Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

samedi 3 mars 2012

Les technologies dérangeantes

Dès que nous tenons une opinion, elle nous tient.
Alain, Propos sur l'éducation, p.101, P.U.F 1969.


Cette lettre d’opinion d’une enseignante de cinquième secondaire n’est pas vraiment étonnante. Elle reflète ce que bien des personnes pensent relativement aux outils technologiques personnels : des distractions qui empêchent les élèves de gober les précieuses connaissances dispensées par l’enseignant et qui en font des êtres antisociaux !

Dans l’entrevue accordée à Radio-Canada, Mme Fortin suggère que les élèves ne devraient avoir que crayons et cartables en classe. (J'ai bien souri en l'entendant «ploguer» la sortie de son dernier roman.)

Clairement, nous sommes ici devant une enseignante qui semble complètement dépassée par les technologies et qui préférerait ne pas avoir à s’en préoccuper. Elle suggère donc cette solution simpliste : les bannir !

Je sais que mon propos est stéréotypé, mais n’est-ce pas le rôle de l’école d’éduquer nos enfants ? entre autres aux bienfaits et aux méfaits des technologies ? Il me semble que les textos sont un bon prétexte pour parler des différents niveaux de la langue, et faire ressortir les forces et les faiblesses de chacun.

Bien sûr, chacun a droit à son opinion, mais j’ai peine à croire qu’une enseignante ne puisse profiter des moments d’écriture pour en retirer un certain jus pédagogique. Peut-être ne sait-elle pas comment ? Auquel cas, elle aurait dû, il me semble, demander l’aide du leader pédagogique de son école (normalement, c’est son directeur). Elle aurait pu aussi faire appel à son conseiller pédagogique en français ou en technologies.

jeudi 1 mars 2012

Comment changer l'école ?

Tantôt, j’ai vu passer plusieurs gazouillis avec le mot-clic #TEDxWB. Les participants semblaient enthousiastes. Il y a eu plusieurs évocations selon lesquelles l’école doit absolument changer.

Je n’ai lu, cependant, à peu près aucune proposition concrète d’action. Pourquoi ? Parce que je pense que personne ne croit vraiment qu’on puisse changer quelque chose.

Oh ! bien sûr, il y a quelques enseignants qui vraiment font un boulot remarquable pour amener des changements. En fait, je crois que presque tous les enseignants font un remarquable travail.

Mais, voyez-vous, ils ont les mains et les pieds liés.

Liés au programme de formation.
Liés aux impératifs administratifs (bulletins, examens, normes et modalités, critères d’évaluation, projet éducatif, gestion par les résultats, etc.)
Liés aux attentes des parents.
Liés par des contraintes technologiques.
Liés aux attentes de la ministre.
Liés.

Je ne pense pas que les changements du système, qu’ils soient ou non désirés par les enseignants, seront provoqués par ces derniers.

Non.

Les changements devront passer par les élèves eux-mêmes.

Si j’utilisais un peu de délinquance créative, je suggérerais aux élèves, surtout aux plus «forts» de refuser toute évaluation institutionnelle. Je leur dirais :

Refusez de faire des examens du MELS.
Refusez qu’on vous remette un bulletin avec des notes ridicules.
Refusez qu’on vous catégorise et qu’on vous trie selon les notes que vous obtenez.

Et exigez !

Exigez de comprendre et qu'on vous donne le temps de comprendre.
Exigez qu'on respecte votre rythme d'apprentissage.
Exigez qu'on cesse de vous préparer à des examens.
Exigez d'avoir du plaisir à apprendre.

Sans évaluation institutionnelle, croyez-moi, l’école changerait !

lundi 20 février 2012

L’apprentissage de la programmation informatique à l’école primaire et secondaire

De plus en plus, sur le web, on s’interroge sur l’enseignement de la programmation à l’école.

Cela fait trente ans que je milite pour que nos enfants apprennent à programmer. Cette question est cependant assez complexe ; je jette ici quelques éléments qui pourront , je l’espère, s’ajouter à une réflexion sérieuse sur le sujet.

Parmi ces éléments, je traiterai des apprentissages particuliers en programmation et des embûches à ces apprentissages. Je répondrai à la question «pourquoi programmer à l’école» et donnerai quelques éléments à considérer dans le choix d’un langage. Puis je proposerai une piste d’application.

