Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 16 décembre 2004

Ma citation quotidienne

Toute ma jeunesse on me disait: Vous verrez quand vous aurez 50 ans. J'ai 50 ans. Je n'ai rien vu.
Erik Satie

16 décembre 2004. J'ai aujourd'hui quarante-dix ans.

mardi 14 décembre 2004

L'espérance

Nos espoirs ne seraient-ils que des prétextes à nos élans?
Jean Rostand


En lisant les derniers billets de Francois Guité (ici et ) il m'est revenu une conversation tenue il y a quelque temps avec une amie enseignante :
- L'école ne sert à rien. Les jeunes n'ont pas de plaisir. L'école, c'est plate.
- Alors pourquoi tu continues d'y oeuvrer, me lance-t-elle.
J'ai alors pris deux à trois minutes pour répondre car, voyez-vous, je me posais depuis plusieurs années cette même question. Sans y trouver de réponse. Et, tout à coup, j'ai eu la révélation.
- Tu sais, dis-je, je ne pense pas vraiment faire un changement quelconque. En fait, je suis à peu près persuadé que ça ne donne absolument rien, ce que je fais.
- Qu'entends-tu par à peu près persuadé?
- Que j'évalue à 99,99%, les probabilités que mon travail ne donne absolument rien. Que c'est du vent. Que le système va rester tel quel. Que les jeunes et les adultes qui veulent vraiment apprendre quelque chose devront le faire en dehors du système d'éducation actuel...
- Pourquoi ne quittes-tu pas le domaine, alors?
- Parce que si des gens comme moi - et comme bien d'autres, en fait - qui veulent vraiment un meilleur système d'éducation quitte le domaine, alors c'est 100% certain qu'il n'y aura pas de changement... Je sais bien que les innovateurs ne sont pas très appréciés dans le système éducatif, mais s'ils se mettent à le quitter, alors tout est fichu...

samedi 20 novembre 2004

Dur, dur de perdre son accent

L'absurdité de notre orthographe qui est en vérité une des fabrications les plus cocasses du monde est bien connue. Elle est un recueil impérieux ou impératif d'une quantité d'erreurs d'étymologie artificiellement fixées par des décisions inexplicables.
Valéry

Je suis sans doute en retard dans les nouvelles : je viens juste de prendre connaissance de la recommandation de la nouvelle orthographe. Environ 2000 mots doivent maintenant être écrits selon cette norme. En parcourant la liste, je me rends compte combien sera difficile pour moi de m'habituer à ne plus voir des accents circonflexes : ils disparaissent en effet sur les lettres i et u : paraitre, maitre, croitre, chaine, connaitre, buche, flute, cout, bruler, gout, dument, ile, et la liste s'allonge, s'allonge...

On voit aussi des pluriels étonnants : des maximums, des minimums, des mass médias...

Des trémas passent d'une lettre à l'autre : ambigüe, exigüe, cigüe ...

Et la règle concernant les numéraux devient extrêmement (ouf, je garde l'accent circonflexe dans celui-là !) simple : ils sont systématiquement reliés par des traits d'union : deux-cents, vingt-et-un-mille-six-cent-deux, etc. Cela a certains avantages. Par exemple : 1120/7 devient : mille-cent-vingt septièmes et 1100/27 devient mille-cent vingt-septièmes et mille cent-vingt-septièmes signifie (1000/127). Quant à mille-cent-vingt-septième cela donne 1127e.

Bon, il y a de nombreuses autres modifications mais tout est bien expliqué sur le site.

Notre propre réaction devant ces changements devient un objet intéressant à observer. Choqué ? Soulagé ? Ambivalent ? Pourquoi donc suis-je déçu/insulté/choqué de voir flute sans accent circonflexe ? Pourquoi cela me fait-il mal d'écrire connaitre et non connaître ? Est-ce cela qu'on appelle la résistance au changement ? J'ai aussi hâte de voir comment tout cela prendra forme dans les écoles !

Ici, on nous promet pour bientôt la liste complète des mots révisés.

