La Folie de Charles Pougens (1775-1833)
Par Gilles Jobin, jeudi 29 décembre 2011 :: Briberies :: #502 :: rss
De Wikipédia, écoutons d'abord Émile Littré nous parler de Charles Pougens :
L'extrait suivant, tiré d'une des lettres de Pugens, a soulevé ma curiosité.
Une courte recherche sur le web m'indique que le voile est levé depuis fort longtemps sur l'origine de ce distique. C'est en effet un monsieur Desnoiresterres qui donne l'explication. C'est tiré de l'Intermédiaire des chercheurs et des curieux du 10 décembre 1866 :

1 [GGJ] Je respecte la graphie de M. Desnoiresterres.
2 [GGJ] Il s'agit de Louis Petit, né vers 1614 et mort en 1693.
« [Pougens] avait projeté un Trésor des origines de la langue française ; un Spécimen en a été publié en 1819, et deux volumes, sous le titre d'Archéologie française, en ont été tirés. Pour s'y préparer, il avait fait des extraits d'un grand nombre d'auteurs de tous les siècles ; ses dépouillements sont immenses ; ils remplissent près de cent volumes in-folio ; c'est la bibliothèque de l'Institut qui les conserve, et ils n'y sont que depuis deux ou trois ans ; j'y jette les yeux à mesure que j'imprime, et avec cette aide je fortifie plus d'un article, je remplis plus d'une lacune. Les manuscrits de La Curne de Sainte-Palaye et de Pougens sont des trésors ouverts à qui veut y puiser ; mais on ne peut y puiser sans remercier ceux qui nous les ont laissés. »
Émile Littré, Préface au Dictionnaire de la langue française, Introduction : X. Conclusion, 1863.
L'extrait suivant, tiré d'une des lettres de Pugens, a soulevé ma curiosité.
« Voici deux vers, ou pour mieux dire, un distique en prose rimée et dont je me souviens encore avec plaisir :Le monde est plein de fous ; et qui n'en veut point voir, Certes je suis, comme personne ne l'ignore, un formidable explorateur, puisque j'ai réuni plus de cinq cent mille citations ou exemples tirés des principaux écrivains français et qui sont destinés à étendre les diverses acceptions des mots de notre langue, voyez mon dictionnaire grammatical raisonné de la langue française ; toutefois il m'a été impossible de découvrir l'auteur de ces deux vers. »
Doit se tenir tout seul, et casser son miroir.
Charles Pougens, LETTRES sur diverses circonstances de ma vie. Lettre VI.
Une courte recherche sur le web m'indique que le voile est levé depuis fort longtemps sur l'origine de ce distique. C'est en effet un monsieur Desnoiresterres qui donne l'explication. C'est tiré de l'Intermédiaire des chercheurs et des curieux du 10 décembre 1866 :
Ces deux vers, il lui faudra les aller chercher dans les Discours satyriques et moraux1 du poëte Petit2 (Rouen, 1686, p. 30, au commencement de la satire IV, qui est une longue paraphrase de ces paroles du Sage : Le nombre des fous est infinis...)
Il en est sous le dais, sous le froc, sous la mitre ;
Et de sage Caton tel affecte le titre,
Qui passe pour un fat, mais un fat achevé,
Et mesme pour un fou hautement approuvé.
C'est une nation d'une telle étendue
Que de quelque côté que l'on tourne la vue,
Il s'en présente aux yeux, et qui n'en veut point voir,
Doit les tenir fermez, et casser son miroir.
Ces deux derniers vers sont bien frappés ; ils étaient dignes d'échapper à l'oubli dans lequel sont tombées les satires de ce poëte qui pourtant ne manque ni de verve, ni de nerf, ni de facture. Le seul moyen de les faire accepter comme vers proverbes, était sans doute de les détacher des précédents qui n'ont d'autre mérite que celui de les amener. À qui est-on redevable de ce petit travail de condensation ? C'est ce que nous ignorons. Ce ne sera pas, en tout cas, au marquis de Sade, car nous trouvons le distique comme épigraphe en tête de l'un des Entretiens des ombres aux Champs-Élisées (le IVe), qui parut en avril 1722.
Gust. Desnoiresterres.

2 [GGJ] Il s'agit de Louis Petit, né vers 1614 et mort en 1693.
Commentaires
1. Le jeudi 29 décembre 2011 à 21:14, par Marko Roy
2. Le jeudi 29 décembre 2011 à 22:13, par Gilles Jobin :: site
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Gilles Jobin
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