Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 25 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 144

Aimons à pardonner, pour être sûr de pardonner assez.

Méfie-toi du premier moment, c'est un farceur.

L'impression est la lueur de la pensée.

Commander à ses sens, c'est d'un grand capitaine.

L'ennui est une insuffisance.

Tant de gens veulent jouir avant le temps, commencer le repas par le dessert.

Qu'elle est fausse, la louange! et elle remue quand même.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 24 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 143

Il est des nerfs qui ne supportent pas les fleurs ; certains chagrins n'aiment pas les caresses.

Tout pouvoir pense à lui, songeant à peine à nous, ce qui se voit, hélas ! même entre deux époux.

On a tant d'empressement avec la bourse des autres, et tant de généreuses intentions avec leur argent !

Sans s'effrayer de sa longue route, la patience peut la trouver longue.

Les femmes prennent souvent le chemin de l'amitié dans l'espoir d'y rencontrer l'amour.

Tout ce qui se tait ne consent pas.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 23 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 142

Il est des gens qui font si sèchement leur devoir, que ce devoir ressemble à un pensum qu'ils s'infligent.

La demande la plus audacieuse est la plus surprise d'un refus.

Le succès est un mauvais échanson, il verse souvent à côté.

On aime généralement jusqu'à une certaine hauteur ; ceux qui la dépassent sont des fous ou des anges.

Certains vieux nobles intransigeants me font l'effet de vieux matelas qui ont besoin d'être recardés.

Il n'est pas absolument nécessaire d'aimer la vie, il l'est de savoir s'en servir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 22 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 141

Il ne faut à certaines gens qu'un petit ruban de plus pour devenir morveux.

Quel esprit différent entre celui qu'il faut pour commencer et celui qu'il faut pour finir!

Certains vers ne résistent pas à une seconde lecture : des fleurs revues le lendemain.

Un don dont on se souvient ressemble plus à un prêt qu'à un don.

Les jeunes se regardent, les vieux s'examinent.

Comme toutes les barques, toutes les intentions sont chavirables.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 21 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 140

L'espoir croit ce qu'il promet : c'est son honnêteté.

J'aime à marcher dans un chemin désert, pour rapprocher deux solitudes.

Que de choses l'on supporterait si l'on était regardé !

On se grise de silence, comme on se grise d'opium.

Les illusions enguirlandent la jeunesse, caressent l'âge mur, et expirent aux pieds de la vieillesse.

Promesses ! monnaie avec laquelle les hommes s'acquittent.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 20 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 139

On est bien moins reconnaissant à la jeunesse de tout ce qu'elle nous donne, qu'à la vieillesse de tout ce qu'elle nous laisse.

Bien faciles à expliquer les ennemis d'une femme riche : argent refusé.

Les faux amis semblent nous donner un coeur de plus pour aimer les vrais.

La vie coûte cher à ceux qui la gâchent.

Pour être sympathique, la tristesse doit avoir abdiqué toute colère.

Les excuses sont des plaignantes plutôt que des repentantes.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 19 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 138

Le malheur répété nous rend comme timides et nous donnerait presque l'air de l'avoir mérité.

Comme elle nous préoccupe peu, notre grande dette, la mort!

Toutes les ardeurs s'éteignent, toutes les larmes ne sèchent pas.

Il faut laisser à la pensée son heure, tout en la favorisant.

Deux bonheurs qu'on oublie trop : être le père de ses enfants, et avoir eu une mère respectable.

L'argent nous aide en bien ou en mal à être ce que nous sommes.

L'heure de la réflexion en fait la richesse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 18 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 137

Apprenons à nous passer de tout ce qui ne veut plus de nous : bonheur, jeunesse, amour, illusions, toute celle belle guirlande où le temps,

Sur les marches du temple de la gloire agonise la paix.

J'aime beaucoup la douceur sous laquelle je sens silencieusement gigoter l'énergie.

Les beautés peuvent se nuire ; les charmes ne se nuisent jamais.

La crainte peut être une vénération.

Les choses semblent quelquefois avoir une intention, tant elles arrivent à propos.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 17 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 136

La clarté est olympienne.

Mentir, c'est plus que comprendre, c'est s'assimiler,

Il y a des yeux qui nous détroussent comme le voleur.

Comme vous nous avez grandis, mon Dieu, en nous donnant le souvenir!

Il est des dévouements qui se font payer cher par le caractère.

Fleurs des champs, charmantes paysannes, vous avez tout l'attrait de la sincérité.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 16 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 135

L'amitié se lasse comme l'amour, mais un peu moins vite, parce qu'elle galope moins.

La gravité nous enrichit de tout ce qu'elle nous défend.

Un sot qui sait se taire n'est plus un sot.

On cache son mensonge, on ne peut pas cacher sa vanité.

L'égoïste ne sent rien ; enfermé dans sa croûte, il vit.

Il est des préférences qui nous diminuent, des louanges qui nous humilient.

Il y a de la pudeur dans la sobriété.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 15 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 134

Les saillies naissent partout, même de la pensée la plus profonde : ce sont des sauts de l'esprit.

La valeur est au rabais, même celle des académiciens.

Un son de cloche traversant une méditation l'enrichit et l'enlève.

En politesse n'oublie pas les centimes.

En fait d'éloges, certaines gens se nourrissent de tout, même des épluchures.

On ne peut pas être grand homme sans croire en soi-même.

J'aime la femme-femme, mais homme au besoin.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 14 janvier 2013

De toutes les Paroisses, page 133

J'aime la perfection un peu bonne enfant, sans humeur pointilleuse.

La misère ! il y a bien des manières d'en parler, il n'y en a qu'une d'en souffrir.

Les idées morales doivent toujours être devant nos actions, comme une garde d'honneur.

N'applaudis pas tout ce qu'on applaudit, et ne vilipende pas tout ce qu'on vilipende : juge.

Le bonheur devient égoïste, c'est sa manière de se flétrir.

Ne te flatte pas plus de ton bonheur que de ta naissance.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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