Ce que l’élève apprend


Qu’est-ce que l’élève apprend en programmant un ordinateur ? Je ne m’embarrasserai pas ici des apprentissages et savoirs plus évidents du genre : le raisonnement logique, comprendre des langages informatiques modernes ou savoir se débrouiller avec une machine.

Je crois que l’élève, en programmant, devient concepteur c’est-à-dire un créateur. Il apprend aussi, à adapter et remixer (s’il a accès aux codes sources des programmes qu’il étudie) le travail des autres. De simple consommateur, il devient un consommacteur.

L’élève apprend à travailler par projet. Non seulement doit-il le mener à terme, mais il doit structurer son travail en fonction des besoins particuliers nécessaires à sa réalisation. Il apprend que les connaissances ne sont pas en silo ; qu’il doit aussi bien réfléchir (pensée logique) que bien écrire (pensée communicationnelle). Il apprend aussi à être à l’écoute des utilisateurs, car un programme, c’est fait pour être utilisé par de vraies personnes. L’élève apprend aussi à résoudre des problèmes à l’aide de la pensée computationnelle, cette grande oubliée dans notre système d’éducation. Pour comprendre cette pensée, je copie ici cet extrait d’un billet de Rémi Sussan.

«[...] La pensée scientifique traite de pommes et d’oranges et se demande comment ces pommes et ces oranges peuvent être différentes ou semblables. Le sujet de la pensée mathématique, ce sont les sphères, avec les aires et volumes qu’elles possèdent (…). La pensée computationnelle cherche à comprendre comment un groupe peut couper et partager une pomme afin que chaque personne soit sûre qu’elle a obtenu une juste part de la pomme.» - Gerald Sussman Plus loin, on y lit : “la pensée computationnelle invente les abstractions qu’elle manipule”.

Si la programmation apporte tant, pourquoi donc ne l’apprend-on pas à l’école ?

Les embûches à ces apprentissages en milieu scolaire


Plusieurs embûches bloquent la possibilité d’organiser un apprentissage de la programmation à l’école. J’en cite quelques-unes :

-L’aconnaissance des enseignants. Parce que fort peu d’enseignants savent comment programmer un ordinateur, ces derniers ne se sentent absolument pas compétents pour enseigner cette matière aux élèves.

- La mauvaise expérience de plusieurs avec l’ordinateur. En effet, plusieurs enseignants, qu’on le veuille ou non, sont extrêmement malhabiles avec la machine. Bien que plusieurs savent écrire à l’aide d’un traitement de texte, envoyer un courriel et facebooker, peu contrôlent vraiment ce qu’ils font. Je n’ai jamais vu un enseignant utiliser les expressions régulières pour modifier et adapter un texte, que ce soit au niveau de la mise en forme ou du contenu. Même la construction de macro est, je crois, bien mystérieuse pour l’immense majorité d’entre eux.

- Le programme de formation. La lourdeur du contenu du programme de formation de l’école québécoise étant très chargée, il ne reste plus vraiment de temps pour enseigner la programmation informatique.

- L’insécurité engendrée par les projets personnels des élèves. C’est peut-être bête à dire, mais comment peut-on aider un élève qui doit réaliser un projet dont on n’a pas la «solution». Dans les faits, c’est souvent trente élèves dans une classe qui peuvent boguer en tout temps sur en des endroits particuliers les uns des autres.

- La question de paradigme. La programmation s’installe bien dans un paradigme d’apprentissage, mais assez mal dans un paradigme de l’enseignement. Dans ce dernier cas, le contrôle exercé par l’enseignant tend à diminuer (et à rendre ennuyants) les apprentissages de l’élève tels que décrits plus haut.

Ces embûches sont de taille. Est-ce que cela vaut la peine de surmonter ces difficultés ?

Pourquoi apprendre à programmer


Pour vouloir surmonter ces difficultés bien réelles, il faudrait que ça en vaille la peine. Est-ce que l’apprentissage de la programmation apporte des éléments importants que les autres matières ne peuvent offrir ?

Oui, il apporte une culture, des stratégies et attitudes essentielles à la vie moderne.

La programmation implique une différente «culture de l’erreur»; nous sommes maintenant habitués à des enseignants qui peuvent identifier rapidement les erreurs des élèves et peuvent les aider à les corriger.

