Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

samedi 29 septembre 2007

Grande découverte

Un bon dictionnaire se lit comme un roman. Sauf qu’ici, les personnages principaux, ce sont les mots. Car les mots sont des êtres vivants : ils ont une histoire et une généalogie. Ils changent, évoluent et parfois meurent quand on ne les utilise plus.
Jean d'Ormesson


Je ne sais plus trop comment je suis tombé ce matin sur cette entrevue du Figaro. Par la suite, j'ai googlé LITTRÉ. Et je me suis retrouvé sur sur le XMLittré, version en ligne du dictionnaire maintenant du domaine public. Mais, plus intéressant encore, Francois Gannaz rend disponible via StarDict (autre grande découverte... décidément, ce matin, tout va bien !) une version téléchargeable. Une fois installé, vous avez le Littré en tout temps au bout d'une surbrillance. En effet, que vous soyez dans votre texteur préféré, en train de naviguer sur le web, dans votre logiciel de courriel, et, en fait, pour autant que je sache, dans n'importe quelle application de votre ordinateur, il suffit de mettre un mot en surbrillance pour que la définition du Littré apparaisse. Tout à fait génial.

J'ai même essayé dans Antidote et le résultat est probant. Voilà un immense dictionnaire qui s'ajoute aux nombreux outils d'écriture qu'on y trouve déjà.

Antidote, StarDict et Littré

Plusieurs autres dictionnaires sont téléchargeables du site de StarDict, dont un du français vers l'anglais et réciproquement. Avec des outils pareils, on se demande encore ce que l'on fait dans nos écoles avec des dictionnaires Larousse peu pratiques, limités et qui tombent en ruine...

vendredi 28 septembre 2007

Aquops-Grics

Je viens d'apprendre que l'Aquops a conclu une entente de partenariat avec la société GRICS. Apparemment, cette entente sera réévaluée en juin prochain. Pour réaliser un tel partenariat, je suppose que l'Aquops doit vraiment être dans de mauvais draps.

Je comprends que l'Aquops pourra ainsi survivre au moins jusqu'au prochain colloque. La Grics y gagnera sans doute une certaine visibilité en pédagogie, elle qui, on le sait, fait piètre figure dans ce domaine.

Mais...

Je suis amèrement déçu.

Car, voyez-vous, l'Aquops aurait, semble-t-il, cherché un partenariat avec le RÉCIT. Or ce dernier n'aurait pas donné suite. Si c'est bien le cas, on est vraiment dans la m.... au Québec. Le RÉCIT, c'est le réseau des intervenants le plus près des enseignants au regard de l'intégration des TIC. Et, je le répète, cet organisme (dont je fais partie en tant qu'animateur dans ma CS) aurait refusé un partenariat avec l'Aquops !!! Il faut savoir que plusieurs animateurs d'ateliers du colloque Aquops sont membres du RÉCIT. Et plusieurs bénévoles impliqués dans l'organisation du colloque proviennent aussi du RÉCIT. Ce refus de s'assoir à une même table avec l'Aquops me laisse très perplexe. C'est à n'y rien comprendre, et je compte bien demander des explications à notre prochaine rencontre nationale qui se tiendra à la fin du mois d'octobre. Il me semble qu'un RÉCIT officiellement actif dans une organisation aussi bien rodée que l'AQUOPS aurait pu :
  • stimuler la présentation de projets de la part des enseignants ;
  • proposer des améliorations et des ajouts facilitant l'intégration des TIC ;
  • s'impliquer dans le suivi à donner aux ateliers et aux formations offertes au Colloque ;
  • profiter de l'aide de l'Aquops dans certains évènements régionaux.
La question à se poser : manquerait-on de visions à la direction des ressources didactiques de la province, direction officiellement responsable du RÉCIT? Il est vraiment dommage que le RÉCIT soit si mou...

