Louis-Sébastien Mercier, Néologie, ou vocabulaire de mots nouveaux à renouveler, ou pris dans des acceptions nouvelles, 1801 :

« Il en est d'une langue comme d'un fleuve que rien n'arrête, qui s'accroît dans son cours, et qui devient plus large et plus majestueux, à mesure qu'il s'éloigne de sa source. Mais plus un despotisme est ridicule, plus il affecte de la gravité et de la sagesse. Et qui ne rirait d'un tribunal qui vous dit : je vais fixer la langue. Arrête, imprudent! tu vas la clouer, la crucifier. »

« Il n'y a personne qui ne soit charmé de vouloir se rendre raison à lui-même du plaisir que lui donne une expression qui le frappe, un tour original, un trait inattendu; notre imagination aime qu'on lui parle d'une manière neuve, parce qu'elle est douée elle-même d'une grande vivacité pour tout ce qui porte ce caractère. Or on peut être audacieux dans l'expression, tout en révérant la langue. La Néologie peut se marier à la plus grande clarté. Vous ne pouvez m'empêcher de sentir; pourquoi voulez-vous m'empêcher de m'exprimer? Quand vous aurez senti dans votre âme toutes les délices que la méditation y verse, vous aurez alors quelque idée de la langue neuve et rapide qui peut-être est encore à créer. Laissez-moi libre; mes idées ne tariront point. »

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