En programmation, ce n’est plus du tout le cas. L’erreur a laissé place au bogue. Le bogue, c’est quelque chose qui ne fonctionne pas dans l’exécution du programme. Le bogue n’est pas une erreur classique. Débusquer un bogue est un art que, faute de formation, peu de gens possèdent.

Il y a aussi la stratégie de l’essai-erreur qui est relativement absente actuellement. En effet, par des essais qui, rapidement, peuvent s’exécuter, l’élève voit la réalisation de son projet avancer peu à peu. Il travaille à trouver des solutions qu’il met constamment à l’épreuve. Cette stratégie est difficile à vivre en apprentissage dans les matières traditionnelles. En mathématiques, il est à peu près impossible «d’essayer un p’tit peu» pour voir ce que leur solution donne. Il en va de même dans la rédaction d’un texte. On attend la plupart du temps d’avoir «terminé» avant de soumettre le texte à l’enseignant qui en dévoilera les erreurs. En ce sens, un élève, en apprentissage traditionnel, est toujours dépendant de son enseignant. En programmation, l’élève peut analyser et évaluer lui-même les avancées de son projet : ça marche ou ça ne marche pas.

La culture de la «version suivante». En programmation, un projet n’est jamais terminé. Cela se traduit par la mise en oeuvre de différentes versions du projet. On commence par produire une première version. On l’améliore ensuite pour en produire éventuellement une seconde, laquelle, à son tour, sera améliorée, etc. Dans les cours de maths, lorsqu’un élève trouve une bonne solution, il n’essaie pas de l’améliorer par la suite. Désirer apporter des changements favorables à son texte est aussi une rareté. Mais en programmation, cette culture de la Version Suivante est constamment présente. Retravailler son oeuvre, n’est-ce pas une attitude que l’on juge souhaitable ?

Par quel langage de programmation commencer ?


Fortement insipiré par Mitchel Resnick, je crois qu'un langage bien choisi devrait avoir un plancher bas, un plafond haut et des murs larges.

1- Un plancher bas (sans escaliers). Le langage choisi doit permettre à l’élève de réaliser de petits projets de débutant sans avoir à maîtriser beaucoup de notions préalables (escaliers). Un élève doit pouvoir se lancer rapidement dans la réalisation de son idée.

2- Un plafond haut. Cela signifie qu’à l’aide du langage en question, on peut à peu près tout faire : le programme n’impose pas de limites sérieuses à la qualité des projets des élèves. Autrement dit, un élève PEUT réaliser à peu près n’importe quoi à l’aide de ce langage. Un langage de programmation pour les 8 à 88 ans quoi !

3- Des murs larges. Un élève peut réaliser plusieurs types de projets et non pas seulement des projets du genre jeux, par exemple. Il peut faire des tutoriels, des animations, des histoires, des présentations, du graphisme, des mathématiques, etc. selon ses goûts et ses aspirations.

Le langage qui aujourd’hui remplit le mieux ces trois critères est sans nul doute Scratch du MIT. Le langage LOGO n’est pas loin, quoique le plancher soit un peu plus haut que celui de Scratch. Les murs sont aussi moins larges en LOGO.

Squeak est aussi un langage pédagogiquement bien intéressant, mais encore là, le plancher est assez haut. Les enseignants avec lesquels j’ai travaillé ont grandement préféré Scratch à Squeak, car ils étaient capables d’aider plus rapidement les élèves. Ils se sentaient beaucoup plus dépourvus dans Squeak.

Le HTML5 couplé au Javascript est certainement passionnant. Mais le JavaScript, quoique relativement simple, est un langage complet qui demande beaucoup d’investissement, car son plancher est relativement haut si on le compare, par exemple, au LOGO ou a Scratch.

À mon avis, SCRATCH est le langage à privilégier au primaire et au secondaire.

Et le «comment» ?


Si vous relisez les embûches, sans doute trouvez-vous impossible d’ajouter au curriculum d’une école l’apprentissage de la programmation. Et, effectivement, cette mission est sans doute impossible. Mais si je me laisse aller à rêver un petit peu, voici ce que je propose. Au secondaire I, II et III, je suggère de passer de la mathématique à la mathématie.

