Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mercredi 26 janvier 2005

Estimer/douter

Je viens tout juste de me rendre compte que l'estimation du résultat dans un calcul (ça devrait donner à peu près cela...) est très similaire au doute dans le processus d'écriture (est-ce bien ainsi qu'on écrit ce mot ?)

mercredi 19 janvier 2005

La fumée (Trace d'un commentaire)

Commentaire que j'ai posé ici.

Cette question de liberté (je suis libre de faire ce que je veux vs je veux respirer de l'air sans fumée) est intéressante. Je pense qu'on ne peut plaider l'ignorance : fumer tue ! Or si un ami me fume dans la figure, je regrette, mais il me tue et il contribue à la charge énorme des soins de santé dans la province. Si cet ami veut se tuer, FINE ! mais il ne peut nier que fumer dans la même pièce que moi, c'est comme s'il voulait ma mort en me transmettant potentiellement une maladie du poumon. Finalement, je ne désire pas des amis ignorants des torts qu'ils peuvent causer, et je ne désire pas d'un ami qui me cause sciemment du tort. J'étends mon raisonnement à toute personne de notre société : ou elle est ignorante des problèmes qu'elle cause, auquel cas il faut l'éduquer, ou elle cause sciemment du tort, auquel cas il faut lui interdire de le faire.

Question aux fumeurs : vous venez de mettre au monde un enfant. Vous faites un petite fête chez vous pour souligner sa venue au monde. Plein de fumeurs, comme vous, dans la pièce. Et ça fume, ça fume... Laisseriez-vous votre enfant dans la pièce ? Laisseriez-vous votre enfant dans les bras d'un fumeur, cigarette au bec ? Bien sûr vous avez le droit de fumer. Mais le petit a le droit de respirer de l'air propre non ? Comme parent-fumeur, décidez-vous de protéger votre droit ou celui de votre enfant ? Il faut ensuite étendre votre raisonnement à toute la société... Mais j'en vois dont la solution serait de ne pas faire d'enfants... comme certains espèrent que tout endroit public ne le soit que pour eux.

mardi 18 janvier 2005

Les meilleurs vendeurs

Mon copain Pierre estime que je devrais lire le Da Vinci Code ? A-t-il raison ? A-t-il tort ? La réponse est simple : Oui, je devrais le lire car je pense qu'un auteur qui prend la peine d'écrire mérite au moins un lecteur. Pourquoi ne serait-ce pas moi ? Or, il se publie annuellement 50 000 bouquins, apprend-on dans un article de Libération, article où l'on parle de destruction de livres. (En passant, merci à Sébastien pour avoir signalé ce texte.) Les choix sont donc difficiles. Pourtant, j'hésite toujours à lire un best-seller. Ce qui ne m'empêche pas d'en acheter pour les offrir en cadeau. Ce fut le cas du Dan Brown que j'ai donné à ma mère à son anniversaire, sachant qu'elle adore ces livres grands publics.

Mes choix de lectures sont motivés par les suggestions des internautes qui visitent Au fil de mes lectures, par mes propres déambulations sur les sites/blogues littéraires ou tout simplement par le hasard des trouvailles chez les bouquinistes. Mais, curieusement, je reste réfractaire lorsque qu'on me propose un livre que tout le monde lit. Snobisme littéraire ? Peut-être en est-ce... Mais je pense surtout que mes lectures de « best-sellers » m'ont rarement plu. Par exemple, après les 30 premières pages de Harry Potter, je n'étais plus capable : je trouvais ça... tellement... ordinaire comme écriture... Idem pour les Fourmis de Weber. Je ne dis pas que ce sont de mauvais romains, loin de là. D'ailleurs qui suis-je pour en juger ? Je dis seulement que je n'éprouve pas de plaisir à les lire.

Ma fille Aurélie a lu le Da Vinci Code, en anglais (avant qu'il ne soit traduit) sur une suggestion de son prof... de français. Sa réaction ? « Oui, c'est bon... », sans plus. À 17 ans, elle est déjà une grande lectrice et je suis enclin à me fier à son jugement. Sa moue « sans plus » m'indiquait clairement que je pouvais remettre cette lecture à plus tard.

mercredi 12 janvier 2005

Le journalisme télévisé

En feuilletant le journal 1999 de Dantec (Le théâtre des opérations, Folio, p.213), je tombe sur ce passage : Pour nombre de journalistes aujourd'hui, la possibilité d'interviewer l'auteur, c'est surtout celle de ne pas lire ses livres.