Vadémécum

lundi 15 novembre 2004

Les p'tits pas

Force m'est de le constater, je ne crois pas du tout aux apprentissages par petits pas. Ça me rappelle beaucoup l'apprentissage par objectifs (vous vous souvenez ? les terminaux, les intermédiaires, les sous-objectifs, etc.) où on pensait - et certains le pensent toujours - qu'il vaut mieux diviser la connaissance en bouchées minuscules puisque cette somme de petits morceaux donne le plat complet. C'est voir l'apprentissage sur une droite continue. Le problème avec la droite continue, c'est qu'on peut toujours faire la moitié du chemin, puis la moitié du chemin qui reste (Zénon). Tout au contraire, je m'aperçois que j'apprends à la sauce quantique : l'apprentissage est une question de sauts paradigmatiques. Donc, pour apprendre, il faut sauter et non avancer à petits pas. Quand on apprend, on sent une «vibration/fébrilité» : c'est le gain d'énergie, celui qui nous permettra de sauter et de ne jamais revenir en arrière.

Prenons l'exemple du saut paradigmatique le plus connu. Ptolémée nous disait : « Vous le voyez bien, le Soleil tourne autour de la Terre ». Copernic est arrivé et un peu avant de mourir (il ne voulait pas avoir de problèmes avec ses boss) il nous annonce : « Voilà, c'est évident, j'ai les chiffres qui le prouvent, la Terre tourne autour du Soleil. Adieu ! ». Mais peut-être faut-il entendre « À Dieu (de jouer) ». C'est, si je ne m'abuse, ce qui est enseigné encore aujourd'hui. Cependant, autour de 1915, Einstein nous a dévoilé la vraie vérité : « On ne peut prouver que la Terre tourne autour d'elle-même et autour du Soleil. Pas plus qu'on ne peut prouver que le Soleil tourne autour de la Terre. Tout ça est une question de point de vue ! ». Pourtant, posez la question autour de vous, plein de gens croient vraiment que la Terre tourne autour du Soleil. C'est-à-dire qu'ils croient vraiment que la chose est prouvée ! Demandez alors de voir la preuve. Vous serez surpris des réponses. L'une de celle-ci est du genre « Ben, vous savez, l'aplatissement des pôles... ». Répondez alors : « L'aplatissement des pôles ? Mais les équations d'Einstein démontrent que la puissance rotative de l'Univers autour de la Terre crée justement l'aplatissement des pôles! ». Et on vous regardera comme si vous étiez un fou...

On ne peut apprendre ça par petits pas. L'apprentissage est un choc. Un douloureux choc. Mais un choc libérateur. Bien sûr, on entend aussi dans l'expression « petits pas » une espèce de douceur, de ouate entourant l'apprenant. Mais ça, c'est le rôle du pédagogue, certains auteurs le réalisant très bien aussi, de faire passer la pilule le moins douloureusement possible. Mais éviter la douleur est, à mon avis, impossible. À moins d'endormir le patient mais alors la douleur vient au réveil...

Portables, petits pas, etc.

Je pense qu'un problème important est ce concept, faux à mon avis, de la «plus-value» apportée par les TIC.


Un exemple : je n'ai absolument pas besoin des TIC pour enseigner les maths. Je m'installe au tableau, écris les formules à digérer, envoie quelques problèmes de vie aux élèves, leur donne quelques minutes pour y répondre, et on corrige le tout. C'est fini. Et on répète cette technique pédagogique au prochain cours. Dites-moi un peu : que peut m'apporter mon beau portable tout neuf là-dedans ? Ah oui : j'envoie un courriel d'encouragement aux élèves, et, si le temps me le permet, je vais faire un petit «Powerpoint» pour leur indiquer le contenu du cours , et pourquoi pas, je vais rédiger mes examens sur mon traitement de texte. Wow, la «plus-value» ! C'est plus de «troubles» que d'autres choses...

