Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 1 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 59

De toutes les Paroisses, page 59 La faim du coeur est comme l'autre faim, criarde, certains jours.

Heures douces, donnez-nous des forces !

Pour parler de soi que ne dit-on pas? on se calomnie.

On commence par être le confident, et puis on change de titre.

Notre rire est bien souvent plus bête que nous.

Derrière les piliers d'une église, que d'amoureux repentants viennent, les yeux caves, demander l'oubli !

Un amant qui n'a pas encore abdiqué toute timidité n'est pas complètement entré dans la carrière.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 31 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 58

On a affirmé l'existence future quand on a dit : Dieu est juste.

En fait de succès, qui a le jour n'a souvent pas le lendemain.

Trois est le nombre charmant ; deux pour agir, un troisième pour regarder.

La femme sait souvent obéir dans les petites choses pour commander dans les grandes.

Bonheur inappréciable : être une volonté.

Une pensée vivra, quand dix mille volumes périront.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 30 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 57

Le pauvre est exclu de tout et n'est visité que par le désir : que d'excuses !

Soyons luxueusement bons avec les méchants.

Il y a quelque chose de plus répugnant que l'adultère, c'est la mère qui abandonne l'enfant.

Les femmes se pardonnent plus aisément entre elles la supériorité de l'esprit que celle de la toilette.

On plaît par son esprit, tout autant par sa table.

Il est des gens qui ne chercheraient pas l'occasion indélicate ; elle passe devant eux, leur délicatesse s'oublie.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 29 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 56

L'harmonie de nos goûts avec notre part dans la vie fait la félicité.

Un mari, par mille manières, doit aussi chercher à se rajeunir.

Il faut savoir être la femme d'un artiste, l'encensoir à la main.

Les sots aiment à voir leur femme admirée par tous; les sages en souffrent.

On se dépêche souvent le matin sans que le travail y gagne, pour flânerie soir.

On fuit la pédanterie, comme on fuit les mauvaises odeurs.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 28 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 55

Quel panier de fleurs fraîches que les jolies pensées de l'adolescence!

Un bonheur vaut ce qu'il coule.

Aimer sans espoir, c'est encore au coeur un coin bleu.

La tactique d'une femme est toujours de persuader à son mari qu'il est le maître, et il ne fait pas de difficulté pour le croire.

Il y a la timidité du bonheur, mais peu d'heureux la connaissent.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 27 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 54

Un mari qui n'a pas quelquefois le cadeau à la main, ou la louange à la bouche, est un mari un peu en danger.

Ce qu'un mari n'obtient pas, une femme l'offre à son amant.

Pour être bon mari, il faut de la finesse sans en avoir trop, et ne chercher à comprendre que les deux tiers de ce qui se passe autour de soi; la confiance remplira le reste.

Les pauvres maris! les jeunes filles modernes font trouver leur sort moins enviable ; on commence à avoir pour eux quelque pitié.

La jalousie qui vient de l'amour peut s'excuser par sa fièvre.

Il y a en nous des désirs qui y restent ; même vaincus, ils exhalent quelques bas soupirs de temps en temps : c'est toute leur vie.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 26 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 53

Il y a de jolis yeux qui se meuvent, qui jouent avec l'expression, qui chuchotent, qui donnent à lire, qui envoient des baisers comme des bouches.

On a l'amour plus ou moins goulu; certains amoureux rappelent l'enfant perdu jusqu'au menton dans sa tartine.

Un ancien baiser recherche longtemps son ancienne place.

Souffrance de ne plus entendre les cloches, si harmonieuses, si implorantes dans leur appel; vide qui endeuille l'âme et le souvenir.

N'expose même pas le bonheur le plus sûr.

Il y a des douleurs si muettes, si puissantes, qu'elles vous attirent.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 25 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 52

Les joies des petits, de ceux qui sont saturés de peines, comme elles sont vives, jeunes, vraies, touchantes à voir, quel bel élan de sincérité !

Notre confiance a beau recevoir des balafres de tous côtés, elle ose encore.

Il n'y a qu'un envers, pas d'endroit à la sottise.

Elle est bien froide, la tombe, quand par les lassitudes du coeur on n'en a pas entrevu le repos.

L'entrain, c'est le diable au corps, c'est la malice dans l'esprit, c'est le voyage dans le sang : vive l'entrain !

Quelle tentation : pouvoir !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 24 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 51

Soyons coquets de notre fraîcheur morale; elle donne une belle physionomie à notre vie.

La fierté s'appuie sur des raisons, l'orgueil sur des sottises.

On peut être honnête sans être ingénu ; on a envie de souhaiter un peu de malice à certaines honnêtes gens.

Quand on ose mentir, on ose aller plus loin.

La nature est taquine ; les désirs des neveux héritiers prolongent la vie des oncles.

Comme elles s'ennuieraient entre elles, nos qualités, si nos défauts ne venaient les contredire !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 23 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 50

Ce que la femme a de meilleur à offrir, c'est son amitié.

Une âme toujours gaie n'a pas d'expression ; on n'a pas envie de lui rien communiquer ; elle est sans nuance, sans teinte, sans mystère, sans ombre.

Tout a besoin d'un peu d'adresse, même le bien.

Au nom de notre dignité, ah ! que de vilaines petites choses nous faisons !

Rends la grandeur aimable, si tu es grand.

Les droits savent attendre, contrairement aux prétentions.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 22 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 49

Un désir est toujours neuf de jeunesse et frais d'espérance.

Pourquoi cacher nos luttes? Elles encouragent les autres.

Se faire aimer, c'est ce qu'il y a de plus utile pour un mari ; aimer, ce qu'il y a de mieux pour une femme.

Le mal, ne le soupçonne pas trop tôt, tu as toujours le temps.

Il y a des gens qu'on ne sent vraiment méchants que quand ils veulent être bons.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 21 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 48

Si peu qu'on fait nous empêche souvent de voir ce qu'on aurait pu faire.

On peut s'instruire souvent par le blâme, on n'apprend rien par la louange.

Celui qui a fait les tombes a fait aussi les nids.

Pourquoi un chemin tracé est-il encore difficile a suivre?

Pour inspirer toute confiance, la fortune et la sagesse ne doivent arriver qu'avec le temps.

On n'aime les surprises que dans la jeunesse; plus tard on les craint, il y en a si peu de bonnes à attendre !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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