Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 25 juin 2007

CalculeNote

Ce petit utilitaire (rien de bien fancy) permet de calculer les notes sur les bulletins des élèves de deuxième secondaire. Idéal pour les enseignants qui aimeraient bien avoir une petite idée des notes associées aux évaluations des compétences, et pour les parents qui désirent vérifier le calcul affiché pour les disciplines sur le bulletin de leur enfant.

En terminant, ce n'est pas parce que j'ai programmé ce bidule que je suis en accord avec une note associée aux compétences. En fait, je trouve cela plutôt ridicule. Mais ce billet m'aura au moins permis de le dire !

mardi 19 juin 2007

Andropause ?

J'allais répondre à ce billet, mais comme ma réponse est un peu longue, je préfère en faire un billet d'humeur. Il est ici question de cet article.

D'abord, je n'ai jamais entendu parler de la formation offerte aux enseignants par le MELS. Mais si c'est pour
[...] rendre les jeunes habiles avec les ordinateurs à travers leurs cours, que ce soit pour la recherche, le courrier ou la transmission de documents [...]
franchement, on repassera. À peu près tous les élèves du troisième (voire deuxième) cycle du primaire de ma commission scolaire sont capables de faire ça.

Ce dont j'ai bien hâte, c'est que les DSE des CS prennent la parole au lieu des directeurs de services informatiques... Mais ça ne semble pas être pour demain.

La grande, très grande question à se poser est la suivante : « En quoi nos élèves apprennent-ils mieux en intégrant les TIC ? », et je renvoie M. Hudon, et tous les DSI (lisent-ils les blogues ?) à mon billet écrit en janvier dernier.

Désolé, mais j'en ai un peu marre qu'on fasse la une avec des lieux communs pareils. Comme si M. Hudon dévoilait le mystère des TIC à l'école. Nous sommes en 2007, mais j'entends toujours un discours-ustensile.

Quand on dit que les TIC permettent aux élèves d'exploiter leur créativité, je me demande bien ce que M. Hudon a en tête. On peut faire des arts sans les TIC, on peut faire de la musique sans les TIC, et on peut faire de la vidéo sans les TIC... La créativité n'est pas dans les technologies, elle est dans le cerveau des gens.

Pour qu'une intégration des TIC soit réussie, il faut qu'elle transforme la manière de penser de l'utilisateur. Un cerveau connecté, voilà ce qui devrait se passer. Lire ce billet de George Siemens dont cet extrait est fort parlant :
It's the change underlying these tools that I'm trying to emphasize. Forget blogs...think open dialogue. Forget wikis...think collaboration. Forget podcasts...think democracy of voice. Forget RSS/aggregation...think personal networks. Forget any of the tools...and think instead of the fundamental restructuring of how knowledge is created, disseminated, shared, and validated.
C'est la fin de l'année scolaire. Nos élèves deviendront-ils de meilleurs apprenants en 2007-2008 ? Avec des discours à la DSI (où l'on pense que l'ordinateur est un outil miracle pour produire de la motivation scolaire), j'ai bien peur que non.

mercredi 13 juin 2007

Un mois après

Un mois après la publication de ce billet, trois animateurs seulement ont répondu. Qu'en conclure ?
  1. On ne lit pas les Jobineries !
  2. Les intervenants TIC n'ont pas le temps de répondre.
  3. Les questions sont mal formulées.
  4. Tout le monde s'en fiche.
  5. Aucune de ses réponses : l'intégration des TIC est une fumisterie.
La réponse facile que j'entends déjà sur la majorité des bouches : un peu tout ça !

J'avais écrit le billet suite à notre rencontre nationale. C'est-à-dire au moment où tout l'monde était gonflé à bloc. Je me disais : « Wow, c'est l'temps de démarrer une discussion, un réflexion sur nos propres pratiques en tant que personne intégrant les TIC, et, partant de là, développer une vision large sur l'intégration des TIC en salle de classe. »

Ce sera pour une prochaine fois...

jeudi 7 juin 2007

Ste-Marie, PPO, crevaison et salmonelle

Je reviens tout juste de Ste-Marie de Beauce : deux jours de formation sur le PPO (Projet personnel d'orientation), cours qui sera offert aux élèves de troisième secondaire dès septembre dans ma commissoin scolaire. Accompagné de la responsable du dossier, j'assistais en tant qu'animateur RÉCIT et, à cet effet, je n'ai pas eu grand'chose à me mettre sous la dent.

