Albert Brie a signé, au cours des années '70 et '80, une chronique intitulée Le mot du silencieux. Deux compilations rendent compte de cet aphoriste acerbe. Vous ne les trouverez que chez les bouquinistes comme Abebooks. On peut lire en quatrième de couverture du Retour du silencieux (Boréal, 1989) qu'Albert Brie «maîtrise l'art difficile de la formule courte qui fait réfléchir sans assommer, qui fait sourire et même rire tout en visant juste.» Je partage cet avis. On trouve peu d'information sur le web concernant cet auteur québécois né en 1925, mais ici, on apprend qu'il a été l'un des scénaristes des Enquêtes Jobidon, une émission que je suivais assidûment dans ma jeunesse!

J'ai déjà plusieurs citations de M. Brie sur Au fil de mes lectures provenant de vieilles découpures du Devoir. Vous en trouverez plusieurs autres au cours des prochaines semaines car je termine tout juste Le mot du silencieux (Fides, 1978).

En voici d'ailleurs quelques extraits autour du thème de la politique.

Pour défendre sa langue, la parlant français doit être vigilant ; l'Anglais pour faire usage de la sienne n'a qu'à être là où il se trouve.

Quand un discours politique a de l'élévation, de la vigueur, de l'élégance, de la tenue, détrompons-nous ! ce n'en est pas un.

Tous les politiciens sont opportunistes ; les plus habiles le sont au moment opportun.

Il ne mentait pas ce député qui lançait à ses électeurs : « Ma porte est toujours ouverte. » Il se gardait bien d'ajouter qu'il n'était pas dans la pièce.

La plupart des gens qui se passionnent pour les luttes électorales ne portent ordinairement aucun intérêt à la vie politique dans son cours normal. En cela, ils suivent l'exemple de bon nombre de politiciens qui s'agitent avec fureur durant un ou deux mois que dure la campagne électorale. On les trouve abîmés dans un sommeil comateux pour les trois ou quatre ans qui précèdent le prochain match.

Et une citation utile à Mme Marois.
Mon sentiment est qu'il faut voter pour le meilleur homme, surtout si c'est une femme.

En politique, s'expliquer c'est mentir, mais en beaucoup plus de mots.

Récemment, un sondage indiquait qu'une majorité de Québécois pense que les politiciens sont menteurs. Voici ce qu'en disait M. Brie en 1978:
Il est bien admis que les politiciens pratiquent couramment le mensonge. Si l'un d'eux prend l'habitude de dire la vérité, le peuple peut aller jusqu'à se demander si cet original ne manque pas à son devoir professionnel.