Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 13 janvier 2012

Citations quotidiennes 14.01.12

Nous sommes tous des mystères incarnés.
Hélène Grimaud (Variations sauvages, p.250, Pocket n°12304)

L'écriture ne soulage guère. Elle retrace, elle délimite. Elle introduit un soupçon de cohérence, l'idée d'un réalisme.
Michel Houellebecq (Extension du domaine de la lutte, p.14, Éd. J'ai Lu n°4576)

Le médecin ne lui donne pas plus d'une semaine [...]. L'ennui c'est que les semaines des médecins ne dépassent jamais trois jours.
Antonio Lobo Antunes (Explication des oiseaux, trad. Geneviève Leibrich, p.34, coll. Points n° P612)

[...] je n'avais pas l'impression de travailler. Plus j'ai envie que quelque chose soit fait, et moins j'appelle ça du travail.
Richard Bach (Illusions, trad. Guy Casaril, p. 41, Éd. J'ai Lu # 2111)

Tout est science, même la conscience.
Henri Boucher (Pensées et réflexions, in Revue Moderne, vol. 39, p.135, 1866)

Voir Au fil de mes lectures.

Miette 5 : Entre chien et loup

La vue

Entre chien et loup

Sommaire. — Silence et pénombre. — Ovide et Marculphe. — La terreur des moutons et du berger. — Au loup! au loup! — Ni jour ni nuit. — Faites-moi plaisir.

Le soleil a disparu à l'horizon, les bruits de la nature s'apaisent peu à peu, le calme s'établit; l'obscurité n'a pas triomphé des dernières lueurs ; il ne fait plus jour, mais ce n'est pas encore la nuit, c'est le moment Quod tu nec tendras ncc possis dicere lucem, a dit Ovide.

Nous sommes au crépuscule, infra lioram vespertinam, entre chien et loup, inter canem et lupum, suivant l'expression même de Marculphe, moine français qui vivait aux environs du VIIe siècle.

On voit que le proverbe remonte loin ; on en rechercha l'origine.

Quand la population était clairsemée et que les forêts couvraient une grande partie du sol de la France, les bêtes sauvages pullulaient ; les loups étaient la terreur des brebis et du pâtre. Aussi, à la tombée du jour, le berger s'empressait de réunir son troupeau pour le confier à la garde vigilante de son chien, avant que le loup n'ait songé à faire son son apparition ; on se trouvait entre la garde du chien et l'arrivée du loup, entre chien et loup.

J'avoue ne pas être séduit par cette explication qui me paraît légèrement tirée par la queue... du loup ou du chien. Mon suffrage irait plutôt à celle qui désigne la minute crépusculaire où il est facile de confondre un chien avec un loup, ou, si vous préférez, quand on a de la peine à distinguer l'un de l'autre.

Lorsqu'il n'est iour (jour) ne nuit, quand le veillant berger
Si c'est un chien ou loup ne peut au vray juger.

Voilà l'explication que je vous soumets comme devant être la bonne et la vraie. Vous me ferez plaisir en l'adoptant.

Chemin faisant, page 14

Il faut se juger à jeun, et juger les autres après dîner.

Bien agir se passe de bien penser, mais non bien penser de bien agir.

Un marché aux fleurs me fait toujours l'effet d'un champ de rêves humains.

J'irai bâiller à Londres, souper à Madrid, rire à Paris, discuter à Munich, dépenser à Pétersbourg, pleurer à Rome, oublier à Venise, aimer partout où je trouverai un cœur à aimer.

On n'est jamais assez petit chez les autres ni assez grand chez soi.

L'esprit a la foi, le cœur a l'amour.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

Citations quotidiennes 13.01.12

Qui ne pense pas pense qu'on n'aurait une pensée que lorsqu'on l'a et qu'on la revêt de mots. Il ne comprend pas qu'en vérité ne l'a que celui qui a le mot, dans lequel croît la pensée.
Karl Kraus (Aphorismes, trad. Roger Lewinter, p.55, Éd. Mille et une nuits, n°198)

Par des refus souvent on attise une flamme.
Jean-Pons-Guillaume Viennet (Sigismond de Bourgogne, acte 1, sc. 4 (Clotilde), 1825)

Celui qui adopte un nouveau paradigme à un stade précoce doit souvent le faire au mépris des preuves fournies par les résolutions de problème. Autant dire qu'il lui faut faire confiance au nouveau paradigme pour résoudre les nombreux et importants problèmes qui sont posés, en sachant seulement l'incapacité de l'ancien à en résoudre quelques-uns. Une décision de ce genre ne relève que de la foi.
Thomas S. Kuhn (La structure des révolutions scientifiques, trad. Laure Meyer , p.216, Champs/Flammarion n°115)

Peur et confiance ne marchent pas ensemble.
François de Curel (Orage mystique (Tubal, I, 2), p.6, La Petite Illustration, 1927)

Aux admirateurs de lune
les nuages parfois
offrent une pause
Matsuo Bashô (Haiku, trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu, p.127, nrf, Poésie/Gallimard, 2002)

Voir Au fil de mes lectures.