Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 30 mars 2012

Un principe est plus fort qu'une passion

« On doit pouvoir essayer des idées pendant qu'on les pense. »

Voyez cette extraodinaire conférence donnée par Bret Victor.

Bret Victor - Inventing on Principle from CUSEC on Vimeo.

Un grand merci à Olivier Lafleur qui m'a gentiment suggéré son visionnement. Je n'ai rien vu d'aussi fort depuis bien longtemps !

samedi 24 mars 2012

L'hypocrisie scolaire

« L’école soumet les élèves à des injonctions contradictoires : pensez par vous-même, répétez ce qu’on dit. Prenez des risques, ne vous trompez pas. Apprenez par cœur, ne plagiez jamais. Ces contradictions sont structurelles, inscrites dans les fonctions ambivalentes de l’institution. D’un côté, on impose aux élèves une culture dominante de pure autorité. De l’autre, on leur demande d’entretenir la fiction selon laquelle cette culture est librement choisie, aimée, appréciée comme supérieure par tous. La bonne élève, c’est celle qui a le bon goût de sincèrement aimer Flaubert. »
C'est tiré de l'excellent billet La pourriture pédagogique de Damien Babet.

vendredi 16 mars 2012

Grève et TIC

Il semble que plusieurs enseignants et syndicats d'enseignants appuient le mouvement de grève des étudiants.

C'est bien.

Pour rendre cet appui concret, puis-je leur suggérer de rendre leurs cours disponibles aux étudiants via le web ? Ainsi, ces derniers ne risqueraient pas de « perdre » la session en cours, car, évidemment, cette « menace » arrivera bientôt.

Est-il vraiment nécessaire de se rendre dans les locaux de l'université pour apprendre ? Bien sûr que non ! et cette grève pourrait le démontrer.

jeudi 15 mars 2012

Chemin faisant, page 79

Le souvenir aime le silence, comme l'oiseau des bois l'ombre des hautes futaies.

La raison, du pain rassis à manger toute sa vie.

Aucun foin fleuri, aucune rose épanouie, aucun lilas en fleur n'a le parfum d'une juste revanche.

Il y a de la générosité à sortir de la règle par exception.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

mercredi 7 mars 2012

Clavardage avec un prof

J'ai initié quelques enseignants à Gmail. Et parfois, comme ça, nous tenons une conversation. Voici celle que j'ai tenue avec un bon copain enseignant il y a quelques minutes à peine. On a beau être en semaine de relâche, l'éducation est toujours un sujet passionnant.
Évidemment, j'ai changé les noms, corrigé les fautes. Les commentaires entre crochets sont de moi.



CopainProf: NNN à une chaîne Youtube personnelle.
Est-ce que tu as le nom de sa chaîne ?

moi: heu oui... attends un p'tit peu.
Voici. [Et lui donne l'URL]

CopainProf: Merci intéressant, NNN devrait partager un peu plus son expertise

moi: ELLE LE PARTAGE !!! ELLE EST SUR LE WEB !

CopainProf: Oui Oui!!!! Il y a un problème : beaucoup d'informations intéressantes de nos collègues, mais ils sont mal publicisés.

moi: heu...
je sais pas...
je sais pas si elle veut de la pub...
pour ce que cela donne... !
elle fait sa petite affaire, et c'est bien ainsi.
sa réputation est excellente.
que vouloir de plus?
à la cs, y'a pas grand monde qui comprend la génie de cette femme.
les technologies, ça semble des gugusses pour la plupart des gens...
je pense pas que [je cite le nom] saurait faire un article sur NNN à la hauteur de ce qu'elle est !

CopainProf: Comment ça que pas beaucoup de gens font la lecture de tes articles qui sont très intéressants. Si tu comptes les gens qui te connaissent et qui t'apprécient à tous les jours dans ton environnement de travail, combien prennent le temps de lire...

moi: En effet, moi aussi, la cs ne me fait pas de pub... ça fait longtemps que j'ai oublié cette idée ! :-(

CopainProf: Il y a un problème : information trop éparpillée à gauche et à droite.

moi: euh.... non....
c'est que les gens ne veulent pas utiliser les fils RSS. C'est tout simple... mais personne n'a compris sa puissance.
les infos, je les ai en permanence, tous les jours, toutes les minutes.
je parle des infos IMPORTANTES pour moi.
Juste tout à l'heure, via Facebook, j'ai eu un article sur SHIROV à Ottawa/Gatineau.
Immédiatement, j'ai fait un lien sur matoutaouais.org.
C'EST PARCE QUE JE LIS LES FILS RSS !!!
tout simplement.

