Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 7 août 2012

Chemin faisant, page 230

Un monsieur s'arrête devant un portrait exposé à une devanture : « Tiens, c'est ma première femme! » Avis aux intéressées.

Que je plains ceux que n'éclaire pas, dans leurs heures sombres, le grand jour de l'éternité !

L'infidélité, c'est encore une des plus aimables fautes à pardonner à son mari, quand il y met de la courtoisie.

Une accusation oblige toujours à s'interroger pour peu qu'on soit honnête.

La vanité est riche de tout ce qu'elle emprunte.

Le bonheur manqué et le bonheur perdu ne se pleurent pas de la même manière.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 6 août 2012

Chemin faisant, page 229

Les filles millionnaires sont un bon terrain pour le scepticisme; en elles la pauvreté se venge.

Une des supériorités de la violette c'est de venir la première.

Les conquêtes sont comme les grandes fortunes; tout cela coûte fort cher.

Que de fervents chrétiens dans le succès seraient des âmes tièdes dans le sacrifice !

On loge le souvenir ici ou là, dans une larme ou dans un sourire, qu'importe? pourvu qu'on le cultive.

On ne peut juger qu'avec ses sentiments, on peut agir avec ceux des autres.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 5 août 2012

Chemin faisant, page 228

Il y a des époques où l'on est repris violemment du mal de son mal, du désir de son désir, du regret de son regret.

Le don est comme la prière, il doit sortir du coeur sans contrainte.

La fille corrigeant la mère en fait d'illusions, cela se voit.

J'entends des gens me dire : « Je me suis fait une douce violence. » Moi, je n'en ai jamais connu de douce.

Il est bien moins difficile de concevoir le bien que de le proportionner.

Les très belles utopies ont le sort des ongles trop longs ; elles se brisent au premier contact.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 4 août 2012

Chemin faisant, page 227

Le courage est comme l'enfant, il croit tout possible.

Il ne faut pas aller plus profond que la profondeur pour rester dans la lumière, ni plus bas que le puits pour trouver l'eau.

Le regret est un vivant qui se pleure sur un mort.

Je crois, donc j'accepte.

Une habitude est comme l'angora de la maison; elle grimpe sur notre dos sans que nous la sentions.

Quelque timide qu'on soit devant son public, on ne peut cependant pas, quand on n'en vit pas, éprouver les émotions de la mariée devant l'autel.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 3 août 2012

Chemin faisant, page 226

Soupirer, c'est appeler.

La grâce n'a pas peur de la beauté ; la beauté a peur de la grâce.

La vieillesse est en gare ; elle n'a plus qu'à attendre.

La générosité trouve sa science dans son coeur.

La vraie jalousie n'est pas orgueilleuse ; ce ne sera jamais son défaut.

Le jour est fatigué, ses yeux se ferment, tout pâlit; c'est le soir.

Mourir en penchant sa tête sur l'éternité, c'est s'endormir sur les genoux de sa mère.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 2 août 2012

Chemin faisant, page 225

L'estime est froide; comme à la Naïade, on a presque envie de lui jeter un drap chaud.

Chacun à sa place : les frileux auprès du poêle, les Spartiates à la brèche.

J'aime mieux un livre mauvais qu'une mauvaise traduction.

Chacun crée des héros et des héroïnes à sa mesure.

Il est des gens près desquels il est bien facile de rester classique; ils tentent si peu notre fantaisie.

Quand on est dans son devoir, comme on se sent bien dans sa peau !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 1 août 2012

Chemin faisant, page 224

C'est une faveur de manger la première salade du potager.

Il y a des gens qui n'ont jamais besoin de permissions ; ils se les accordent.

C'est un luxe et une misère que de pouvoir s'exposer.

Mars est le mois des violettes et des congestions, car la nature crée d'une main et tue de l'autre.

Personne n'est sans but ici-bas, puisque chacun de nous a une âme à sauver.

On peut être profondément et sincèrement reconnaissant d'un oubli.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 31 juillet 2012

Chemin faisant, page 223

L'avenir ! la longue route sur laquelle les événements préparent leur chevauchée.

Un amant nous permet bien moins d'être laides que féroces.

Les suppositions sont comme les brouillards ; elles enveloppent le fait comme eux la lumière.

La pudeur du sexe doit lui survivre.

Il est aussi difficile de lire dans la physionomie d'un nouvel an que dans le visage d'un nouveau-né.

Il y aura toujours des printemps nouveaux, des feuilles fraîches et des jolies femmes : pas de grèves à craindre de ce côté.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 30 juillet 2012

Chemin faisant, page 222

Mettons-nous bien dans la tête que nos années ne sont pas une chaire à prêcher.

Il y a des figures qui ont absolument l'air d'être ravagées par l'impression.

Le désir est comme le brocanteur; il sait faire l'article.

Peu de gens sont appelés à rajeunir le monde et à faire trembler ses vieux gonds.

Pour peu que nous soyons quelqu'un, un ennemi nous enrichit.

On vieillit avec grâce quand on a peu abusé de la jeunesse.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 29 juillet 2012

Chemin faisant, page 221

Un sac de pommes de terre a rendu plus de services que beaucoup de lois.

L'entrée de notre salon doit toujours être une préférence.

Un être content de soi est plus assourdissant qu'une fanfare.

Il n'y a que le vice qui coûte ; sans lui la vie ne serait pas chère.

Une Italienne s'autorise de son soleil comme d'autres de leur naissance ou de leur patrimoine ; et cependant le soleil n'a encore donné de rentes à personne.

Dans l'adversité on ne craint aucune contagion ; si peu de gens nous approchent !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 28 juillet 2012

Chemin faisant, page 220

La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a: doit-elle même le donner?

La timidité nous quitte quelquefois un peu tôt.

Écouter un Français qui parle, c'est devenir son ami.

Que c'est bon un départ qui ne fait pas mal! Il y en a de si poignants !

La honte est la lumière de la faute.

Quand on va faire devant moi l'éloge de certaines gens ou de certaines choses, je suis prise de crainte, tant j'ai peur qu'on ne le fasse pas à mon goût!

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 27 juillet 2012

Chemin faisant, page 219

Le monde met tout aux enchères.

Les grandes promesses sont comme certains beaux yeux, on s'y noie.

Une grande douleur n'est pas traîtresse, au moins ; une grande joie peut toujours l'être.

J'entends dire : Elle a tant d'esprit qu'elle ne se fâche de rien. Est-ce de l'esprit?

Il est des susceptibilités que l'éducation nous enlève et d'autres qu'elle nous donne.

L'oubli va encore plus vite que le temps.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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