Citations ajoutées le 28 mars 2004

Christian Bobin

  1. Un visage trop souvent photographié perd peu à peu son secret, et la gloire signe la disparition des personnes : triompher dans le monde, c'est avoir tout perdu.
    (Louise Amour, p.12, Gallimard/nrf, 2004)
     
  2. Je refusais obstinément de vivre dans l'antarctique des gens normaux.
    (Louise Amour, p.15, Gallimard/nrf, 2004)
     
  3. Les louanges sont des flèches dont la petite pointe d'or est trempée dans du poison.
    (Louise Amour, p.18, Gallimard/nrf, 2004)
     
  4. Ce n'est pas Dieu qui est au centre de l'univers et ce n'est pas nous non plus. Ce sont seulement nos gestes quand ils sont appliqués au simple et à l'utile.
    (Louise Amour, p.22, Gallimard/nrf, 2004)
     
  5. Le visage d'une mère est pour l'enfant son premier livre d'images.
    (Louise Amour, p.23, Gallimard/nrf, 2004)
     
  6. [...] le sourire de Louise Amour survint, balayant toutes mes réticences et je fis taire en moi celui qui, depuis toujours, savait que la plus grande gloire est de n'être connu de personne.
    (Louise Amour, p.39, Gallimard/nrf, 2004)
     
  7. Un troubadour est un homme qui chante au monde entier la grâce d'une femme inaccessible, mariée à un autre que lui, mariée, pourrait-on dire, à tous sauf à lui.
    (Louise Amour, p.44, Gallimard/nrf, 2004)
     
  8. [...] personne, jamais, ne fera voir à un homme amoureux ce qu'il ne veut pas voir.
    (Louise Amour, p.48, Gallimard/nrf, 2004)
     
  9. Il n'y a que le grave et l'inattendu qui peuvent offrir à nos âmes captives une ouverture sur la vie pure, et c'est ce que le monde, instinctivement, immédiatement, déteste.
    (Louise Amour, p.51, Gallimard/nrf, 2004)
     
  10. Les livres sont de vieux serviteurs sur le dos desquels nous disposons, afin qu'ils les portent à notre place, nos craintes et nos espérances.
    (Louise Amour, p.55, Gallimard/nrf, 2004)
     
  11. Certains êtres sont comme le lilas qui sature de son parfum, jour et nuit, l'air dans lequel il trempe, condamnant ceux qui entrent dans son cercle embaumé à éprouver aussitôt une ivresse intime qui fait s'entrechoquer, comme des verres de cristal de Bohême, les atomes de leurs âmes.
    (Louise Amour, p.61, Gallimard/nrf, 2004)
     
  12. Saisir une main, c'est à chaque fois mettre ses doigts dans une prise électrique et aussitôt connaître l'intensité qui circule sans bruit sous la peau de l'autre.
    (Louise Amour, p.83, Gallimard/nrf, 2004)
     
  13. Ce qui advient dans le visible n'est qu'un effet - parfois très retardé - de ce qui s'est auparavant passé dans l'invisible.
    (Louise Amour, p.99, Gallimard/nrf, 2004)
     
  14. Tout visage est une porte et la même porte, selon l'instant où on la pousse, peut donner sur le paradis ou sur l'enfer.
    (Louise Amour, p.100, Gallimard/nrf, 2004)
     
  15. Les paroles appellent, les visages fascinent, les gestes aimantent et soudain tout ce complot du visible échoue, soudain nous devenons rêveurs c'est-à-dire ramenés à l'essentiel par la vue d'une fleur si pauvre, si proche de la terre qu'il faut presque s'agenouiller pour bien la voir et méditer sa leçon de silence.
    (Louise Amour, p.121, Gallimard/nrf, 2004)
     
  16. La merveille ne revient jamais avec le même visage.
    (Louise Amour, p.138, Gallimard/nrf, 2004)
     

Marcel Dubé

  1. Bien des filles se marient pour retrouver une certaine forme de virginité. Une fois qu'elles l'ont retrouvée, elles rêvent une seconde fois de la perdre.
    (Bilan, p.42, Léméac, 1968)
     
  2. [Le bonheur] n'est jamais trop grand ni trop beau. Il n'y a que les lâches qui s'en effraient.
    (Bilan, p.64, Léméac, 1968)
     
  3. Quand les années de jeunesse sont passées, on devrait pouvoir se sentir apaisée... Le mal [...] c'est de ne pas se résigner, c'est de toujours chercher, toujours chercher comme si c'était possible de trouver quelque chose quelque part. Mais on ne trouve jamais rien.
    (Bilan, p.151, Léméac, 1968)
     

  
Haruki Murakami

  1. Quand on lit la même chose que tout le monde, on ne peut que penser comme tout le monde.
    (La Ballade de l'impossible, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle, p.52, Seuil/Points P1067)
     
  2. Cela me semble idiot d'avoir vingt ans, me dit-elle. Je ne suis pas du tout prête à les avoir, tu sais. Cela me fait tout drôle. J'ai l'impression qu'on m'oblige à avancer.
    (La Ballade de l'impossible, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle, p.62, Seuil/Points P1067)
     
  3. [...] à partir d'un certain âge, on doit interpréter de la musique pour soi. C'est cela la musique.
    (La Ballade de l'impossible, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle, p.189, Seuil/Points P1067)
     
  4. Quelle que soit notre vérité, la tristesse d'avoir perdu quelqu'un qu'on aime est inconsolable. La vérité, la sincérité, la force, la douceur, rien ne peut calmer la douleur, et, en allant au bout de cette souffrance, on apprend quelque chose qui ne nous est d'aucune utilité pour la prochaine vague de tristesse qui nous surprendra.
    (La Ballade de l'impossible, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle, p.413, Seuil/Points P1067)