Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

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dimanche 11 octobre 2015

Peuple

Peuple

Peuple caméléon, peuple singe du maître.
La Fontaine

Note du transcripteur.
Les Obsèques de la Lionne.
Le sourire du peuple vaut mieux que la faveur des rois.
Marmontel

Note du transcripteur.
Dans Contes moraux (L'amitié à l'épreuve) de Marmontel, on trouve «Un sourire de la patrie vaut mieux que la faveur des rois.» Cependant, la phrase répertoriée par Blanchard se trouve dans L'année française (1789) de M. Manuel dans le chapitre «le comte de Saxe, octobre 1696.»
Aux larmes, au travail le peuple est condamné.
Racine Athalie

Note du transcripteur.
Acte 4, sc. 3 (Joad).
Quand on va chez le peuple, on croit descendre... on monte
Henri de Bornier

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
Des profanes humains la foule impitoyable,
Parle et juge en aveugle et condamne au hasard.
Voltaire

Note du transcripteur.
Trancrède, acte 3, sc. 6 (Aménaïde).
Citation retirée des éditions subséquentes.
Le peuple: Il n'est puissant que pour renverser.
Dumas père

Note du transcripteur.
Richard d'Arlington, acte 2, sc. 4 (Tompson).
Il faut raisonner avec les sages, et jamais avec le public.
J.-J. Rousseau

Note du transcripteur.
Lettre à M. l'abbé Raynal, 1753.
Citation retirée des éditions subséquentes.
Molière, avec raison, consultait sa servante.
Piron La Métromanie

Note du transcripteur.
Acte 2, sc. 8 (Mondor).
Les peuples qui abdiquent volontairement ne sont dignes que du plus profond mépris. Ils ne méritent pas d'arriver à la plénitude de la virilité nationale.
Henri Bourassa

Note du transcripteur.
Hier, aujourd'hui et demain, 1916.
Ah! le peuple! océan! onde sans cesse émue,
Où l'on ne jette rien sans que tout ne remue;
Vague qui broie un trône et qui berce un tombeau;
Miroir où rarement un roi se voit en beau.
Victor Hugo

Note du transcripteur.
Hernani, acte 4, sc. 2 (Carlos).
Les peuples ont besoin de légendes, comme les petits enfants demandent des contes pour s'endormir.
Jules Claretie

Note du transcripteur.
La vie à Paris, 1895.
La grandeur d'un peuple ne se mesure pas plus au nombre, que la grandeur d'un homme ne se mesure à la taille; l'uni­que mesure, c'est la quantité d'intelligence et de vertu.
Hugo

Note du transcripteur.
Dans une lettre du 17 novembre 1862.
Le peuple le plus civilisé est celui qui compte le plus d'hommes intelligents, intéressés à la conservation et au dé­veloppement de la moralité publique.
Eugène Buret

Note du transcripteur.
De la misère des classes laborieuses en Angleterre et en France.
Citation retirée des éditions subséquentes.
Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses en­semble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple.
Renan

Note du transcripteur.
Conférence «Qu'est-ce qu'une nation?»
Citation retirée des éditions subséquentes.
Tout peuple est un vaisseau qui a ses ancres au ciel.
Rivarol

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
Semblables à un vaisseau que le pilote voudrait diriger sans le secours des astres, les peuples ont perdu leur route; ils ne la retrouveront qu'en regardant le ciel.
Lamennais

Note du transcripteur.
Mélanges religieux et philosophiques.
Les peuples ont, comme les enfants, des colères qu'on apaise avec des hochets.


