J'aime le relâche de mars. S'installer confortablement, et lire, lire et lire.

Quatre livres cette semaine.

Bobin et sa Dame blanche est un genre de biographie très... hum... bobinesque d'Émily Dickinson. À lire si, comme moi, vous aimez le style de Bobin.

Puis, très très différent, le dernier roman de Mankell, Profondeurs. Attention, ce n'est pas un polar. À la mi-livre, je me suis surpris à me dire « Mais où diable l'auteur veut-il en venir ?  J'aime bien Mankell, mais j'avoue avoir eu un peu de mal avec ce texte.

Et puis, un petit deux heures à lire une pièce de Marcel Aymé, Maxibules. Une scène sans artifice, sans décors. Et un personnage (Bordeur) qui parle de l'auteur, du metteur en scène, et qui joue plusieurs personnages.

J'aime énormément le philosophe Georges Picard. Déjà trois livres lus depuis fin janvier. Et dans Tous fous, une foule de réflexions tout aussi riches les unes que les autres. Par exemple :
L'esprit est décidément géomètre. Il est arpenteur et comptable. Il ne peut se passer de mesures, de jauges, d'étalons et, pour finir, de podiums. Encore que l'on voie ce qu'il y a de faux, voire de ridicule, dans des classifications portant sur des matières inappréhendables en termes quantitatifs, c'est avec une sorte de passion maniaque que l'on s'y livre à la première occasion. Je me défends de trop classer, conscient de l'inanité d'établir des hiérarchies intellectuelles, non seulement soumises un jour ou l'autre à révision, mais dérisoires, mystificatrices et apportant un faux confort de l'esprit qui risque de réduire la pensée à une réitération de poncifs. Il n'est pas facile de résister à ce ridicule : si j'y réussis néanmoins, c'est par l'agacement de voir autour de moi des gens et les médias se livrer à la fureur de donner des notes, des appréciations, des numéros à tout, à tous et à tout propos. Si l'on objecte qu'il n'y a pas de folie à faire état de préférences, je veux bien l'admettre jusqu'au point au-delà duquel l'esprit, prenant la partie pour le tout, chavire dans une interprétation totalement subjective des valeurs, oubliant qu'il n'est pas dieu le père, mais un myrmidon perdu dans un univers humain dont il ne connaît pas la trillionième partie. (p. 107)

qui fait un lien avec le Mankell, car son personnage principal est une espèce de géomètre de la mer, dont l'obsession est justement la mesure. Et puis, comment ne pas lier avec tous ces sites qui passent leur temps à en catégoriser d'autres; où encore, et cela fait actuellement la manchette, ces sites qui notent les enseignants. Tiens, à propos de la chose, une autre de ses phrases :
Notre époque démocratique a ceci d'amusant, qu'elle fournit une pâture à peu près inépuisable à la mauvaise humeur des gens de bons sens. Mais elle a aussi ceci d'intéressant qu'elle donne à chacun la liberté d'y être indifférent. (p.103)


Et vous, qu'avez-vous lu d'intéressant récemment ?