuent pas seulement dans la nuit de leurs passions mais aussi dans la lumière de leurs rationalisations.
    (La tête bien faite, p.58, Seuil, 1999)
     
  14. La philosophie n'est pas une discipline, c'est une puissance d'interrogation et de réflexion qui porte non seulement sur les connaissances et sur la condition humaine, mais aussi sur les grands problèmes de la vie. Dans ce sens, le philosophe devrait partout stimuler l'aptitude critique et autocritique, ferments irremplaçables de lucidité, et partout encourager à la compréhension humaine, tâche fondamentale de la culture.
    (La tête bien faite, p.59, Seuil, 1999)
     
  15. Le plus grand apport de connaissance du 20e siècle a été la connaissance des limites de la connaissance. La plus grande certitude qu'il nous ait donnée est celle de l'inéliminabilité d'incertitudes, non seulement dans l'action, mais dans la connaissance. « Seul point à peu près certain dans le naufrage (des anciennes certitudes absolues) : le point d'interrogation », nous dit le poète Salah Stétié.
    (La tête bien faite, p.61, Seuil, 1999)
     
  16. Connaître et penser, ce n'est pas arriver à une vérité absolument certaine, c'est dialoguer avec l'incertitude.
    (La tête bien faite, p.66, Seuil, 1999)
     
  17. La foi incertaine, comme chez Pascal, Dostoïevsky, Unamuno, Adorno, Goldmann, est l'un des viatiques les plus précieux qu'ait produits la culture européenne, l'autre étant la rationalité autocritique, qui elle-même constitue notre meilleure immunologie contre l'erreur.
    (La tête bien faite, p.69, Seuil, 1999)
     
  18. L'Université doit-elle s'adapter à la société ou la société doit-elle s'adapter à l'Université ? Il y a complémentarité et antagonisme entre les deux missions, s'adapter à la société et adapter soi à la société : l'une renvoie à l'autre en une boucle qui devrait être productrice. Il ne s'agit pas seulement de moderniser la culture : il s'agit aussi de culturiser la modernité.
    (La tête bien faite, p.94, Seuil, 1999)
     
  19. À une pensée qui isole et sépare, il faut substituer une pensée qui distingue et relie. À une pensée disjonctive et réductrice, il faut substituer une pensée du complexe, au sens originaire du terme complexus : ce qui est tissé ensemble.
    (La tête bien faite, p.101, Seuil, 1999)
     
  20. Antonio Machado disait : « Une idée n'a pas plus de valeur qu'une métaphore, en général elle en a moins. » Et Descartes, qui n'était pas principalement cartésien, remarquait : « On pourrait s'étonner que les pensées profondes se trouvent dans les écrits des poètes et non ceux des philosophes. La raison en est que les poètes se servent de l'enthousiasme et exploitent la force de l'image » (Descartes, Cogitationes privatae).
    (La tête bien faite, p.104, Seuil, 1999)
     
  21. Toute grande philosophie est une découverte de complexité, puis elle étouffe d'autres complexités en fermant un système autour de la complexité qu'elle a révélée.
    (La tête bien faite, p.105, Seuil, 1999)
     
  22. Répétons ici la différence entre expliquer et comprendre. Expliquer c'est considérer l'objet de connaissance seulement comme un objet et lui appliquer tous les moyens objectifs d'élucidation. Il y a ainsi une connaissance explicative qui est objective, c'est-à-dire qui considère des objets dont il faut déterminer les formes, les qualités, les quantités et dont le comportement se connaît par causalité mécanique et déterministe. L'explication est bien entendu nécessaire à la compréhension intellectuelle ou objective. Elle est insuffisante pour la compréhension humaine.
    Il y a connaissance qui est compréhensive, et qui se fonde sur la communication, l'empathie, voire la sympathie inter-subjectives.
    Ainsi je comprends les larmes, le sourire, le rire, la peur, la colère en voyant l'ego alter comme alter ego, par ma capacité de ressentir les mêmes sentiments que lui. Comprendre dès lors comporte un processus d'identification et de projection de sujet à sujet. [...] La compréhension, toujours intersubjective, nécessite ouverture et générosité.

