Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 8 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 35

Gâcher, c'est insulter.

Un des meilleurs privilèges de la jeunesse, c'est la facilité avec laquelle elle se fait aimer.

L'amour du commandement fait qu'on en garde en tous temps le bâton en main.

Les jolies femmes entre elles ne voient que des rivales.

Pour reconquérir, une femme qui aime peut tout pardonner.

Le coeur n'a aucun amour-propre. Oh pourrait souvent lui en souhaiter un peu.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 7 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 34

Le baiser qu'on reçoit nous indique notre âge : frémissant dans la jeunesse, avec quel calme il tombe sur une vieille joue !

Une très belle religieuse a l'air de se donner deux fois à Dieu.

L'aspirant a le ton du locataire; l'amant, celui du propriétaire.

Une mère coquette défleurit la maternité.

Il semble qu'il y ait si longtemps qu'on soit vieux !

Sur ses longs doigts flétris, le passé compte nos ans. '

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 6 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 33

Piano, ne te plains plus de tes détracteurs : tu es vengé par le pianola.

Pauvre belle amoureuse! voyez-la faire son ronron quand on lui dit : Je t'aime.

Le souvenir des veufs est sujet aux nouvelles lunes.

Commencement de la perfection : Être persuadé que les autres sont plus parfaits que soi.

Ne rien donner, ni au hasard des mots, ni au hasard des choses : savoir où l'on va.

Ne te décide pas pendant l'orage.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 5 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 32

L'esprit a aussi ses jours de grande et de petite marée.

Le temps a beau détruire, à peine s'il contente l'avidité de la mort.

L'homme qui dort bien n'a aucune excuse pour être méchant.

La bonté a des ailes, la charité a des mains.

Dans l'émotion, la musique va plus loin que la poésie, elle pénètre plus avant, elle touche l'âme de plus près, elle fait le ciel plus bleu.

Je n'aime pas les sentiments qui meurent goutte à goutte; je préfère ceux qui meurent brusquement.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 4 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 31

L'homme fort appréhende peu : il est prêt.

La gaucherie vient de l'inexpérience, la timidité souvent du désir de plaire.

Les artistes sont des aristocrates, que l'art prend où bon lui semble.

On était vertueux, on s'en vantait ; l'occasion n'avait pas passé, elle passe et emporte.

On se guérit trop bien de la timidité.

Faisons large part aux autres, n'étriquons pas notre indulgence.

On arrose les fleurs avec mesure : louons sans hyperbole.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 3 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 30

Choisir est plus délicat qu'entasser.

Une maison riche peu peuplée de visiteurs me fait désirer d'en connaître les propriétaires.

Il fait toujours sombre dans un esprit étroit.

Il vaut mieux que la vie nous doive que de devoir à la vie.

Dieu a montré sa pitié pour la femme en lui donnant l'intuition.

Et puis, la tête un peu basse, la mine un peu sombre, la larme un peu coulante... on revient au mari.

Notre propre estime nous soutient, celle des autres nous récompense.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 2 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 29

Les grandes innocences n'ont pas de honte si la science leur arrive un peu tard, plutôt un peu de fière satisfaction.

La vérité a peu de paroles ; elle les laisse au mensonge.

Les chauds mouvements préparent les belles oeuvres et les amènent à vivre.

Il ne faut qu'un regret pour nous ouvrir le ciel.

Dans la jeunesse, elle menace, dans la vieillesse, la mort réclame.

La persévérance est douce, l'obstination est querelleuse.

Savoir vivre amène à savoir mourir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 1 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 28

Tant il est beau le sommeil, que les gens qui dorment peu pardonnent difficilement à ceux qui dorment beaucoup.

Des preuves ! est-ce qu'on ne peut pas en fabriquer ?

S'il prend à un paresseux l'envie de travailler, c'est surtout le dimanche.

Être sobre dans le faux, c'est une distinction.

La parure demande l'occasion, qui finit par coûter plus cher qu'elle.

On excuse l'amant qui vous ruine ; on est sévère pour le mari qui, en travaillant, n'arrive pas à contenter nos caprices.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 30 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 27

Où en serions-nous si les conseils ne nous laissaient toute notre liberté !

C'est surtout quand on moralise qu'il faut être court.

Il ne faut pas consentir aux bêtises : attendre qu'elles nous surprennent.

Ah ! cette molle, celte inquiétante rêvasserie ! ce n'est pas le beau rêve, c'est son brouillard.

Pitié ! le mot par lequel l'humanité avoue sa faiblesse.

Lève la tête, ce geste-là soulage !

On prend l'air grave, sans tromper la gravité.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 29 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 26

Les souffrances de la modestie ne peuvent être comprises que d'elle seule.

Les heures hésitent encore, les minutes sont décisives.

Chez les ignorants, l'admiration est contagieuse : sans la comprendre ils la subissent.

De l'air, de l'air, et encore de l'air intellectuel ! Ah ! ne sentons pas le moisi !

L'habileté a toujours peine à cacher complètement sa queue.

On a beau s'enrubanner, comme le jambon de Mayence on ne vaut que son poids.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 28 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 25

L'amour est sans rival, ce qui le rend si hardi.

Dieu a confié aux femmes le sort des larmes.

N'appréhende pas tant les peines, elles ont leurs forces; plutôt les joies, elles ont leur vertige.

On sort souvent bien triste de l'heure parfumée.

Que de choses redoutées on apprend à bénir!

On a toujours une exception pour soi-même.

La plupart des grands de ce monde n'entreront au ciel qu'à la main des petits.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 27 septembre 2012

De toutes les Paroisses, page 24

Il faut permettre quelques négligences aux plumes fécondes, comme on excuse de manger trop vite les gros appétits.

L'encens n'est qu'à Dieu.

Le progrès chasse ce qui le précède en manant, non en gentilhomme.

Il est des fautes si bien mortes dans notre esprit que nous condamnons impitoyablement les pareilles chez les autres.

J'appelle bienfaiteurs tous ceux qui nous ont aidés à vivre, qui ont déridé nos heures noires en les réconfortant de leur bonté.

Aimer, c'est approcher de soi ; vénérer, c'est placer plus haut.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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