Cependant, j'ai eu une conversation agréable avec Bertin Desjardins du RÉCIT en formation professionnelle.

Retenez d'abord que le PPO est un nouveau programme consistant en 100 heures de formation. Je ne veux pas entrer dans les détails ici ; disons simplement que les élèves utiliseront énormément l'ordinateur dans ce cours. D'ailleurs, pour une classe de 32 élèves, il est suggéré d'avoir 22 ordinateurs fonctionnels. De là, vous le sentez bien, l'implication possible de l'animateur RÉCIT. Le problème, c'est qu'on ne sait pas trop quel est son rôle dans tout ça. Accompagner, bien sûr. Mais ça, on le fait déjà. Comment doit-on accompagner spécifiquement pour ce cours, telle est la question.

Avec Bertin, j'ai donc pu cerner quelques idées.
  1. Pour que le cours ait un certain succès, il faut absolument que l'enseignant possède son propre ordinateur portable.
  2. Les utilisations prévues sont actuellement du style ustensile : recherche sur le web, vidéo disponible du web, etc. Il faudrait ajouter toute la vision intégration des TIC du genre : Spip pour le portfolio de classe et lien vers la communauté, WIKI pour le travail collaboratif, BLOGUE pour portfolio personnel, etc. L'animateur RÉCIT peut devenir ici une ressource intéressante.
  3. De toute évidence, pour les animateurs RÉCIT ayant de la difficulté à intervenir au secondaire, l'implantation du PPO pourrait devenir (je dis bien pourrais, car je cherche encore où est le véritable leadership au RÉCIT) un excellent projet de groupe dans lequel on pourrait travailler ensemble! Par exemple, à informatiser des outils de consignation, à créer des espaces d'échanges sur nos pratiques d'intervention, etc.
  4. Pour assurer un succès au cours, on ne doit pas y retrouver un enseignant qui a un dégoût des technologies éducatives. Cependant, je pense qu'il ne faut pas non plus y trouver nécessairement un prof maniaque de l'informatique. Il suffit d'un enseignant ouvert à apprendre à intégrer les TIC. Le rôle de l'animateur RECIT local serait à ce moment-là de l'accompagner régulièrement en salle de classe pour lui permettre de développer pendant ses heures de cours sa compétence à intégrer les TIC. L'intervention en salle de classe est primordiale, à mon avis.
  5. Si ce travail d'intégration des TIC est bien fait, on pourrait alors s'attendre à ce que ces mêmes jeunes, arrivés en quatrième secondaire, fassent pression pour que ces mêmes outils TIC soient exploités dans leurs cours ordinaires. On créerait ainsi une certaine pression sur le système pour qu'il améliore les services en intégration des technologies à ces niveaux. Et l'année suivante, la pression serait sur la cinquième secondaire.
Le voyage de retour en Outaouais n'a pas été de tout repos. Sur la 40, on a eu droit à une terrible crevaison. Évidemment, ça prenait un homme pour sauver la situation. À preuve, cette photo.

Elle a été prise par ma collègue Lyse, qui a enfin découvert que je pouvais servir à autre chose que l'écouter me faire l'apologie de l'approche orientante.

Mais un malheur n'arrive jamais seul. Nous nous sommes arrêtés quelques kilomètres plus loin au St-Hubert de Berthierville. Nous avons passé commande, mais quel ne fut pas mon désarroi lorsque je remarquai que mon poulet n'était pas cuit. C'était bien là la première fois que la chose m'arrivait au St-Hub ! Moi qui étais affamé après avoir secouru la dame, je dus attendre patiemment le retour de mon plat pendant que je la regardais dévorer le sien...

mercredi 6 juin 2007

Deux millions

Lorsque j'ai réécrit Au fil de mes lectures en mode PHP/MySql, j'en avais profité pour ajouter un petit compteur Sitemeter. C'était en février 2001. Jusque-là, c'est-à-dire depuis 1995, je rédigeais tout en HTML.

Le compteur vient juste de franchir la barre des deux millions de visiteurs. N'ayant pas de point de comparaison, je me dis que cela doit sans doute être dans la moyenne correcte pour un site personnel.

Dans mon milieu de travail, peu de gens sont au courant que je mène depuis des années cette activité. Pour eux, je suis celui qui se bat pour l'intégration des TIC, celui qui chiale à propos de la lenteur du système d'éducation.

