Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 30 avril 2012

Chemin faisant, page 127

Les plus honnêtes assurances se trompent comme les plus douces promesses.

Tout imbibé de rosée, tout botté de fleurs, le chevalier printemps conduit l'hiver à la frontière en lui baisant son capuchon.

Quand on ne craint plus l'opinion, on est bien tenté de la défier.

L'hiver n'a pas beaucoup d'amis ; que lui importe? Il a ses rigueurs.

S'apitoyer sur soi, c'est saigner son courage.

Un ami de notre âge pour nous comprendre, un jeune ami pour élargir notre horizon.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 29 avril 2012

Chemin faisant, page 126

Rien n'est difficile aux gens qui ne cherchent rien.

La mort est l'oeuvre de Dieu, donc elle n'est pas cruelle.

Un coeur trop bon, un pouls trop plein ont leurs dangers.

Il est des gens qui disent : « J'aime ! » comme s'ils avaient un vomitif dans l'estomac.

Un mort remplacé peut ne pas être un mort oublié.

Bêler devant les loups, c'est aiguiser leurs dents.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 28 avril 2012

Chemin faisant, page 125

Être sévère envers soi-même, c'est donner de l'autorité à sa morale.

Ne jamais accuser les autres quand soi-même on a eu le malheur de faillir, c'est tout ce qu'on peut faire de plus intelligent.

Après le bonheur d'aimer, louer du fond du coeur est un plaisir bien doux.

De jolies qualités sociales : rendre son argent gracieux, son intelligence endurante, sa noblesse accessible.

L'expérience ne prêche pas, elle tape.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 27 avril 2012

Chemin faisant, page 124

Aimer son métier, une faveur, quand on n'a pas le choix.

Le mari garde-malade a toujours des airs de victime, pendant ou après.

Écrire trop joliment, faire trop joliment les petites choses, insuffisance d'esprit.

Les ours aiment aussi les caresses.

Le jaloux vit avec une plaie.

Il faut s'attendre à tout en mars ; Mars est le capricieux par excellence, un terrible enfant gâté, sautant alternativement des genoux du printemps sur les genoux de l'hiver, et vice versa.

On n'est jamais plus économe que le lendemain du jour où l'on a trop dépensé, et plus riche de bonnes résolutions qu'après un gros péché.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 26 avril 2012

Chemin faisant, page 123

Quand nous sommes arrivés à jouir de la calomnie (qui nous concerne), nous sommes déjà loin.

Une certaine frivolité de goûts ne vient pas dans la vieillesse, si précédemment elle n'a pas existé dans la jeunesse : elle justifierait certaines accusations.

Une vieille femme en blanc m'est plus désagréable à voir qu'une jeune femme en noir; en deçà, en deçà toujours, mesdames!

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 25 avril 2012

Chemin faisant, page 120

Il me semble que je suis redevable à tous ceux qui m'ont fait penser, - en bien, en mal, qu'importe ! Le roulis et le tangage nous mènent aussi au port.

Se méfier, c'est presque accuser.

La prudence n'est pas la méfiance ; la prudence vient de l'esprit et la méfiance du caractère.

Il est des esprits, comme des liquides, qu'on clarifie pas.

La privation des joies les plus communes provoque nos plus grandes révoltes.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 24 avril 2012

Chemin faisant, page 119

L'attente du pire nous fait les plus belles surprises.

Ces duels tacites entre deux êtres qui s'étudient, qui s'attendent, qui se jugent, comme ils sont plus intéressants que les duels à l'épée!

Toutes les fois que nous nous payons de mots, nous faisons injure à notre intelligence.

Ce qui est sain est toujours bon à voir, comme ce qui est pur, agréable à toucher.

Ce n'est pas l'abondance qui rend généreux; il est des riches qui ne le sont pas plus que l'enfant au sein.

Tout ce qui enrichit mon expérience ne me coûte pas, quand mon coeur ne le paie pas.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 23 avril 2012

Chemin faisant, page 118

Toutes les circonstances où les autres m'ont fait souffrir m'avertissent de ne pas provoquer chez eux les mêmes souffrances.

L'âge nous change plus que la réflexion.

Les positions extrêmes enrichissent nos vices ou nos vertus.

Pour se protéger, les araignées ont leur toile ; les chats, leurs griffes; les punaises, leur odeur; l'homme, son mépris.

Le beau temps nous réconcilie avec la vie et même avec la mort.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 22 avril 2012

Chemin faisant, page 117

Attention devant qui tu pleures ; ne te désarme pas devant l'inconnu.

On est généralement prodigue en avril, quand les jeunes pousses se lèvent : j'ai connu un avare qui se rasait deux fois par semaine dans ce mois charmant.

Les déceptions sont comme les chauves-souris ; elles viennent furtivement.

Il ne faut pas vouloir écrire une pensée, il faut que la pensée force notre main.

L'amour qui analyse la chanson est déjà vieux.

Il y a des gens qui font avec notre douleur ce que certains gourmets font avec la salade; ils la tournent en tous sens par leurs questions, pour que le poivre et le vinaigre ne perdent rien de leur saveur.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 21 avril 2012

Chemin faisant, page 116

Entre relations, il est doux de s'entendre, il est intéressant de se comprendre, il est charmant de se deviner.

Il est des gens qui inspirent tant de confiance qu'on voudrait avoir un secret à leur confier.

Dans un moment d'exaltation filiale, j'ai entendu une fille dire à sa mère : « Que n'ai-je un péché d'amour à te pardonner ! »

Tous les vieux se font professeurs à leur insu.

Il faut du courage, et il en faut de rechange.

La laideur est le moins réclamé de tous les droits.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 20 avril 2012

Chemin faisant, page 115

Les retours sur les peines endurées sont des poisons lents pour le courage.

Oui, certaines insolences sentent vraiment bon.

Il est plus ordinaire de ne pas être de son âge dans la vieillesse que dans la jeunesse

Frôler le mensonge sans le commettre, c'est une adresse plus qu'une vertu.

J'ai été disposée à pardonner plus facilement ce que j'ai deviné; est-ce parce que j'y étais préparée ou parce que la perspicacité était flattée en moi?

La tentation dédaigne certains êtres, comme le goût certains palais.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 19 avril 2012

Chemin faisant, page 114

La reconnaissance nous ouvre tantôt la bouche et tantôt nous la ferme.

Le travail ne laisse que de bons souvenirs : les gens qui ont beaucoup travaillé voudraient pour la plupart recommencer la vie.

Nos besoins savent rarement parler à la troisième personne.

Il n'est pas long le catéchisme de la vie : supporte !

Ne lasser personne de soi, même ceux qui nous aiment, que c'est difficile !

Ce n'est pas d'être sans caprices qui fait notre mérite, c'est de savoir les étrangler.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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