Et en parcourant le web, on peut trouver cette entrevue télévisée ou l'auteur interviewé démasque le journaliste. Hilarant.

Aquops 2005

Je viens de m'apercevoir que le programme du colloque de l'Aquops est en ligne. Ma seule déception : mon atelier Cyberfolio EHDAA est à la même heure que l'atelier que donne ma superbe fille Marie-Élaine... Ils sont situés au bloc 100.

lundi 10 janvier 2005

Fantaisie politique

Voici une fantaisie que je fais assez souvent, ravivée par ce billet de Clément Laberge.

Imaginons un nouveau parti politique : le PCQ. Le parti des carnetisques du Québec ! C'est déjà pas mal, le nom est trouvé.

Imaginons que les membres de ce parti (qui n'a pas vraiment de chef) soient liés par le serment d'écoute. Ils doivent aussi avoir leur blogue public. Mais surtout, ils doivent croire dans le principe suivant : quand on doit résoudre un problème, vaut mieux jeter les données connues sur la table et tenter de le résoudre «en gang».

Jusqu'ici, tout va bien : le parti a un nom et il a un programme !

Imaginons maintenant qu'aux prochaines élections, au moins un membre de ce parti se présente dans son comté.

Imaginons que jamais (c'est une fantaisie, ne l'oubliez pas), il ne fait de la publicité genre «photo idiote sur le poteau de téléphone». Il passe tous ces messages via ses propres billets, ou via les commentaires aux commentaires de ses billets ou via ses interventions sur les autres blogues des membres de son parti ou via les forums ouverts sur le web au regard des différentes problématiques soulevées ou non lors de la campagne. Même les journalistes doivent passer par le blogue pour l'interroger.

Imaginons maintenant ce parti politique au pouvoir... Fin de la fantaisie.

Ne vous méprenez pas : je n'ai aucune visée politique. Il reste que j'ai une espèce d'écoeurite aiguëe des politiciens. J'ai bien l'impression que certains d'entre eux tenteront de s'approprier une certaine « clientèle » en bloguant. Le plus drôle, c'est certainement qu'ils engageront une tonne de collaborateurs (payés par nous, évidemment) qui répondront pour eux, tout en signant du nom du politicien... Mais à ce jeu, ils seront rapidement démasqués. Dans un blogue, on peut facilement émettre une idée erronée/discutable/contestée, mais on peut difficilement mentir.

vendredi 7 janvier 2005

Le piratage est un impôt progressif

Le piratage est un impôt progressif et autres réflexions sur le futur de la distribution en ligne est un excellent article de Tim O'Reilly, célèbre éditeur de livres informatiques. Voici quelques extraits, mais je suggère une lecture complète et attentive de l'article.

Leçon 1 - L’obscurité est une menace bien plus grave que le piratage pour les auteurs et créateurs.
    Les auteurs pensent qu’être publiés sera la réalisation de leur rêve, mais pour tant d’entre eux, ce n’est que le début d’une longue désillusion.
Leçon 2 - Le piratage est un impôt progressif.
    Pour tous les créateurs, qui travaillent pour la plupart dans l’obscurité, être assez connu pour être piraté serait le couronnement de leur carrière. Le piratage est une sorte d’impôt progressif, qui peut raboter quelques pour cent des ventes d’artistes connus (et je dis peut car ceci est loin d’être prouvé), en échange de bénéfices massifs pour les créateurs bien plus nombreux à qui une visibilité plus grande peut apporter des revenus supplémentaires.
Leçon 3 - Les consommateurs ne demandent pas mieux que de respecter la légalité, s’ils le peuvent.
    La façon la plus simple d’obtenir que les consommateurs arrêtent d’échanger des copies numériques illicites de contenus musicaux ou de films est de leur donner une alternative licite, à un juste prix.
Leçon 4 - Le vol a l’étalage est une menace plus grave que le piratage.
    J’ai souvent demandé à un libraire pourquoi il n’avait pas d’exemplaires d’un de mes livres, pour me faire dire, après une brève vérification dans l’inventaire : « Mais nous en avons. L’inventaire dit que nous avons encore un exemplaire en stock, et nous n’avons pas vendu depuis des mois, donc il n’y a pas de raison d’en recommander. » Il faut insister pour convaincre l’interlocuteur qu’il se peut que l’absence de vente soit due à l’absence dans les rayons.
    Comme une copie en ligne n’est jamais épuisée, on a au moins l’occasion d’une vente, au lieu d’être soumis aux énormes efficacités et aux goulots d’étranglement arbitraires du système de distribution.
Leçon 5 - Les réseaux de partage de fichiers ne menacent pas les livres, la musique ou l’édition de films. Ils menacent les éditeurs existants.

