Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 19 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 197

Personne ne va plus vite en besogne que la sympathie.

La plus touchante couronne derrière le convoi d'un riche : voir sincèrement pleurer un pauvre.

Si tu veux être pleuré, donne beaucoup : on pleure le bien perdu avant de pleurer le mort.

Âme de plaisirs, âme de soupirs.

Les moments perdus ne sont jamais perdus pour le mal.

Prétendre, c'est toujours exagérer.

Les mots sont timides, à côté des baisers.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 18 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 196

Le service qui n'est pas rendu avec plaisir, comme il est pesant pour celui qui le reçoit !

Que de gens sans fortune n'auraient pas été plus sots que d'autres !

La leçon de l'avenir est dans son silence.

Tôt ou tard, l'énergie triomphe, les dieux l'admirent.

N'écouter que la raison, c'est lui faire la part trop belle.

Sois franc, sans tout dire.

Pour défendre autrui, l'émotion l'emporte sur l'adresse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 17 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 195

Sur l'aile de l'espérance arrive une bonne nouvelle.

La négligence compte sur le temps, comme l'imprudence sur le hasard.

C'est la colère qui donne le plus à faire au repentir.

Et tout seul on s'en va vers son heure dernière, heureux lorsque la foi ferme notre paupière.

Une grande dame recherche souvent une bourgeoise pour refaire son honneur ou sa bourse.

Ce n'est ni dans le château ni dans la chaumière que l'amitié se cultive le plus : elle est le privilège de la classe moyenne.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 16 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 194

Quand tu te juges, mets ton voisin à ta place, tu verras plus clair.

Persuadons-nous bien qu'en art la longueur ne remplace rien, elle ne fait qu'augmenter ce qui manque.

On porte la défaite tête haute ou tête basse, dans le silence ou dans la rhétorique.

Les peines accourent, les bonheurs comptent leurs pas.

Ce serait quelquefois malheureux que la sottise se corrigeât: elle est si amusante pour les autres, par tout ce qu'elle ose !

Le silence est donc la propriété du bavard, qu'il devient furieux quand un autre parle?

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 15 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 193

N'envie aucun avantage : dans ta main en serait-il un ?

Il y a des choses qu'il ne faut juger que de loin, d'autres plus fines, que de près.

Les grandes lâchetés ont peu d'occasion de se produire, mais en revanche, les petites, comme elles s'en donnent !

Fuis l'indécis, tu ne lui ferais pas de bien et il te ferait du mal.

Le temps s'en va sans regrets, il ne s'en va jamais seul.

Une tentation n'est souvent qu'un jeu ; on l'écoute sans l'intention de la suivre : le crabe nous tient.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 14 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 192

Il y a des sottises qui sont si générales qu'elles semblent avoir acquis droit de naturalisation.

L'emphase gâte tout par prodigalité.

Le soleil semble toujours pardonner.

Il faut quelquefois une absence pour nous faire apprécier ce que nous avions au logis.

Les désoeuvrés, qu'ils sont lourds aux autres! On leur achèterait des perles pour le plaisir de les voir les enfiler.

On n'a jamais moins de temps de reste que quand on ne pense qu'à soi.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 13 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 191

Trop prévoir nous empêche de voir.

La violence peut faire taire, mais non persuader.

La gaîté donne au travail un bel air de santé.

Une saine vengeance : avoir horreur de commettre le tort dont on a souffert.

En disant: « C'est impossible », nous croyons nous dispenser.

Pleurer toujours le passé, c'est humilier le présent.

Cadeau en main, une entrée est toujours gracieuse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 12 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 190

Recevoir une fois, pour certaines gens c'est attendre toujours.

J'aime le philosophe à l'air serein : c'est une conséquence.

L'avidité, c'est la faim à toute heure.

On croit savoir lire en soi-même, on sait à peine épeler.

La tolérance peut n'être qu'une mollesse capitonnée.

Si l'injustice ne vous révolte pas, vous n'êtes pas loin de la commettre.

Les chagrins sans larmes ont eu des aînés.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 11 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 189

Sur le chemin que tous suivent on peut encore se signaler.

On n'est jamais jaloux de la simplicité, elle ne semble pas en valoir la peine.

Le mensonge est une bosse qu'on fait à la vérité.

Quand on dit : c'est une coquette, éloigne-toi, il n'y a rien.

Quand on dit : c'est un avare, sauve-toi.

Ceux qui se vendent, en les payant bon marché on les paie toujours trop cher.

Le désir du bien a de saintes impatiences.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 10 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 188

Il serait pire que l'ingrat, celui qui se laisserait fermer les mains par l'ingratitude.

Quand on n'aime pas un être, comme on en craint la pitié !

Se résigner, c'est aussi se ménager.

La faiblesse est sur le chemin du crime.

Savoir être jeune, c'est aussi difficile que de savoir être vieux.

La fausse modestie doit apprécier la vraie, puisqu'elle la simule.

Le trop nous amène souvent au trop peu.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 9 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 187

Il est des redites qui ne vieillissent pas, la vérité les embaume et les conserve.

Le coeur, quand il n'a pas, soupire ; quand il a, tremble; quand il n'a plus, se plaint : n'est-il pas né malheureux ?

La philosophie doit pouvoir regarder passer le bonheur sans l'appeler.

Ne montre pas toutes tes craintes, tu ouvrirais toutes tes portes à l'attaque.

Défie-toi de toi-même, car tu es toujours avec toi.

Ne donne pas seulement de ton argent, c'est sec, donne aussi de tes émotions, c'est le don supérieur.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 8 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 186

Il faut que le repentir soit près de la faute, comme le jeune enfant qui marche, près de sa mère.

Où tu ne manques pas, on peut t'estimer, on ne t'aime pas.

Devant les gens qui parlent peu, pèse tes paroles : ils savent généralement écouter.

Avec quelle profonde tendresse on se pardonne !

J'aime les coeurs qui se donnent lentement: leur tendresse est plus sûre.

Un moraliste peut être aussi un artiste; les deux qualités ne s'excluent pas.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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