Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 18 août 2006

Ensemble, c'est tout

C'est Audrey Tautou qui jouera le rôle de Camille dans le nouveau film de Claude Berri, Ensemble, c'est tout. Le choix n'est pas mauvais, évidemment. Mais j'aurais de loin préféré y voir Mélanie Bernier, sublime dans La petite Fadette.
Photo : photosonline.canalcast.com

lundi 7 août 2006

441

Deux ans et un quatre-cent-quarante-et-unième billet. Après trois mois d'activités, j'avais déjà écrit un mini bilan. Mes observations demeurent essentiellement les mêmes : le blogue est, d'abord et avant tout, chez moi, une activité nombriliste ou, si l'on veut, une épiphanie de la pensée. Je reviens souvent à cette citation du Journal de Jules Renard : « Écrire, c'est parler sans être interrompu. » Évidemment, cela s'applique à tout le web : il suffit d'y avoir un espace éditable, le blogue n'étant, après tout, qu'une application dynamique d'édition sur le net.

Alors, après deux ans de blogueries, que puis-je en dire ? Essentiellement, chez moi, bloguer sert à maintenir un degré d'awareness, une écologie intellectuelle, comme si mon cerveau restait aux aguets de nouvelles réflexions, de nouvelles joies. Au fil d'une observation, d'une lecture ou d'un mot d'un ami, je me dis : « Diable, j'aimerais bloguer ça ! » Mes Jobineries, sans doute un peu trop éclectiques pour intéresser bien du monde (je ne reçois qu'une centaine de visites par jour, ce qui est quinze fois moins qu'Au fil de mes lectures) sont le reflet de mes attirances, mes accointances. C'est une façon de me plaire.

En éducation ? L'école est tellement lente que lorsque les enfants et les enseignants s'y mettront, mon esprit sera sans doute occupé ailleurs. Non pas que je suis en avance, loin de là : c'est juste que l'école n'est pas de son temps. Après plus de dix ans de web, on en est encore à se demander ce qu'on peut « faire faire » aux enfants sur le net. Le web, il sert à quoi, à part faire de la recherche ? La relation école-ordinateur en est encore au sempiternel traitement de texte. Le scolaire traite l'ordinateur comme une dactylo : c'est tout juste si on n'entend pas le ding à la fin d'une ligne...

Que faire alors ? Pour l'école, j'ai carrément abandonné et ce, malgré de très très beaux projets que je vivrai cette année. Il reste donc l'action individuelle : écrire sur le web, et, peut-être, espérer devenir, pour certains, un modèle du possible. Plus nous serons nombreux à le faire, plus nos enfants, nos amis connus et inconnus, nos parents découvriront peut-être eux aussi le potentiel de ce que cela peut leur apporter et apporter aux autres.

vendredi 4 août 2006

Parabole chinoise

Un vieil homme du nom de Chunglang, qui signifie « Maître des rochers », possédait un petit lopin de terre dans les montagnes. Un jour, il perdit l'un de ses chevaux. Des voisins vinrent alors lui exprimer leurs condoléances pour ce malheur.
Mais le vieil homme leur demanda : « Pourquoi pensez-vous que cela soit un malheur ? » Et voilà que quelques jours plus tard l'animal revint, suivi d'une horde de chevaux sauvages. À nouveau les voisins apparurent, pour le féliciter cette fois-ci de cette aubaine.
Mais le vieil homme leur rétorqua : « Pourquoi pensez-vous que cela soit un aubaine ? »
Les chevaux étant devenus très nombreux, le fils du vieil homme se prit de passion pour l'équitation, mais un beau jour il se cassa la jambe. Alors, encore une fois, les voisins vinrent présenter leurs condoléances et à nouveau le vieil homme leur rétorqua : « Pourquoi pensez-vous que cela soit un accident malheureux ? »
L'année suivante, la commission des Grands Flandrins arriva dans la montagne. Elle recrutait des hommes forts pour devenir valets de pied de l'empereur et porter la chaise de celui-ci. Le fils du vieil homme, toujours blessé à la jambe, ne fut pas choisi.
Chunglang ne put réprimer un sourire.
Hermann Hesse, Éloge de la vieillesse, p. 146, trad. A. Cade, Livre de poche, n° 3376.

dimanche 30 juillet 2006

L'humanité

Un soldat avec un gros bazooka se trouve devant 10 enfants. Derrière les enfants, un autre soldat avec un canif.

