Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 30 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 27

Où en serions-nous si les conseils ne nous laissaient toute notre liberté !

C'est surtout quand on moralise qu'il faut être court.

Il ne faut pas consentir aux bêtises : attendre qu'elles nous surprennent.

Ah ! cette molle, celte inquiétante rêvasserie ! ce n'est pas le beau rêve, c'est son brouillard.

Pitié ! le mot par lequel l'humanité avoue sa faiblesse.

Lève la tête, ce geste-là soulage !

On prend l'air grave, sans tromper la gravité.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 29 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 26

Les souffrances de la modestie ne peuvent être comprises que d'elle seule.

Les heures hésitent encore, les minutes sont décisives.

Chez les ignorants, l'admiration est contagieuse : sans la comprendre ils la subissent.

De l'air, de l'air, et encore de l'air intellectuel ! Ah ! ne sentons pas le moisi !

L'habileté a toujours peine à cacher complètement sa queue.

On a beau s'enrubanner, comme le jambon de Mayence on ne vaut que son poids.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 28 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 25

L'amour est sans rival, ce qui le rend si hardi.

Dieu a confié aux femmes le sort des larmes.

N'appréhende pas tant les peines, elles ont leurs forces; plutôt les joies, elles ont leur vertige.

On sort souvent bien triste de l'heure parfumée.

Que de choses redoutées on apprend à bénir!

On a toujours une exception pour soi-même.

La plupart des grands de ce monde n'entreront au ciel qu'à la main des petits.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 27 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 24

Il faut permettre quelques négligences aux plumes fécondes, comme on excuse de manger trop vite les gros appétits.

L'encens n'est qu'à Dieu.

Le progrès chasse ce qui le précède en manant, non en gentilhomme.

Il est des fautes si bien mortes dans notre esprit que nous condamnons impitoyablement les pareilles chez les autres.

J'appelle bienfaiteurs tous ceux qui nous ont aidés à vivre, qui ont déridé nos heures noires en les réconfortant de leur bonté.

Aimer, c'est approcher de soi ; vénérer, c'est placer plus haut.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 26 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 23

Pourquoi certains défauts sont-ils si durs à effrayer?

Il me semble que les choses sont loin d'aller mieux depuis que les petits veulent en savoir plus que les grands.

On peut être coupable et encore coupable ; on ne devient méprisable que si l'on a cherché à tromper.

Le coeur est glorieux quand il s'est soumis : preuve que la tâche ne lui est pas facile.

La fécondité est divine : la manne ne tombait pas à cuillerées.

On prend l'habitude d'un air de mépris, comme on prend celle de croiser ses jambes.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 25 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 22

On ne court pas dans le progrès moral, on chemine.

Le rêve des moutons est sage, il se borne à leur prairie.

On vieillit avec grâce quand un reproche de jeunesse ne murmure pas derrière soi.

N'importe quelle liqueur ne vaut la soif, n'importe quel mets ne vaut l'appétit.

La paix est la meilleure partie de la joie.

Les mondains ne jugent pas, ils répètent et se répètent.

L'arrogance n'est pas plus le courage que la belle parole n'est la vertu.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 24 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 21

Régale quelquefois ton coeur: ne compte qu'après avoir donné.

Je plains la faiblesse comme je plains un orphelin.

La folie a quelquefois le coeur tendre, en nous délivrant de nous-mêmes.

Les jeunes filles riches ont perdu la modestie de leur argent. À qui la faute ?

On est fait les uns pour les autres, mais qu'il est quelquefois difficile de s'ajuster à certains types !

À grands pas vont les fous, à petits pas vont les sages.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 23 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 20

Quand nous sommes contents, alors... surveillons-nous .

Un peu de mépris, comme un peu de sel dans les mets, assaisonne bien tant de choses!

Aimons le bien qu'on nous souhaite comme le bien qu'on nous fait.

L'insomnie, cette plaine désolée où les fantômes dansent lugubrement devant l'esprit.

Il y a des gens qui discernent des nuances dans la probité.

Le secret que tu as surpris exige le même silence que le secret confié.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 22 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 19

L'esprit reste plus facilement le jeune homme, le sentiment devient plus vite le vieillard.

Si les jeunes naïvetés sont charmantes, les vieilles sont touchantes.

L'amour a de la marchandise à tout prix.

Quand on est bon, on l'est avec tout le monde ; on est plus difficilement humble avec tout le monde.

Les grandes promesses s'essoufflent en chemin.

La charité qui se lasse n'est encore qu'une aspiration à la charité.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 21 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 18

On penche la tête... la mort est là.

La mort s'est arrangée de manière à s'éviter toute observation.

L'ambition est comme le chat, qui aime qu'on lui caresse le dos.

Ne vous impressionnez pas de l'air malheureux des retardataires; ils ne changeront jamais.

Si l'amour n'avait pas de caprices, comment contenterait-il tous ses clients?

Les joyeux nuisent souvent à leur patronne, la joie, et peuvent la rendre insupportable.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 20 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 17

Le temps est la caisse, l'ordre est le caissier.

Il y a de l'allégresse dans la réflexion : les déductions arrivent, les masques tombent, les exagérations se calment, les proportions naissent, la raison tient le flambeau, on voit clair.

Les dangers nous attendent à chaque carrefour : sortons armés.

L'accueil peut rappeler toutes les saisons.

Regarde devant toi quand tu marches, derrière et devant toi quand tu projettes.

Un désir estropié garde l'envie de courir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 19 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 16

Les grandes douleurs sont des échelons.

L'amitié n'aime que ce qu'elle comprend ; l'amour peut aimer ce qu'il ne comprend pas.

Il y a tant de genres de fleurs, qu'elles rendent sublime la fidélité à une seule.

Les bonnes fées avaient toujours des cadeaux à faire : bonne note pour être bien reçu.

En général, ne crains pas de partir, plutôt d'arriver.

Le souvenir ne peut pas agrandir son trésor, mais il l'embellit.

Heureusement qu'il faut mourir, sans cela que de bêtises de plus on ferait !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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