Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 26 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 204

La tristesse ennoblit.

On a rarement le dévouement et la grâce ; ce serait aussi trop demander.

Tombe, mais ne bute pas.

Le calme est la puissance des forts.

Jours de fêle! vous cherchez à essuyer les larmes des autres jours.

Le premier amant n'est jamais le dernier.

Nos expériences pleurent le prix de leur sagesse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 25 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 203

On dément du regard, de l'attitude; c'est plus poli que de la parole.

C'est gâcher son coeur que d'aimer tout le monde. *

On jouit surtout quand on a perdu et retrouvé.

Jouer avec les mots, c'est être bien désoeuvré.

Être neuf en idées, plutôt vieux en sentiments.

Un désir naît d'abord petit, modeste, peureux, puis, comme à l'oiseau, les plumes lui poussent.

On avoue difficilement un amant cruel ; longtemps on l'excuse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 24 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 202

L'envieux ne choisit pas, tout ce que l'autre a lui est bon.

Un bonheur longtemps attendu garde quand même, lorsqu'il arrive, son beau visage.

Que c'est commode de croire à la fatalité! à elle la besogne !

Il est des gens qui se garderaient bien d'essayer les choses ordinaires, se croyant prédestinés aux grandes.

Donner, c'est toujours neuf.

Un peu d'humilité en acceptant, beaucoup de simplicité en donnant.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 23 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 201

Ce qui prouve la supériorité du veuvage sur le second mariage, c'est qu'on a toujours un prétexte pour se remarier et qu'on n'avoue jamais se remarier pour soi.

Être enlevée, disons : se faire enlever.

L'état du coeur d'une femme se lit dans ses yeux : l'amoureuse a le regard inquiet, elle cherche son ciel.

Il y a des choses qu'il ne faut pas voir de près : assister à la toilette d'une femme qu'on admire, aux efforts d'un talent qu'on apprécie... Ah! comme il est bon que la cuisine soit loin de la salle à manger!

Le bruit qu'on fait autour d'un nom n'en prouve pas plus la valeur que le boniment celle de la marchandise.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 22 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 200

Une longue solitude marque son homme au coeur, ou à l'esprit, ou au caractère.

L'esprit bourgeois craint l'imagination et s'en éloigne, comme on s'éloigne des fusées du feu d'artifice.

Bien conduire sa vie, c'est travailler, accepter et se taire.

Il y a des baisers qui ont envie de mordre.

Le désespoir dédaigne les larmes : il a ses cris.

Dans le mariage moderne, la porte de l'adultère reste toujours entr'ouverte.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 21 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 199

Profite des petites occasions de bien faire, en attendant les grandes.

Oublier l'heure qui sonne, c'est aussi pardonnable au penseur, au poète, que c'est impardonnable au cuisinier.

La cloche obéit, le sonneur commande.

Nous les trouvons si mignons, si jolis, nos petits mensonges, que nous les racontons et les faisons circuler en guise de mots d'esprit.

Assise à côté de son grand frère l'espoir, la tendresse attend et soupire.

C'est aux plus humbles amis qu'on demande souvent les choses les plus désagréables.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 20 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 198

La vérité est-elle jamais entrée dans un compliment de femme à une autre femme?

On court à la beauté, on court pour y aller et on court pour en revenir.

On ne plaint jamais assez les femmes qui tombent : tout ce qu'elles donnent, pour le peu qu'elles reçoivent!

On ne guérit pas de l'amour, il lui faut sa victime.

Les proportions sont chères à l'harmonie, comme les enfants à leur mère.

Triste, triste, la défeuillée des arbres, si craintifs au moment des adieux !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 19 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 197

Personne ne va plus vite en besogne que la sympathie.

La plus touchante couronne derrière le convoi d'un riche : voir sincèrement pleurer un pauvre.

Si tu veux être pleuré, donne beaucoup : on pleure le bien perdu avant de pleurer le mort.

Âme de plaisirs, âme de soupirs.

Les moments perdus ne sont jamais perdus pour le mal.

Prétendre, c'est toujours exagérer.

Les mots sont timides, à côté des baisers.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 18 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 196

Le service qui n'est pas rendu avec plaisir, comme il est pesant pour celui qui le reçoit !

Que de gens sans fortune n'auraient pas été plus sots que d'autres !

La leçon de l'avenir est dans son silence.

Tôt ou tard, l'énergie triomphe, les dieux l'admirent.

N'écouter que la raison, c'est lui faire la part trop belle.

Sois franc, sans tout dire.

Pour défendre autrui, l'émotion l'emporte sur l'adresse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 17 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 195

Sur l'aile de l'espérance arrive une bonne nouvelle.

La négligence compte sur le temps, comme l'imprudence sur le hasard.

C'est la colère qui donne le plus à faire au repentir.

Et tout seul on s'en va vers son heure dernière, heureux lorsque la foi ferme notre paupière.

Une grande dame recherche souvent une bourgeoise pour refaire son honneur ou sa bourse.

Ce n'est ni dans le château ni dans la chaumière que l'amitié se cultive le plus : elle est le privilège de la classe moyenne.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 16 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 194

Quand tu te juges, mets ton voisin à ta place, tu verras plus clair.

Persuadons-nous bien qu'en art la longueur ne remplace rien, elle ne fait qu'augmenter ce qui manque.

On porte la défaite tête haute ou tête basse, dans le silence ou dans la rhétorique.

Les peines accourent, les bonheurs comptent leurs pas.

Ce serait quelquefois malheureux que la sottise se corrigeât: elle est si amusante pour les autres, par tout ce qu'elle ose !

Le silence est donc la propriété du bavard, qu'il devient furieux quand un autre parle?

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 15 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 193

N'envie aucun avantage : dans ta main en serait-il un ?

Il y a des choses qu'il ne faut juger que de loin, d'autres plus fines, que de près.

Les grandes lâchetés ont peu d'occasion de se produire, mais en revanche, les petites, comme elles s'en donnent !

Fuis l'indécis, tu ne lui ferais pas de bien et il te ferait du mal.

Le temps s'en va sans regrets, il ne s'en va jamais seul.

Une tentation n'est souvent qu'un jeu ; on l'écoute sans l'intention de la suivre : le crabe nous tient.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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