Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 29 décembre 2005

Le Maître et Marguerite

Vous avez quelques heures devant vous ? Pourquoi ne pas lire le chef-d'oeuvre de Boulgakov. Un correspondant m'a indiqué que le roman (disponible en format poche) était porté au petit écran russe. Il ne reste plus qu'à espérer une diffusion occidentale.
Liane : Au fil de mes lectures de Boulgakov.

mercredi 21 décembre 2005

Lettre ouverte au Premier Ministre du Québec

Monsieur Jean Charest,

Depuis plus de 25 ans maintenant, j'oeuvre dans le milieu de l'éducation. Bien sûr, vous ne me connaissez pas. J'ai enseigné pendant plus de 20 ans les mathématiques et je suis conseiller pédagogique depuis cinq ans. Je crois pouvoir dire sans me tromper que j'ai toujours dégagé une certaine énergie et un grand enthousiasme pour mon travail. Plusieurs me prêtent le qualificatif de passionné.

Monsieur le Premier Ministre, vous venez de passer un décret fixant mes conditions de travail. Quoique mon sentiment n'ait sans doute pas tellement d'importance dans cette vaste ré-ingénérie que vous avez entreprise, je tiens tout de même à vous dire que je ne vois pas comment je pourrai continuer à sentir un engouement, une excitation ou une joie pour mon travail. J'ai l'impression d'avoir été traité comme un vulgaire chiffon que l'on tasse dans un coin sans lui demander son reste.

Bien sûr, je comprends vos grands principes. Je comprends aussi que le Québec semble avoir bien peu de moyens de se payer un système d'éducation de qualité. Cependant, il m'est d'avis que lorsque vous disiez que vous et votre parti étiez "prêts", cela signifiait, entre autres, prêts à trouver des solutions innovatrices, des stratégies originales pour permettre à ce système d'offrir encore un meilleur service éducatif à nos enfants qui, vous en conviendrez probablement, en ont bien besoin. Bien sûr, je vais continuer de travailler dans ce système, mais, Monsieur le Premier Ministre, je n'y crois plus. Vous venez de m'enlever une grande partie de mon ardeur au travail. Vous venez de créer chez moi, l'irréparable : je ne pourrai plus, avec cette loi, croire que l'éducation a une quelconque importance aux yeux des politiciens. Même votre adversaire politique, Monsieur Boisclair, a indiqué qu'il ne reviendrait pas sur cette loi.

Entre autres, il est stipulé dans la loi que les enseignants seront contraints de participer aux activités étudiantes culturelles, sportives ou sociales. Monsieur le Premier Ministe, on ne peut commander l'enthousiasme, mais on peut le tuer. Or l'une des grandes forces de notre système d'éducation était justement ces enseignantes et enseignants qui, par dévouement et avec zèle, organisaient et animaient ces activités. Cette loi détruit ce zèle et ce dévouement. Bien sûr, ils seront contraints de participer. Mais croyez-vous vraiment que cet asservissement serve l'éducation? Oh, je sais que tous agiront avec professionnalisme. Mais un professionnel sans enthousiasme est comme un médecin qui ne distribuerait que des pilules.

Monsieur le Premier Ministre, en vous écoutant, vous semblez fier de cette loi. J'aurais préféré, bien évidemment, que vous soyez fier du système d'éducation de cette province et de l'immense énergie que vous auriez pu apporter à l'amélioration de ce système.

Je termine en vous disant que vous venez d'éteindre chez moi le feu sacré. Cela ne fait qu'une seule personne, me direz-vous. Et en effet, je ne parle que pour moi. Sachez cependant que même si je ne suis qu'un électeur parmi tant d'autres, j'en suis un qui l'avait, ce feu sacré. J'étais de ceux qui croyaient qu'en vivant mes convictions, je participais à l'amélioration de l'environnement éducatif provincial. Je continuerai à faire mon travail, mais vous venez de détruire chez moi toute espérance.

Gilles G. Jobin

jeudi 15 décembre 2005

Jean (Wal-Mart) Charest

Entendu aujourd'hui :
« Il n'y a aucune différence entre le premier ministre du Québec et un dirigeant de Wal-Mart. »

lundi 12 décembre 2005

Cyberfolio : des questions à poser

Vous savez sans doute qu'avec Nathalie Lehoux, je suis le concepteur du Cyberfolio. Voir www.cyberfolio.org.
Cet outil est dans le paysage pédagogique québécois depuis quasiment quatre ans maintenant. Mais voilà que l'Université de Sherbrooke utilise le nom Cyberfolio pour leur nouveau projet de portfolio professionnel. Inutile de dire que je ressens une certaine frustration. Demain, madame France Lacourse recevra un coup de fil de ma part lui demandant des explications.

samedi 3 décembre 2005

Les grèves rotatives : enfantillages

Je viens de recevoir un courriel de notre représentant syndical. Cette petite phrase très boniment syndical m'a fait sourire.
Pour notre part, avant de lancer la serviette et de se dire : « Pourquoi faire ceci ou cela… de toute manière le gouvernement fera ce qui lui plaira », je vous demande d’exercer encore une fois le seul vrai droit qui nous est accordé, celui de manifester notre colère et notre désapprobation face à ce simulacre de négociation et de démocratie.
Manifester notre colère et notre désapprobation est tellement enfantin. C'est un comportement du genre «Maman, si tu me donnes pas ce que je veux, je vais faire une grosse colère.»

Je pense qu'il est grand temps de penser à des solutions plus intelligentes. Voici la mienne, que j'avais déjà énoncée dans un commentaire d'un précédent billet :

1 - On abandonne immédiatement tous moyens de pression.
2 - On cible une seule petite CS de la province.
3 - Après une sérieuse préparation (nos représentants syndicaux devront travailler fort), en septembre 2006, tous les profs de cette cs démissionnent.
4 - Les autres syndiqués s'unissent pour payer ces démissionnaires le temps que le conflit se règle.

Prenons une petite commission scolaire de 450 enseignants. Actuellement, on donne trois jours de paye à nos employeurs pour exercer notre droit de grève (c'est-y pas assez niaiseux !). Imaginons que tous les enseignants de la province donnent cet argent au syndicat de manière à ce que ce dernier paye ces 450 enseignants le temps que le conflit se règle. Évidemment, pas question de régler sans que les démissionnaires réintègrent leur poste sans aucune perte. Je n'ai pas fait le calcul, mais j'ai bien l'impression qu'on pourrait bloquer une telle commission scolaire pendant deux ou trois mois... Et s'il le faut, tous les autres syndiqués pourraient encore ajouter quelques jours de leur salaire dans la banque. Tout cela deviendrait absolument intenable pour l'imployeur.

Il me semble qu'on aurait enfin un véritable rapport de force. Et aucune loi spéciale ne pourrait régler ce genre de bataille... Publicisez cette idée autour de vous. Voyez ce que les gens en pensent, et revenez commenter !

MàJ - J'ai trouvé un nom à ma proposition : le Gambit Jobin. Aux échecs, un gambit est le sacrifice d'un pion dans le but de récupérer plus tard le matériel avec un avantage.