Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 18 juin 2012

Chemin faisant, page 178

Il est des choses qu'on ne comprendrait jamais sans l'amour; l'esprit n'y suffirait pas.

C'est sur le vieux révolté (le Moi) qu'il faut taper sans cesse : la bride sur le cou, rien ne l'arrête, rien ne l'intimide ; il usurpe sa place partout.

Il y a de la générosité à comprendre ce dont on n'a plus besoin.

Je plains ceux qui ne connaissent pas le bonheur de devoir leur fortune au travail de leur père, ni celui de le remercier chaque fois qu'ils la dépensent avec joie.

J'ai toujours volontiers appelé comtesses toutes celles qui le sont, et même celles qui ne le sont pas, quand elles le désirent.

Rien ne fait remonter le cours des ans comme le son d'une valse enfiévrée.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

dimanche 17 juin 2012

Chemin faisant, page 177

L'équilibre entre les luttes et les forces rend le ciel quitte envers nous.

Toute l'autorité d'un pape, toute la fortune d'un empire ne peuvent rien changer à un fait : c'est ce qu'il y a de plus stable ici-bas.

Le devoir n'est pas toujours très poli. Il dit : Je veux! à pleine bouche, et : J'entends! à pleine menace. Ce qui est gentiment demandé est pourtant déjà accordé, monseigneur le Devoir!

Une main délicate cueille avec respect la dernière fleur du rosier.

Chaque coeur est appelé aux armes, mais sous un uniforme différent.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

samedi 16 juin 2012

Chemin faisant, page 176

Le silence de la nuit est solennel comme un glas.

En toutes choses il y a la paille et le grain.

La politique est comme le commerce ; il faut la faire en grand pour qu'elle intéresse.

Le vent a toujours l'air de nous fouiller, c'est pourquoi je le déteste.

Personne ne peut nous faire d'aussi beaux présents que nous-même.

L'homme a non seulement besoin de tous ses moyens de défense, il a souvent besoin d'en improviser.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

vendredi 15 juin 2012

Chemin faisant, page 175

Un sot qui commence à se méfier de lui-même est en progrès.

L'égoïsme a ses ciseleurs comme les métaux.

Un bon coeur est toujours près d'un précipice.

Nous ne sommes jamais complètement dans le présent ; on croirait qu'il est trop étroit pour nous loger.

Je me défie de ces gens qui restent toujours entre les portes, qui ne savent ni reculer ni avancer, ni blâmer ni approuver.

Dure bouchée : l'oubli d'un coeur sur lequel on a des droits.

L'espérance est comme le soleil; elle est à tout le monde, et chacun l'aime comme si elle était à lui seul.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

jeudi 14 juin 2012

Chemin faisant, page 174

Les fanges sentent mauvais : c'est un avertissement.

Une belle âme loge souvent dans un vilain corps ; elle échappe ainsi au vulgaire sous une espèce d'incognito.

La chance n'a pas de préférence entre le brun et le blond ; elle prend surtout le sot.

La franchise souffre de tout ce qu'elle ne doit pas dire.

Un baiser peut avoir plus de signification que dix.

L'estime est une conséquence ; elle ne peut pas être une passion.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

mercredi 13 juin 2012

Chemin faisant, page 173

Aujourd'hui les agneaux tondent leurs mères.

Être capricieux, c'est ne pas être le même quand les choses restent les mêmes.

Le bonheur à ses petits-enfants : « Comptez sur vous plus que sur moi. »

Oh! les femmes, n'en dites pas tant de mal, puisque c'est un mal dont vous ne pouvez vous passer.

C'est vivre aux dépens de la jeunesse que de lui enlever sa gaieté.

Rien ne nous est dû, pas même les larmes pour pleurer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

mardi 12 juin 2012

Chemin faisant, page 172

Un bonheur humble m'édifie moins qu'un malheur bien supporté.

Dans l'impatience de l'attente, la chair devient maîtresse, un crime peut se concevoir, un adultère se comploter. - 0 femmes ! ne vous faites jamais trop attendre.

Un homme riche n'a pas besoin d'emporter la vanité de sa maison en voyage ; son domestique s'en charge.

La confiance est comme le sommeil ; il faut savoir la modérer.

Les loups sans brebis, pauvres loups!

Un chasseur ne compte pas la poudre qu'il perd, ni un amoureux les déclarations qu'il lance.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

lundi 11 juin 2012

Chemin faisant, page 171

L'argent, selon son emploi, aura pour accusateur ou pour défenseur la misère.

Toute la pourpre des Césars, tout l'encens des renommées, tout le char des plaisirs, tout le cliquetis des joies ne valent pas une conscience pure.

Une bonté dupée n'est jamais ridicule, un esprit dupé l'est toujours.

La dernière passion que nous inspirons nous émeut d'une manière toute différente des autres : il y a de l'étonnement et de la reconnaissance dans ce que nous ressentons.

Pourquoi se vanter d'être honnête homme? Se vante-t-on d'avoir les pieds propres?

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

dimanche 10 juin 2012

Chemin faisant, page 170

Chemin faisant, page 170 Le mensonge s'appelle trahison quand il se glisse dans un baiser.

On s'éloigne agréablement des gens qui ont besoin de tout blâmer.

Un acte ne meurt pas sans postérité : ses conséquences.

La loi est comme chacun de nous ; elle a besoin d'être respectable pour être respectée.

Que de gens nous régalent de leur présence au-delà de notre faim !

On s'habitue à demander et la demande perd de son amertume ; on s'habitue à donner et le don perd, hélas! de sa saveur.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

samedi 9 juin 2012

Chemin faisant, page 169

Les difficultés sont des défis que la nature nous jette et dont, sans parcimonie, elle encombre notre voie.

La joie habille un coeur tout à neuf en un instant.

Rien n'est dangereux pour l'esprit comme un compliment.

Que le génie est pauvre à côté d'un grand coeur !

La simplicité des manières est de bonne maison.

Un passé pur : un lit de roses sèches qui sentent toujours bon.

L'aurore attend chaque matin un nouveau monarque de vingt-quatre heures.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

vendredi 8 juin 2012

Chemin faisant, page 168

Il n'est pas bon de pleurer, mais il sera bon d'avoir pleuré.

« Je vous le dis à vous, madame » : - Cette exception en ma faveur m'avertit au moins autant qu'elle me flatte.

Que faut-il pour bien recevoir? Faire oublier aux gens que vous les recevez.

Heureusement, la guêpe bourdonne.

Les gens qui ne savent pas aimer sans comparer ressemblent à ceux qui ne savent pas recevoir un présent sans l'évaluer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

jeudi 7 juin 2012

Chemin faisant, page 167

Permettre aux vieux d'être laids, ce n'est pas, savez-vous, de la si commune indulgence.

La jeunesse mousse dans certains êtres comme le champagne dans le verre.

Les gens d'esprit ont le droit de faire des sottises ; ils n'ont pas le droit d'en dire.

Les saintes âmes reprennent la lutte avec amour, comme l'artiste son instrument.

Le renoncement est dur jusqu'à mi-côte; la fin de la route vous récompense.

Rien ne pèse plus que le coeur quand il est las !

Il faut bien débuter dans la vieillesse ; comme dans toutes les descentes, l'essentiel est de poser son pied d'aplomb.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

< 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 >