- Tu es un lâche. Tu te caches derrière des enfants qui jouent.
- J'ai seulement un petit couteau.
- Sors de là, sinon tu seras responsable du massacre de ces enfants.
- C'est toi qui appuieras sur la gâchette.
Le soldat prend son portable, téléphone à son Général.
- Mon Général, j'en ai un, mais il est terré derrière des enfants. Il a un petit canif. Mais il peut détruire beaucoup avec ça. Que dois-je faire ?
- Attends un instant.
Le Général met en attente son soldat et, d'une autre ligne, appelle sa communauté internationale.
- Hé, George, comment va ?
- Bien ! Que puis-je faire pour toi ?
- Je n'ai plus de munitions. Tu pourrais m'en faire parvenir ?.
- Pas de problème, je t'envoie ça immédiatement.
- Merci !
Il prend la première ligne et dit :
- Soldat, tire. On te renverra des munitions.
- À vos ordres, mon Général.
- Alors, il a dit quoi ton chef ? lance le soldat caché derrière les enfants.
- Il m'a dit de tirer.
Le lâche fait une prière à son dieu. Les enfants jouent toujours.
L'autre lâche fait BOOOM !

[Fin alternative]

- Alors, il a dit quoi ton chef ? lance le type caché derrière les enfants.
- Il m'a dit de tirer. Mais je trouve ça ridicule. Le grand-père de ton grand-père haïssait certainement le grand-père de mon grand-père.
- Je pense plutôt que c'est le grand-père du grand-père de ton grand-père qui haïssait le grand-père du grand-père de mon grand-père.
- Que proposes-tu?
- Jette ton bazooka, je jette en même temps mon canif.
- J'ai pas confiance en toi.
- Moi non plus.
- Je jette mon bazooka, tu jettes ton canif et on tire une ligne ici, entre nous. On y met des petits hommes bleus. Ils s'assurent que tu ne dépasses pas la ligne. Et que je ne dépasse pas la ligne.
- Et ?
- Et je vais voir mon Général.
- J'irai voir le mien.
- Et on leur dira d'arranger tout ça.
- Oui, on leur dira d'arranger tout ça.
- Et s'ils ne veulent pas ?
Le soldat au bazooka réfléchit un petit moment.
- Si mon Général ne veut pas, j'écrirai des chansons.
Et du même souffle, il demande à l'autre. « Et si ton chef ne veut pas arranger ça ? »
Le gars au canif prend aussi un moment de réflexion.
- S'il ne veut pas, je composerai la musique.

samedi 29 juillet 2006

École en gros

La dernière annonce Bureau en Gros à la TV : un jeune demande de l'attention de son père « Papa, papa, papa ... quand fera-t-on des trucs ensemble ? » Le bonhomme paraît bien découragé. Et hop, miracle : le petit, la mine basse, se trouve avec plein d'effets scolaires, et le papa, sourire aux lèvres, lance « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? »
C'est alors que, sur le même ton, Aurélie me lance : « Pourquoi s'occuper de ses enfants quand on peut les envoyer à l'école ? »

mardi 25 juillet 2006

Deux bougies

Estéban à deux ans. Tout va si vite. Ici, Andréanne raconte ; , le premier billet sur le blogue du p'tit.

dimanche 23 juillet 2006

Nostalgia

Petite nostalgie ce matin. J'écoute Espace-Musique, et Gilles Dupuis, animateur de l'ex Grande Fugue me manque terriblement. D'ailleurs, qu'est-il devenu ? Hier, samedi, à 10h, j'espérais encore Chronique du disque...
Depuis deux ans maintenant que la SRC a modifié la vocation de sa radio culturelle, et je me rends compte que j'écoute beaucoup moins la radio.

jeudi 22 juin 2006

Lecture estivale

Ce billet m'a bien fait rire, même si ce n'est pas drôle ! Particulièrement le commentaire numéro 6 de l'auteur au regard de la formation de maîtres passionnés. J'entends le soupir de Marie : Ah ! la passion.

Je pense qu'au MELS, on gagnerait à relire (lire?) Montaigne. Dans le chapitre 26 des Essais, on trouve :
À un enfant de maison qui s'appliquera aux lettres, non pour le gain (car un but si abject est indigne de la grâce et de la faveur des Muses, et puis il regarde autrui et en dépend) ni pour les commodités sociales, mais pour lui-même, pour s'en enrichir et parer son for intérieur, et si l'on veut faire de lui un habile homme plutôt qu'un homme savant, je voudrais qu'on fût soigneux de lui choisir un conducteur qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine, les deux étant à souhaiter, mais les manières et l'intelligence devant passer avant la science; et puis qu'il remplît sa charge selon de nouvelles méthodes. On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme si on versait dans un entonnoir, et notre charge consiste à redire ce qu'on nous a dit. Je voudrais que le précepteur corrigeait ces façons et que dès le début, s'adaptant à l'âme qui lui est confiée, il commençât à la mettre sur la piste, lui faisant goûter les choses, d'elle-même les choisir et les discerner, quelquefois lui ouvrant le chemin, quelquefois le lui laissant ouvrir. Je ne veux pas qu'il invente et parle seul, je veux qu'il écoute son élève parler à son tour. Socrate et, après lui, Archésilas faisaient parler d'abord leurs disciples, et puis ils leur parlaient. [NDA : Ici, Montaigne cite Cicéron : « L'autorité de ceux qui enseignent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent apprendre.  »]

[...]