CopainProf: ouais je comprends ton argument, on ne veut pas emmerder les gens.

moi: il ne s'agit pas de REGROUPER l'info... il suffit juste de s'abonner aux infos qu'on désire. C'est tout.

CopainProf: Si dans le site de [nom de la personne], on y allait par inscription par individu, exemple par courriel.

moi: ?

CopainProf: Donc je suis intéressé par les publications de NNN ou [il me cite un autre prof], je m'inscris à un envoi par courriel dès qu'il y a une nouveauté.

moi: MAIS NON. je ne veux pas recevoir des courriels ! Je veux pouvoir m'inscrire à leur fil RSS.
SI CELA M'ENCHANTE !

CopainProf: Oui mais il y a seulement toi et moi qui faisons ça. Trop complexe pour le simple utilisateur. Le système d'inscription par courriel est plus simple. Regarde sur mon blogue à droite [il me donne l'URL.]

moi: ouain.
les fils RSS, c'est pas complexe.
et cela rend les gens beaucoup plus autonomes...
et leur montrent à ne pas perdre une temps fou sur le web.

CopainProf: La même autonomie sur le système d'envoi par courriel et il n'ont seulement qu'une application à ouvrir qui est le courriel.

moi: et que font-ils s'ils veulent suivre les nouvelles du sport du cyberpresse? s'ils veulent avoir les derniers article d'un blogue, etc.???

CopainProf: tu passes 70% à 80% du temps derrière un bureau. Et non les enseignants. 10% 20% derrière leur ordinateur.

moi: RRRRRRRR c'est un sophisme. Choisir le web pour s'informer est un mode de vie.

CopainProf: Je comprends mais il faut être capable de se mettre dans leur contexte.

moi: Justement. C'est pour ça que je pense que prendre 15 min. pour comprendre ce qu'est un agrégateur leur sauverait un temps fou.

CopainProf: Oui mais il faut partir d'une habitude qu'ils ont déjà pour les rejoindre.

moi: bof... pourquoi les rejoindre???

CopainProf: Ils changent le monde, ils sont importants.
Le problème est dans la valeur accordée aux enseignants.
Plus tu leur accordes de l'importance, plus il seront intéressés par ce que tu leur apprends.

moi: t'as peut-être raison.
tu es un gars optimiste.
c'est bien.

CopainProf: Nous avons toujours le choix.

moi: oui. Et NNN fait les siens !

CopainProf: Elle est optimiste et je crois que son travail doit être confronté à nos collègues pour pouvoir stimuler leur enseignement. Je parle de son site éducatif.

moi: Mais les autres profs ne sont pas intéressés. Ils vont dire : «wow, c'est cool» et ils passeront à autres choses.

CopainProf: Tu sais pas.

moi: oui je sais.

CopainProf: Tu ne peux pas calculer l'effet.

moi: J'ai présenté des tonnes d'ateliers à l'Aquops... et l'expérience me montre que c'est comme ça que ça se passe. Parfois, on arrive à toucher une ou deux personnes, mais c'est tout.
mais évidemment, les temps changent.
tant mieux si tu gardes espoir.
mais moi, je pense que cette bataille est perdue.
nous serons toujours avec des «éternels débutants».
c'est comme ça.

CopainProf: Le problème est que nous sommes dans un système trop lourd. La solution est de sortir du système pour agir de l'extérieur sans compte à rendre à notre employeur
En étant consultant où bénévole.
À ce moment tu peux aller au bout de tes idées et choisir vraiment ce que tu crois qui aura une incidence dans le milieu

moi: peut-être.

