Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 8 avril 2012

Miette 30 : S'agiter comme une corneille qui abat des noix

Le travail

S'agiter comme une corneille qui abat des noix.

Sommaire. - Au jardin des Plantes. - Souvenir d'enfance. - La guenon de Florian.

Je vais vous faire un aveu dépouillé d'artifice; je n'ai jamais aperçu de corneille abattant des noix; mais j'ai souvent, étant enfant, contemplé le singe du Jardin des Plantes qui secouait un arbre dépourvu de feuilles mais pourvu d'une cloche; il fallait voir comme l'animal, cramponné de ses quatre « mains » à une branche, l'agitait fébrilement ; el la cloche de sonner, de carillonner, et moi de rire et de rire, et je n'étais pas le seul. Eh bien ! l'ardeur que ce singe apportait à son carillon n'a d'égale que l'impétuosité de la corneille dans l'abatage des noix.

Il paraît qu'elle en est très friande et se livre dans les noyers à une gymnastique effrénée pour en détacher les fruits ; moins bête que la « jeune guenon »1 de Florian, elle sait les « ouvrir » en les précipitant violemment sur le sol. Finalement elle est récompensée de son zèle, et sa peine a trouvé son salaire.

Malgré cela, l'homme, qui a de l'intelligence et de l'esprit, a décidé que « s'employer à quelque chose avec zèle, mais avec un empressement irréfléchi », c'était agir comme la corneille qui abat des noix.

L'homme doit avoir raison, car il n'a pu arriver à ce rapprochement désobligeant pour la corneille qu'après saine et mûre méditation.


1 Florian, La Guenon, le Singe et la Noix, livre IV, fable 12.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Chemin faisant, page 103

Dans le rêve d'un ami unique, il y a plus de besoin d'amour que de besoin d'amitié.

Ma dernière coquetterie sera pour mon courage, car il sera mon dernier ami ici-bas.

La justice a plus de droits à notre reconnaissance que la générosité.

La critique est comme la toux ; pour s'en impressionner, il faut savoir d'où elle vient.

Nos sacrifices sont comme nos folies ; ils nous entraînent.

On peut arriver à se passer de bonheur pour soi, mais pour ceux qu'on aime que c'est difficile !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.