Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 23 janvier 2012

Chemin faisant, page 24

Quand une femme a permis la seconde liberté, elle a autorisé la dernière.

Est-ce par oubli que la plupart des veuves se remarient, ou par souvenir?

Les hommes sont comme les enfants ; ils sentent quelquefois le besoin d'aller dîner à la cuisine.

Certains hommages donnent la sensation d'un gigot après dîner.

Une femme qui n'a peur de rien, est aussi antipathique qu'un homme qui a peur de tout.

Simplement jeune, franchement vieille, doucement belle, discrètement riche.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 22 janvier 2012

Chemin faisant, page 23

Le spectacle d'une force qui faiblit n'afflige que les grandes âmes ; elle console les petites.

Les gens qui font de l'égoïsme d'ensemble, s'entendent comme d'excellents musiciens.

La nature nous donnant quelquefois toutes les tendresses, nous demande toutes les forces.

Il y a bien moins de manières d'être honnête femme que d'être bon mari.

Il est des âmes qui attirent et font peur; elles donnent la sensation d'un précipice.

Le bonheur n'est pas plus une question de mérite que l'amour n'est une question de beauté.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 21 janvier 2012

Chemin faisant, page 22

Un homme qui rêve, c'est généralement le feu qui commence à prendre à la maison.

Les Anglais ont inventé le mot « shocking » pour les autres plus que pour eux-mêmes, les inventeurs ne profitant pas toujours de leurs inventions.

Les compagnons du rêve sont comme les compagnons de la débauche ; au réveil, on leur en veut toujours un peu.

Que tu le veuilles ou que tu ne le veuilles pas, si je suis estimable je t'impose l'estime.

Il y a de ces choses qu'on dit pour qu'elles ne nous soient jamais redites; c'est à l'amitié de les sentir et de les respecter.

On espère quelquefois moins par espérance que par besoin d'espérer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 20 janvier 2012

Chemin faisant, page 21

Sagesse ne veut pas plus dire cheveux blancs que cheveux blancs sagesse.

Un rêve est un capital placé sur la déception.

Quand la tâche ne nous grandit pas, elle nous écrase.

Mets ton or près de ton cœur, et tu verras combien peu il a le pouvoir de consoler.

Il est des gens qui ont peur d'un souvenir comme d'un mort : plutôt craindre une espérance comme un vivant.

Les patiences accumulées, comme les rivières endiguées, produisent les plus grands débordements.

Les philosophes sont bien plus facilement amoureux que les amoureux philosophes.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 19 janvier 2012

Chemin faisant, page 20

Une activité inoccupée souffre plus qu'une paresse qui s'emploie.

Folie réussie ne justifie pas la folie.

Être grand, c'est avoir dépassé le niveau de la faiblesse sans l'avoir oublié.

Ne prenons pas nos dons pour des mérites, prenons plutôt nos mérites pour des dons.

Ne blâmons que ce qui est mal, et non ce qui est étrange; l'étrange a parfois tant souffert !

De la jeunesse de reste, c'est souvent plus gênant qu'une vieillesse précoce.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 18 janvier 2012

Chemin faisant, page 19

Il y a des yeux qui demandent et d'autres qui prennent.

Il faut quelquefois être indiscret pour être assez affectueux.

Considère l'humanité comme un malade pour t'étonner peu et supporter beaucoup.

Nous prenons quelquefois les gens en horreur en raison de ce que notre imprudence leur a confié.

Que de gens, pour se plaindre, n'attendent que la complaisance d'un écho !

Les conquérants veulent des témoins, voilà pourquoi les conquêtes sur nous-même nous affriandent peu.

Il vaut mieux chanter avec son esprit qu'avec son cœur, parce qu'en chantant le cœur peut finir par se prendre au sérieux.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 17 janvier 2012

Chemin faisant, page 18

La vraie tolérance consiste à voir large sans perdre la mesure.

On n'apprend pas à sentir, donc on n'apprend pas le tact.

Est-il plus facile de vaincre une antipathie que de maîtriser une sympathie ?

Une antipathie commune nous lie presque autant qu'une sympathie partagée

Une indiscrétion permise : la pénétration.

Il y a le littérateur et le littérâtre, comme il y a l'homme beau et le bellâtre.

Une des bonnes jouissances d'Adam : avoir pensé dans un monde tout neuf et tout silencieux.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 16 janvier 2012

Chemin faisant, page 17

Il n'est pas de grand cœur sans abandon, ni de grand caractère sans retenue.

Deux choses difficiles aux artistes, forcer le silence par le succès ou savoir s'en passer.

Pourquoi ne pas appeler le sexe masculin le sexe-loi ?

Un niais vit sans voir, un sot voit sans comprendre.

La justice a le droit de me faire souffrir et ne me laisse que celui de l'en louer.

Le souvenir est un cimetière où les morts se tiennent debout.

Ce qui glorifie le talent c'est qu'il est synonyme de persévérance.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 15 janvier 2012

Chemin faisant, page 16

Un titre ressemble à une perruque ; il faut qu'il soit posé droit.

Il est bien difficile d'être adroit dans le malheur, mais il n'est pas rare d'être maladroit dans le bonheur.

Comme toutes les courses, la vie est surtout difficile à finir.

Vous êtes un original pour tous ceux qui ne peuvent vous suivre.

On espère devant une jeune figure, mais on pense devant une vieille.

J'aime la fleur qui cherche son terrain, le baiser qui choisit sa joue.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 14 janvier 2012

Chemin faisant, page 15

Le bon désir qui ne décuple pas nos forces est comme le fruit qui sèche au lieu de mûrir.

Chaque fois que nous nous faisons servir, prenons garde d'abaisser notre semblable et d'avilir en lui notre dignité.

Ce qui est encore plus lourd que de s'ennuyer c'est de voir s'ennuyer les autres.

Quelque chose doit être plus exigeant que nous-même, c'est notre dignité.

Si notre inexactitude n'est point corrigée par l'exactitude d'autrui, elle ne le sera jamais.

Charmer, c'est conquérir sans bruit.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 13 janvier 2012

Chemin faisant, page 14

Il faut se juger à jeun, et juger les autres après dîner.

Bien agir se passe de bien penser, mais non bien penser de bien agir.

Un marché aux fleurs me fait toujours l'effet d'un champ de rêves humains.

J'irai bâiller à Londres, souper à Madrid, rire à Paris, discuter à Munich, dépenser à Pétersbourg, pleurer à Rome, oublier à Venise, aimer partout où je trouverai un cœur à aimer.

On n'est jamais assez petit chez les autres ni assez grand chez soi.

L'esprit a la foi, le cœur a l'amour.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 12 janvier 2012

Chemin faisant, page 13

Il faut avoir l'air de ne savoir que ce qu'on nous dit.

Plaire n'est jamais si doux que déplaire à certaines gens.

Il est de ces bonheurs qui défient le rêve.

On vendait un jour de l'esprit sur le marché d'Athènes, mais tous s'en trouvant, personne ne se présenta pour en acheter.

Le goût est à l'art ce que le jugement est à l'esprit.

La seule phrase que le bavard ne puisse dire : Je ne sais pas.

Un homme sans opinion : un logement toujours prêt aux mauvais locataires.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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