Note du transcripteur.
Louis Blanc, Histoire de dix ans 1830-1840, Paris, 1882.
Étienne Blanchard, Recueil d'idées, 1928, 1929, 1941, 1947. Voir le premier billet.
cul-de-lampe

jeudi 30 avril 2015

Mère

Mère

On se croit toujours plus sage que sa mère.
Florian La Carpe et les Carpillons

Note du transcripteur.
La fable au complet :

Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l'épervier plus dangereux encor.
C'est ainsi que parlait une carpe de Seine
A de jeunes poissons qui l'écoutaient à peine.
C'était au mois d'avril : les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes.
Le fleuve, enflé par eux, s'élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! ah ! criaient les carpillons,
Qu'en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l'onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C'est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l'eau se retire il ne faut qu'un instant :
Ne vous éloignez point, et, de peur d'accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s'en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu'arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? je le sais trop, hélas !
C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa mère
C'est qu'on veut sortir de sa sphère,
C'est, que... c'est que... je ne finirai pas.
Le jeune homme, quand il regarde le monde, peut douter de la femme; il ne le peut plus quand il regarde sa mère.
Lacordaire

Note du transcripteur.
Conférence : Des résultats du gouvernement divin.
Oh! le coeur d'une mère!... c'est là que s'est réfugié le don de la double vue.
Dumas père

Note du transcripteur.
Richard Darlington, Acte 2, quatrième tableau, sc. 1 (Jenny).
Heureux l'homme à qui Dieu donne une sainte mère!
Lamartine

Note du transcripteur.
Harmonies poétiques et religieuses.
La nature a voulu que la première initiation à la vie in­tellectuelle et morale fût l'ouvrage des femmes. Comme ce sont elles qui soignent le petit enfant impuissant et qui lui sourient les premières, elles sont aussi les premières qui éveillent ses sentiments; elles lui apprennent à marcher, à bégayer et à penser.
Jules Simon

Note du transcripteur.
L'Ouvrière, Paris, 1867.
Citation retirée des éditions subséquentes.
On est triste et on vieillit à partir du jour où on perd sa mère.
Cardinal Pie

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
La perte de sa mère est un malheur qui n'a de consolation que dans le ciel.
Victor Hugo

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
L'enseignement donné sur les genoux d'une mère ne s'efface jamais de l'âme.
Lamennais

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
Oh ! l'amour d'une mère ! - amour que nul n'oublie!
Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie!
Table toujours servie au paternel foyer!
Chacun en sa part, et tous l'ont tout entier!
Hugo

Note du transcripteur.
Les feuilles d'automne
Un peu au-dessous des anges.
Livres des Psaumes

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
Ses enfants se lèveront et la proclameront bienheureuse.
Livre des Proverbes

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
L'avenir des enfants est l'ouvrage des mères.
Napoléon

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
Il y a bien des merveilles dans l'univers, mais le chef-d'oeuvre de la création est encore le coeur d'une mère.
Ernest Bersot

Note du transcripteur.
De l'enseignement, 1856-1857.
Laissez ces enfants à leur mère,
Laissez les roses aux rosiers.
Chauret

Note du transcripteur.
Se trouve dans un livre d'Hector France : L"Assaut des Lupanars, 1878. Je ne sais pourquoi Blanchard a attribué cette citation à Chauret.
Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois ta mère.
Gabriel Legouvé

Note du transcripteur.
Le Mérite des Femmes (1825)
Les mamans, ça pardonne toujours; c'est venu au monde pour ça.
Dumas père

Note du transcripteur.
Louise Bernard, acte 2, sc. 5 (Antoine).
L'éducation des garçons est la plus patriotique de toutes les tâches. Les mères ne touchent que par ce côté à la vie politique, mais qu'il est grand!
Fonsagrives

Note du transcripteur.
L'Éducation physique des garçons, Paris, 1870.
Heureux le jeune homme qui rend à sa mère les contentements et les caresses qu'il en a reçus. Et puisse-t-il un jour soutenir la vieillesse de celle qui a soutenu ses premiers pas !
Ernest Bersot

Note du transcripteur.
De l'enseignement, 1856-1857.
Les enfants ! J'en ai vu sous le feu des bougies,
Des bambins de sept ans, user leurs énergies,
Maigres et gracieux, circuler à minuit,
Parmi les fleurs, les chants, les parfums et le bruit,
Écouter, empourprés des roses de la fièvre,
Tous ces propos malsains qui passaient sur la lèvre...
Le monde les tuait, et leur mère était là!...
Et le bal radieux dansait sur tout cela!
De Heussey

Note du transcripteur.
Sillons et débris, Paris, 1860.
Blanchard a orthographié Haussey, mais il s'agit bien de Heussey.