Papert définit la mathématie (Mathland en anglais) comme un pays dans lequel, pour déambuler, pour vivre, pour communiquer, on doit s’exprimer à l’aide des mathématiques. Un peu comme un enfant naissant en Italie apprend l’italien tout «naturellement.»

Il s’agit donc d’éliminer complètement les cours de mathématiques pour les remplacer par des cours de programmation. En effet, toutes les notions mathématiques de ces niveaux (et plus encore) se retrouvent en programmation.

Cette élimination n’affectera pas la mise en place des trois compétences en maths :

a) Résoudre des problèmes mathématiques : en programmant, TOUT est un problème. De plus, pour le résoudre, nécessairement, l’élève doit mettre en oeuvre les composantes de cette compétence.

b) Raisonner à l’aide de concepts mathématiques. Encore là, en programmant, on doit nécessairement raisonner correctement, sinon un bogue apparaît. Et dans une foule de problèmes, on doit faire appel à des concepts profonds en mathématiques : plan cartésien, nombre entier, rationnels, réels, les variables, les fonctions, opérateurs logiques (ou, et, non), etc.

c) Communiquer. Tout programme est une communication. On communique en écrivant un script vigoureux, rigoureux et compréhensible. Il y a aussi communication (interprétation d’un message) lorsqu’on lit le script d’une tierce personne ou lorsqu’on désire remixer un programme.

Toujours est-il qu’au niveau de l’approche par compétence, tout est pour le mieux !

L’idée d’abandonner les cours de math risque de jeter une certaine ombre sur le propos de ce billet. Pourtant, si vous avez appris la programmation, pensez-y un peu avant de rejeter cette possibilité. Je sais bien qu’actuellement les enseignants de maths n’y comprennent à peu près rien en programmation, mais j’estime qu’en un an ou deux, on pourrait assez facilement les former à cet égard. L’apprentissage de la programmation à des fins pédagogiques n’est pas aussi complexe qu’on semble le penser. Car, il ne faut pas l’oublier, on ne veut pas faire des programmeurs de nos élèves, mais bien des personnes compétentes en résolution de problèmes de toutes sortes. Créer des abstractions, n’est-ce pas là une activité humaine souhaitable et potentiellement utile pour comprendre, interpréter et s’adapter aux incertitudes du monde de demain ?

Vous ai-je permis d’avoir une meilleure idée sur les avantages et les écueils reliés à la programmation informatique scolaire ? Ne croyez-vous pas, comme moi, que l’apprentissage de la programmation, avec toute la richesse qu’il apporte, vaut la peine qu’on tente d’en dépasser les embûches ? Qu’en pensez-vous ?

dimanche 19 février 2012

L'hypocrisie de l'Église Catholique

Je rage quand je vois l'Église s'insurger et tirer profit du malheur d'un pauvre enseignant qui essaie de faire son travail dans un contexte qui, disons-le, n'est pas évident.

Hymne à l'amour : Vous saviez qu'Édith Piaf l’a écrite en 1949 en hommage au boxeur Marcel Cerdan qu’elle aimait ? Vous saviez que ce dernier était marié à Marinette Lopez en 1943 et n'était pas un homme «libre». Donc, la relation Piaf-Cerdan était une relation adultérine et donc, tout à fait contraire aux beaux principes de l'Église catholique : «Oeuvre de chair ne fera qu'en mariage seulement.»

Il est bien certain que jamais cette chanson n'aurait pu être chantée dans les écoles de l'époque alors que seulement des titres de «La bonne chanson» étaient permis.

Demandez donc à ce monsieur Jasmin Lemieux-Lefebvre, porte-parole pour le diocèse de Québec s'il est en accord avec le sexe hors mariage ; s'il est en accord avec les relations extraconjugales ; et si son Dieu est prêt à ouvrir les portes du paradis à ces pécheurs adultérins !!! Cerdan et Piaf sont-ils réunis au paradis, d'après lui ???

L'Église catholique est une belle hypocrite, croyez-moi !

lundi 13 février 2012

Évaluer est une compétence

Mes lecteurs le savent : je ne crois absolument pas aux quelconques bienfaits d'une évaluation institutionnelle classique ; par cette dernière j'entends une évaluation de performance généralement administrée en fin d'une séquence d'apprentissages ou en fin de parcours scolaire.