Je crains bien que ce sont les enseignants qui tentent au mieux de leurs aptitudes et leurs connaissances d'intégrer les TIC qui seront les grands perdants du partenariat Aquops-Grics. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Grics est très, mais vraiment très loin des utilisateurs de première ligne. La Grics vend surtout des solutions mur-à-mur. Et elle les vend aux DG des CS, qui sont aussi les grands patrons de la société. Ces DG, on les comprend, ne veulent pas de problèmes. Et la manière d'éviter les problèmes, c'est en prônant des solutions qui sont tellement loin des besoins des enseignants que personne ne les utilise : pas d'utilisateurs implique pas de problèmes ! La société se servira-t-elle un peu trop du colloque pour promouvoir leurs produits? Certains ateliers risquent-ils d'être subtilement refusés par l'Aquops car risquant d'être perçus par la société-partenaire comme faisant concurrence à leurs propres projets? La Grics est maintenant partout, et ce n'est certainement pas une bonne nouvelle pour les enseignants.

Je suis découragé par ces évènements. Et j'ignore si je soumettrai une demande d'animation au prochain colloque de l'Aquops. Je n'aimerais pas que le Grics « récupère » ce que je fais en affichant leur logo sur la page où l'on trouve le descriptif de mon atelier.

L'Aquops m'intéressait. Mais maintenant qu'on parlera plutôt d'une Aquops-Grics, je n'en suis plus si sûr.

vendredi 21 septembre 2007

J'adore les contes

À lire ce matin, ce conte rafraichissant de Missmath chez son Brouillon de poulet pour l'âne.

J'ai d'ailleurs eu le grand plaisir de rencontrer l'auteure la semaine dernière. Lors d'un tour de table où chacun se présentait sommairement, Missmath a lancé :

- Je vous lis régulièrement.
- Oh oui ? fis-je surpris.
- Bien sûr. C'est moi qui désire devenir Gilles Jobin lorsque je serai grande.

Re-surprise ! J'avais devant moi une admiratrice dont je rssuivais d'ailleurs le blogue.

samedi 15 septembre 2007

La connaissance n'est pas un stock, mais un flux

En ce samedi matin pluvieux, merci à S.O.S...S.E.S Je Blogue pour la découverte de cette vidéo.

vendredi 14 septembre 2007

Adios Réforme!

J'avais encore un peu, un tout petit peu d'espoir, mais là, les dés sont jetés : la réforme de l'éducation au Québec est bel et bien morte.

On a reçu hier les précisions concernant le bulletin chiffré. Lire le PDF du sous-ministre Bergevin.

Le renouveau pédagogique (la réforme) est axé sur l'approche par compétences. Cette approche, complexe dans son application, est basée sur l'idée suivante : Un enfant qui entre dans une classe possède une certaine compétence (en lecture, en résolution de problèmes, en créatioin d'oeuvre médiatique, etc.) Le rôle de l'enseignant consiste à faire prendre conscience à l'enfant de ses propres compétences et le guider pour qu'il continue à les développer. Ces compétences ne se développent pas à vide, mais bien en s'appuyant sur une liste de savoirs prescrits (les connaissances).

Pour arriver à évaluer les développements de l'enfant, l'enseignant devait prendre un portrait de l'enfant au début de son cycle de formation, puis prendre différents portrait en cours de cycle (via des situations d'apprentissage et d'évaluation) pour finalement, en fin de cyle (au bout de deux ans) prendre quelques clichés pédagogiques à l'aide de situations d'évaluation.

L'idée, simple en soi, est la suivante : permettons à un élève de s'observer en train d'apprendre, et guidons-le afin qu'il puisse parfaire ses processus d'apprentissage. C'est, en tout cas, ce que je concluais de la lecture du programme de formation. Et il me semble que le cadre d'évaluation du ministère était cohérent avec cette lecture.

Mais là, la Ministre va modifier, via son Instruction 2007-2008 cette approche.

En effet, dorénavant, l'enseignant devra donner une note aux compétences. Cette note sera attribuée par des examens, des travaux d'élèves et des productions d'élèves.

