Citations ajoutées le 1er août 2005

Vladimir Nabokov

  1. Jusqu'ici il avait avisé sur le tas, pratiquement sans préméditation, en se fiant aveuglément à son intuition, comme un joueur d'échecs qui s'infiltre et exerce une pression chaque fois qu'apparaît un signe de faiblesse ou de paralysie dans la position de l'adversaire.
    (L'Enchanteur, trad. Gilles Barbedette , p.34, Seuil/Points R300)
     

Michel Serres

  1. [...] les images des légendes disent plus vrai que l'histoire, même celle des techniques.
    (Les messages à distance, p.10, Fides/Les grandes conférences, 1995)
     
  2. [...] les réseaux de communication recrutent désormais, pour leur mise en connexion publique, l'humanité presque entière qui devient, du coup, le sujet de l'oeuvre en même temps que son objet.
    (Les messages à distance, p.20, Fides/Les grandes conférences, 1995)
     
  3. Nous construisons un monde, l'univers même, et l'humanité, du coup. Mais, par ces connexions multiples, que faisons-nous ? Un travail ? Cela n'y ressemble pas. Une oeuvre ? En dominons-nous les effets et les voies ? Des technologies ? En tous cas, nous passons, par ces routes, du local au global : l'humanité construit l'univers en se construisant par lui.
    (Les messages à distance, p.21, Fides/Les grandes conférences, 1995)
     
  4. Tout ce qui fut dit, en philosophie, sur la force et le droit, sur le droit du plus fort et la constitution de la société civile par contrat, se reproduit mot pour mot, à ce jour, pour la lutte concurrentielle à mort sur le marché des signes. Ce qui s'y dit ce jour résulte de cette bataille : le plus fort fait parler de lui, on mesure la puissance au bruit. La pression sur le centimètre carré d'imprimé ou le temps d'écoute reproduit, logiciellement, dans une transparence apparente, celle qui s'exerçait, jadis ou naguère, physiquement, sur un terrain, une ville, un pays, un homme, un groupe, une nation ou sur un produit.
    (Les messages à distance, p.23, Fides/Les grandes conférences, 1995)
     
  5. Que celui qui veut connaître son tyran tende l'oreille aux bruits les plus forts ; il y entendra, comme un chien couchant, la voix de son maître.
    (Les messages à distance, p.25, Fides/Les grandes conférences, 1995)
     
  6. En Grèce comme ici et maintenant, vrai veut dire illustre, et vérité la mise en lumière, c'est-à-dire la publicité.
    (Les messages à distance, p.28, Fides/Les grandes conférences, 1995)
     
  7. [...] qui sait si telle trouvaille se diffuse parce qu'elle est vraie ou parce que la personne, le groupe, la nation qui l'ont découverte tiennent les canaux et en tirent de la gloire ? La production de la vérité dure gît, encore, aux mains des plus forts. Elle se fait ainsi connaître. Or plus elle se fait connaître et savoir comme vraie, plus nous devons présumer qu'à celui qui la diffuse appartient le canal par où elle passe et donc son message émis par sa puissance et pour sa gloire. D'où un doute radical.
    (Les messages à distance, p.34, Fides/Les grandes conférences, 1995)
     

  
Gaston Bachelard

  1. La science crée en effet de la philosophie.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.7, PUF, 1934)
     
  2. Mais si on ne fait pas indûment abstraction de la psychologie du mathématicien, on ne tarde pas à s'apercevoir qu'il y a dans l'activité mathématique plus qu'une organisation formelle de schèmes et que toute idée pure est doublée d'une application psychologique, d'un exemple qui fait office de réalité. Et l'on s'aperçoit, à méditer le travail mathématicien, qu'il provient toujours d'une extension d'une connaissance prise sur le réel et que, dans les mathématiques mêmes, la réalité se manifeste en sa fonction essentielle : faire penser.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.8, PUF, 1934)
     
  3. Le temps des hypothèses décousues et mobiles est passé, comme est passé le temps des expériences isolées et curieuses. Désormais, l'hypothèse est synthèse.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.10, PUF, 1934)
     
  4. Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence, toute expérience nouvelle naît malgré l'expérience immédiate.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.11, PUF, 1934)
     
  5. Tout le long de notre enquête, nous trouverons les mêmes caractères d'extension, d'inférence, d'induction, de généralisation, de complément, de synthèse, de totalité. Autant de substituts de l'idée de nouveauté. Et cette nouveauté est profonde, car ce n'est pas la nouveauté d'une trouvaille, mais la nouveauté d'une méthode.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.12, PUF, 1934)
     