Qu'il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de la substance, et qu'il juge du profit qu'il aura fait, non par le témoignage de sa mémoire, mais de sa vie. Que ce qu'il viendra d'apprendre, il le lui fasse mettre en cent visages et accommoder à autant de divers sujets, pour voir s'il l'a encore bien pris et bien fait sien, prenant l'instruction de son progrès des pédagogismes de Platon.

[...]

Qu'il lui fasse tout passer par l'étamine et ne loge rien en sa tête par simple autorité et crédit. Que les principes d'Aristote ne soient principes pour lui, non plus que ceux des Stoiciens et des Épicuriens. Qu'on lui propose cette diversité de jugements: il choisira s'il peut, sinon il restera dans le doute. Il n'y a que les fous qui aient imperturbablement des certitudes.
Dernière remarque mais elle est, pour un citateur, de grande importance. C'est dans le premier paragraphe qu'on trouve la citation tellement répétée « qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine » qu'on rapporte souvent ainsi : « Mieux vaut une tête bien faite que bien pleine. » Plusieurs croient que la remarque de Montaigne s'adresse aux enfants. S'appuyant seul sur cette citation prise hors contexte, c'est tout faux car il est bien question ici du précepteur, de l'enseignant ! Cependant, il est très clair dans tout le chapitre 26 que Montaigne juge ce principe tout aussi valable pour les élèves. Tiens, tiens... je pourrais suggérer à monsieur le Ministre de l'Éducation Montaigne en lecture d'été !

samedi 17 juin 2006

Que faire ?

Comment se fait-il que les enfants qui pétillent de l’envie d’apprendre quand ils ont cinq ou six ans se retrouvent un peu plus tard démoralisés, atones, sans motivation pour l’école ? Qu’est-ce qu’on a fait de faux ?
Émile, On n’explique pas tout aux enfants.


Dans ce billet de François Guité, un joli tableau qui illustre bien ce que tout le monde sait depuis de nombreuses années : l'école est, généralement parlant, plate. Et déjà en 1983, plus de 60 % des élèves étaient de cet avis. Qu'a-t-on fait depuis ? Si on en croit le tableau, pas grand-chose car la proportion a dépassé les 70 %.

Quand on prend la peine de demander aux élèves ce qu'ils pensent de l'institution scolaire, la réponse est invariablement la même : « Ça ne vaut pas grand-chose et on y perd son temps. » Bien entendu, nous, adultes savants, avons la réplique facile : « T'es jeune encore, tu verras plus tard en quoi elle t'aura été utile. » Comment supporter (plusieurs y arrivent) de voir tous ces adolescents blasés?

Le problème, c'est que nous ne savons absolument pas quoi faire avec ça. On aura beau implanter toutes les réformes que l'on voudra, si on n'écoute pas vraiment les jeunes, rien ne s'améliorera.

Je suis sans doute l'un des rares à penser que ce qu'on apprend à l'école n'est pas important. C'est être en état d'apprentissage qui importe ! Car avec cet état viennent joie et euphorie de vivre.

Dans les discours et les documents du MELS, on sent un net recul de l'importance accordée au développement des compétences transversales par rapport aux compétences disciplinaires. C'est l'inverse qu'il faut réaliser : supprimer les disciplinaires pour ne vérifier que le développement des compétences transversales. Mais ça, c'est aussi une solution d'adulte...

dimanche 11 juin 2006

Sur un air connu

Au terme du Conseil national de sa formation à Saint-Hyacinthe, André Boisclair a promis de rehausser de 376 millions $ le financement des universités, d'ouvrir les écoles primaires et secondaires de "8 à 5" et de réduire de 10 pour cent le nombre d'élèves par classe, de la troisième année du primaire à la première année du secondaire, dans les écoles des milieux défavorisés. (Presse canadienne, 11 juin 2006)


J'suis un politicien ben ordinaire
Des fois, j'ai l'goût d'promettre toute sorte d'affaire...
J'fumerais du pot j'boirais d'la bière
J'f'rais d'la politique par goût du pouvoir
Mais faut que j'pense à me faire élire
Je suis politicien en plein délire...