    (La tête bien faite, p.105, Seuil, 1999)
     
  23. le règne des spécialistes est le règne des idées générales les plus creuses, la plus creuse de toutes étant qu'il ne faut pas d'idée générale.
    (La tête bien faite, p.115, Seuil, 1999)
     
  24. Freud disait qu'il y a trois fonctions impossibles par définition : éduquer, gouverner, psychanalyser. C'est que ce sont plus que des fonctions ou des professions. Le caractère fonctionnel de l'enseignement conduit à réduire l'enseignant au fonctionnaire. Le caractère professionnel de l'enseignement conduit à réduire l'enseignant à l'expert. L'enseignement doit redevenir, non plus seulement une fonction, une spécialisation, une profession, mais une tâche de salut public : une mission.
    (La tête bien faite, p.115, Seuil, 1999)
     
  25. C'était la religion « catho-laïque » fondée sur la Trinité providentielle Raison-Science-Progrès.
    (La tête bien faite, p.121, Seuil, 1999)
     
  26. L'appel pour la démocratie cognitive n'est pas seulement l'appel à des cours du soir, écoles d'été, Universités populaires. C'est l'appel pour une démocratie où le débat des problèmes fondamentaux ne serait plus le monopole des seuls experts et serait porté chez les citoyens.
    (La tête bien faite, p.125, Seuil, 1999)
     
  27. On sait qu'à l'origine le mot « discipline » désignait un petit fouet qui servait à s'auto-flageller, permettant donc l'autocritique ; dans son sens dégradé, la discipline devient un moyen de flageller celui qui s'aventure dans le domaine des idées que le spécialiste considère comme sa propriété.
    (La tête bien faite, p.128, Seuil, 1999)
     
  28. [...] la chronométrisation de la vie [...]
    (La tête bien faite, p.139, Seuil, 1999)
     

Patrick Süskind

  1. Ce que saint Augustin dit du temps vaut tout aussi bien pour l'amour. Moins nous y réfléchissons, plus il nous paraît se comprendre tout seul; mais si nous commençons à nous creuser la tête à son propos, nous n'en sortons plus.
    [NDLR : En épigraphe du livre, on trouve cette citation de Saint Augustin (Confessoins, XI, XIV): « Quand personne ne me pose la question, je le sais; mais si quelqu'un me la pose et que je veuille y répondre, je ne le sais plus. »]

    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.9, Fayard, 2005)
     
  2. Car définir, ce n'est pas généraliser, c'est au contraire délimiter et distinguer par rapport au général.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.13, Fayard, 2005)
     
  3. [...] dans l'état amoureux et dans l'amour se manifeste une bonne dose de bêtise. Je recommande, en la matière, la lecture des lettres d'amour qu'on a soi-même écrites voilà vingt ou trente ans. Le rouge vous monte au front à la lecture de documents qui ne sont qu'un fatras de sottise, de prétention, de suffisance et d'aveuglement : contenu trivial, style consternant.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.34, Fayard, 2005)
     
  4. Un regard sur le regard d'un amoureux regardant celle qu'il aime suffit pour constater ceci : ce regard est vide ; il est, comme on dit fort justement, éperdu.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.36, Fayard, 2005)
     
  5. L'amour se paie toujours par la perte de la raison, par l'abandon de soi et par la mise sous tutelle qui en résulte. Cela débouche, dans les cas anodins, sur le ridicule et, dans le pire des cas, sur la catastrophe politique mondiale.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.36, Fayard, 2005)
     
  6. [Il est question de la ressuscitation de Lazare.]
    [Jésus] se comporte (notons, pour être juste : d'après l'évangéliste Jean) comme se comporte tout chef politique des temps modernes et actuels, quand il est confronté à un événement inopiné et désagréable : il cherche à s'y tailler une publicité personnelle. Qu'il y ait un malade en train de souffrir est secondaire. Beaucoup plus important est de savoir comment mettre en scène la guérison de ce malade de la façon la plus spectaculaire, afin d'accroître son propre prestige et de renforcer le mouvement de ses partisans.

