Deux ans et un quatre-cent-quarante-et-unième billet. Après trois mois d'activités, j'avais déjà écrit un mini bilan. Mes observations demeurent essentiellement les mêmes : le blogue est, d'abord et avant tout, chez moi, une activité nombriliste ou, si l'on veut, une épiphanie de la pensée. Je reviens souvent à cette citation du Journal de Jules Renard : « Écrire, c'est parler sans être interrompu. » Évidemment, cela s'applique à tout le web : il suffit d'y avoir un espace éditable, le blogue n'étant, après tout, qu'une application dynamique d'édition sur le net.

Alors, après deux ans de blogueries, que puis-je en dire ? Essentiellement, chez moi, bloguer sert à maintenir un degré d'awareness, une écologie intellectuelle, comme si mon cerveau restait aux aguets de nouvelles réflexions, de nouvelles joies. Au fil d'une observation, d'une lecture ou d'un mot d'un ami, je me dis : « Diable, j'aimerais bloguer ça ! » Mes Jobineries, sans doute un peu trop éclectiques pour intéresser bien du monde (je ne reçois qu'une centaine de visites par jour, ce qui est quinze fois moins qu'Au fil de mes lectures) sont le reflet de mes attirances, mes accointances. C'est une façon de me plaire.

En éducation ? L'école est tellement lente que lorsque les enfants et les enseignants s'y mettront, mon esprit sera sans doute occupé ailleurs. Non pas que je suis en avance, loin de là : c'est juste que l'école n'est pas de son temps. Après plus de dix ans de web, on en est encore à se demander ce qu'on peut « faire faire » aux enfants sur le net. Le web, il sert à quoi, à part faire de la recherche ? La relation école-ordinateur en est encore au sempiternel traitement de texte. Le scolaire traite l'ordinateur comme une dactylo : c'est tout juste si on n'entend pas le ding à la fin d'une ligne...

Que faire alors ? Pour l'école, j'ai carrément abandonné et ce, malgré de très très beaux projets que je vivrai cette année. Il reste donc l'action individuelle : écrire sur le web, et, peut-être, espérer devenir, pour certains, un modèle du possible. Plus nous serons nombreux à le faire, plus nos enfants, nos amis connus et inconnus, nos parents découvriront peut-être eux aussi le potentiel de ce que cela peut leur apporter et apporter aux autres.