Des promesses, des promesses... Je l'entends déjà nous dire, une fois élu, que les Libéraux ont laissé les finances gouvernementales dans un tel état, qu'il ne peut, pour l'instant, honorer les baisses d'élèves par classe. Ou bien, il nous jouera le truc bien connu : on baisse les élèves dans une classe, mais on donne la différence à l'enseignant qui est dans une autre classe. Question de maintenir une moyenne... Quelle bullshit !
Moi, je ne voterai pas pour ce type : le PQ, en 1983, a été on ne peut plus salaud avec les enseignants. J'ai l'impression qu'on va nous refaire le coup : «Restez jusqu'à 17 h les gars, mais on ne vous augmente pas de salaire... De toute manière, on vous l'a déjà dit : les enseignants, ça vaut pas grand'chose.»
Et puis, il a déjà clairement mentionné qu'il ne reviendrait pas sur la loi 142. Boisclair, Charest, c'est du pareil au même.

vendredi 2 juin 2006

Petit matin heureux

Lire ce dernier billet de Thierry Crouzet me fait un immense bien ce matin. Quelques citations :
« Je crois que plus nous nous interconnectons, plus nous devenons heureux, plus nous nous sentons capables d'entreprendre et de changer ce qui nous déplait dans le monde. »
« [...] l'imprévisibilité n'implique pas l'impuissance. »
« Dire que l'auto-organisation est possible, c'est privilégier les actions locales par rapport aux actions globales. En fait, le global résulte de l'auto-organisation d'une multitude d'actions locales. Les choses partent du bas, remontent, s'élèvent. »
« Nous devons abandonner la raison cartésienne au profit d'une approche plus artistique. Plutôt que d'essayer de décomposer les problèmes en problèmes plus simples ce qui s'avère impossible, nous devons essayer de faire évoluer les choses, de les cultiver. »
« Vivre dans un monde complexe n'implique pas que le monde soit compliqué. C'est un grand paradoxe. »
Dommage que je ne puisse être à Genève le 7 juin prochain. Mais j'ai tout de même le livre que je peux relire en tout temps.

mardi 30 mai 2006

MUEQ

En lisant le commentaire de Sacco, il m'est venu une idée toute simple...

Cela fait déjà plusieurs années qu'on s'évertue à former les conseillers pédagogiques, les directions d'école, les enseignants au nouveau programme de formation de l'école québécoise. Clairement, il y a encore beaucoup de boulot à faire. Nous savons tous que le renouveau pédagogique a été mis en place pour favoriser les apprentissages des élèves et qu'il est fondé sur l'axiome qu'un élève actif est un élève qui apprend mieux. Ceci dit, posons-nous la question suivante : toutes ces formations ont-elles été données aux bons intervenants?

Ne pourrait-on pas former par le bas au lieu de par le haut? Nous savons que les élèves sont, pour la très grande majorité, intelligents. Donc, n'y aurait-il pas lieu de les former sur l'essence même du programme de manière à ce qu'ils puissent assister, encourager et appuyer les enseignants dans le changement? Ne seraient-ils pas les meilleurs agents du renouveau pédagogique, faisant ainsi basculer le paradigme de l'enseignement vers le paradigme de l'apprentissage?

De là, il n'y qu'un pas vers l'idée suivante : écrire un Manuel à l'Usage des Éleves du Québec. Dans ce manuel (libre, évidemment!), l'élève y retrouverait tout ce qu'il doit savoir pour affronter avec succès ses études secondaires dans le respect du programme, des trucs pour aider ses enseignants à appliquer le programme, etc.

Je sais qu'il y a plusieurs intervenants du monde scolaire parmi mes lecteurs : votre expertise est précieuse. Alors, pourquoi ne pas contribuer généreusement au MUEQ? J'ai mis en place un Wiki prêt à accueillir vos textes, vos idées, vos commentaires, vos suggestions. Évidemment, seul, cela me prendra un temps fou à rédiger le Manuel. Ensemble, on pourrait peut-être y arriver en quelques mois. Par ailleurs, si vous intervenez au secondaire, pourquoi ne pas demander à vos élèves d'aller y faire un tour, d'y poser des questions, etc. Il serait aussi judicieux que vous et vos élèves contributeurs lisiez le Petit Livre Rouge à L'Usage des Élèves et des Lycéens.

Prière de prendre note que pour rédiger dans le Wiki, vous devez au préalable vous y inscrire en cliquant sur ParametresUtilisateur. Si vous avez des difficultés, n'hésitez pas à m'en faire part dans les commentaires.

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