Mais ce que je considère comme mon oeuvre personnelle, c'est bien mon site Au fil de mes lectures. Je sais bien que toute collection a un côté quétaine, mais il demeure que j'aime profondément mon site. J'aime y naviguer. J'aime y retrouver les phrases qui m'ont fait vibrer. J'aime sa réactivité. J'aime aussi ses absences : absence de pub, absence de cadres, absence de clics interminables pour atteindre ce que l'on cherche.

Au fil de mes lectures, c'est ma mémoire de lecture, car, voyez-vous, je suis plutôt moche côté souvenance. Je ne retiens rien, exactement comme un personnage d'une nouvelle de Suskind - tiens, j'ai oublié son titre.

La beauté du web, c'est ce partage possible entre les humains. Bien sûr, le livre a aussi cette faculté mais je doute qu'un éditeur veuille bien publier ma collection. Heureusement qu'une des forces du web est de permettre l'auto-édition.

Force, mais sa faiblesse aussi. Car sans doute devrai-je penser, dans un futur assez rapproché, à la survie du site après ma mort. Un livre, une revue, ça se déposent dans une bibliothèque nationale. Mais un site web ? Si vous avez une info à ce propos, je suis preneur.

vendredi 1 juin 2007

Lettre à mon petit-fils

Estéban, hier fut un jour bien triste pour le monde de l'éducation de la province. Car hier, on apprenait que lorsque tu entreras à l'école, tes performances seront chiffrées et tu seras comparé à tous les autres copains de ta classe. On te dira si tu es meilleur ou pire qu'eux.

Sache, Estéban, que J'avais espéré bien autre chose pour toi. Je voulais que ton séjour à l'école en soit un joyeux et lumineux. Un séjour pendant lequel tu aurais eu du plaisir à apprendre, à découvrir les joies de la connaissance, et à partager tes idées avec tes copains. En te comparant à tous les autres amis de ta classe, c'est malheureusement le contraire que tu vas vivre. Car tu chercheras à obtenir les meilleures notes, tu chercheras à être au-dessus des autres pour que ton enseignant et ton directeur soient fiers de toi. Et si tu obtiens des notes sous la moyenne, on te demandera d'améliorer ta performance. Et toi, sans trop savoir d'où il vient, tu sentiras un grand stress t'envahir. Stress de te maintenir en haut du peloton, ou stress de devoir dépasser ta moyenne de groupe. Ainsi, peut-être, perdras-tu cette curiosité (que je sens si fort en toi en ce moment) d'en savoir un peu plus sur ce qui t'entoure. Et puis, j'ai bien peur que petit peu à petit peu, l'école devienne un véritable boulet à ton pied. Qui donc en se levant chaque matin aime se dire qu'il doit travailler à améliorer son rendement public?

J'en entendu hier notre premier ministre dire qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire. J'ai entendu un journaliste dire que les parents sont bien contents du retour aux notes et à la moyenne de groupe. Moi, je connais bien tes parents. Et je sais qu'ils ne font pas partie des parents que le journaliste citait. Car je sais que tes parents veulent d'abord que tu sois heureux, que pour eux, être au-dessus ou au-dessous des notes de tes copains ne veut strictement rien dire, qu'ils feront tout pour que tu ressentes de la joie dans tes apprentissages, et qu'un 80% ne mesure absolument pas ça !

Estéban, tu es encore bien petit, mais sache que pour moi, tes futures notes à l'école, je m'en moque éperdument. Je vais tout faire pour que tu comprennes bien qu'apprendre ne se mesure pas avec des notes. Qu'apprendre, c'est d'abord apprendre la beauté, et qu'à cet effet, se comparer aux autres est ridicule. Apprendre est source de joie, et je vais m'assurer que jamais tu ne perdras cette flamme que je vois dans tes yeux à chaque fois que je te rencontre.

Sache aussi, mon petit-fils, que je suis conseiller pédagogique, Et qu'en tant que tel, je devrai trouver des raisonnements farfelus et bidons pour expliquer qu'en te donnant une note, je contribue à ta réussite. J'ai pourtant fait bien des efforts pour n'en point arriver là. Mais de toute évidence, la guerre est perdue.

Je t'aime Estéban. Et je regrette, au plus profond de mon coeur, que des gens de ma génération t'offrent une école qui ne représente pas du tout ce que j'espérais pour toi.

Ton grand-papa Gilles