Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 25 mars 2012

Chemin faisant, page 89

On a toujours un désir malicieux embusqué dans quelque coin.

Le public est comme la mer, il gronde sans savoir pourquoi.

Les vallées suivent fidèlement les fleuves, mais les fleuves, j'en suis sûre, ont bien souvent envie de quitter les vallées.

On regrette presque d'avoir dit la vérité quand on ne vous a pas cru.

Le sort du navire est entre les mains de celui qui le dirige, et chacun de nous est capitaine d'un navire.

Pour éviter une scène, faites-la. r

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 24 mars 2012

Chemin faisant, page 88

Les grelots s'attachent à toutes les choses à la mode.

Le chant du serin ne gêne pas le rossignol, et le chant du rossignol ne gêne pas le serin.

L'oiseau couve, l'amour vagabonde, la sève se dépense, les vieux membres souffrent : c'est le renouveau.

Les hésitants encombrent le chemin.

Il en coûte souvent beaucoup à nos forces pour sortir de leur fourreau.

Toutes nos joies frétillent, tous nos désirs lèvent la tête quand vient le printemps.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 23 mars 2012

Chemin faisant, page 87

Il est nécessaire d'être bon, digne d'être juste, avantageux d'être sobre, charmant d'être braque de temps en temps.

D'aplomb sur sa selle on peut braver le danger, le tout est de s'y mettre d'aplomb.

Partout où vous demanderez, on vous demandera.

Les sottises humaines, lasses d'aller à pied, se promènent quelquefois sur des échasses.

Le sacrifice, c'est comme le sinapisme, on en parle à son aise quand on ne le sent pas.

Devoir avec bonheur, que c'est aimer avec force !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 22 mars 2012

Chemin faisant, page 86

Il y a mille beautés, il n'y a qu'une logique.

Faire la guerre à l'amour, c'est avoir contre soi toutes les forces de la nature, tous les courroux de la jeunesse, toutes les malédictions de l'espérance.

Comme on fait son lit on se couche, mais on se couche souvent dans un lit tout fait.

La vie est un bienfait dont le meilleur bienfait est la mort : ne plus craindre pour ceux qu'on aime!

On ne redresse pas un bossu, on ne désaltère pas un ambitieux.

Quelle agréable intimité entre soi et sa plume ! le ménage de deux tourtereaux.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 21 mars 2012

Chemin faisant, page 85

Une oeuvre de pure imagination doit rappeler le boudoir d'une coquette : un peu de désordre n'en diminue pas l'agrément.

J'ai quelquefois éprouvé une vigoureuse jouissance à être mal jugée.

Les vieilles épaules devraient se cacher, car elles n'ont même pas pour elles les vieux démons.

L'élégance est moins capricieuse que la mode ; elle a des lois.

Les enfants trop doux me font peur ; les couleurs trop tendres, je les admire en gémissant.

Les fleurs demandèrent un jour la parole aux dieux, et c'était pour défendre les papillons !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 20 mars 2012

Chemin faisant, page 84

Nos passions se rhabillent avec nous tous les matins.

Les grandes espérances, comme les grands lévriers, aiment les grands chemins.

Le Français s'écoute, l'Anglais se mesure, l'Allemand se pèse, l'Italien se mire, l'Espagnol se glorifie.

Le dernier mot de l'analyse, c'est le dégoût ou le pardon.

Les principes sont des points de refuge, où l'homme se gare de la passion.

Il est difficile de porter l'automne d'un coeur qui n'a pas eu de printemps.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 19 mars 2012

Chemin faisant, page 83

La brume se déride, l'air joue avec la plante, la corolle ouvre son corsage, l'espérance s'habille à neuf, les caresses sortent de leur sommeil, les rêves voltigent dans l'air, la nature se réveille et le printemps naît.

Nos idées sont-elles le résultat de nos forces, ou nos forces le résultat de nos idées?

Dans certaines circonstances, qu'il est bon, non seulement d'être indifférent, mais de le montrer !

On déveloute la pureté rien qu'en en parlant !

Pour devenir riche, nos talents nous servent plus que nos qualités.

Il est aussi difficile de raisonner ce qu'on aime qu'aimer ce qu'on raisonne.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 18 mars 2012

Chemin faisant, page 82

Tant que le bruit aura de la voix le charlatan aura de la chance.

Rien ne vaut le baiser d'un enfant; c'est pourquoi il faut être indulgent pour les femmes qui ne l'ont pas connu.

Faire tout ce qu'on peut, c'est faire encore si peu quand on aime !

De l'esclave à l'homme complètement libre, qu'il y a d'étapes et de degrés !

« J'ai dit tout ce que j'ai pensé. » - Qui vous l'a demandé, madame?

Voyez-vous ce petit minois fin, coquet, heureux, bien portant, inventant des sourires et creusant des fossettes sur les joues des mortels? c'est l'oubli.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 17 mars 2012

Chemin faisant, page 81

Tous les avantages qui ne servent pas, toutes les prétentions qui n'aboutissent pas, quel monde devant et derrière soi !

Réjouir vaut mieux qu'étonner.

Il y a de si douces indifférences qu'on craint de les remuer de peur de les déplacer.

Le retardataire est comme l'ivrogne, il ne recommencera plus.

Être l'esclave de sa femme de chambre, c'est avoir par trop perdu le sens de la liberté.

Toutes les infériorités sont nées jalouses, toutes les supériorités ne sont pas nées humbles ; jugez du conflit.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 16 mars 2012

Chemin faisant, page 80

Le pardon n'empêche pas plus le souvenir de se réveiller que l'éclipse n'empêche le jour de reparaître.

Fleurs et femmes s'aiment et s'entendent comme la branche et le nid.

La pitié déplacée est une des causes les plus profondes des erreurs du jugement.

La beauté est surtout belle la bouche close.

Deux jolies femmes se regardant produisent un orage.

La douleur aime les fins morceaux sans dédaigner les autres.

Est-il plus dur de perdre l'amour lui-même ou l'optique qu'il nous crée?

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 14 mars 2012

Chemin faisant, page 76

Il est des peines où les autres ne peuvent nous suivre, même les plus compatissants.

Les ruines valent un sermon pour tout être qui pense.

Aimer, c'est plus que donner, c'est accepter.

S'avilir, c'est mettre l'intérêt à la place de la conscience.

Être faussement accusé pour l'être qu'on aime, une vraie bouchée de gourmet.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 13 mars 2012

Chemin faisant, page 75

Les chances du revoir sont aussi capricieuses que les lèvres de Vénus à son réveil.

La douleur et la joie n'ont qu'un sillon : le coeur.

Ménager le coeur d'une femme et flageller l'ambition d'un homme, on peut plus mal rêver.

Il y a des âmes qui ont l'air d'être couvées sous le même rayon.

Un jaloux, une cheminée qui fume toujours.

On est jaloux de l'âme de son ami, et ce n'est pas sans douleur qu'on la voit déchoir.

S'habituer à se suffire, le premier commandement de l'indépendance.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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