Un roman bizarre que Dans la luge d'Arthur Schopenhauer. Quatre personnages prennent la parole. Un philosophe spécialiste de Spinoza mais qui abandonne complètement son maître à penser (ou ne serait-ce plutôt Spinoza qui abandonne son disciple?), sombrant ainsi dans une profonde dépression. Il y a aussi sa femme, qui ne semble pas plus équilibrée que son mari. Un ami qui écoute et raconte. Il dira d'ailleurs : « Beaucoup de choses peuvent avoir du sens et de la pertinence, c'est la vie qui n'en a pas, le tout n'a aucun sens mais chacune des parties en a. » Enfin, la psychiatre qui prendra la parole au dernier chapitre. Le tout, ma foi, dans un décousu assez sympathique.

Le style est très près de celui de Thomas Bernhard. Un exemple vous convaincra : « [...] pendant des années nous avions Spinoza, Spinoza! pan! pan! pan! aujourd'hui exaltations diverses, drogues et main molle. La folie n'excuse pas tout. La vie conjugale nous a tués, comme elle tue tout le monde, et ce n'est pas la philosophie croyez-moi qui vous donne un coup de main dans la vie conjugale, d'ailleurs je ne vois rien qui puisse vous sortir la tête de cette embarcation maudite, surtout pas la philosophie qui en gros, sous des allures plus ou moins provocantes, s'est toujours attachée à calmer les esprits, à réduire la bête sauvage, notre meilleure part [...] »

De plus, on retrouve ici le thème de Maîtres Anciens de Bernhard : l'abandon des «Maîtres» lorsqu'un coup dur frappe.

Bon livre? Bof, qui suis-je pour en juger? Pour moi, un livre fait son boulot lorsqu'il me donne un bon moment de lecture. Et ce livre a rempli ce travail. Voilà pourquoi je me laisserai sans doute séduire par au moins un autre Reza.