En fait, l'idée EST DE NE PLUS penser comme ça : le prof dispensateur de la connaissance, l'élève le gobeur et le recracheur de cette belle connaissance. Or SI on ne pense plus comme ça, les TIC sont indispensables : plus question d'enseigner sans un logiciel de géométrie dynamique, sans un langage de programmation, sans la construction d'animation pour illustrer les concepts, sans la création de robots, sans l'utilisation de logiciels à calculs symboliques, etc. Non pas parce que J'ENSEIGNE avec ça, mais parce que l'élève APPREND avec ça. D'un portable, on doit absolument équiper ce prof qui vit dans un autre monde, un autre paradigme. Lui, il saura l'utiliser intelligemment.

À mon avis, le gros problème avec les TIC dans la province de Québec vient de cette ex-ministre Marois qui nous a demandé il y a quelques années d'écrire des plans TIC qui justifieraient l'achat d'équipement. J'en ai écrit, un plan. Parce que je croyais bien qu'elle les lirait. Foutaise. Je suis convaincu qu'elle ne sait même pas ouvrir un ordinateur. Je suis convaincu qu'elle ne les a jamais lu : l'objectif était juste d'amener TOUT LE MONDE à un ratio de 1 ordi pour 10 élèves. Dans le centre où je travaillais, on y était déjà. La réponse de la Ministre : Rien chez vous, car vous avez déjà le ratio. J'étais furieux et le suis toujours d'ailleurs.

J'en ai marre de nos dirigeants incompétents qui font avant tout de la politique (on donne un «minimum» à tout le monde, donc on sera réélu) au lieu de prendre des risques intelligents : donner aux innovateurs, aux créateurs, aux penseurs qui sont dans le système pour que les changements s'installent en provenant du terrain. Donner enfin à ces gens la structure nécessaire pour qu'émerge le changement. Mais on ne comprend pas ça dans la province.

Je suis donc tout à fait contre le don à tous de portables, voire d'ordinateur dans la classe. C'est évident que ça ne donne rien. Je suis pour le don d'un portable (et de tonnes de machines pour les élèves de la classe) à ceux qui ont fait le saut, ceux qui pensent autrement. Il est tout à fait ridicule de penser qu'en donnant à tous, ils feront un saut quantique. Ils ne réussiront qu'à faire des petits pas qui ne les amèneront pas bien loin.

dimanche 14 novembre 2004

Les sept mythes au regard de l'innovation

Ideas are often serendipitous. Innovation is not. You should give employees the freedom to imagine, but then provide them with the structure to act. (Mohanbir Sawhney et Robert C. Wolcott)

Petit résumé d'un article lu ici.

Myth: You need more new ideas.
Reality: You need more homes for ideas.

Myth: Innovation is a department.
Reality: Innovation is a company-wide competency.

Myth: Let people loose to innovate.
Reality: Enable people through structure and process.

Myth: Innovation is a radical departure from the past.
Reality: Innovation often creatively combines pieces of the past.

Myth: Mistakes are costly.
Reality: Early mistakes are profitable.

Myth: Avoid the detours.
Reality: Detours may be the destination.

Myth: Innovation is about creating new things.
Reality: There are many paths to innovation.

J'ai été assez content de lire ce paragraphe qui ressemble beaucoup à l'idée que j'avais exprimée là.

« A popular belief, fostered by legendary innovators such as 3M, the diversified manufacturer, is that you should let employees moonlight on the job by giving them free time to work on innovative projects. Google, the internet search company, encourages its people to spend one day a week working on pet projects - 20 per cent of company time. »

samedi 6 novembre 2004

Après trois mois

Ce blogue a trois mois. Qu'en dire ?

D'abord, je l'ai mentionné ailleurs, ce blogue a nécessairement des tendances au nombrilisme. Après tout, c'est une des forces de l'outil : se permettre d'approfondir un peu plus sa pensée. Nombriliste parce que l'on écrit pour être lu. Je ne crois pas beaucoup à l'utilité des textes qu'on laisse cachés dans nos tiroirs en pensant qu'on est un grand écrivain. (Même Kafka, qui n'a pratiquement rien publié de sa vie, lisait à haute voix ses écrits à ses copains.) Je pense qu'il faut offrir nos idées, les soumettre aux critiques et ... espérer. Espérer en apprendre un peu plus. Sur soi. Sur les autres. Sur ce monde dont on a un ticket gagnant : celui de la vie.

