Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 14 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 192

Il y a des sottises qui sont si générales qu'elles semblent avoir acquis droit de naturalisation.

L'emphase gâte tout par prodigalité.

Le soleil semble toujours pardonner.

Il faut quelquefois une absence pour nous faire apprécier ce que nous avions au logis.

Les désoeuvrés, qu'ils sont lourds aux autres! On leur achèterait des perles pour le plaisir de les voir les enfiler.

On n'a jamais moins de temps de reste que quand on ne pense qu'à soi.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 13 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 191

Trop prévoir nous empêche de voir.

La violence peut faire taire, mais non persuader.

La gaîté donne au travail un bel air de santé.

Une saine vengeance : avoir horreur de commettre le tort dont on a souffert.

En disant: « C'est impossible », nous croyons nous dispenser.

Pleurer toujours le passé, c'est humilier le présent.

Cadeau en main, une entrée est toujours gracieuse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 12 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 190

Recevoir une fois, pour certaines gens c'est attendre toujours.

J'aime le philosophe à l'air serein : c'est une conséquence.

L'avidité, c'est la faim à toute heure.

On croit savoir lire en soi-même, on sait à peine épeler.

La tolérance peut n'être qu'une mollesse capitonnée.

Si l'injustice ne vous révolte pas, vous n'êtes pas loin de la commettre.

Les chagrins sans larmes ont eu des aînés.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 11 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 189

Sur le chemin que tous suivent on peut encore se signaler.

On n'est jamais jaloux de la simplicité, elle ne semble pas en valoir la peine.

Le mensonge est une bosse qu'on fait à la vérité.

Quand on dit : c'est une coquette, éloigne-toi, il n'y a rien.

Quand on dit : c'est un avare, sauve-toi.

Ceux qui se vendent, en les payant bon marché on les paie toujours trop cher.

Le désir du bien a de saintes impatiences.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 10 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 188

Il serait pire que l'ingrat, celui qui se laisserait fermer les mains par l'ingratitude.

Quand on n'aime pas un être, comme on en craint la pitié !

Se résigner, c'est aussi se ménager.

La faiblesse est sur le chemin du crime.

Savoir être jeune, c'est aussi difficile que de savoir être vieux.

La fausse modestie doit apprécier la vraie, puisqu'elle la simule.

Le trop nous amène souvent au trop peu.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 9 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 187

Il est des redites qui ne vieillissent pas, la vérité les embaume et les conserve.

Le coeur, quand il n'a pas, soupire ; quand il a, tremble; quand il n'a plus, se plaint : n'est-il pas né malheureux ?

La philosophie doit pouvoir regarder passer le bonheur sans l'appeler.

Ne montre pas toutes tes craintes, tu ouvrirais toutes tes portes à l'attaque.

Défie-toi de toi-même, car tu es toujours avec toi.

Ne donne pas seulement de ton argent, c'est sec, donne aussi de tes émotions, c'est le don supérieur.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 8 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 186

Il faut que le repentir soit près de la faute, comme le jeune enfant qui marche, près de sa mère.

Où tu ne manques pas, on peut t'estimer, on ne t'aime pas.

Devant les gens qui parlent peu, pèse tes paroles : ils savent généralement écouter.

Avec quelle profonde tendresse on se pardonne !

J'aime les coeurs qui se donnent lentement: leur tendresse est plus sûre.

Un moraliste peut être aussi un artiste; les deux qualités ne s'excluent pas.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 7 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 185

Notre âme nous regarde souvent avec l'air de nous demander : où en sommes-nous?

Un mauvais exemple ne peut pas plus nous excuser, que la bonté d'un autre nous faire mériter.

Pendant que les autres oiseaux chantent, le moineau cherche.

L'espace semble nous promettre du temps.

Être bon, à quelque chose de bon, n'importe à quoi.

La loi qui gêne l'honnête homme, il lui manque sûrement quelque chose.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 6 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 184

Quand on est en train de promettre, comme on y va !

En fait de plaisir, espacer ce qu'on ne peut augmenter.

La nature a aussi sa mauvaise humeur ; peut-être, bonne mère, est-ce pour excuser la nôtre ?

À Paris, du temps devant soi, quelle friandise !

Un vieux coeur qui a aimé comprend toujours les orages d'un jeune.

Admirer ce qu'on est sûr de ne jamais avoir, bon signe.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 5 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 183

La douleur élargit l'âme en la déchirant.

La vie se charge souvent de payer les dettes de l'ingratitude, et sans oublier les intérêts.

La vieillesse et la légèreté, quel pauvre assemblage! un valseur faisant des pirouettes avec un moribond.

Si friands sont nos appétits !

Le travail sauve tous ceux qui ont voulu se confier à lui.

O vie, tes attraits te rendent aussi responsable !

À la campagne, quand le soir arrive, la journée semble si lasse et si heureuse de s'endormir en lui!

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 4 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 182

N'abusons pas du majestueux, il tourne souvent au comique.

La fierté se drape et attende

Un pauvre reconnaissant, ah ! saluons-le trois fois : au nom de sa mémoire, au nom de son coeur et au nom de sa délicatesse.

On aime à chercher la petite tache des plus purs. Pauvre humanité !

En général, la femme déteint plus sur l'homme que l'homme sur la femme.

En style, on se lasse des détours les plus charmants, des images les plus inattendues, des mots les plus friands, des comparaisons les plus heureuses, jamais de la clarté.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 3 mars 2013

De toutes les Paroisses, page 181

La satiété est la plus vulgaire des lassitudes.

La fortune est un peu étonnée de ne pas nous rendre fous.

La vue de l'or et la vue de la chair, les deux plus terribles tentations.

En route pour la gloire, on se foule le pied.

Ce que j'admire beaucoup, par prudence je ne cherche pas à le voir tous les jours : on n'a pas tous les jours les mêmes yeux.

Les grandes pensées viennent du coeur, oui, mais s'inscrivent dans l'esprit, et c'est lui qui les habille.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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