Le piratage est un impôt progressif et autres réflexions sur le futur de la distribution en ligne est un excellent article de Tim O'Reilly, célèbre éditeur de livres informatiques. Voici quelques extraits, mais je suggère une lecture complète et attentive de l'article.

Leçon 1 - L’obscurité est une menace bien plus grave que le piratage pour les auteurs et créateurs.
    Les auteurs pensent qu’être publiés sera la réalisation de leur rêve, mais pour tant d’entre eux, ce n’est que le début d’une longue désillusion.
Leçon 2 - Le piratage est un impôt progressif.
    Pour tous les créateurs, qui travaillent pour la plupart dans l’obscurité, être assez connu pour être piraté serait le couronnement de leur carrière. Le piratage est une sorte d’impôt progressif, qui peut raboter quelques pour cent des ventes d’artistes connus (et je dis peut car ceci est loin d’être prouvé), en échange de bénéfices massifs pour les créateurs bien plus nombreux à qui une visibilité plus grande peut apporter des revenus supplémentaires.
Leçon 3 - Les consommateurs ne demandent pas mieux que de respecter la légalité, s’ils le peuvent.
    La façon la plus simple d’obtenir que les consommateurs arrêtent d’échanger des copies numériques illicites de contenus musicaux ou de films est de leur donner une alternative licite, à un juste prix.
Leçon 4 - Le vol a l’étalage est une menace plus grave que le piratage.
    J’ai souvent demandé à un libraire pourquoi il n’avait pas d’exemplaires d’un de mes livres, pour me faire dire, après une brève vérification dans l’inventaire : « Mais nous en avons. L’inventaire dit que nous avons encore un exemplaire en stock, et nous n’avons pas vendu depuis des mois, donc il n’y a pas de raison d’en recommander. » Il faut insister pour convaincre l’interlocuteur qu’il se peut que l’absence de vente soit due à l’absence dans les rayons.
    Comme une copie en ligne n’est jamais épuisée, on a au moins l’occasion d’une vente, au lieu d’être soumis aux énormes efficacités et aux goulots d’étranglement arbitraires du système de distribution.
Leçon 5 - Les réseaux de partage de fichiers ne menacent pas les livres, la musique ou l’édition de films. Ils menacent les éditeurs existants.

Leçon 6 - Ce qui est gratuit finit par être remplacé par un service payant de meilleure qualité.
    Pourquoi est-ce que vous paieriez un morceau que vous pourriez avoir gratuitement ? Pour la même raison que vous achèterez un livre que vous pourriez emprunter dans une bibliothèque publique, ou achèterez un film sur DVD que vous pourriez regarder à la télévision ou louer pour le week-end. Parce que ce sera pratique, facile à utiliser, à cause du choix, de la facilité de sélection, et pour les enthousiastes à cause du simple plaisir de posséder quelque chose auquel vous tenez.
Leçon 7 - Il y a plusieurs façons d’y arriver.
    [...] nous publions un vaste réseau de sites « gratuits » financés par la publicité dans O’Reilly Network. Nous avons publié un certain nombre de livres sous des licences de publication ouverte, où la redistribution libre et gratuite [8] est explicitement autorisée. Nous le faisons pour plusieurs raisons : pour promouvoir des produits qui pourraient autrement être ignorés, pour construire la fidélité des membres de communautés en ligne, et parfois, parce qu’un produit ne peut plus être vendu économiquement par les canaux traditionnels, et nous préférons le rendre disponible gratuitement plutôt que de le voir disparaître complètement du marché.
    Nous publions aussi beaucoup de nos livres sur CD-Rom, dans un format baptisé « bibliothèque sur CD », qui contient typiquement une demi-douzaine de livres sur un CD.
    Et bien sûr nous continuons de publier des livres imprimés. L’existence de copies en lignes gratuites est parfois utilisée pour promouvoir un sujet ou un auteur (des livres comme La Cathédrale et le Bazaar ou The Cluetrain Manifesto devinrent des best-sellers en version papier suite à leur forte présence en ligne)


Article original en anglais.