Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 24 octobre 2004

La vie en quarante-cinq heures

Pour apprendre un peu plus sur un sujet quelconque, pour approfondir une idée, pour développer une certaine technique, etc., 45 heures suffisent. Imaginez tout ce que vous pouvez accomplir en quarante-cinq heures comparativement à l'observation passive d'une Virginie faisant l'épaisse à la télévision.

Quarante-cinq heures. Cela me rappelle mon entrée au Cégep au début des années soixante-dix avec tous ces cours de trois crédits/quarante-cinq heures. 45 heures et hop ! le calcul différentiel dans la tête. 45 heures et enfin on sait ce qu'ont apporté certains philosophes de l'antiquité à la pensée occidentale. 45 heures, et on peut programmer en fortran. (Hé, hé ! j'ai abandonné ce dernier cours après seulement 6 heures de formation : j'étais absolument incapable de suivre le prof. Je sais aujourd'hui que mon intelligence n'était pas en cause, mais plutôt le manque total de pédagogie de la part de l'enseignant. Quelques années plus tard, je suis revenu à une pratique en dilettante de la programmation.)

Quarante-cinq heures et vous pourrez jouer au golf en débutant averti.

Quarante-cinq heures et le HTML et le CSS vous livreront des mystères de hauts niveaux.

Quarante-cinq heures et vous battrez vot'-mon-oncle-qui-se-dit-ben-bon aux échecs 90 fois sur 100. Après tout, en jouant avec vous, nécessairement il apprendre à mieux jouer !

Quarante-cinq heures et vous pourrez jouer la vaste majorité des pièces du premier grade de piano du conservatoire de Toronto. J'en conviens, vous ne les jouerez pas en virtuose, surtout si, comme moi, vous n'avez aucun talent musical, mais ce sera votre interprétation.

Quarante-cinq heures. Si j'étais patron, j'obligerai tous mes employés à prendre 3 heures par semaine, sur le temps de travail bien entendu, pour qu'ils apprennent quelque chose de nouveau. Quelque chose de nouveau indépendamment de leur travail. Faire de l'exercice, c'est sain pour le corps. Apprendre du nouveau, c'est sain pour l'intelligence, la santé mentale, la confiance en soi, le goût de vivre. Imaginez la richesse pour l'organisation. «J'ai appris une nouvelle manière de miser au Bridge...», «Kundera est fascinant...», «J'ai appris comment fonctionne la bourse....» etc. Tout ce partage, toute cette communication qui s'ensuivrait. Je suis convaincu qu'il y aurait moins de divorces !

Imaginez un peu les écoles qui permettraient aux enfants, trois heures par semaine, la possibilité d'apprendre ce que bon leur semble !!! La société s'en trouverait transformée : on aurait des enfants, des adultes qui ont le goût de nourrir leur cerveau. Qui ont le goût de jouissance intellectuelle. Qui développeront l'écoute, car écouter un passionné est passionnant.

Quarante-cinq heures. Quinze fois trois heures. Et la société serait plus vivable.

Le temps qu'il me reste

J'aimerais apprendre

à construire des cabanes d'oiseaux ;
à programmer en langage objets ;
la géométrie eulidienne ;
à interpréter la Fantaise et fugue en sol mineur de Bach ;
les rudiments de la mécanique quantique ;
à dessiner ;
la théorie de l'harmonie musicale ;
l'art de la reliure ;
à composer de la musique de piano ;
la Pavane pour une infante défunte de Ravel ;
la théorie des nombres ;
l'art de la composition échiquéenne ;
à jouer le Prélude et fugue en La mineur de Bach ;
les rudiments de la mécanique quantique ;
comment fonctionne l'univers ;
le kayak ;
à cuisiner avec du tofu ;
l'art du cul-de-lampe ;
la grammaire française ;
à jouer quelques pièces de Chopin.

samedi 16 octobre 2004

Santé, doc !

Je reviens tout juste d'une visite chez le cardiologue. J'ai toujours eu une certaine horreur des médecins : ils passent leur temps à nous débiter toute sorte de statistiques pour camoufler leur parfaite ignorance de la condition des patients. Aujourd'hui, il m'a dit : « Avec le cocktail de médicaments que vous prenez, il y a 80% des chances que ça marche bien. Si vous êtes dans les 20% qui restent, vous retournerez en angioplastie. On n'y peut rien. »

- Mais, dis-je, je mange beaucoup mieux : moins de gras, presque plus de sucre. Et puis, je fais de l'exercice très régulièrement...

- Oh ! Faut pas mêler les choses. C'est très bien pour ne pas attraper un cancer, mais pour ce qui est des artères, c'est toujours 80-20, si vous prenez correctement vos médicaments, évidemment.

Merde alors. Et moi qui croyais qu'en bouffant mieux, qu'en me tapant 40 minutes de bicyclette stationnaire tous les matins, j'améliorais mes chances...

Le pire (!?), c'est que cet avis contredit absolument tout ce que les autres médecins, infirmières etc. m'ont signifié. Qui croire, qui croire...


J'ai sorti Némésis médicale de ma bibliothèque. Ce sera ma prochaine lecture sur ma bicyclette.