  6. [...] les conditions expérimentales sont des conditions d'expérimentation.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.13, PUF, 1934)
     
  7. [...] une méthode excellente finit par perdre sa fécondité si on ne renouvelle pas son objet.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.14, PUF, 1934)
     
  8. Comme le dit M. Lalande, la science ne vise pas seulement à « l'assimilation des choses entre elles, mais aussi et avant tout à l'assimilation des esprits entre eux ». Sans cette dernière assimilation, il n'y aurait pour ainsi dire pas de problème. Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous-mêmes, c'est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance: le monde serait notre représentation. Par contre, si nous étions livrés tout entiers à la société, c'est du côté du général, de l'utile, du convenu, que nous chercherions la connaissance : le monde serait notre convention. En fait, la vérité scientifique est une prédiction, mieux, une prédication. Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification : le monde scientifique est donc notre vérification. Au-dessus du sujet, au-delà de l'objet immédiat, la science moderne se fonde sur le projet. Dans la pensée scientifique, la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.15, PUF, 1934)
     
  9. [...] on démontre le réel, on ne le montre pas.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.15, PUF, 1934)
     
  10. Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision, de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique, elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un plan d'observation; elle montre en démontrant ; elle hiérarchise les apparences; elle transcende l'immédiat; elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas. Naturellement, dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments, produit sur le plan des instruments. Or les instruments ne sont que des théories matérialisées. Il en sort des phénomènes qui portent de toutes parts la marque théorique.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.16, PUF, 1934)
     
  11. La véritable phénoménologie scientifique est donc bien essentiellement une phénoménotechnique. Elle renforce ce qui transparaît derrière ce qui apparaît. Elle instruit par ce qu'elle construit. La raison thaumaturge dessine ses cadres sur le schéma de ses miracles.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.17, PUF, 1934)
     
  12. C'est en faisant correspondre les géométries que la pensée mathématique prend une réalité. De cette manière, on connaît la forme mathématique par ses transformations. On pourrait dire à l'être mathématique : dis-moi comment l'on te transforme, je te dirai qui tu es.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.32, PUF, 1934)
     
  13. [...] qu'est-ce que la croyance en la réalité, qu'est-ce que l'idée de réalité, quelle est la fonction métaphysique primordiale du réel ? C'est essentiellement la conviction qu'une entité dépasse son donné immédiat, ou, pour parler plus clairement, c'est la conviction que l'on trouvera plus dans le réel caché que dans le donné évident.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.34, PUF, 1934)
     
  14. C'est beaucoup trop simple de répéter sans cesse que le mathématicien ne sait pas de quoi il parle ; en réalité, il affecte de ne le point savoir ; il doit parler comme s'il ne le savait pas il refoule l'intuition ; il sublime l'expérience.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.36, PUF, 1934)
     
  15. Psychologiquement, le physicien contemporain se rend compte que les habitudes rationnelles nées dans la connaissance immédiate et dans l'action utilitaire sont autant d'ankyloses dont il faut triompher pour retrouver le mouvement spirituel de la découverte.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.43, PUF, 1934)
     
  16. [...] c'est le réel et non pas la connaissance qui porte la marque de l'ambiguïté.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.55, PUF, 1934)
     
  17. Si l'on veut bien admettre que, dans son essence, la pensée scientifique est une objectivation, on doit conclure que les rectifications et les extensions en sont les véritables ressorts. C'est là qu'est écrite l'histoire dynamique de la pensée. C'est au moment où un concept change de sens qu'il a le plus de sens, c'est alors qu'il est, en toute vérité, un événement de la conceptualisation.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.56, PUF, 1934)
     
  18. Avec la Relativité, l'esprit scientifique se fait juge de son passé spirituel.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.57, PUF, 1934)
     
  19. Avant l'ère mathématique, durant l'âge du solide, il fallait que le Réel désignât au physicien, dans une prodigalité d'exemples, l'idée à généraliser : la pensée était alors un résumé d'expériences accomplies. Dans la nouvelle science relativiste, un unique symbole mathématique dont la signification est prolixe désigne les mille traits d'une Réalité cachée : la pensée est un programme d'expériences à réaliser.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.59, PUF, 1934)
     
  20. [...] les pures possibilités mathématiques appartiennent au phénomène réel, même contre les premières instructions d'une expérience immédiate. Ce qui pourrait être, au jugement du Mathématicien, peut toujours être réalisé par le Physicien. Le possible est homogène à l'Être.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.60, PUF, 1934)
     