Citation exacte :
Les enfants... J'ai vu, moi, sous le feu des bougies,
Des bambins de sept ans user leurs énergies,
Maigres et gracieux, circuler à minuit
Parmi les fleurs, les chants, les parfums et le bruit,
Écouter, empourprés des roses de la fièvre,
Tous ces propos malsains qui passaient sur la lèvre...
Le monde les tuait, et leur mère était là!
Et le bal radieux dansait sur tout cela!
Parents qui flattez la mollesse du corps et la mollesse de la volonté, vous corrompez les générations dans leur fleur.
Mgr Gibier

Note du transcripteur.
La désorganisation de la famille (1903).
Regardez: les enfants se sont assis en rond.
Leur mère est à côte, leur mère au jeune front
Qu'on prend pour une soeur aînée;
Inquiète, au milieu de leurs feux ingénus,
De sentir s'agiter leurs chiffres inconnus
Dans l'urne de la destinée.
Hugo

Note du transcripteur.
Les voix intérieures.
Rien ne rapproche plus de Dieu que le souvenir d'une sainte mère.
Ozanam

Note du transcripteur.
Dans le Catéchisme de l'éducation, René Bethleem cite une lettre d'Ozanam. Je n'ai cependant pas trouvé la lettre en question.
C'est l'enfant qui sauve la mère.
Mgr Rozier

Note du transcripteur.
L'art d'être maman.
Ce n'est pas seulement en donnant le jour à leurs enfants, c'est surtout en les élevant, que les mères deviennent véritablement mères.
Saint Jean Chrysostome

Note du transcripteur.
Référence non trouvée.
Dès qu'une fille a des secrets pour sa mère, l'enfant n'a plus d'innocence et la mère plus de joie.


Note du transcripteur.
Peut-être une réflexion de Blanchard.
Il manque ordinairement quelque chose aux enfants qui n'ont pas grandi sur les genoux maternels; ce sont des fruits qui n'ont pas eu assez de soleil.


Note du transcripteur.
Réflexion probablement de l'abbé Blanchard.
Socrate disait que les mères paraissent aimer mieux leurs fils parce qu'ils peuvent les secourir, et les pères, leurs filles, parce qu'elles ont besoin de leur secours.


Note du transcripteur.
Cité dans le «Bulletin mensuel de l'Académie des inscription» dans la Revue Archéologique, 1882.
Citation supprimée des éditions subséquentes.
L'enfant a beau grandir, il reste toujours à la hauteur du coeur maternel.


Note du transcripteur.
Proverbe.
Ce qui ne dépasse pas les genoux du père monte souvent jusqu'au coeur de la mère.


Note du transcripteur.
Cette pensée est parfois attribuée à Chilon. Référence exacte inconnue.
Quand les enfants sont petits, ils marchent sur les genoux de leur mère; quand ils sont grands, ils lui marchent sur le coeur.


Note du transcripteur.
On trouve cette phrase dans «Les Facultés catholiques de Lille», 1917.
Tendresse maternelle toujours se renouvelle.


Note du transcripteur.
Proverbe.
Étienne Blanchard, Recueil d'idées, 1928, 1929, 1941, 1947. Voir le premier billet.
cul-de-lampe

mercredi 8 février 2012

Citations quotidiennes 08.02.12

Nous croyons parfois que la chance nous sourit. C'est à un autre qu'elle souriait, comme ces femmes de rêve que l'on rencontre dans la rue et que, dans notre dos, un autre attendait.
Paul Guth (La chance, p.65, Hachette (Coll. Notes et maximes), 1963 )

