[...] toutes ces belles disciplines, qui devaient être un instrument de culture, n'ont été pour beaucoup qu'un instrument de torture. (p. 21)

L'art de se servir des livres a une importance capitale. On peut dire que tous les hommes de talent se sont formés par les livres. C'est que les livres respectent l'originalité : chaque lecteur s'assimile ceux qui correspondent à ses inclinations profondes. D'autre part, le livre attend, ce que le professeur ne fait jamais. (p. 62)

N'est-il pas manifeste que nos programmes avec leur entassement de matières hétéroclites, avec la hâte trépidante qu'ils imposent aux professeurs et aux élèves, sont directement contraires à toute méthode fructueuse ? Ils donnent aux enfants des habitudes de travail bâclé et détruisent en eux tout essai d'énergie mentale. (p. 69)

La mise en oeuvre de nos énergies profondes est la source des plus grandes joies de la vie et quand l'enfant a goûté à cette allégresse il est sauvé : il ne pourra plus galvauder son énergie à des besognes somnolentes. Nous disons que la réforme urgente est de cesser de gaver les élèves de vocables morts et d'utiliser leur cerveau comme un entrepôt des pensées d'autrui. Il est urgent d'en faire des esprits libres. (p. 100)

Dans une lettre, Combarieu, inspecteur de l'Académie de Paris, me signalait combien l'enseignement abstrait de la grammaire était vain et il ajoutait : « Les Grecs ont eu quatre ou cinq siècles de grande production littéraire avant de savoir distinguer un substantif d'un adjectif et de savoir ce qu'est un mode. » (p. 167)

Les mathématiques ne sont qu'un outil. Que dirait-on d'un ouvrier qui passerait sa vie à aiguiser son outil sans jamais s'en servir ? Le calcul est une machine qui ne rend que ce qu'on y a mis. Si l'on n'y met aucune réalité, il ne rend que du vent. (p. 196)

Plusieurs autres extraits sur Au fil de mes lectures.

Nota. Dernier paragraphe corrigé suite au commentaire ci-dessous.