  21. Par son développement énergétique, l'atome est devenir autant qu'être, il est mouvement autant que chose. Il est l'élément du devenir-être schématisé dans l'espace-temps.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.72, PUF, 1934)
     
  22. Exprimons donc cette double suprématie du nombre sur la chose et du probable sur le nombre par une formule polémique : la substance chimique n'est que l'ombre d'un nombre.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.86, PUF, 1934)
     
  23. Plus l'esprit est délié, moins l'irrationnel est compact.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.92, PUF, 1934)
     
  24. [...] des pensées rectifiées ne reviennent jamais à leur point de départ.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.97, PUF, 1934)
     
  25. [...] l'onde est un tableau de jeux, le corpuscule est une chance.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.101, PUF, 1934)
     
  26. [Bachelard a en tête l'astronomie.] Le Déterminisme est descendu du Ciel sur la Terre.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.104, PUF, 1934)
     
  27. Le sentiment du déterminé, c'est le sentiment de l'ordre fondamental, le repos d'esprit que donnent les symétries, la sécurité des liaisons mathématiques.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.106, PUF, 1934)
     
  28. Il n'y a pas de déterminisme sans un choix, sans une mise à l'écart des phénomènes perturbants ou insignifiants. Très souvent d'ailleurs un phénomène est insignifiant parce qu'on néglige de l'interroger.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.108, PUF, 1934)
     
  29. Parler d'un état de l'Univers à un instant déterminé, c'est se livrer non seulement à l'arbitraire de l'instant choisi, mais encore à l'arbitraire de l'état dans l'instant même.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.110, PUF, 1934)
     
  30. Le déterminisme scientifique se prouve sur des phénomènes simplifiés et solidifiés : le causalisme est solidaire du chosisme. Le déterminisme mécanique se prouve sur une mécanique mutilée, livrée à l'analyse incorrecte de l'espace-temps. Le déterminisme de la science physique se prouve sur des phénomènes hiérarchisés, en majorant des variables particulières. Le déterminisme de la science chimique se prouve sur des corps purifiés, en se référant à des qualités énumérées.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.111, PUF, 1934)
     
  31. Mais reconnaître n'est pas connaître. On reconnaît facilement ce qu'on ne connaît pas.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.113, PUF, 1934)
     
  32. Le temps se charge de réaliser le probable, de rendre effective la probabilité.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.122, PUF, 1934)
     
  33. En microphysique, il n'y a donc pas de méthode d'observation sans action des procédés de la méthode sur l'objet observé. Il y a donc une interférence essentielle de la méthode et de l'objet.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.126, PUF, 1934)
     
  34. L'individualité est un apanage de la complexité, et un corpuscule isolé est trop simple pour être doué d'individualité.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.132, PUF, 1934)
     
  35. Nous sommes devant l'infiniment petit physique dans le même embarras que la pensée géométrique du XVIIe siècle devant l'infiniment petit mathématique.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.134, PUF, 1934)
     
  36. Nous ne sommes pas capables de descendre par l'imagination plus bas que par la sensation. En vain accole-t-on un nombre à l'image d'un objet pour marquer la petitesse de cet objet : l'imagination ne suit pas la pente mathématique. Nous ne pouvons plus penser que mathématiquement ; du fait même de la défaillance de l'imagination sensible, nous passons donc sur le plan de la pensée pure où les objets n'ont de réalité que dans leurs relations. Voilà donc bien une borne humaine du réel imaginé, autrement dit, une limite à la détermination imagée du réel.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.136, PUF, 1934)
     
  37. C'est dans le domaine mathématique que sont les sources de la pensée expérimentale contemporaine.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.138, PUF, 1934)
     
  38. Il arrive toujours une heure où l'on n'a plus intérêt à chercher le nouveau sur les traces de l'ancien, où l'esprit scientifique ne peut progresser qu'en créant des méthodes nouvelles. Les concepts scientifiques eux-mêmes peuvent perdre leur universalité. [...] un discours sur la méthode scientifique sera toujours un discours de circonstance, il ne décrira pas une constitution définitive de l'esprit scientifique.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.139, PUF, 1934)
     
  39. [...] l'esprit scientifique est strictement contemporain de la méthode explicitée. Il ne faut rien confier aux habitudes quand on observe. La méthode fait corps avec son application. Même sur le plan de la pensée pure, la réflexion sur la méthode doit rester active. Comme le dit très bien M. Dupréel (De la nécessité, Archives de la Société belge de philosophie, 1928, p.13) « une vérité démontrée demeure constamment soutenue non sur son évidence propre, mais sur sa démonstration ».
    Nous en arrivons alors à nous demander si la psychologie de l'esprit scientifique n'est pas purement et simplement une méthodologie consciente.

    (Le nouvel esprit scientifique, p.140, PUF, 1934)
     
  40. [...] dans les essais expérimentaux, on commence par ce qu'on croit logique. Dès lors un échec expérimental, c'est tôt ou tard un changement de logique, un changement profond de la connaissance.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.141, PUF, 1934)
     
  41. [...] la méthode cartésienne qui réussit si bien à expliquer le Monde, n'arrive pas à compliquer l'expérience, ce qui est la vraie fonction de la recherche objective.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.142, PUF, 1934)
     
  42. Dis-moi comment l'on te cherche, je te dirai qui tu es.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.143, PUF, 1934)
     
  43. Plus le grain de matière est petit, plus il a de réalité substantielle ; en diminuant de volume, la matière s'approfondit.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.144, PUF, 1934)
     
  44. Il ne s'agit pas de recenser des richesses, mais d'actualiser une méthode d'enrichissement.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.148, PUF, 1934)
     
  45. Un axiome étant posé il faut toujours un second acte pour en affirmer une application quelconque, c'est-à-dire pour reconnaître les circonstances où cet axiome peut être invoqué.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.149, PUF, 1934)
     
  46. En réalité, il n'y a pas de phénomènes simples ; le phénomène est un tissu de relations. Il n'y a pas de nature simple, de substance simple  la substance est une contexture d'attributs. Il n'y a pas d'idée simple, parce qu'une idée simple, comme l'a bien vu M. Dupréel, doit être insérée, pour être comprise, dans un système complexe de pensées et d'expériences. L'application est une complication. Les idées simples sont des hypothèses de travail, des concepts de travail, qui devront être révisés pour recevoir leur juste rôle épistémologique. Les idées simples ne sont point la base définitive de la connaissance.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.152, PUF, 1934)
     
  47. [...] les traits les plus apparents ne sont pas toujours les traits les plus caractéristiques ; il faut résister à un positivisme de premier examen. Si l'on manque à cette prudence, on risque de prendre une dégénérescence pour une essence.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.159, PUF, 1934)
     
  48. Garder une sorte de doute récurrent ouvert sur le passé de connaissances certaines, voilà encore une attitude qui dépasse, prolonge, amplifie la prudence cartésienne et qui mérite d'être dite non-cartésienne, toujours dans ce même sens où le non-cartésianisme est du cartésianisme complété.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.169, PUF, 1934)
     
  49. C'est encore en méditant l'objet que le sujet a le plus de chance de s'approfondir.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.170, PUF, 1934)
     
  50. L'action scientifique est par essence complexe. C'est du côté des vérités factices et complexes et non pas du côté des vérités adventices et claires que se développe l'empirisme actif de la science. Bien entendu des vérités innées ne sauraient intervenir dans la science. Il faut former la raison de la même manière qu'il faut former l'expérience.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.176, PUF, 1934)
     
  51. [...] l'histoire humaine peut bien, dans ses passions, dans ses préjugés, dans tout ce qui relève des impulsions immédiates, être un éternel recommencement  mais il y a des pensées qui ne recommencent pas ; ce sont les pensées qui ont été rectifiées, élargies, complétées. Elles ne retournent pas à leur aire restreinte ou chancelante. Or l'esprit scientifique est essentiellement une rectification du savoir, un élargissement des cadres de la connaissance. Il juge son passé historique en le condamnant. Sa structure est la conscience de ses fautes historiques. Scientifiquement, on pense le vrai comme rectification historique d'une longue erreur, on pense l'expérience comme rectification de l'illusion commune et première. Toute la vie intellectuelle de la science joue dialectiquement sur cette différentielle de la connaissance, a la frontière de l'inconnu. L'essence même de la réflexion, c'est de comprendre qu'on n'avait pas compris.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.177, PUF, 1934)
     
  52. Une idée qui évolue est un centre organique qui s'agglomère.
    (Le nouvel esprit scientifique, p.181, PUF, 1934)
     

  
Christian Oster

  1. [...] cette évidente nécessité sans laquelle aborder une femme, pour un homme, trahit la préméditation.
    (Dans le train, p.8, Éd. de Minuit, 2002)
     

Andrea Kerbaker

  1. [...] quelques oeuvres de Sarte, déguisées en roman.
    (Dix mille, trad. Françoise Brun , p.62, Grasset, 2004)
     
  2. [...] pour un livre, ne pas être lu est peut-être la pire des fins.
    (Dix mille, trad. Françoise Brun , p.66, Grasset, 2004)