Leçon 6 - Ce qui est gratuit finit par être remplacé par un service payant de meilleure qualité.
    Pourquoi est-ce que vous paieriez un morceau que vous pourriez avoir gratuitement ? Pour la même raison que vous achèterez un livre que vous pourriez emprunter dans une bibliothèque publique, ou achèterez un film sur DVD que vous pourriez regarder à la télévision ou louer pour le week-end. Parce que ce sera pratique, facile à utiliser, à cause du choix, de la facilité de sélection, et pour les enthousiastes à cause du simple plaisir de posséder quelque chose auquel vous tenez.
Leçon 7 - Il y a plusieurs façons d’y arriver.
    [...] nous publions un vaste réseau de sites « gratuits » financés par la publicité dans O’Reilly Network. Nous avons publié un certain nombre de livres sous des licences de publication ouverte, où la redistribution libre et gratuite [8] est explicitement autorisée. Nous le faisons pour plusieurs raisons : pour promouvoir des produits qui pourraient autrement être ignorés, pour construire la fidélité des membres de communautés en ligne, et parfois, parce qu’un produit ne peut plus être vendu économiquement par les canaux traditionnels, et nous préférons le rendre disponible gratuitement plutôt que de le voir disparaître complètement du marché.
    Nous publions aussi beaucoup de nos livres sur CD-Rom, dans un format baptisé « bibliothèque sur CD », qui contient typiquement une demi-douzaine de livres sur un CD.
    Et bien sûr nous continuons de publier des livres imprimés. L’existence de copies en lignes gratuites est parfois utilisée pour promouvoir un sujet ou un auteur (des livres comme La Cathédrale et le Bazaar ou The Cluetrain Manifesto devinrent des best-sellers en version papier suite à leur forte présence en ligne)


Article original en anglais.

mardi 4 janvier 2005

Livres et librairies

Je suis allé en librairie hier. Et j'ai acheté plusieurs livres : deux Brautigan, un Morin (Edgar!), deux polars (Deon et Meyer), deux Pessoa, une autobiographie de la pianiste Hélène Grimaud, 66 Haiku de Buson et finalement le Lundi Perdu de Michel Quint. Comme c'était à la librairie du Soleil, j'en ai profité pour prendre Le Libraire, qui est un journal bimestriel publié et distribué gratuitement par quelques librairies indépendantes.

- Vous n'êtes toujours pas sur Internet, n'est-ce pas?, ai-je demandé au commis à la caisse.
- Non. Ça coûte cher, et pour seulement deux librairies...
En effet, la librairie du Soleil a deux points de vente, un à Gatineau, l'autre à Ottawa. J'étais à Ottawa.
- Pourtant, rétorquais-je, j'achète beaucoup chez Pantoute à Québec, et ce n'est que deux succursales. Je préférerais acheter dans ma région, c'est bien certain...
Indifférence du vendeur qui a continué à poinçonner les prix de mes livres.

De retour à la maison, j'ai feuilleté Le Libraire et à la page 27, lecture de l'article Cri d'alarme face à concentration dans la librairie. On y dénonce une concentration abusive (Chapters-Indigo, Renaud-Bray, Archambault) dans le domaine du livre. Dans l'article, on lit :« Quel sera notre choix lorsqu'une ou deux entreprises (qui doivent avoir une bonne rentabilité pour leurs investisseurs) décideront de proposer aux lecteurs du Québec entier un nombre restreint de titres commerciaux, à forte rentabilité, au détriment de la littérature québécoise? Que l'on ait du mal à se procurer des livres plus "culturels" dans certaines chaînes de librairies est un problème grave, mais si ces chaînes devaient contrôler 40%, 50% ou plus du marché, la situation deviendrait catastrophique. »

Qu'est-ce en fait qu'un livre plus culturel? J'en ai aucune idée. Dans ma liste d'achats, il est vrai, il n'y a aucun auteur québécois. Il y a des Américains, des Français, un Japonais, un Portugais, un Africain du Sud. De plus, que ce soit chez Renaud-Bray ou Archambault ou Pantoute, j'aurais sans doute obtenu les mêmes titres en magasin sans difficulté. Si je me fie à l'extrait, je n'ai sans doute pas fait l'acquisition de livres plus culturels.