En quoi cette pratique est-elle si catastrophique pour les proréformes ? En fait, elle ne l'est pas vraiment si un tableau de conversion permet de chiffrer le jugement de l'enseignant. Par exemple, si un enseignant donne un «C» à la compétence "lecture", ce «C» correspond à 60 %. «C+» aurait pu être associé à 68 %. Et il faut bien comprendre par là que 62 % n'a aucun sens ici, car entre C et C+ il n'y a aucune possibilité. L'idée est que les cotes sont reliées à des descripteurs de développement de compétences. Donc, dans cet esprit la note ou la cote, c'est la même chose.

Mais avec l'Instruction prochaine, cela est bien changé. L'enseignant donnera une note basée sur des examens, des devoirs, des exercices, etc. Autrement dit, l'élève fera pendant son étape plein de travaux qui seront notés par l'enseignant, et ce dernier, en professionnel objectif, en fera une espèce de moyenne qu'il communiquera au parent. Autrement dit, l'enfant sera mesuré sur une série de travaux, et non pas sur son développement de compétences.

Pour bien comprendre la nuance, voici un petit exemple.

Enfant A (réforme) Il entre à l'école. L'enseignant fait avec lui son état de développement des compétences. Il remarque ses forces, note ses défis (par rapport à l'enfant, mais aussi par rapport aux exigences de fin de cycle), conserve tout ça dans le portfolio ou le dossier d'apprentissage de l'élève, et communique le tout au parent. Au cours de l'année, l'enfant vivra des situations complexes d'apprentissage lui permettant d'améliorer ses compétences. Toutes ces situations sont conservées dans le portfolio. Par ce portfolio l'enfant prend conscience de ses forces, note les défis qu'il a réussi à relever (on vise la RÉUSSITE des élèves), indique d'autres défis, etc.

Vers la fin de son cycle de deux ans, ce bel enfant aura eu l'occasion d'exercer ses compétences en mode autonome (dans notre jargon, on appelle ça des situations d'évaluation) et l'enseignant sera en mesure de porter un jugement sur le développement des compétences de cet enfant au regard d'échelles de niveau de compétence. C'est ce qu'on appelle, en simplifiant quelque peu, le paradigme de l'apprentissage : on part de l'enfant, comme individu, pour lui permettre d'aller plus loin, selon ses besoins et ses capacités. À cet égard, tout enfant vit des réussites. Dans certains cas, ces réussites sont en deçà des attentes de fin de cycle, alors que dans la majorité des cas, elles devraient être autour des attentes.

Avec l'Instruction de la ministre, tout est bien plus simple. On enseignera à l'enfant (enfant B) qui entre à l'école plein de choses. Régulièrement, il fera des examens notés par l'enseignant. C'est sans doute ce qui sera déposé au portfolio de l'enfant. Puis, le bulletin venu, l'enseignant ouvrira le portfolio et compilera par des méthodes obscures, mais certainement objectives la note de l'élève. Cette note sera communiquée au parent, et tout le monde est content. C'est le paradigme de l'enseignement. C'est ce qu'on a tous vécu à l'école. Dans cette situation, tous les élèves ont les mêmes défis, et on ne considère à peu près pas leurs forces. Ils font tous les mêmes examens en même temps. (Par comparaison, dans des situations d'apprentissage bien construites, chaque élève pouvait continuer à développer ses compétences par rapport à ses propres défis.)

Bien du monde seront contents de la solution de madame la Ministre : les journalistes, une majorité de parents, des syndicats, et plusieurs enseignants.

Quant à moi, dans mon rôle de conseiller pédagogique, j'apprendrai par coeur le discours que je dois maintenant tenir. Après tout, c'est pour ça que je suis payé...

jeudi 13 septembre 2007

Aquops 2008

Je viens d'apprendre que le colloque de l'AQUOPS 2008 se tiendra à Sherbrooke. Mais attention ! l'événement n'aura pas lieu la semaine précédent la Pâques, mais bien les 2, 3 et 4 avril. La raison ? Le MELS a foutu une de ses formations plates des personnes ressources aux dates traditionnelles du colloque.