CopainProf: Tu arrives à ce moment [Il fait allusion à ma future retraite.], tu as la chance de faire la différence tu seras libre de faire ce que tu veux sans règle du patron.

moi: c'est juste que moi, je ne crois plus au système éducatif québécois. l'école est obsolète.

CopainProf: Justement tu peux apporter ta façon de faire et l'offrir dans un milieu.

moi: MAIS LE MILIEU N'EN VEUT PAS!
il faut l'offrir dans UN AUTRE MILIEU.

CopainProf: tu ne sais pas.

moi: oui je sais.

CopainProf: Alors propose un projet concret dans une école
do it.

moi: c'est pas à moi à proposer. C'est aux profs à proposer. C'est LEUR ÉCOLE !

CopainProf: où tu sais que tu auras la satisfaction de voir la différence.

moi: Ma satisfaction ne tient pas dans l'impression de faire une différence.
si c'était le cas, je serais bien malheureux !

CopainProf: Je parle de voir la différence.
Pas d'avoir une impression.

moi: c'est la même chose.

CopainProf: Non pas pour moi.
La voir est un fait, elle existe voilà la vraie source de motivation d'un enseignant.
Ce que je peux retrouver facilement en coaching mais pas en enseignement.

moi: :-)
je viens de relire notre conversation... je vais en faire un billet, en enlevant les noms...

CopainProf: et les fautes j'espère.

moi: oui oui, et les fautes !

CopainProf: J'ai bien hâte de voir ce qui va en ressortir

moi: Le temps de faire les corrections et la mise en page... et le tour est joué !
c'est pratique un blogue pour garder des traces !

CopainProf: Je sais, mais un des graves problèmes des gens autour de moi c'est qu'ils me jugeront par la qualité de mon écriture et non pour mes visions.

moi: tu sais pas :-)
de toute manière, publier à peu près sans fautes, ça s'apprend.

CopainProf: hihihii ouais ok et vlan dans les dents, j'ai dit ça pour apprendre il faut se confronter à soi-même et aux autres. Tu es bien gentil de publier notre conversation, elle résume le fond de ma pensée dernièrement. Ma pensée est comme un volcan en ébullition.
bye

moi: Bon, je te laisse, j'ai un billet à rédiger ! Salut !

mardi 6 mars 2012

Un petit truc PHP

Je travaille sur un script permettant de lire en ligne des parties d'échecs provenant de fichiers PGN.

La première étape consiste à transformer ces fichiers en format SQL. Curieusement, rien n'existe sur le web à cet égard. J'ai donc dû construire mon propre algorithme. Ainsi, en quelques secondes, un fichier pouvant contenir 3000 parties format PGN se retrouve dans MySql où les en-têtes sont reconnues comme des champs. (Si vous êtes intéressé, écrivez-moi !)

J'utilise toujours le merveilleux script de Chess Tempo pour afficher une partie sur l'échiquier. Mais ce script exige, entre autres, que les coups soient sur une même ligne, donc sans aucun retour chariot. Par exemple :

1. e4 c5 2. f4 d5 3. e5 Bf5 4. g4 Be4 5. f5 Bxh1 6. Bb5+ Nc6 7. g5 e6 8. Qg4 h5
9. Qf4 exf5 10. Qxf5 Nge7 11. Qf2 Qc7 12. d4 cxd4 13. Qxd4 O-O-O 14. Qa4 Qxe5+
15. Ne2 g6 16. Bf4 Qxb2 17. Bxc6 Nxc6 18. Nec3 Bg7 19. Kd2 Bxc3+ 20. Nxc3 Qxa1
21. Nb5 Rhe8 22. Be3 Rxe3 0-1

doit devenir :

1. e4 c5 2. f4 d5 3. e5 Bf5 4. g4 Be4 5. f5 Bxh1 6. Bb5+ Nc6 7. g5 e6 8. Qg4 h5 9. Qf4 exf5 10. Qxf5 Nge7 11. Qf2 Qc7 12. d4 cxd4 13. Qxd4 O-O-O 14. Qa4 Qxe5+ 15. Ne2 g6 16. Bf4 Qxb2 17. Bxc6 Nxc6 18. Nec3 Bg7 19. Kd2 Bxc3+ 20. Nxc3 Qxa1 21. Nb5 Rhe8 22. Be3 Rxe3 0-1

