Citations ajoutées le 14 avril 2002

  
Joseph Joubert

  1. La métaphysique est belle, mais le style métaphysique ne vaut rien. L'habitude des termes abstraits n'est supportable que dans la géométrie. Là, elle est à sa place, elle est convenable, elle a presque plus de clarté que n'en auraient des mots plus clairs.
    (Carnets t.2, p.265, nrf/Gallimard, 1994)
     
  2. L'expérience varie, et peut produire également la confiance ou la défiance. Hipocrate l'appelait trompeuse. Il faut donc réunir son expérience à celle des autres pour bien juger.
    (Carnets t.2, p.267, nrf/Gallimard, 1994)
     
  3. En tout, être l'âme de beaucoup de choses, et n'être la tête de rien.
    (Carnets t.2, p.269, nrf/Gallimard, 1994)
     
  4. Un peu de pensée suffit à l'esprit, comme un peu de lumière suffit à l'oeil pour son plaisir. Car toute pensée est lueur.
    (Carnets t.2, p.270, nrf/Gallimard, 1994)
     
  5. L'haleine de l'esprit, c'est l'attention.
    (Carnets t.2, p.271, nrf/Gallimard, 1994)
     
  6. Le châtiment des mauvais princes est d'être crus pires qu'ils ne sont.
    (Carnets t.2, p.271, nrf/Gallimard, 1994)
     
  7. Le grand inconvénient des livres nouveaux est de nous empêcher de lire les anciens.
    (Carnets t.2, p.276, nrf/Gallimard, 1994)
     
  8. La beauté touche les sens et le beau touche l'âme.
    (Carnets t.2, p.277, nrf/Gallimard, 1994)
     
  9. Il y a des sciences bonnes dont l'existence est nécessaire et dont la culture est inutile. Telles sont les mathématiques.
    (Carnets t.2, p.277, nrf/Gallimard, 1994)
     
  10. Le châtiment de ceux qui ont trop aimé les femmes est de les aimer toujours.
    (Carnets t.2, p.278, nrf/Gallimard, 1994)
     
  11. Les mathématiques [...] ne sont qu'une machine sans corps que l'esprit humain a inventée.
    (Carnets t.2, p.280, nrf/Gallimard, 1994)
     
  12. Tout ce qu'on a pu mesurer paraît petit.
    (Carnets t.2, p.280, nrf/Gallimard, 1994)
     
  13. Je n'ai jamais ouï dire que le feu fût ennemi de la lumière.
    (Carnets t.2, p.284, nrf/Gallimard, 1994)
     
  14. Il n'y a rien de plus beau qu'un beau livre.
    (Carnets t.2, p.285, nrf/Gallimard, 1994)
     
  15. La tendresse est le repos de la passion.
    (Carnets t.2, p.285, nrf/Gallimard, 1994)
     
  16. Il y a des esprits qui veulent qu'on enchaîne leur attention.
    (Carnets t.2, p.285, nrf/Gallimard, 1994)
     
  17. Quiconque consulte la lumière qui est en lui (comme dans tous les autres) excelle à bien juger des objets que cette lumière éclaire.
    (Carnets t.2, p.287, nrf/Gallimard, 1994)
     
  18. Nous perdons toujours l'amitié de ceux qui perdent notre estime.
    (Carnets t.2, p.290, nrf/Gallimard, 1994)
     
  19. Le but n'est pas toujours placé pour être atteint, mais pour servir de point de mire ou de direction. Ainsi le précepte de l'amour des ennemis.
    (Carnets t.2, p.290, nrf/Gallimard, 1994)
     
  20. Ne confondez pas ce qui est spirituel avec ce qui est abstrait. Et souvenez-vous que la philosophie a une muse et ne doit pas être une simple boutique à raisonnements.
    (Carnets t.2, p.299, nrf/Gallimard, 1994)
     
  21. Il y a une infinité de choses qu'on fait bien que lorsqu'on les fait par nécessité.
    (Carnets t.2, p.300, nrf/Gallimard, 1994)
     

  
Arto Paasilinna

  1. Jouer les fous n'est pas à la portée de n'importe qui. Il faut réfléchir et avoir de la suite dans les idées pour qu'on vous croie.
    (Le meunier hurlant, trad. Anne Colin du Terrail, p.97, Folio n°2562)
     

Hubert Mingarelli

  1. [...] nous sommes restés dans le noir, et toujours silencieux, simplement à écouter les bruits [...] qui étaient si ténus qu'on aurait quand même dit du silence [...].
    (La dernière neige, p.97, Points n°P 942)
     

  
Chateaubriand

  1. La misère de l'homme ne consiste pas seulement dans la faiblesse de sa raison, l'inquiétude de son esprit, le trouble de son coeur ; elle se voit encore dans un certain fond ridicule des affaires humaines. Les révolutions surtout découvrent cette insuffisance de notre nature : si vous les considérez dans l'ensemble, elles sont imposantes ; si vous pénétrez dans le détail, vous apercevez tant d'ineptie et de bassesse, tant d'hommes renommés qui n'étaient rien, tant de choses dites l'oeuvre du génie, qui furent l'oeuvre du hasard, que vous êtes également étonné et de la grandeur des conséquences et de la petitesse des causes.
    (Pensées et Premières Poésies, p.17, Le Temps Singulier, 1980)
     