    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.61, Fayard, 2005)
     
  7. Jésus était un prédicateur fanatique, il ne voulait pas convaincre, il entendait qu'on le suive, et sans condition. Ses propos sont émaillés d'ordres, de menaces et de cette formule récurrente et apodictique : « Mais en vérité je vous le dis... » C'est ainsi que parlent, à toutes les époques, ceux qui prétendent aimer et sauver non point un être humain, mais l'humanité.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.73, Fayard, 2005)
     

Paul Guth

  1. Le destin doit être un masochiste, pour se priver du tribut de gratitude dont je l'aurais comblé s'il m'avait favorisé, parfois, d'un cadeau que je ne méritais pas.
    (La chance, p.15, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  2. La fortune des riches est faite de la misère des pauvres. La chance des heureux est prise sur la malchance des misérables.
    (La chance, p.21, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  3. Nous sommes fatigués et humiliés de vivre dans un univers régi par des lois mathématiques. Nous souhaitons que le destin fasse, pour nous, une entorse à ses calculs, qu'il nous « pistonne » hors du tableau d'avancement normal. Qu'il nous favorise par de l'inexplicable, parce que c'était lui, parce que c'était elle, comme dans les coups de foudre de l'amour.
    (La chance, p.31, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  4. Croire en notre chance c'est nous imaginer que nous avons un charme invincible, un prix inestimable et que nous faisons au destin un grand honneur en acceptant ses dons.
    (La chance, p.32, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  5. La chance est la forme laïque du miracle.
    (La chance, p.33, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  6. La chance est dans l'oxygène. Pour avoir de la chance respirez à fond. En réoxygénant votre sang vous l'enrichirez.
    (La chance, p.40, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  7. Souvent nous refusons de reconnaître une chance parce qu'à sa place nous attendions ce qui était, en fait, la chance d'un autre.
    (La chance, p.55, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  8. « Veinard, va ! » dit-on en nous tapant dans le dos. Comme si nous étions complices d'une canaillerie.
    (La chance, p.63, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  9. Nous croyons parfois que la chance nous sourit. C'est à un autre qu'elle souriait, comme ces femmes de rêve que l'on rencontre dans la rue et que, dans notre dos, un autre attendait.
    (La chance, p.65, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  10. «Les événements actuels ont, avec les précédents, une liaison fondée sur le principe évident qu'une chose ne peut pas commencer d'être sans une cause qui la produit. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'Univers et ceux du plus léger atome, rien ne serait incertain pour elle et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.»
    LAPLACE

    Il n'y aurait donc pas de hasard. Comment expliquer alors cette joie qui annonçait au mathématicien et philosophe Descartes qu'il allait gagner au jeu ?
    Descartes vivait au XVIIe siècle. Sa pensée, encore imprégnée du christianisme, était à la charnière du Moyen Âge et des temps modernes. Elle gardait sa part à l'inconnaissable. Laplace, savant du XVIIIe et du début du XIXe, appartenait à l'âge où la science, grisée d'elle-même, prétendait tout expliquer.
    D'ailleurs, pourquoi l'allégresse de Descartes, dans la science, ne serait-elle pas la récompense de son obéissance aux lois ? L'esclave obéit en grognant. L'homme libre exulte. Il retrouve sa liberté en acceptant les règles.

    (La chance, p.75, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  11. La chance est femme, et enfant de Bohême. Elle veut aimer chacun de nous au moment qu'elle choisit, pour des raisons connues d'elle seule, en accord avec d'inexplicables lois de notre nature que nous ne découvrirons qu'en présence de Dieu, dans le flash éblouissant du Jugement dernier, et qu'en attendant elle s'amuse à nous entendre expliquer.
    (La chance, p.88, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )
     
  12. « Le miracle, c'est qu'il n'y ait pas que des miracles », disait le mathématicien Henri Poincaré. Le miracle, c'est aussi qu'il n'y ait pas que de la chance, qu'il y ait encore la malchance, l'achance, l'effort, le mérite. Mais la chance n'est un miracle qu'en apparence, pour contenter notre soif de merveilleux. Elle obéit en fait au calcul des probabilités et à des lois psychologiques et cosmiques encore plus profondes. C'est cela qui est un miracle, dirait Henri Poincaré.
    (La chance, p.90, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )