Citations ajoutées le 08 août 2004

Gustave Thibon

  1. Le mystère n'est pas un mur où l'intelligence se brise c'est un océan où l'intelligence se perd.
    (Destin de l'homme, p.10, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  2. La liberté n'est pas l'ennemie de la nécessité, elle en est la cime et la profondeur ; la liberté vit en nous comme une nécessité plus intime et plus pure. Il ne s'agit pas de la floraison d'un monde unique. La fleur ne contredit pas la tige, mais la tige se condense et se dépasse dans la fleur. La liberté est comme l'explosion d'une nécessité trop riche qui jaillit hors d'elle-même ; elle est la nécessité suprême et la fleur du destin...
    (Destin de l'homme, p.12, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  3. Tu veux conquérir le dernier, l'unique trésor. Ne totalise ni tes efforts ni tes conquêtes. La richesse éternelle ne s'acquiert pas par addition. Le chiffre le plus voisin de l'infini se nomme zéro. Repars à zéro chaque matin.
    (Destin de l'homme, p.18, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  4. Toute connaissance profonde est aussi un privilège.
    (Destin de l'homme, p.18, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  5. Il ne suffit pas de sentir le fruit prêt à tomber, il faut encore savoir si celui qui guette sous les branches est prêt pour le ramasser.
    (Destin de l'homme, p.19, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  6. L'absence absolue d'ésotérisme est des plus profondes faiblesses de la pensée occidentale.
    (Destin de l'homme, p.19, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  7. Les révélations profondes ressemblent aux éclairs. Une « vérité » vérifiable en tout temps et en tout lieu mérite à peine d'être connue...
    (Destin de l'homme, p.20, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  8. Dis-moi ce que tu hais, je te dirai ce que tu es.
    (Destin de l'homme, p.20, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  9. Il est pour l'homme deux solitudes : celle du désert et celle de la prison. L'une délivre et l'autre étouffe. La solitude ouverte du désert sépare l'homme de ce qui n'est pas pour en faire le témoin de ce qui est, la solitude fermée de la prison l'isole dans son propre néant et ne laisse à son désir d'autre issue que la fausse porte du rêve et du mensonge. L'âme du psychopathe est à la fois vide et fermée.
    (Destin de l'homme, p.24, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  10. Le christianisme prend tout au sérieux, il ne prend rien au tragique.
    (Destin de l'homme, p.27, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  11. Trop d'harmonie dans la créature entraîne parfois l'oubli du créateur. Il faut que le pendule se détraque pour qu'on songe à l'horloger.
    (Destin de l'homme, p.28, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  12. Un grand homme est non seulement le témoin, mais aussi le juge de son époque. Il vit simultanément en elle et au-dessus d'elle, il est comme un coin d'éternité planté dans le temps.
    (Destin de l'homme, p.31, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  13. On renverse l'échelle qu'on n'a pu gravir ; cela certes ne fait pas descendre le toit sur le sol, mais cela brouille les distances, cela permet de se croire en haut. Celui qui n'a rien nie la propriété des autres (pour s'en emparer), celui dont la raison est impuissante et boursouflée nie le domaine spécifique de la raison, où sa misère éclaterait trop, pour promener sa raison partout, pour laisser sur toute chose la trace visqueuse de sa raison désossée !
    (Destin de l'homme, p.33, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  14. N'est-ce pas trahir la goutte d'eau que de l'arracher à l'immensité marine et de s'écrier : voici l'océan ! tandis que le soleil dissipe déjà au creux de nos mains cette pauvre fraîcheur exilée ?
    (Destin de l'homme, p.39, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  15. La part de l'âme a reculé de plus en plus dans l'invention : tandis que la technique ancienne éduquait la matière, le machinisme moderne tend à la violenter.
    (Destin de l'homme, p.41, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  16. L'homme est plus loin de ce qui le nourrit que de ce qui le dévore.
    (Destin de l'homme, p.49, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  17. L'idéalisme n'arrive jamais à nous prouver autre chose que cette évidence : tout ce que je connais, c'est moi qui le connais - On ne peut pas sortir de soi-même. Soit. Mais Dieu et le monde peuvent entrer en nous.
    (Destin de l'homme, p.52, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  18. L'ère moderne est caractérisée par la montée de l'homo juridicus, de l'homme qui a des droits, qui ne pense qu'à ses droits, et dont l'orgueilleuse platitude, assise en reine sur l'univers a désappris, pour jamais peut-être cette extase héroïque de l'être qui reçoit ou qui conquiert quelque chose de gratuit, de mystérieux et de vierge. Cet instinct du droit tue l'amour : elle en tarit la source la plus profonde, qui est la gratitude.
    (Destin de l'homme, p.60, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  19. Ce qui scandalise les petits - ceux que la joie dans la platitude et le péché rassasie - c'est un Dieu si dur pour l'homme ; ce qui scandalise les grands, c'est un Dieu si attentif pour l'homme !
    (Destin de l'homme, p.61, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     
  20. Profondeurs des masques : Cet homme était méconnaissable à force d'être redevenu lui-même.
    (Destin de l'homme, p.63, Ed. Desclée, de Brouwer, 1941)
     