Qu'ai-je appris ?

En société, je suis très silencieux. C'est simple : je n'ai à peu près rien à dire d'intéressant. Découverte majeure pour moi, je me rends compte, à 49 ans, que c'est probablement faux. Ce blogue m'a fait prendre conscience que j'ai mes propres idées. Je sais, c'est un peu grotesque tout ça car il est évident que chaque être humain génère ses propres idées. Le problème, en tout cas pour moi, est de croire un tant soi peu à l'originalité des miennes et, peut-être surtout, à leur quelconque intérêt pour les autres. Il me semblait en effet qu'on répète toujours ce qui a déjà été dit et que, dans le fond, personne ne s'intéresse à personne. Or les blogues ont cette puissance très particulière : celle de pouvoir creuser dans ses propres fondements à partir de constructions étrangères. En liant nos idées à celles des autres, on découvre, parfois, la brique unique provenant de son propre cerveau dans l'échafaudage des connaissances. C'est ce que j'appelle la pensée « socio-hypertextuelle » : un pensée liante dans le chaordre social qu'est Internet

J'ai appris aussi que, hiérarchie ou pas, tout être humain a droit à ses opinions et que l'ironie est l'arme du pauvre. Ce pauvre qu'on renvoie du revers de la main quand ce n'est pas avec un coup de pied au c.. parce qu'il ne fitte pas dans le décor socio-politico-correct. Ce pauvre aussi à des idées. Et il peut maintenant les soumettre au monde entier. Il n'a pas à attendre qu'on lui fasse la charité d'un espace-temps pour les exprimer. C'est évidemment là la force du web. Le blogue vient ajouter la facilité de publication.

Mes idées ont beaucoup changé relativement à l'impact pédagogique du blogue. Juste à lire ce blogue publié par une petite fille de première année du troisième cycle (10 ans) du cours d'Anglais de Marie (cette dernière m'a assuré que trois autres blogueurs arriveraient très bientôt), j'ai été sous le charme. Par les commentaires, toute la famille s'y met. La petite est lu, sans aucune frontière. Suite à ce charme, j'ai contacté cette semaine un enseignant de quatrième et cinquière secondaire pour lui offrir, à lui et à ses élèves, un dotclear. J'ai bien hâte de voir ce qu'ils en feront ! J'espère juste que tout cela ne deviendra pas trop «scolaire» : la force de la publication sur le web, c'est la liberté. Si l'école (le système) contrôle tout, on passera à côté de l'objectif : permettre à nos jeunes de s'exprimer le plus clairement possible à l'aide de l'écrit. Je dis bien permettre et non obliger. Car, je ne l'oublie pas, l'écriture n'est qu'un moyen parmi bien d'autres de s'exprimer. On peut faire de la musique, jouer au badminton, danser, programmer une ordinateur, faire de la mécanique automobile, jardiner. L'écriture s'inscrit dans le même esprit. Et les blogues socio-facilitent ce moyen.

dimanche 24 octobre 2004

La vie en quarante-cinq heures

Pour apprendre un peu plus sur un sujet quelconque, pour approfondir une idée, pour développer une certaine technique, etc., 45 heures suffisent. Imaginez tout ce que vous pouvez accomplir en quarante-cinq heures comparativement à l'observation passive d'une Virginie faisant l'épaisse à la télévision.

Quarante-cinq heures. Cela me rappelle mon entrée au Cégep au début des années soixante-dix avec tous ces cours de trois crédits/quarante-cinq heures. 45 heures et hop ! le calcul différentiel dans la tête. 45 heures et enfin on sait ce qu'ont apporté certains philosophes de l'antiquité à la pensée occidentale. 45 heures, et on peut programmer en fortran. (Hé, hé ! j'ai abandonné ce dernier cours après seulement 6 heures de formation : j'étais absolument incapable de suivre le prof. Je sais aujourd'hui que mon intelligence n'était pas en cause, mais plutôt le manque total de pédagogie de la part de l'enseignant. Quelques années plus tard, je suis revenu à une pratique en dilettante de la programmation.)