Plus les hommes font des serments pour être crus, moins ils doivent l'être. Des serments prodigués en vain, contre la loi de Dieu, ne doivent point acquérir de crédit chez les hommes.
Alexander Pope (Maximes et réflexions morales, trad. Jean de Serré de Rieux / Graphie moderne G. Jobin , p.17, Impr. G. Smith, Londres, 1739)

[...] ce sont les fausses pistes qui font les grands savants. C'est rarement - dans la biographie comme dans les autres sciences - en cherchant une chose qu'on la trouve ; c'est presque toujours en en cherchant une autre. N'appelez pas cela hasard. Il n'y a pas de hasard en bibliographie. On trouve parce que l'on cherche et quand on cherche avec flair, instinct et intelligence, on prend des notes.
Ces notes précieuses se rapprochent à un certain jour d'autres notes et forment un tout lumineux.
Jules Richard (L'art de former une bibliothèque, p.106, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)

[...] L'on doit obéir, quand l'équité commande.
Pierre-Jean-Baptiste Choudard, dit Desforges (La Femme jalouse, acte 5, sc. 7 (D'Aranville), 1785)

Nous travaillons dur pour libérer l'extraordinaire énergie qui se trouve cachée dans l'atome et dans son noyau. Si nous ne consacrons pas une énergie égale - oui, et autant d'argent - à libérer le potentiel de chaque individu, alors le décalage énorme qui existe entre le niveau des ressources énergétiques physiques et celui des ressources humaines va nous condamner à une destruction universelle bien méritée.
Carl Rogers (Liberté pour apprendre?, Éd. Dunob)

Voir Au fil de mes lectures.

mercredi 18 janvier 2012

Citations quotidiennes 18.01.12

Les sorciers
lorsqu'ils font de terrifiantes conneries
on accuse toujours l'apprenti.
Jacques Prévert (Fatras, Livre de Poche n° 3253, p.158)

Il faut que vienne le temps de l'évidence. Dieu doit nous être montré comme deux et deux font quatre.
René Barjavel (La faim du tigre, Folio n° 847)

Le destin attend toujours au coin de la rue. Comme un voyou, une pute ou un vendeur de loterie : ses trois incarnations favorites.
Carlos Ruiz Zafón (L'ombre du vent, trad. François Maspero , p.250, Grasset, 2004)

[...] la vie d'un livre est aussi accidentée que celle d'une jolie femme.
Jules Richard (L'art de former une bibliothèque, p.126, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)

[...] le kilt, pour n'importe quel homme, est un vêtement plein de surprises...
Sean O'Casey (Il est temps de partir, in Théâtre V, p.186, L'Arche, 1963)

Voir Au fil de mes lectures.

dimanche 5 novembre 2006

Mes vieilleries

La plupart de mes dimanches matin sont réservés à la mise à jour d'Au fil de mes lectures. Difficile sans doute d'imaginer le boulot que cela implique : je viens d'ajouter 53 citations/extraits, et cela m'a demandé un gros cinq heures.

Cette maintenance est toujours fastidieuse : transcrire les citations, corriger les erreurs, recorriger les erreurs, numériser les jaquettes, installer le tout dans la base de données, vérifier, revérifier, et finalement officialiser les ajouts...

Mais la joie de voir le résultat sur le web compense largement le côté ennuyeux de la mise à jour.

Aujourd'hui, j'ai ajouté des citations de très vieux livres.

D'abord, la pièce Pénélope de l'Abbé Genest, publié dans une très belle collection (que j'ai acquis très récemment - 38 livres qui ont vu le jour en 1810) des pièces du second ordre publiées au 17e et 18e siècle. À une ou deux pièces par semaine, cela devrait me prendre deux ans à passer au travers...

Ces auteurs tels Genest, Chénier, Arnault, De Belloy, Soumet, Poinsinet, Saurin, La Harpe, etc. sont quasi oubliés aujourd'hui. Ils n'ont peut-être pas écrit des chefs d'oeuvres (pensez à Racine, Corneille, Molière, Voltaire), mais certains vers méritent certainement de ne pas sombrer dans un total oubli.