Il faut donc transformer les fins de ligne en espace. Cela m'a pris un petit bout de temps avant de trouver la formule PHP qui fait cela. En supposant que la variable $laPartie contiennent les coups, voici ce qu'il faut faire :

$laPartie =preg_replace("/[\r\t\n]/"," ",$laPartie);

Notez que cette expression modifie aussi les tabulations (\t).

samedi 3 mars 2012

Les technologies dérangeantes

Dès que nous tenons une opinion, elle nous tient.
Alain, Propos sur l'éducation, p.101, P.U.F 1969.


Cette lettre d’opinion d’une enseignante de cinquième secondaire n’est pas vraiment étonnante. Elle reflète ce que bien des personnes pensent relativement aux outils technologiques personnels : des distractions qui empêchent les élèves de gober les précieuses connaissances dispensées par l’enseignant et qui en font des êtres antisociaux !

Dans l’entrevue accordée à Radio-Canada, Mme Fortin suggère que les élèves ne devraient avoir que crayons et cartables en classe. (J'ai bien souri en l'entendant «ploguer» la sortie de son dernier roman.)

Clairement, nous sommes ici devant une enseignante qui semble complètement dépassée par les technologies et qui préférerait ne pas avoir à s’en préoccuper. Elle suggère donc cette solution simpliste : les bannir !

Je sais que mon propos est stéréotypé, mais n’est-ce pas le rôle de l’école d’éduquer nos enfants ? entre autres aux bienfaits et aux méfaits des technologies ? Il me semble que les textos sont un bon prétexte pour parler des différents niveaux de la langue, et faire ressortir les forces et les faiblesses de chacun.

Bien sûr, chacun a droit à son opinion, mais j’ai peine à croire qu’une enseignante ne puisse profiter des moments d’écriture pour en retirer un certain jus pédagogique. Peut-être ne sait-elle pas comment ? Auquel cas, elle aurait dû, il me semble, demander l’aide du leader pédagogique de son école (normalement, c’est son directeur). Elle aurait pu aussi faire appel à son conseiller pédagogique en français ou en technologies.

jeudi 1 mars 2012

Comment changer l'école ?

Tantôt, j’ai vu passer plusieurs gazouillis avec le mot-clic #TEDxWB. Les participants semblaient enthousiastes. Il y a eu plusieurs évocations selon lesquelles l’école doit absolument changer.

Je n’ai lu, cependant, à peu près aucune proposition concrète d’action. Pourquoi ? Parce que je pense que personne ne croit vraiment qu’on puisse changer quelque chose.

Oh ! bien sûr, il y a quelques enseignants qui vraiment font un boulot remarquable pour amener des changements. En fait, je crois que presque tous les enseignants font un remarquable travail.

Mais, voyez-vous, ils ont les mains et les pieds liés.

Liés au programme de formation.
Liés aux impératifs administratifs (bulletins, examens, normes et modalités, critères d’évaluation, projet éducatif, gestion par les résultats, etc.)
Liés aux attentes des parents.
Liés par des contraintes technologiques.
Liés aux attentes de la ministre.
Liés.

Je ne pense pas que les changements du système, qu’ils soient ou non désirés par les enseignants, seront provoqués par ces derniers.

Non.

Les changements devront passer par les élèves eux-mêmes.

Si j’utilisais un peu de délinquance créative, je suggérerais aux élèves, surtout aux plus «forts» de refuser toute évaluation institutionnelle. Je leur dirais :

Refusez de faire des examens du MELS.
Refusez qu’on vous remette un bulletin avec des notes ridicules.
Refusez qu’on vous catégorise et qu’on vous trie selon les notes que vous obtenez.

Et exigez !

Exigez de comprendre et qu'on vous donne le temps de comprendre.
Exigez qu'on respecte votre rythme d'apprentissage.
Exigez qu'on cesse de vous préparer à des examens.
Exigez d'avoir du plaisir à apprendre.

Sans évaluation institutionnelle, croyez-moi, l’école changerait !