Eric-Emmanuel Schmitt

  1. Un peu de mystère excite, trop abrutit.
    (La Secte des égoïstes, p.13, Livre de Poche, n°14050)
     
  2. Toute haine est sans doute de l'amour déçu.
    (La Secte des égoïstes, p.106, Livre de Poche, n°14050)
     

Dennis Lehane

  1. [...] il l'aimait comme au cinéma, avec l'impression qu'un orchestre symphonique lui faisait bouillonner le sang et lui emplissait les oreilles.
    (Mystic River, trad. Isabelle Maillet , p.61, Rivages/Noir n°515)
     
  2. Il arrive que la beauté ait cet effet sur les autres ; elle les effraie, leur donne envie de garder leurs distances. Ce n'est pas comme dans les films, où la caméra tend à rendre la beauté accueillante, pareille à une invite. Dans le monde réel, la beauté est une barrière qui maintient à l'écart, qui exclut.
    (Mystic River, trad. Isabelle Maillet , p.63, Rivages/Noir n°515)
     
  3. C'est en général au milieu de la foule que l'on prend brusquement conscience de ne pas beaucoup voir la personne qu'on aime et dont on partage l'existence, de ne pas passer suffisamment de bons moments avec elle.
    (Mystic River, trad. Isabelle Maillet , p.294, Rivages/Noir n°515)
     
  4. [Aimer quelqu'un], c'est comme si tu connaissais toutes les réponses à une interrogation écrite à la minute même où tu t'assois à ton bureau en classe. Comme si t'étais sûr qu'à partir de maintenant, tout ira bien. Tu vas cartonner. Tu vas t'en sortir. Toute ta vie, t'auras le sentiment d'être un gagnant. Voilà, c'est ça, aimer.
    (Mystic River, trad. Isabelle Maillet, p.395, Rivages/Noir n°515)
     
  5. Il savait que c'était le signe, pour une génération donnée, de passer le flambeau à la suivante quand elle ne comprenait plus sa musique.
    (Mystic River, trad. Isabelle Maillet , p.459, Rivages/Noir n°515)
     
  6. Le bonheur, c'est l'affaire d'un moment, et après, il s'en va jusqu'à la prochaine fois. Ça peut prendre des années pour qu'il revienne. Mais la tristesse... Ben, la tristesse, elle s'installe en toi.
    (Mystic River, trad. Isabelle Maillet , p.519, Rivages/Noir n°515)
     
  7. La plupart du temps, le problème avec la vérité, c'était de déterminer si on préférait la regarder droit dans les yeux ou plutôt vivre dans le confort procuré par l'ignorance ou le mensonge - trop souvent sous-estimés. Presque tous les gens qu'il côtoyait ne passaient pas une journée sans s'offrir une bonne assiette d'ignorance avec une garniture de mensonges.
    (Mystic River, trad. Isabelle Maillet , p.542, Rivages/Noir n°515)
     

Jean Sarment

  1. C'est [en parlant des timbres. -GGJ] le bout du monde sur deux centimètres carrés.
    (Léopold le Bien-Aimé [M. Ponce, acte I], p.7, La Petite Illustration, 5 nov. 1927)
     
  2. [..] comme a dit saint Thomas - « la moitié de l'émerveillement sera de comprendre ».
    (Léopold le Bien-Aimé [L'Abbé, acte II], p.17, La Petite Illustration, 5 nov. 1927)
     
  3. Le souvenir est comme la fortune : pour la conserver, il faut ajouter... toujours.
    (Léopold le Bien-Aimé [Marie-Thérèse, acte III], p.23, La Petite Illustration, 5 nov. 1927)
     
  4. Un peu de bonheur vaut mieux qu'une longue fidélité.
    (Léopold le Bien-Aimé [Marie-Thérèse, acte III], p.23, La Petite Illustration, 5 nov. 1927)
     
  5. Le malheur est qu'on ne veuille pas faire pour les vivants ce qu'on fait pour les morts. On épie le passage du temps sur les traits des siens tant qu'ils vivent. Pourquoi ?... Pourquoi ne fixe-t-on pas, une fois pour toutes, dans son coeur, les images agréables et les beaux visages qu'on aime... et pourquoi ne s'y tient-on pas ?
    (Léopold le Bien-Aimé [L'Abbé, acte III], p.29, La Petite Illustration, 5 nov. 1927)