Le problème, c'est que peu de gens savent évaluer autrement. Or l'approche par compétence amenait aussi une réforme de l'évaluation, cette dernière devant se réaliser principalement en cours d'apprentissage et non en fin de parcours ; d'une évaluation « jugement/tri social », on désirait une évaluation « aide à l'apprentissage. » Pour ce faire, on favorisait des outils diversifiés : portfolio, dossier d'apprentissage, journal de bord, grilles de forces et défis, etc.

Pourquoi la nécessité de ces outils, me demanderez=vous ? Parce que, justement, on voulait apprécier chez l'élève son développement de compétence, et non plus sa capacité à retenir et à utiliser ses acquis scolaires le temps de réussir un examen. Mais, surtout, on désirait que l'élève sache qu'il était en train d'apprendre et de s'améliorer par rapport à lui-même. Oui, on voulait que l'élève reconnaisse chez lui-même et par lui-même les progrès qu'il accomplissait. Nous voulions briser l'idée que, par un bulletin, c'est l'enseignant qui savait que l'élève savait (tout au moins dans l'étape en cours).

En 2003, l'équipe de conseillers pédagogiques dont je faisais partie à la commission scolaire au Coeur-des-Vallées s'est penchée sur la question évaluative, mais non par rapport aux élèves (pour nous, le programme de formation était clair à cet égard) mais bien par rapport aux différents intervenants du monde scolaire : les enseignants, les directeurs d'école et les conseillers pédagogiques.

Nous notions alors un manque flagrant : on savait comment évaluer les élèves, mais nous n'avions aucun outil pour mettre en place une évaluation desdits intervenants.

En équipe, nous avions développé (les lecteurs qui ont lu le programme de formation au primaire reconnaîtront le modèle! ) les trois compétences pour chaque groupe d'intervenants.

Plusieurs raisons me poussent aujourd'hui à ressortir ces vieilleries.

D'abord, cette idée de François Legault et sa gang d'évaluer les enseignants. N'ayant pas lu le programme de la CAQ, je l'interprète en me basant sur ce qu'ont rapporté les médias, les twitteurs et les blogueurs. M. Legault souhaite des enseignants plus « performants. » Mais nulle part je n'ai vu comment on mesurera cette performance. Se fera-t-elle en fonction de la réussite des élèves ? En fonction de la moyenne de la classe ?

Puis, récemment, sur Twitter, François Rivest, un collègue CP de Montréal, a laissé un gazouillis référant à l'un de ses billets. Dans ce dernier, François mentionne les compétences professionnelles des enseignants.

C'est alors que je me suis souvenu du travail que nous avions effectué chez nous. Les compétences professionnelles, c'est bien beau, mais quelle est le rapport avec la compétence à appliquer le programme de formation de l'école québécoise ?

Bien sûr, en présentant notre réflexion à nos patrons, aux directeurs et aux enseignants, tout le monde trouvait ça extraordinaire. Cependant, rapidement, c'est tombé lettre morte. Oubli complet. Hop ! dans ces limbes qui, on le sait, n'existent même plus.

Le problème avec l'évaluation par compétence, c'est que, à part quelques irréductibles, personne vraiment n'y croit. Même le MELS nous envoie des examens (il appelle ça : situations d'évaluation) de fin de parcours que tous regardent comme un merveilleux modèle d'évaluation. Plus personne maintenant ne considère l'approche portfolio, sinon pour conserver (comme dans le bon vieux temps) les exercices, les examens et les devoirs de l'enfant.

Bref, le sentiment que j'en ai, c'est que plusieurs se prennent au sérieux au regard de l'évaluation alors que nul ne croit aux outils permettant aux intervenants d'améliorer leurs compétences.

Bien sûr, tout le monde comprend l'approche populiste Legault en disant qu'il est normal qu'on veuille évaluer les enseignants. Le problème, c'est que les politiques ne connaissent absolument rien à l'approche par compétence.

Oh ! je n'en veux pas aux politiciens ; ce sont des gens de bonne volonté, et qui agissent en fonction de leurs connaissances et de leurs intuitions. J'en veux surtout aux services pédagogiques des CS de n'avoir pas su expliquer aux journalistes et aux politiciens ce qu'était vraiment le programme par compétence. Je crois que l'échec de cette réforme est en grande partie dû à ce manque complet de communication des services pédagogiques vers la population.

