Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 31 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 209

Que la voix de la discrétion devient faible dans le besoin! l'entend-on même encore?

Cache ton rêve : il ne parlait que pour toi.

Intéressants, les talents orageux: ils ont plusieurs musiques.

On n'est jamais mort de pitié.

L'imagination n'est pas toujours la folle du logis, elle en est aussi la gaîté.

Beaux regards des mourants, dernières profondes pensées en achevant un livre.

La méthode est froide, mais elle trace le chemin.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 30 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 208

Il y a toujours en nous un désir chronique, qui se réveille de temps en temps.

On n'aime pas tout dans un être : pourvu que ce qu'on aime puisse faire oublier ce qu'on n'aime pas.

On discute l'esprit, on discute la beauté; on ne discute pas la grâce, on la subit.

Appelle une bonne habitude pour en chasser une mauvaise, mais appelle-la deux fois.

Que j'en ai vu tomber de ces beaux orgueils, fiers, revêches, intolérants, tomber bien bas; et, quand on les secourait, c'était sans pitié.

L'esprit conciliant ne sait pas seulement admirer la paix, il sait aussi qu'on l'achète.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 29 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 207

La colère, c'est l'explosion : voilà son excuse.

Le malheur enseigne, le fouet à la main.

La soumission est la plus raisonnable des vertus.

Achever, c'est être souvent bien las.

Les grands liseurs se dispensent facilement de beaucoup penser, les grands penseurs de beaucoup lire.

La douceur donne de jolies pensées, plus consolantes que saisissantes.

Apprends à te suffire avant d'être vieux.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 28 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 206

La vie est une amie plus franche que tendre.

Les chiens font vivre la fidélité.

On croit toujours au bien quand on est capable de le faire.

Savoir se passer de ses richesses serait leur philosophie.

L'homme ne peut pas être sans défauts, mais il a pire, il a des petitesses.

Le vice ne peut pas se montrer sans son masque.

Contentons-nous d'admirer le beau, ne lui demandons pas ce qu'il est.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 27 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 205

Il y a des bontés de luxe ; ne craignons pas de temps en temps de les avoir.

Ah! les modestes, comme on les oublie !

Le boudeur n'a jamais fini de digérer.

Dans un mariage, quand l'un apporte l'amour et l'autre l'argent, à la rigueur chacun apporte quelque chose ; il y a pire.

Un homme qui ne sait pas causer avec sa femme appelle l'amant.

L'honnêteté qui ne se fait pas respecter n'est qu'une honnêteté rêvant d'une chute.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 26 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 204

La tristesse ennoblit.

On a rarement le dévouement et la grâce ; ce serait aussi trop demander.

Tombe, mais ne bute pas.

Le calme est la puissance des forts.

Jours de fêle! vous cherchez à essuyer les larmes des autres jours.

Le premier amant n'est jamais le dernier.

Nos expériences pleurent le prix de leur sagesse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 25 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 203

On dément du regard, de l'attitude; c'est plus poli que de la parole.

C'est gâcher son coeur que d'aimer tout le monde. *

On jouit surtout quand on a perdu et retrouvé.

Jouer avec les mots, c'est être bien désoeuvré.

Être neuf en idées, plutôt vieux en sentiments.

Un désir naît d'abord petit, modeste, peureux, puis, comme à l'oiseau, les plumes lui poussent.

On avoue difficilement un amant cruel ; longtemps on l'excuse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 24 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 202

L'envieux ne choisit pas, tout ce que l'autre a lui est bon.

Un bonheur longtemps attendu garde quand même, lorsqu'il arrive, son beau visage.

Que c'est commode de croire à la fatalité! à elle la besogne !

Il est des gens qui se garderaient bien d'essayer les choses ordinaires, se croyant prédestinés aux grandes.

Donner, c'est toujours neuf.

Un peu d'humilité en acceptant, beaucoup de simplicité en donnant.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 23 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 201

Ce qui prouve la supériorité du veuvage sur le second mariage, c'est qu'on a toujours un prétexte pour se remarier et qu'on n'avoue jamais se remarier pour soi.

Être enlevée, disons : se faire enlever.

L'état du coeur d'une femme se lit dans ses yeux : l'amoureuse a le regard inquiet, elle cherche son ciel.

Il y a des choses qu'il ne faut pas voir de près : assister à la toilette d'une femme qu'on admire, aux efforts d'un talent qu'on apprécie... Ah! comme il est bon que la cuisine soit loin de la salle à manger!

Le bruit qu'on fait autour d'un nom n'en prouve pas plus la valeur que le boniment celle de la marchandise.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 22 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 200

Une longue solitude marque son homme au coeur, ou à l'esprit, ou au caractère.

L'esprit bourgeois craint l'imagination et s'en éloigne, comme on s'éloigne des fusées du feu d'artifice.

Bien conduire sa vie, c'est travailler, accepter et se taire.

Il y a des baisers qui ont envie de mordre.

Le désespoir dédaigne les larmes : il a ses cris.

Dans le mariage moderne, la porte de l'adultère reste toujours entr'ouverte.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 21 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 199

Profite des petites occasions de bien faire, en attendant les grandes.

Oublier l'heure qui sonne, c'est aussi pardonnable au penseur, au poète, que c'est impardonnable au cuisinier.

La cloche obéit, le sonneur commande.

Nous les trouvons si mignons, si jolis, nos petits mensonges, que nous les racontons et les faisons circuler en guise de mots d'esprit.

Assise à côté de son grand frère l'espoir, la tendresse attend et soupire.

C'est aux plus humbles amis qu'on demande souvent les choses les plus désagréables.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 20 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 198

La vérité est-elle jamais entrée dans un compliment de femme à une autre femme?

On court à la beauté, on court pour y aller et on court pour en revenir.

On ne plaint jamais assez les femmes qui tombent : tout ce qu'elles donnent, pour le peu qu'elles reçoivent!

On ne guérit pas de l'amour, il lui faut sa victime.

Les proportions sont chères à l'harmonie, comme les enfants à leur mère.

Triste, triste, la défeuillée des arbres, si craintifs au moment des adieux !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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