Quarante-cinq heures et vous pourrez jouer au golf en débutant averti.

Quarante-cinq heures et le HTML et le CSS vous livreront des mystères de hauts niveaux.

Quarante-cinq heures et vous battrez vot'-mon-oncle-qui-se-dit-ben-bon aux échecs 90 fois sur 100. Après tout, en jouant avec vous, nécessairement il apprendre à mieux jouer !

Quarante-cinq heures et vous pourrez jouer la vaste majorité des pièces du premier grade de piano du conservatoire de Toronto. J'en conviens, vous ne les jouerez pas en virtuose, surtout si, comme moi, vous n'avez aucun talent musical, mais ce sera votre interprétation.

Quarante-cinq heures. Si j'étais patron, j'obligerai tous mes employés à prendre 3 heures par semaine, sur le temps de travail bien entendu, pour qu'ils apprennent quelque chose de nouveau. Quelque chose de nouveau indépendamment de leur travail. Faire de l'exercice, c'est sain pour le corps. Apprendre du nouveau, c'est sain pour l'intelligence, la santé mentale, la confiance en soi, le goût de vivre. Imaginez la richesse pour l'organisation. «J'ai appris une nouvelle manière de miser au Bridge...», «Kundera est fascinant...», «J'ai appris comment fonctionne la bourse....» etc. Tout ce partage, toute cette communication qui s'ensuivrait. Je suis convaincu qu'il y aurait moins de divorces !

Imaginez un peu les écoles qui permettraient aux enfants, trois heures par semaine, la possibilité d'apprendre ce que bon leur semble !!! La société s'en trouverait transformée : on aurait des enfants, des adultes qui ont le goût de nourrir leur cerveau. Qui ont le goût de jouissance intellectuelle. Qui développeront l'écoute, car écouter un passionné est passionnant.

Quarante-cinq heures. Quinze fois trois heures. Et la société serait plus vivable.

Le temps qu'il me reste

J'aimerais apprendre

à construire des cabanes d'oiseaux ;
à programmer en langage objets ;
la géométrie eulidienne ;
à interpréter la Fantaise et fugue en sol mineur de Bach ;
les rudiments de la mécanique quantique ;
à dessiner ;
la théorie de l'harmonie musicale ;
l'art de la reliure ;
à composer de la musique de piano ;
la Pavane pour une infante défunte de Ravel ;
la théorie des nombres ;
l'art de la composition échiquéenne ;
à jouer le Prélude et fugue en La mineur de Bach ;
les rudiments de la mécanique quantique ;
comment fonctionne l'univers ;
le kayak ;
à cuisiner avec du tofu ;
l'art du cul-de-lampe ;
la grammaire française ;
à jouer quelques pièces de Chopin.

samedi 16 octobre 2004

Santé, doc !

Je reviens tout juste d'une visite chez le cardiologue. J'ai toujours eu une certaine horreur des médecins : ils passent leur temps à nous débiter toute sorte de statistiques pour camoufler leur parfaite ignorance de la condition des patients. Aujourd'hui, il m'a dit : « Avec le cocktail de médicaments que vous prenez, il y a 80% des chances que ça marche bien. Si vous êtes dans les 20% qui restent, vous retournerez en angioplastie. On n'y peut rien. »

- Mais, dis-je, je mange beaucoup mieux : moins de gras, presque plus de sucre. Et puis, je fais de l'exercice très régulièrement...

- Oh ! Faut pas mêler les choses. C'est très bien pour ne pas attraper un cancer, mais pour ce qui est des artères, c'est toujours 80-20, si vous prenez correctement vos médicaments, évidemment.

Merde alors. Et moi qui croyais qu'en bouffant mieux, qu'en me tapant 40 minutes de bicyclette stationnaire tous les matins, j'améliorais mes chances...