En tout cas, chez nous, on a vraiment essayé fort. Voici d'ailleurs le document (PDF) que nous avions pondu. Il contient aussi les grilles d'évaluation. Mais, de grâce, si vous y référez, n'oubliez pas de mentionner les sources !









mardi 31 janvier 2012

À Québec

Je suis à Québec pour quelques jours en raison de la rencontre nationale FGA. Hier soir, j'en ai profité pour passer chez Pantoute, ma librairie préférée sur Saint-Jean.

Bien sûr, je n'ai pu m'empêcher d'acheter quelques livres :
  • Edgar Morin : Dialogue sur la connaissance : entretiens avec des lycéens ;
  • Bertrand Russell : Pourquoi je ne suis pas chrétien, préfacé par Normand Baillargeon ;
  • Jim Stanford : Petit cours d'autodéfense en économie ;
  • Brussolo : Ceux d'en bas ;
  • Deux Arni Thorarinsson : Le temps de la sorcière et Le septième fils ;
  • Asimov : Le robot qui rêvait. C'est mon premier SF depuis des années !
J'espère avoir le temps de visiter quelques librairies de livres usagés.

dimanche 29 janvier 2012

Citations quotidiennes 29.01.12

« En quoi consiste la barbarie, demandait Goethe, sinon précisément en ce qu'elle méconnaît ce qui excelle ? »
Thomas De Koninck (La nouvelle ignorance et le problème de la culture, p.33, PUF, 2001)

Les professeurs de français devraient être des professeurs de mathématiques: ils passent leur temps à compter les fautes des élèves.
Ernest Abbé (Pamphlet 1: De l'éducation p. 54, éd. Quadrature, 1996)

Le malheur est qu'on ne veuille pas faire pour les vivants ce qu'on fait pour les morts. On épie le passage du temps sur les traits des siens tant qu'ils vivent. Pourquoi ?... Pourquoi ne fixe-t-on pas, une fois pour toutes, dans son coeur, les images agréables et les beaux visages qu'on aime... et pourquoi ne s'y tient-on pas ?
Jean Sarment (Léopold le Bien-Aimé [L'Abbé, acte III], p.29, La Petite Illustration, 5 nov. 1927)

Les artistes gênés sont impitoyables : ils fuient ou se moquent.
Honoré de Balzac (La Maison du Chat-qui-pelote, p.75, Classiques Garnier, 1963)

Voir Au fil de mes lectures.

lundi 23 janvier 2012

Premier essai HTML5

Ma première tentative avec Hype et HTML5. À mon avis, Hype est promis à un fort bel avenir. Un bonheur certain, c'est celui de pouvoir travailler avec des outils qui facilitent l'actualisation de notre pensée. Mais il me reste encore tant à apprendre !

samedi 21 janvier 2012

Éditeurs, réveillez-vous !

L’annonce d’Apple ébranle.

Leur manière d’entrer dans le monde scolaire est tout simplement brillante ; l’idée d’offrir gratuitement une trousse de conception (Ibooks author) aux auteurs potentiels est géniale. Apple montre la voie.

Espérons maintenant que cette idée sera reprise par des développeurs de logiciels libres ; car, idéalement, il me semble que le produit final (le livre) devrait être dans un format ouvert.

Je ne sais pas comment les éditeurs scolaires vont prendre la chose. Mal, sans doute. Mais ils n’ont qu’eux-mêmes à plaindre.

Je me rappelle, à l’Aquops 1998 (ou 1999, je ne sais plus trop), j’avais présenté un atelier de deux heures sur une manière dynamique de faire des maths avec le web. Et j’avais prédit que les éditeurs de livres scolaires classiques, s’ils ne s’ajustaient pas à la nouvelle réalité, seraient appelés à disparaître. Dans la salle, un éditeur était rapidement intervenu en manifestant son grand scepticisme. Je crois que j’avais haussé les épaules.

Les éditeurs ont de grandes forces, c’est certain. Mais ils manquent d’imagination. Si j’étais dans leurs souliers, je demanderais une subvention au MELS pour développer, avec des gens du milieu, du matériel virtuel libre de droits pour les écoles québécoises. Je tenterais de prendre la direction dans ce domaine pour, éventuellement, me rendre indispensable. Pour cela, il faut que les éditeurs laissent tomber quelques principes auxquels ils tiennent obstinément.

