Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 31 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 150

Sache bien avec qui tu es sincère.

La poésie des soirs est apaisante, celle des matins est aspirante.

Une jolie tristesse, dit-on ; c'est, je suppose, celle qui sait rester douce, dont les yeux sont bons, dont l'attitude est humble, dont le geste est douloureux sans être amer, qui ose regarder le bonheur des autres et lui sourire.

La méfiance gagne en vieillissant.

À l'enfant tout jeune il faut apprendre qu'il a un coeur, plus tard, qu'il a une pensée.

Si l'on convainc, ce n'est qu'à coups de douceur.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 30 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 149

L'homme doit tout gouverner : son coeur, son esprit, son humeur, sans oublier sa fortune.

Un homme amoureux de ce qu'il a fait donne la mesure de son intelligence.

Les gens qui ont fait leur fortune ont involontairement une sorte de mépris pour ceux qui n'ont rien su gagner.

Il faut avoir raison avec douceur, politesse et égards, pour avoir complètement raison.

Rien de plus édifiant que l'esprit de famille, et rien de plus égoïste pourtant.

La cloche charme par tout ce qu'elle semble apporter de lointain.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 29 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 148

Il faut une grâce particulière pour reconnaître, dans des parents par alliance, des parents.

Le détachement est la plus haute des sérénités.

Ah ! que c'est bon de croire en un être sans que le doute le plus malin puisse rencontrer la moindre fissure !

On se donne presque toujours soi-même la peine de se ruiner.

Les regrets de l'amour peuvent durer jusqu'au nouvel amour.

Imaginer! c'est aller partout, c'est supposer tout, c'est frôler tout, c'est voir tout, c'est colorer tout, c'est partir triste et revenir gai, pauvre et rentrer riche.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 28 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 147

Les souvenirs se promènent dans la mémoire et nichent dans le coeur.

Par moments, on dirait que le soir se recueille ; il a quelquefois l'air d'être ému.

Allons au-devant des devoirs, sachons attendre les honneurs.

Les choses qui se vendent, comme elles font valoir celles qui se donnent !

L'énergie n'a pas besoin de public pour être.

La vieillesse a l'air de s'excuser en venant chez certains êtres, tant elle arrive doucement; mais elle reprend vite son pas.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 27 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 146

Quand il nous parle, un fat a toujours l'air de nous asperger de son indulgence.

Une promesse peut être honnête, mais elle devient facilement friponne.

La cendre d'un beau rêve n'est jamais froide.

Les hautes visions n'arrivent qu'à un corps chaste.

Le talent peut être mondain, le génie est solitaire.

Les faux artistes courent les rues, les vrais restent sur la colline.

Vieillir n'est rien à côté de voir vieillir ceux qu'on aime.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 26 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 145

Ce qui nous reste toujours, c'est de nous taire.

Porte bien la vieillesse, il y a pire.

Le génie nous donne l'emportement, que le travail doit équilibrer.

En avril, comme elles sont jolies, les premières feuilles ! elles ressemblent à des fillettes en robes courtes.

On a le regret bien plus long que n'a été le désir.

Il est plus dur que le service militaire, celui du monde.

Un mondain en égratigne toujours un autre.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 25 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 144

Aimons à pardonner, pour être sûr de pardonner assez.

Méfie-toi du premier moment, c'est un farceur.

L'impression est la lueur de la pensée.

Commander à ses sens, c'est d'un grand capitaine.

L'ennui est une insuffisance.

Tant de gens veulent jouir avant le temps, commencer le repas par le dessert.

Qu'elle est fausse, la louange! et elle remue quand même.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 24 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 143

Il est des nerfs qui ne supportent pas les fleurs ; certains chagrins n'aiment pas les caresses.

Tout pouvoir pense à lui, songeant à peine à nous, ce qui se voit, hélas ! même entre deux époux.

On a tant d'empressement avec la bourse des autres, et tant de généreuses intentions avec leur argent !

Sans s'effrayer de sa longue route, la patience peut la trouver longue.

Les femmes prennent souvent le chemin de l'amitié dans l'espoir d'y rencontrer l'amour.

Tout ce qui se tait ne consent pas.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 23 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 142

Il est des gens qui font si sèchement leur devoir, que ce devoir ressemble à un pensum qu'ils s'infligent.

La demande la plus audacieuse est la plus surprise d'un refus.

Le succès est un mauvais échanson, il verse souvent à côté.

On aime généralement jusqu'à une certaine hauteur ; ceux qui la dépassent sont des fous ou des anges.

Certains vieux nobles intransigeants me font l'effet de vieux matelas qui ont besoin d'être recardés.

Il n'est pas absolument nécessaire d'aimer la vie, il l'est de savoir s'en servir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 22 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 141

Il ne faut à certaines gens qu'un petit ruban de plus pour devenir morveux.

Quel esprit différent entre celui qu'il faut pour commencer et celui qu'il faut pour finir!

Certains vers ne résistent pas à une seconde lecture : des fleurs revues le lendemain.

Un don dont on se souvient ressemble plus à un prêt qu'à un don.

Les jeunes se regardent, les vieux s'examinent.

Comme toutes les barques, toutes les intentions sont chavirables.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 21 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 140

L'espoir croit ce qu'il promet : c'est son honnêteté.

J'aime à marcher dans un chemin désert, pour rapprocher deux solitudes.

Que de choses l'on supporterait si l'on était regardé !

On se grise de silence, comme on se grise d'opium.

Les illusions enguirlandent la jeunesse, caressent l'âge mur, et expirent aux pieds de la vieillesse.

Promesses ! monnaie avec laquelle les hommes s'acquittent.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 20 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 139

On est bien moins reconnaissant à la jeunesse de tout ce qu'elle nous donne, qu'à la vieillesse de tout ce qu'elle nous laisse.

Bien faciles à expliquer les ennemis d'une femme riche : argent refusé.

Les faux amis semblent nous donner un coeur de plus pour aimer les vrais.

La vie coûte cher à ceux qui la gâchent.

Pour être sympathique, la tristesse doit avoir abdiqué toute colère.

Les excuses sont des plaignantes plutôt que des repentantes.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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