Le pire (!?), c'est que cet avis contredit absolument tout ce que les autres médecins, infirmières etc. m'ont signifié. Qui croire, qui croire...


J'ai sorti Némésis médicale de ma bibliothèque. Ce sera ma prochaine lecture sur ma bicyclette.

mercredi 22 septembre 2004

Mise au point

Oeuvrant dans le domaine de l'éducation, j'aimerais juste clarifier que les commentaires, les opinions et les idées que j'émets dans mon blogue n'engagent que moi et nullement mon employeur.

dimanche 19 septembre 2004

Blogomath

Le texte ci-dessous est une version revue de ma réponse à une question posée ici.

Faites-vous une distinction entre Résolution de problème en mathématiques et Résolution de problèmes mathématiques?

Pour moi, ce premier signifie Rés. de prob. dans la classe où on enseigne les mathématiques. Alors que le second est plutôt rés. de probl. impliquant des processus et des stratégies faisant appel à une logique mathématique.

Généralement, je suppose que c'est surtout la seconde interprétation qu'on désire faire prévaloir. Je reviens à un texte que j'ai écrit ailleurs : à mon avis, dans le cas de la seconde interprétation, il ne faut pas se servir de problèmes de mathématiciens pour développer la compétence à résoudre des problèmes mathématiques. Un exemple : Dans la classe de science, des élèves font des expériences sur la chute des corps. Ces expériences appellent généralement des données. La gestion des ces données, la mise en forme et en sens de ces données est un problème qui m'apparaît de nature mathématique. L'élève aura entre autres à conceptuatiser ces données et à créer des symboles entre lesquels les interactions devraient être cohérentes, logiques et rigoureuses. Ce faisant, l'élève développe sa compétence à résoudre des problèmes dont la solution et sa communication rigoureuse impliquent une certaine logique interne.

L'approche résolution de problème «classe de maths» est plutôt d'enseigner à l'élève tous les tableaux possibles qu'il peut faire avec des nombres (en lui faisant résoudre une panoplie de problèmes bidons), et par transfert, espérer que dans la classe de physique, il saura utiliser les connaissances que le prof de math lui aura transmis. C'est, à mon avis, un conception erronée. Le mathématicien quant à lui trouvera sa jouissance dans la création d'un concept abstrait de tableaux alors qu'il aura devant lui une multitude de tableaux issues d'une multitude de situations. Il dégagera la nature même du concept tableau, établira un écriture et une symbolique cohérente et écrira un article dans une revue mathématique pour publier sa découverte. Mais il ne faut pas supposer que cette acte de résolution de problèmes de mathématicien ait un quelconque intérêt pour l'ensemble des élèves.

Je ne sais pas si un blogue est utile ici. Je verrais beaucoup plus un portfolio qui tend à garder l'évolution des traces des élèves en cours d'apprentissage. Je parle ici du portfolio d'apprentissage et non du portfolio de présentation où l'élève met tout simplement ses solutions sous la forme de problèmes déjà parfaitement résolus. Un idéal pourrait être de combiner les deux comme le fait le Cyberfolio, (plug publicitaire) où l'élève garde des traces tout au cours de ses apprentissages, et, à partir desdites traces, crée une présentation qui illustre le développement de ses compétences.

Cependant, peut-être qu'un blog serait utile s'il permet à l'élève d'aller chercher des ressources aidantes/participantes. En ce cas, le problème à résoudre devra être très ouvert. Ex. "Voici le problème qui m'intéresse en ce moment. Comme piste de solution, je me propose..." Au début, cela pourra ressembler à un monologue mais si, sur le web, d'autres internautes ont un intérêt pour le même type de problèmes, p.e. y aura-t-il communauté d'échanges autour des passionnés par ce même problème. Mon texte, cité plus haut, fait référence au type de problème en programmation. Ce n'est pas pour rien que les forums de programmation sont très très actifs : c'est de la vraie résolution de problèmes et l'entraide devient naturelle. Linux a commencé ainsi, il ne faut pas l'oublier!

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