Il faut en effet qu’ils apprennent à publier RAPIDEMENT (et avec plein d’imperfections) une première édition.
Il faut qu’ils laissent le livre évoluer librement après cette première édition.
Il faut qu’ils reconnaissent que la perfection n’est pas de ce monde, mais qu’un livre ouvert peut devenir éventuellement quasi parfait.
Il faut aussi qu’ils oublient l’idée d’une version unique.

jeudi 19 janvier 2012

Les idées et non le chef

Le PQ est un parti bien spécial. En général, les membres y sont parce qu'ils croient fermement à la souveraineté.

Les souverainistes (les vrais !) sont têtus, et ce n'est pas un mal. C'est pourquoi ces têtes fortes ne se rallieront jamais derrière un chef, mais bien derrière une idée. Et s'ils sentent le moindrement que le goût du pouvoir prime sur la mise en avant d'une idée, ils feront tout pour débattre de la chose.

Le PQ a besoin d'un nouveau chef. Mais ce dernier devra bien comprendre que sa petite personne n'est pas importante. Le leader au PQ est un coordonnateur des forces souverainistes, non pas un chef qui dicte à ses indiens l'endroit où chasser et sur quoi tirer.

PS. Je ne suis pas péquiste ; je n'ai jamais digéré comment René Lévesque avait cochonné les enseignants dans les années 80.

mardi 17 janvier 2012

Réflexions autour de mon Internet social

Depuis 1994, le web fait partie de ma vie. J’y passe quotidiennement plusieurs heures.

Twitter

J’y investis énormément de temps. C’est le réseau social qui fonctionne le plus pour moi. J’y trouve des gens intéressants qui m’apportent un «contenu» très riche. On peut presque dire que j’en suis drogué. Comparativement à bien d’autres twitteurs, je ne suis (follow) que peu de personnes (environ 200), mais elles sont triées sur le volet pour moi. Au début, je m’étais abonné, systématiquement, à tous ceux qui me suivaient. Mais je me suis rapidement rendu compte que les raisons d’être suivi ne sont pas nécessairement les mêmes que les raisons de suivre ! Toujours est-il qu’à un moment donné, j’ai fait du ménage. Je devrai sans doute en faire encore, car plusieurs de mes «contacts» sont maintenant inactifs.

Régulièrement, j’y trouve des ressources vraiment utiles pour mon travail et mes loisirs. C’est de la nourriture intellectuelle de grande qualité. Il m’arrive aussi parfois d’y tenir d’intéressantes conversations, et les lecteurs de ce blogue ont pu lire le compte rendu d’une de celles-ci.

Facebook


Bien sûr, comme tout le monde, j’ai un compte Facebook. Mais je ne le visite qu’une à deux fois par semaine.

J’y trouve des nouvelles de ma famille (proche et éloignée), de mes connaissances, de quelques collègues... En société, je n’ai aucun «smalltalk», comme disent les Anglais, et mon comportement dans Facebook reflète sans doute cette lacune. Parler de tout et de rien, connaître les voyages des uns, le restaurant préféré d’un autre, etc., me laisse plutôt froid. M’enfin, j’ai des nouvelles de mes «zamis» sans que je sois obligé de les voir... c’est déjà ça.

Google+


Je visite mon compte au même rythme que celui de Facebook. J’y trouve, encore là, peu d’intérêt, car j’ai déjà pris connaissance de la plupart de leurs propos via Twitter. Mais ma communauté, mes «cerclés», sont professionnellement intéressants, ce qui fait que je maintiens pour le moment mon compte. C’est comme si Google+ est le réseau social qui arrive trop tard. Je n’ai plus vraiment d’énergie à y mettre, et Twitter me nourrit suffisamment.

Le blogue


Ah ! mon blogue... Je le maintiens depuis août 2004. Mon blogue, c’est Gilles Jobin. C’est éclectique. C’est le journal des mes intérêts, de mes réflexions, de mes joies, de mes interrogations. C’est ma vie perso-publique.

Le blogue est, avec la danse sociale, la grande découverte de mes 10 dernières années. Pourquoi ? Parce qu’il m’aide à devenir ce que je suis. Parce que je me surprends moi-même. Parce que j’ose. J’ose penser, et le dire. J’ose aimer, et le montrer. Oui, j’ose.