Quant à moi, je suis en réflexion à savoir si j'y animerai ou non un atelier.

mardi 11 septembre 2007

Rab(u)bin

« L'entente prévoit que l'ailier droit disputera 67 des 70 parties des Olympiques en saison régulière. Toutefois, Rubin ne serait pas disponible pendant deux soirées successives de la Pâque juive du mois d'avril, une période de l'année qui coïncide avec la finale du circuit Courteau. » lit-on ici.

Ça me fait bien rire cette entente. On se dit juif pratiquant, et on ne pratique que quand ça fait notre affaire. Il semble que son rabbin fasse une exception pour le monsieur. Wow ! Ça me fait penser à tous ces prêtres catholiques qui administrent à tour de bras des sacrements genre mariage à des non-pratiquants.

Je me rappellerai toujours, c'était en 1978, mon oncle prêtre venu faire pression sur moi pour que je fasse baptiser mon aînée.

- Mais "mononcle", je ne suis pas croyant.
- Pas grave. Pense à ta petite.
- Justement, j'y pense. Et je ne veux pas lui montrer un père qui pile sur ses principes. Et puis-je vous suggérer, cher oncle, de penser à vos propres valeurs... Pour moi, les sacrements de votre église, c'est chose sacrée. Mais si vous les distribuez comme ça à n'importe qui, je me demande bien comment vous pouvez continuer à faire votre travail...

On n'en a plus jamais discuté.

Franchement, comment prendre au sérieux une religion qui laisse ce qu'elle a de plus sacré s'effriter? Ou qui fasse une exception pour un joueur de hockey ?

La situation est pourtant simple : quand tu t'engages dans une religion, tu dois suivre les règles, pas juste quand ça fait ton affaire. Quand tu t'engages dans une équipe de hockey, tu t'engages à jouer au hockey quand ton entraîneur le demande. Si deux engagements sont incompatibles, tu dois te désengager de l'un ou de l'autre. Rubin, incapable de prendre une décision, n'est pas vraiment croyant laissant passer le hockey par-dessus sa pratique religieuse. À moins que le hockey soit son nouveau Dieu, évidemment...

Morale de cette histoire : il est bon de savoir que même les juifs pratiquants sont « sports ».

Ah, les notes

Je n'interviens à peu près pas sur blogue du RAEQ. Mais j'avais le goût de répondre à ce parent qui voit dans la note l'observation du progrès de son enfant.
« La question fondamentale est la suivante : " Comment puis-je savoir que mon enfant s'améliore, et comment puis-je lui faire prendre conscience qu'il le fait ? "

La note (ou la cote, c'est identique) est, à cet égard, une immense illusion. On croit que 69 est supérieur à 68. Mais sans savoir toutes les variables amenant à ce résultat, cela relève de la pure spéculation. Un 68 en maths vaut-il la même chose qu'un 68 en français ? Si vous répondez oui à cela, alors j'aimerais bien en voir la preuve ? Et un 68 par le prof x en maths est-il le même 68 par le prof y dans cette même matière ? Croire à cette égalité relève d'une méconnaissance de l'art (!?) d'attribuer des notes...

Pour savoir si votre enfant progresse, et surtout pour lui faire prendre conscience de cette progression, il n'y a qu'un moyen : un dossier d'apprentissage (ou un portfolio, ou un cahier de traces, appelez la chose comme vous voulez) est le moyen idéal. Mais tout le monde s'en fiche, car, il faut bien le dire, prendre le temps d'analyser un portfolio est beaucoup plus long que lire une jolie note.

Pour aider un enfant (qu'il soit en difficulté d'apprentissage ou un génie) il n'y a qu'un seul moyen : prendre le temps d'être avec lui, de comprendre comment il comprend, et de lui laisser son temps pour apprendre, dans un environnement de plaisir, de joie et de communication réelle.

Le reste ne vaut rien. »