Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 31 mai 2012

Chemin faisant, page 158

Être soi, ce n'est pas dire qu'on sera tous les jours le même.

Connaître un terrain, c'est ne lui demander que tel et tel produit ; connaître une âme, c'est ne lui demander que tel et tel sentiment.

L'ami qui, après le refus d'un prêt, sait nous aimer autant qu'avant, cet ami-là s'est élevé haut sur l'échelle de l'amitié.

Les gens qui ont l'admiration gloutonne sont de bonnes gens.

Il est des défauts qu'on caresse chez ses amis, par reconnaissance de ne pas leur en voir d'autres.

Le bonheur est comme le voleur ; il se préoccupe en arrivant d'une porte de sortie.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 30 mai 2012

Chemin faisant, page 157

Le chapelet de tout ce que nous aurions préféré à côté de tout ce que nous avons, a certainement plus de cinq dizaines.

On ne doit l'absolue vérité qu'à sa conscience.

Les désirs ont des jambes de gazelle : ils vont aussi vite qu'elle et par monts et par vaux.

L'ennemi a pu être l'ami d'hier, et ce ne sera pas le moins armé contre toi !

On refait tous les jours la litière de sa vie.

Le droit de tout dire n'appartient à personne.

L'homme croit trop facilement qu'un baiser lui vaudra l'absolution.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 29 mai 2012

Chemin faisant, page 156

Quand on a pris haut son vol et qu'on est bon, on regarde avec intérêt ceux qui essaient leurs ailes.

Un homme ne croit jamais à une faute unique chez une femme.

Peu de gens sauront te faire grâce de ce que tu ne veux pas entendre.

L'indépendance est toujours un peu notre oeuvre; voilà pourquoi nous en jouissons âprement.

Un auteur est quelquefois bien étonné de tout ce que le lecteur voit, en dehors de ses intentions, dans son livre.

L'amitié nous permet d'être laids, d'être vieux, de manquer de goût et de tournure : généreuse amitié!

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 28 mai 2012

Chemin faisant, page 155

Ce n'est pas toujours par infidélité qu'on néglige ses amis : l'esprit de celui-ci fait des évolutions dans un sens, l'esprit de celui-là dans un autre, et la vie nous éloigne ainsi sans que le coeur y soit pour rien.

Ma voisine (la tentation) était ce jour-là plus gênante que jamais ; je cherchai d'abord à la gagner par la douceur : « Eh! voisine! lui dis-je, il me semble qu'on est bien bruyante, ce matin ; » mais la belle, voyant que je lui faisais un peu la cour, redoubla de tapage et d'audace, et force me fut de la prendre par les épaules et de la jeter hors du logis.

Quel honneur, un reproche !

Le jour de son couronnement, l'autorité est comme une jeune communiante ; elle ne veut que le bien.

Les forces qui ne se dépensent pas deviennent des émeutes.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 27 mai 2012

Chemin faisant, page 154

On séduit parfois l'orgueil, on ne séduit pas la fierté.

Pour beaucoup de gens, voyager, c'est changer sa valise de place, colporter ailleurs son ennui.

L'histoire est comme la musique ; elle se transpose.

Qu'il y a de joie à pouvoir être soi ! qu'il y a d'équité à permettre à chacun de l'être!

Que de bonheur on laisse dans ses langes !

Quand on laisse accuser devant soi ceux qu'on aime, on est bien près de les accuser soi-même.

Braver, ce n'est pas toujours du courage, c'est souvent du jeu.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 26 mai 2012

Chemin faisant, page 153

Toujours l'épée en main pour défendre ceux qu'on aime, c'est la croisade des gens de coeur.

Amassons des forces et des résolutions : la vie saura les dépenser.

Dieu a des miséricordes publiques et des miséricordes intimes.

On est quelquefois bêtement pur, ce qui n'empêche pas d'en être fier.

Pour tant faire, j'aime mieux être avalée par la baleine que par le fretin.

L'honneur ne nous oblige pas seulement à être honorable, il nous oblige à ne pas vivre avec ceux qui ne le sont pas.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 25 mai 2012

Chemin faisant, page 152

Un peu de bonne volonté, et Dieu fait le reste.

Testament de la vie : je laisse tout à la poussière.

Une défaite est une entorse; on en guérit.

Un des charmes de la jeunesse, c'est de se croire éternelle.

En fait de pécheurs, les plus faciles à tenter sont les gourmands.

Dieu veut bien se servir de chacun de nous pour se faire aimer.

Les gens qui ont notre confiance sont des créanciers : il semble qu'on leur fasse un vol quand on leur tait quelque chose.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 24 mai 2012

Chemin faisant, page 151

Tout briser, que c'est facile à côté de tout ménager !

La victoire sur un imbécile peut appauvrir l'imbécile, elle n'enrichit pas l'homme d'esprit.

On a le dédain du dire quand on sait agir.

Les heures sonnent inconsciemment nos douleurs ; elles leur restent cependant associées dans nos souvenirs et nos rancunes.

Les souffrances de la femme sont mêlées d'amour-propre, celles de la mère ne sont que de l'amour meurtri.

L'accomplissement d'un devoir laisse en nous de la fraîcheur, sinon de la joie.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 23 mai 2012

Chemin faisant, page 150

Quand on veut reconquérir une ville, on est aimable envers les faubourgs.

On peut, heureusement, être bon patriote sans avoir les vices de son pays, et bon fils sans avoir les défauts de sa mère.

Notre vie est d'avance tracée, nous en brodons simplement le canevas.

Ne se faire craindre que par sa justice.

Ceux qui se louent sont très agréables à côté de ceux qui se plaignent.

Le sourire n'est ni une approbation ni un blâme ; il est du genre neutre.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 22 mai 2012

Chemin faisant, page 149

Les airs de protection : d'arrogants seigneurs, cravachant de l'oeil leurs vassaux.

On ne devrait pas manger l'oeuf quand on a vilipendé le poulailler.

On n'aime qu'avec les sens quand, sans croire, on aime.

Le bon sens fait quelquefois l'office de la vertu.

Les qualités négatives sont comme l'ombre ; elles ont leur utilité.

Que je serais désolée de ne jamais mé tromper ! Il est si doux de revenir d'une erreur !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 21 mai 2012

Chemin faisant, page 148

La jeunesse n'apprécie pas l'estime.

Les jaloux aiment tant à faire souffrir de leur mal!

Garder de la crainte juste ce qu'il en faut, que c'est difficile !

Quand le droit n'aura plus besoin de protecteurs, nous pourrons être fiers de notre civilisation.

Quand on demande l'âge de certaines femmes, il semble qu'on leur enlève la chemise, tant elles en paraissent offensées.

Ce qui pèse le plus sur nous, ce sont nos expériences.

L'écho n'apportait plus que des plaintes mélancoliquement embaumées par la senteur des pins ; la douleur était allée plus loin.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 20 mai 2012

Chemin faisant, page 147

Les plus douces chaînes sont des chaînes : à un moment donné vous en sentirez le poids.

Dieu a quelquefois des miséricordes particulières pour l'être calomnié ; il l'adopte, il le comble de force, il lui dit tout bas : Je suis là.

Le raisin vaut bien la cerise, quoique ce soit un fruit d'arrière-saison.

Il faut aimer son indépendance un peu comme sa fille : ne permettre à personne de l'approcher.

Se faire aimer est moins une science qu'un don.

Nous sommes vraiment des détachés quand nous n'avons plus besoin que personne nous appartienne.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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