  2. La postérité se souvient des hommes qui ont changé les empires, très peu de ceux qui les ont rétablis, à moins que ce rétablissement n'ait été durable. On admire ce qui crée, on estime à peine ce qui conserve : une grande gloire couvre de ténèbres tout ce qui la suit.
    (Pensées et Premières Poésies, p.23, Le Temps Singulier, 1980)
     
  3. Les mendiants vivent de leurs plaies : il y a des hommes qui profitent de tout, même du mépris.
    (Pensées et Premières Poésies, p.32, Le Temps Singulier, 1980)
     
  4. Le vice, le bonheur, l'infortune, tiennent à un souffle. Vous mourez : deux heures après on ne pense plus à vous. Vous vivez, on n'y pense pas davantage. Qu'importent vos joies, vos peines, votre existence, non seulement à votre voisin qui ne vous a jamais vu, mais encore à cette tourbe qu'on appelle vos amis ? Pourquoi donc se faire une affaire de la vie ? elle ne mérite pas la moindre attention.
    (Pensées et Premières Poésies, p.37, Le Temps Singulier, 1980)
     
  5. On se réconcilie avec un ennemi qui nous est inférieur pour les qualités du coeur ou de l'esprit ; on ne pardonne jamais à celui qui nous surpasse par l'âme et le génie.
    (Pensées et Premières Poésies, p.40, Le Temps Singulier, 1980)
     
  6. Un charme est au fond des souffrances comme une douleur au fond des plaisirs : la nature de l'homme est la misère.
    (Pensées et Premières Poésies, p.46, Le Temps Singulier, 1980)
     
  7. Les grandes afflictions semblent raccourcir les heures comme les grandes joies : tout ce qui préoccupe fortement l'âme empêche de compter les instants.
    (Pensées et Premières Poésies, p.48, Le Temps Singulier, 1980)
     
  8. Il faut avoir le coeur placé haut pour verser certaines larmes : la source des grands fleuves se trouve sur le sommet des monts qui avoisinent le ciel.
    (Pensées et Premières Poésies, p.49, Le Temps Singulier, 1980)
     
  9. L'âme de l'homme est transparente comme l'eau de fontaine, tant que les chagrins qui sont au fond n'ont point été remués.
    (Pensées et Premières Poésies, p.50, Le Temps Singulier, 1980)
     
  10. La simplicité vient du coeur, la naïveté de l'esprit. Un homme simple est presque toujours un bon homme, un homme naïf peut être un fripon ; et pourtant la naïveté est toujours naturelle, tandis que la simplicité peut être l'effet de l'art.
    (Pensées et Premières Poésies, p.51, Le Temps Singulier, 1980)
     
  11. Il y a des hommes qui ne sont point éloquents, parce que leur coeur parle trop haut et les empêche d'entendre ce qu'ils disent.
    (Pensées et Premières Poésies, p.52, Le Temps Singulier, 1980)
     
  12. Aussitôt qu'une pensée vraie est entrée dans notre esprit, elle jette une lumière qui nous fait voir une foule d'autres objets que nous n'apercevions pas auparavant.
    (Pensées et Premières Poésies, p.55, Le Temps Singulier, 1980)
     
  13. La méchanceté est de tous les esprits le plus facile. Rien n'est si aisé que d'apercevoir un ridicule ou un vice et de s'en moquer : il faut des qualités supérieures pour comprendre le génie et la vertu.
    (Pensées et Premières Poésies, p.64, Le Temps Singulier, 1980)
     
  14. Quand on parle des vices d'un homme, si on vous dit : « Tout le monde le dit » ne le croyez pas ; si l'on parle de ses vertus en vous disant encore : « Tout le monde le dit », croyez-le.
    (Pensées et Premières Poésies, p.65, Le Temps Singulier, 1980)
     
  15. Les autres nous semblent toujours plus heureux que nous, et pourtant ce qu'il y a d'étrange, c'est que l'homme qui changerait volontiers sa position ne consentirait presque jamais à changer sa personne. Il voudrait bien peut-être se rajeunir un peu, pas trop encore, et marcher droit s'il était boiteux ; mais il se conserverait tout l'ensemble de sa personne, dans laquelle il trouve mille agréments et un je ne sais quoi qui le charme. Quant à son esprit, il n'en altérerait pas la moindre parcelle : nous nous habituons à nous-mêmes et nous tenons à notre vieille société.
    (Pensées et Premières Poésies, p.68, Le Temps Singulier, 1980)
     
  16. Une passion dominante éteint les autres dans notre âme, comme le soleil fait disparaître les astres dans l'éclat de ses rayons.
    (Pensées et Premières Poésies, p.73, Le Temps Singulier, 1980)
     
  17. Les plaisirs de notre jeunesse reproduits par notre mémoire ressemblent à des ruines vues au flambeau.
    (Pensées et Premières Poésies, p.78, Le Temps Singulier, 1980)
     
  18. Il est un âge où quelques mois ajoutés à la vie suffisent pour développer des facultés jusqu'alors ensevelies dans un coeur à demi fermé : on se couche enfant ; on se réveille homme.
    (Pensées et Premières Poésies, p.79, Le Temps Singulier, 1980)
     
  19. Si quelques heures font une grande différence dans le coeur de l'homme, faut-il s'en étonner ? il n'y a qu'une minute de la vie à la mort.
    (Pensées et Premières Poésies, p.80, Le Temps Singulier, 1980)