Je sais qu'un 15e Archambault ouvrira ses portes aux Promenades de Gatineau dans quelques semaines. Tout à-côté du petit Renaud-Bray. Je me vois très bien visiter les deux librairies même si je sais que j'y trouverai à peu près les mêmes titres au même prix. L'avantage du Archambault sera dans la vente de musique en feuille (enfin, je souhaite qu'il y ait une telle section, comme à Ste-Foy ou à Montréal ).
Continuerais-je d'aller faire mon tour à la Librairie Du Soleil ? Bien sûr, lorsque je serai dans le secteur Hull : l'avantage est que cette librairie est tout à côté du seul bouquiniste (Le Loisir des Usagers) dans la région de l'Outaouais !

Ai-je lieu de me réjouir de la venue d'Archambault? Oui, s'ils offrent de la musique en feuille. Sinon, ça ne changera absolument rien à mes habitudes. Car, voyez-vous, avec Internet, on peut commander à peu près tous les livres qu'on veut. Et c'est livré directement à la maison ! C'est pour cela qu'il faut absolument qu'une librairie telle du Soleil soit sur le web. Pour offrir au moins la possibilité d'acheter chez eux directement de l'Internet. Pour le reste c'est-à-dire les livres moins « ordinaires », il y a toujours Abebooks.fr.

dimanche 2 janvier 2005

Ah ! le web...

Dans un dernier billet, je disais combien j'adore le web. Mais il reste que parfois, on peut y trouver quelques frustrations. Par exemple ici, quelques dizaines de pages intégralement copiées de mon ancien site (mise en page, background inclus !). J'ai envoyé un courriel au responsable du site lui demandant instamment de retirer les pages fautives.

J'ai aussi trouvé une copie quasi exacte de mon fichier sur Kundera sur un site américain de la Cary Academy. J'ai envoyé ce courriel le 11 novembre dernier, mais il est resté sans réponse. (MISE À JOUR : la page en question a été retirée le 6 janvier.)
Madame,
Ici : web1.caryacademy.org/french/F4/cont/2/kundera/citations.htm se trouve une copie conforme de ma page : www.gilles-jobin.org/citations/index.php?au=203#a203 Il me semble qu'il aurait mieux valu faire une lien vers ma page, ou, tout au moins, me demander la permission de la copier intégralement comme vous l'avez fait sur votre site
.

samedi 1 janvier 2005

Projets 2005

Pas vraiment des résolutions, plutôt des projets pour l'année.

[Littérature] Relire l'oeuvre de Kafka.
[Citations] Mettre (enfin!) en ligne ce que je crois être le premier recueil de citations publié au Québec dans les années 20. Il est maintenant du domaine public. Il me reste à faire toutes les corrections de la numérisation OCR et décider si j'ajoute le livre comme une rubrique d'Au fil de mes lectures ou si j'en fais un site web à part.
[Mathématique] Je cagole depuis longtemps un rêve relativement à la géométrie euclidienne : j'aimerais rendre disponible sur le web un cours qu'on pourrait suivre si on a le goût d'apprendre cette partie des maths. Évidemment, l'idée est d'illustrer/commenter/enseigner le tout avec des liens vers des esquisses dynamiques. J'ai commencé à écrire quelque chose en WIKI, mais je n'en suis pas tellement satisfait. Sans doute jetterais-je les bases structurelles de ce cours pendant l'année.
[Collection] J'aimerais bien mettre en ligne une collection de problèmes de géométrie tirés de livres du domaine public. Je vais sans doute commencer avec les Éléments de Géométrie de Legendre.
[Musique] Apprendre une fugue de Bach (pas encore décidé laquelle... je les aime toutes...) et amener à un bon niveau la Passacaille en sol mineur de Handel.
[Pédago-informatique] Fouiller/dégager/approfondir des liens entre l'apprentissage et le langage objet.

Très dommage qu'on doive passer huit heures par jour au travail...

jeudi 23 décembre 2004

Le temps d'un bac... du plaisir à l'écoeurite

En lisant un résumé des débats autour de la Réforme, curieusement, un souvenir m'est revenu. C'était à la toute fin de mon bac. J'étais avec une douzaine de mes copains de classe, et nous «fêtions», désabusés, notre diplôme. Puis, Brigitte s'approcha de moi, et me souffla à l'oreille :
- Te rends-tu compte, Gilles, de ce qu'ils ont fait de nous?
- Que veux-tu dire ?
- Tu te rappelles, quand nous sommes entrés à l'Université?
- Quoi ?
- Ben, on les aimait, les maths.
- Ouais.
- Pis là, nous en sommes tous écoeurés...

