Pierre Collerette est un homme brillant, au fait de toutes les recherches dans le domaine de la GAR (gestion axée sur les résultats) et très expérimenté. C’est aussi un fin communicateur.

Voici donc ce que j’ai pu retenir de la session de formation (d’information?) de vendredi.

Évidemment, il a commencé par la mise en garde traditionnelle du genre «ce n’est pas une panacée», «ce n’est pas une religion », etc.

Il nous a ensuite mis au fait de plusieurs éléments de la Loi 88 qui, dit-il, a été votée pour contrecarrer la suggestion de l’ADQ d’abolir les commissions scolaires. En gros, cette loi ajoute un élément d’imputabilité aux gestionnaires. Par gestionnaires, on entend ici les DG des commissions scolaires et les directeurs d’école. Cette caractéristique est importante : ce sont ces gestionnaires qui sont redevables de donner des comptes, et non les autres intervenants du système (enseignants, cp, etc.).

La GAR est une espèce de théorie qui permet justement aux gestionnaires qui y adhèrent de faire cette reddition de comptes.

Rendre des comptes sur quoi ? Sur les résultats des élèves !

«Fondée en grande partie sur la notion de régulation, elle consiste à diriger l’attention des membres de l’organisation sur les résultats recherchés et obtenus, pour ensuite déterminer les pratiques qu’il faudrait corriger en vue d’améliorer ces résultats.
C’est donc une approche qui s’intéresse à la performance, en fonction des résultats poursuivis, c’est-à-dire les objectifs.
Elle suppose que les gestionnaires interviennent auprès des membres de la communauté éducative pour obtenir une amélioration de leurs pratiques en fonction des résultats des élèves. Elle s’inscrit dans une perspective de régulation d’un système.»
P. Collerette, transparent #8


«La régulation dans le monde scolaire
On entretenait une hypothèse implicite : l’utilisation adéquate des moyens alloués et le respect des processus établis, devraient tout naturellement produire de bons résultats.
Les préoccupations ont évolué, et certains se sont inquiétés devant des taux de réussite et de persévérance qui ont plafonné. L’hypothèse implicite ne se vérifiait plus.
Beaucoup d’explications ont été proposées : manque de moyens, profils de la clientèle, ratio trop élevés, etc.
Mais peu d’emphase sur la responsabilité de l’école pour les résultats obtenus (effet école).»
P. Collerette, Transparent #13


Il est bien important de comprendre que la GAR porte sur les résultats et non les moyens ou le processus.

«Sans entrer dans les détails, retenons que selon cette approche:
• Les dirigeants de la Commission scolaire doivent établir les résultats d’ensemble attendus en termes de réussite et de persévérance et ensuite pour chacun des établissements.
• On le fait surtout par rapport aux zones de non-performance à partir des standards que l’on s’est définis.
• On fait ensuite un monitorage périodique des résultats des élèves pour vérifier s’ils correspondent aux attentes.
• On le fait à l’échelle de la Commission scolaire et à l’échelle de chaque établissement.»
P. Collerette, transparent #38


M. Collerette nous a bien signalé que la GAR s’insinue non pas dans une perspective évaluative mais dans une perspective diagnostique. Une de ses suggestions serait, par exemple, de prendre des mesures (un examen de 10-15 minutes) tous les 3 mois des élèves. On les compare à des classes semblables, et on ajuste ! L’autre possibilité est d’utiliser les résultats des étapes pour faire les ajustements qui s’imposent.

Il nous a aussi répété plusieurs fois que l’approche ne se veut absolument pas punitive, mais s’inscrit dans une perspective développementale.

Ce que j’en pense

Vous connaissez cette histoire d'une homme qui cherche un objet perdu près d'un lampadaire parce que la lumière y est ? J'ai l'impression qu'administrativement parlant, on fait un peu la même chose. L'école a perdu beaucoup de ses attraits et on cherche à résoudre ce problème en focussant sur ce qu'elle a toujours bien fait : mesurer les performances des élèves. L'approche est classique : on vise des résultats, et on s’arrange pour y arriver, les moyens important peu. Malgré le fait que M. Collerette a lancé plusieurs mises en garde, j’ai bien peur que nos gentils administrateurs ne prennent que ce qui fait seulement leur affaire. C’est humain : quand on est imputable et que la situation est critique, on fait payer ceux qui se trouvent en dessous de nous dans la hiérarchie. M. Collerette a beau nous rappeler qu’il n’est pas question d’une approche punitive dans la GAR, j’ai bien l’impression que cela peut rapidement y sombrer.

Étant donné cette Loi 88, je comprends bien les administrateurs de rechercher une espèce de recette (même si «la GAR n’est pas une recette» - Collerette) pour compenser leur manque d’imagination.

Je ne suis pas directeur d’école, mais si je l’étais voici ce que je ferais :

1 - Établir beaucoup de communication (tous les enseignants auraient leur portable, et une initiation aux outils web 2.0)
2 - Établir un travail d’équipe en vue de partager et résoudre les problèmes soulevés dans l’école.
3 - Si nécessaire à l’aide des services éducatifs, établir et financer un plan de formation continue de tout le personnel.

Tout cela est à suivre, car j'ai une deuxième journée de formation en avril.