Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

samedi 25 octobre 2014

Renard et la religion

« La religion est l'excuse de leur pensée paresseuse. Vous leur donnez, de l'univers, une explication toute faite, bien médiocre. Ils se gardent d'en chercher une autre, d'abord parce qu'ils sont incapables de chercher, ensuite parce que ça leur est bien égal.
Il n'y a rien de plus bassement pratique que la religion.
Vous dites que je suis athée, parce que nous ne cherchons pas Dieu de la même façon ; ou, plutôt, vous croyez l'avoir trouvé. Je vous félicite. Je le cherche encore. Je le chercherai dix ans, vingt ans, s'il me prête vie. Je crains de ne pouvoir le trouver : je le chercherai quand même, s'il existe. Il me saura peut-être gré de mon effort. Et peut-être qu'il aura pitié de votre confiance béate, de votre foi paresseuse et un peu niaise. »
Jules Renard, Journal, 14 septembre 1903.

Discrétion

Discrétion

Rien n'est plus désagréable qu'un homme qui se cite lui-même à tout propos.
La Rochefoucauld

Note du transcripteur.
Réflexions diverses.
Se taire et laisser comprendre son silence, c'est l'éloquence des situations difficiles.
Lamartine

Note du transcripteur.
Mémoires inédits de Lamartine (1790-1815).
Il suffit souvent de paraître ignorer ce que l'on sait pour avoir la réputation de savoir ce qu'on ignore.
Vauvenargues

Note du transcripteur.
Cette citation se trouve un peu partout, et est toujours attribuée à Vauvenargues. Cependant, je n'en ai trouvé nulle trace dans son oeuvre.
Un homme indiscret est une lettre décachetée; tout le monde peut la lire.
Chamfort

Note du transcripteur.
«Ce que Chamfort a écrit de mieux» lit-on dans La littérature française : depuis la formation de la langue jusqu'à nos jouers, t. 2, 1869, «ce sont ses sentences détachées, dont quelques-une sont encore citées aujourd'hui.
SENTENCES DETACHEES.
On fausse son esprit, sa conscience, sa raison, comme on gâte son estomac.
L'ambition prend aux petites âmes plus facilement qu'aux grandes, comme le feu prend plus aisément à la paille, aux chaumières, qu'aux palais.
La générosité n'est que la pitié des âmes nobles.
Il n'y a point de repos plus doux que celui qui s'achète par le travail.
Dans les grandes choses, les hommes se montrent comme il leur convient de se montrer; dans les petites, ils se montrent comme ils sont.
Il y a une sorte de plaisir attaché au courage qui se met au-dessus de la fortune : mépriser l'argent, c'est détrôner un usurpateur.
Le plus riche des hommes, c'est l'économe; le plus pauvre, c'est l'avare.
Un homme indiscret est une lettre décachetée : tout le monde peut la lire.
Il y a des sottises bien habillées comme il y a des sots bien vêtus.
Vivre est une maladie que le sommeil soulage, mais que la mort seule guérit.
Il n'y a point de plaisir que l'on fasse plus volontiers à un ami que celui de lui donner un conseil.»

Cependant, je n'ai pas trouvé directement cette citation dans une oeuvre de Chamfort!
Londres en une heure sait ce qu'on dit tout haut,
Et ce qu'on dit tout bas se sait un peu plus tôt.
Delavigne

Note du transcripteur.
La Popularité, acte 3, sc. 6 (Caverly)

La citation exacte est :
«Londre en une heure ou deux sait ce qu'on dite tout haut,
Et ce qu'on dit tout bas se sait un peu plus tôt.»

Dans toutes les versions que j'ai consultées, Delavigne n'a pas mis le «s» à Londres.
On admire toujours quelqu'un qui s'abstient de dire ce qui ne doit pas être dit.


Note du transcripteur.
Sans doute une pensée originale de Blanchard.
Une once de discrétion vaut une livre d'esprit.


Note du transcripteur.
Proverbe anglais : «An ounce of discretion is worth a pound of wit.»
Ètienne Blanchard, Recueil d'idèes, 1928, 1929, 1941, 1947. Voir le premier billet.
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