Lecture aussi d'un bouquin publié en 1883 : L'art de former une bibliothèque, de Jules Richard. J'en avais parlé un petit peu ici. 160 pages délicieuses qui contiennent quelques jolis mots :
Au jeu, on ne gagne pas toujours ; avec les femmes la vieillesse arrive avant la satiété. Il y a bien aussi la table ! Mais quand on a bu et mangé pendant deux heures, il faut s'arrêter. La pêche ! La chasse ! dira-t-on. - Pour la pêche, il faut de la patience et... du poisson ; pour la chasse, il faut des jambes et du gibier.
Pour le livre, il ne faut que le livre.
ou encore :
Voici bientôt trente ans que j'aime les livres, que je m'en occupe, que je les palpe et que j'en achète. [...] Je ne suis pas un savant, je suis un fervent.
Je me sens un peu comme ce monsieur Richard relativement aux citations : non pas savant. Fervent.

Finalement, et cela est une grande découverte, le livre très difficile à trouver d'Édouard Fournier (1819-1880) L'esprit des autres, 438 pages. Je possède la huitième édition chez E. Dentu parue en 1886. Ma copie est extrêmement mal en point, le livre ayant selon toutes les apparences survécu de peu à un incendie. Les pages sont inégalement coupées, et elles tiennent tout juste à la reliure.

Mais quel livre ! Tout à fait génial pour quiconque s'intéresse à l'art de la citation, et la rigueur que cela demande. Écoutons Fournier, vers la fin du livre :
Les citateurs, quelquefois, dénaturent les phrases de manière à les rendre complètement méconnaissables. Joignez à cela qu'ils ne disent jamais où ils les ont prises pour les défigurer ainsi, et par là jugez des peines sans nombre qu'il faut se donner pour faire ce que je tente ici, c'est-à-dire pour restituer avec bons certificats le signalement de ces pauvres estropiées, dresser leur état civil et les renvoyer clopin-clopant à leur adresse.
Et ici :
[...] quoi qu'on fasse, tout ce qu'on dit a toujours été dit déjà. On le dit mieux quelquefois, souvent plus mal ; voilà tout. Il n'est pas d'idée sans famille, de pensée orpheline, de même qu'il n'est pas d'enfant sans père ni sans mère, prolem sine matre creatam, comme Ovide le dit encore (Metam., lib. II).
J'ai relevé plusieurs extraits et les plagiaires sauront en reprendre quelques-uns. Ce texte contient cependant une mine de renseignements dont je n'ai pas fini de me repaître. À lire les notes associées à plusieurs choix d'Othon Guerlac dans ses Citations Françaises (1930), je ne suis pas le premier qui s'inspirera des trouvailles d'Édouard Fournier.

lundi 2 octobre 2006

La bibliophilie

Voici tantôt trente ans que j'aime les livres, que je m'en occupe, que je les palpe et que j'en achète. Or je ne suis guère plus fort en bibliographie que ne l'était Sosthène Ducantal sur l'instrument de Paganini. je ne suis pas un savant, je suis un fervent ; et c'est la messe d'un curé de campagne que je dis devant mon humble bibliothèque.

Mais si j'avais à recommencer ma carrière d'amateur de quinzième ordre, je ferais tout d'abord une belle collection d'outils de bibliophile, de livres spéciaux à la bibliophilie; manuels, dictionnaires, traités, catalogues.

Je sais des collections inestimables de catalogues que d'ingénieux bibliophiles, trop peu fortunés pour acheter des livres de cinq, six, sept, huit et-même de vingt mille francs, ont rassemblées et où ils lisent la description des trésors qu'il leur est défendu de toucher. Ils ressemblent un peu, je l'avoue, à ces gourmands idéologues qui vont manger leur pain devant le soupirail d'une cuisine en renom; mais à force de se nourrir de fumée, ils finissent par acquérir un flair relativement délicat.

Jules Richard, L'art de former une bibliothèque, 1883