Ce cadeau que je me suis offert, j’ai voulu l’offrir à plusieurs de mes connaissances ; mais, de toute évidence, il ne convient pas à tous. Ce n’est pas grave.

Je trouve juste très dommage que pas plus d’enseignants et d’intervenants du monde de l’éducation se l’offrent. Je comprends l’argument : écrire demande du temps. Oui, écrire, c’est se mettre à nu. Écrire, c’est s’ouvrir à la critique, pas toujours agréable. Écrire, c’est difficile. Bien attendu, dans la vie, faut savoir choisir ses combats.

Bloguer est l’une des plus belles activités intellectuelles de notre époque. Bloguer, c’est laisser une trace sur la planète virtuelle.

Bloguer, c’est s’aimer onaniquement, le manifester et l’assumer.

Je crois profondément que tous les êtres humains devraient avoir une base sur l’art du blogue. Un peu comme tous devraient savoir lire et compter, car bloguer c’est écrire pour crier qu’on existe.

Il faut dire que j’ai eu d’excellents modèles ; je pense à Mario Asselin, Jean-Pascal, Stéphane Allaire, Clément Laberge, François Guité. Les deux premiers bloguent toujours, les autres ont délaissé, préférant d’autres voies. Messieurs, je ne sais si vous passez toujours par ici, mais si c’est le cas, aujourd’hui je vous dis merci !

Mon agrégateur contient près de 200 fils. Aucun de journalistes, d’auteurs anonymes et de blogues très populaires. Je préfère la lecture de blogues personnels.

Sites Web


J’en visite fort peu. Ma navigation web passe presque exclusivement par les blogues, les liens Twitter et quelques sites de nouvelles.

J’ai bien sûr des sites dédiés à mes intérêts personnels, mais encore là, finalement, je constate que je ne les visite que fort peu. Cela fait des années que je n’utilise plus mes favoris. D’ailleurs, je trouve toujours bizarre un internaute qui navigue de cette façon. J’ai bien essayé de convaincre mes collègues de la grande utilité des fils RSS, mais personne n’a adhéré à ce mode de navigation.

Voilà mes webitudes en ce mois de janvier 2012.

lundi 16 janvier 2012

Inverser la formation

Dernier paragraphe trouvé dans un billet chez Thot Cursus :

Alors, faut-il former les enseignants aux Tice ou les laisser se former eux-mêmes ? Les deux, mon capitaine. la formation formelle pour un socle commun de compétences, l'autoformation pour la créativité, le goût de l'expérimentation, le partage d'expériences. Et, bien sûr, le développement de l'envie d'en savoir toujours plus.


À mon avis, c'est l'inverse qu'il faut faire : laisser les gens apprendre par eux-même comment mettre du gras dans un traitement de texte, comment se créer un compte Twitter, comment joindre une pièce à un courriel, etc. tout ça s'apprend très bien seul. Les livres pour les nuls (pédagogiquement bien faits) le démontrent.

Comme formateur au TICE, ce qu'il faut, c'est amener les apprenants à utiliser leur créativité, les amener à partager leurs expériences et leur donner le temps d'expérimenter. C'est directement en lien avec mon précédent billet sur la fonction enseignante.

C'est ce que je reproche aux formations sur le TBI : on «enseigne» où trouver la bibliothèque d'images, comment lever ou descendre le rideau, comment changer les couleurs du crayon... alors que tout ça, on le trouve dans la documentation. Pourquoi diable perdre un temps fou avec ces peccadilles ? Il me semble que l'apprenant pourrait prendre une journée pédagogique pour auto-apprendre le fonctionnement de base, non ?

Mais l'argument1 est toujours le même : comment voulez-vous apprendre à peindre si vous ne connaissez pas vos couleurs ? Et bien, continuez à apprendre vos couleurs ; moi je préfère peindre, partager ma peinture, et m'associer à des personnes que je juge assez compétentes pour m'aider à progresser dans ce que je suis ou dans ce que je pourrais être comme artiste.

1 J'entends aussi très souvent cet autre argument : « Lire la documentation ? Yack...! j'aime pas vraiment lire.... viens me l'expliquer à la place, ça va aller plus vite. »

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