Alors
    pour moi
        l'enseignement explicite
                je regrette
        mais c'est de la merde.

Je suis profondément convaincu que ce qu'on apprend (disciplinairement parlant) au secondaire est absolument sans aucune importance. Ce qui compte, ce qui compte vraiment, c'est qu'en terminant son secondaire, l'élève, en franchissant la porte de sortie de son école, prenne une grande respiration et se dise : «Que la vie est belle ! Mais j'ai tant de choses encore à apprendre.» Je suggère donc l'abandon complet de l'enseignement des matières. Je suggère qu'on ne garde du programme que les compétences transversales. Le reste, on s'en balance.

mercredi 22 décembre 2004

Éternelle question

Ce qui est fait pour tout le monde n'est fait pour personne.
C. Bobin


Des ordis dans un laboratoire ou dans les classes? Cette question lancée sur la liste (privée) des animateurs de RÉCIT, étonnament, me laisse à peu près indifférent. Comment analyser chez moi cette désertion de la question?

Première observation/commentaire. Une enseignante d'anglais m'a aujourd'hui mentionné qu'elle avait amené ses élèves de première année du 3e cycle en laboratoire informatique. Et que c'était la première fois de l'année que ces élèves touchaient à un ordinateur !!! À mon avis, il est certain que le titulaire de cette classe aura de la difficulté à évaluer la compétence transversale TIC. Et clairement, ce titulaire se fiche éperduement de cette transversale.

Deuxième observation/commentaire. C'est au pédagogue de choisir ses outils de travail.

Troisième observation/commentaire. On ne demande jamais à l'élève ce qu'il désire vraiment. Il doit entrer dans un moule. Que ce soit le moule de la Réforme, le moule de l'enseignement privé, le moule de l'enseignement par objectifs, le moule de l'enseignement internationnal, c'est jamais lui qui décide!

Ces trois observations sont pour moi très liées à mon indifférence. D'abord, la responsabilité de « passer le programme » revient à l'enseignant. S'il ne fait pas son travail, c'est à son superviseur (généralement un directeur d'école débordé because gestion administrative) d'aider/supporter/encourager cet enseignant à se fixer des objectifs d'apprentissage propres à lui-même et à suivre cet enseignant dans ses démarches. Le fait que les ordis soient en classe ou en labo n'y change absolument rien. Il y a un minimum à assurer au niveau des interactions humaines : aider/partager/construire ses propres conceptions/valeurs pédagogiques.

Par ailleurs, si un enseignant est mal à l'aise avec l'idée de la gestion de classe en laboratoire (c'était mon cas) je vois très mal qu'une décision «externe» vienne forcer cet enseignant à vivre une situation qu'il juge infernale et intenable. C'est à l'enseignant (le professionnel en lui) de juger comment et avec quels outils il doit/espère amener les élèves à développer les compétences transversales. Je le répète, lui, et lui seul, doit en juger. S'il a des difficultés à porter ce jugement, son directeur d'école, ses collègues ou un conseiller pédagogique pourraient sans doute lui venir en aide à ce moment-là. Si la décision des ordinateurs en classe ou en laboratoire ne vient pas de lui, rien n'y changera.

L'élève.

- Que préfères-tu, des ordis en classe ou en labo?
Sa réponse sera presqu'invariablement :
- Chez moi, je préfère chez moi, car là, au moins, ça marche bien et je fais ce que je veux.
- Oui, mais apprends-tu quelque chose?
- ???
- Est-ce que ça t'aide dans tes études?
- ???
- Tu réponds pas?
- Bien, m'sieur, que voulez-vous que je vous réponde? Chez moi, je «tchatte», je fais du courriel, je «download» de la musique, je joue à des jeux super-le-fun. Pis des fois, je m'amuse à faire du dessin avec un bon logiciel que mon père a acheté, pis je construis aussi des «wads» pour Quake, pis...
- Oui, oui, mais apprends-tu quelque chose?
- ???
D'après moi, cet enseignant questionneur vient d'une autre planète et ne touche à peu près jamais à un ordinateur.

Pour cet élève, des ordis en classe ou en labo, il n'en a fichtrement rien à faire...

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