Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 13 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 71

Les grands causeurs nous laissent la même courbature que les grands vents.

Une coquette rit pour montrer ses dents, parle chevelure pour faire remarquer la sienne; son physique entre dans toutes ses paroles et toutes ses actions.

Le regard commence l'amour, la voix l'achève.

On apporte plus ou moins d'empressement au bonheur selon la confiance qu'on a en lui.

Fille de joie, Myrrha, trois choses te distinguent : tes yeux, tes dents et ta trahison.

Certains avautages deviennent terribles dans des mains ordinaires : témoin l'indépendance.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 12 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 70

Les flatteurs sont comme les polisseurs du mensonge.

La pruderie est la maladie de la pudeur.

Si elles continuent ainsi, les jeunes filles modernes, c'est elles qui feront l'éducation de leurs maris. O sainte modestie, que tu étais belle sous tes voiles de mousseline !

La veille a de la naïveté, le lendemain a de la science.

L'éducation s'adresse à la plus puissante des puissances, la nature : aussi est-elle souvent vaincue.

Plus l'esprit est étroit, plus la vanité s'y tasse.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 11 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 69

Chaque jour a sa science qu'il t'offre.

La plus belle mémoire est celle du coeur, la nostalgie est sa fille.

La douleur a sa vanité ; on veut souffrir plus que les autres.

Mets plus haut l'estime que l'amour, parce que la mériter et la garder dépend de tout.

Aie toujours quelques économies pour payer les farces de l'imprévu.

Ce que la raison dit vaut mieux que sa voix, qui manque de modulations.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 10 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 68

L'orgueil sait s'imposer des privations que couronnerait la vertu.

L'intérêt met son nez partout; mais il est long, et on l'aperçoit.

Si nous pouvions réfléchir, la fuite du temps serait un des meilleurs sermons.

Il est des gens charmants, qui sèment quelque chose d'eux partout où ils passent.

Tant qu'il y aura de l'esprit, il y aura un peu de revanche sur terre, puisqu'il y aura de la réplique.

Comme on fait son lit on se couche; mais quand on le trouve tout fait?

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 9 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 67

C'est déshonorant de s'ennuyer.

C'est croustillant, des ennemis.

Un mari qui dort trop manque de grâce nuptiale.

Une maladresse fait souvent la besogne d'une faute.

On chante le sentiment qu'on n'oserait pas dire.

L'amour conjugal s'est enrichi de plaies, de bosses, d'autorités usurpées et de libertés interdites.

Un gendre est un fils donné par la municipalité.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 8 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 66

Les déceptions se tassent dans le coeur, les peines restent isolées.

Ah! comme on s'aime, comme on s'aime! il faut chercher à s'aimer moins pour bien le comprendre.

Donner, c'est sentir son coeur passer dans ses mains.

Se repentir, hélas! c'est si peu ne pas recommencer.

De la morale à l'action, il y a à traverser toute la faiblesse de l'homme.

La coquette est forte de tout le coeur qui lui manque.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 7 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 65

On branle toujours quand on ne peut pas s'appuyer sur soi-même.

Il faut bien se résigner ; chacun doit assister à sa perte.

En amour irrégulier, la trahison est une chute, un désastre en amour légitime.

Les grimaces du monde en sont toute la sincérité.

Les grands mondains sont plus à plaindre qu'à blâmer: creux intérieurement, ils ne sont rien sans les autres, nourris de vide et toujours affamés de nouveau.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 6 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 64

Que de gens sans remords, faute de jugement!

Que le bonheur soit bon à l'homme, c'est naturel; mais qu'il lui semble dû!

Les femmes ont la méchanceté plus aiguë, plus perçante, plus coupante que celle des hommes.

Un joli visage donne toutes les illusions, même celle de ne pas pouvoir mentir.

Une résistance nous met la force en main.

Il est de ces journées qui ne semblent plus être de la terre, tant elles sont limpides au coeur, chatoyantes à l'esprit, lumineuses à l'âme ; elles nous emportent dans leurs rayons, nous bercent dans leurs ondes... mais qu'on est misérables le lendemain!

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 5 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 63

J'ai un petit faible, sauf exception, pour les gens qui ne m'invitent pas à dîner.

La résignation a, dès le début, un gros travail à faire; puis ensuite, quel calme!

En amour les banqueroutes sont toujours frauduleuses.

On sert souvent bien mal son parti ; que de dévots font tort à la dévotion !

Trop de prudence nous vieillit, et sans prudence nous chavirons.

À la manière dont une femme donne le bras à un homme, on sent l'amant ou l'époux; l'amante s'accroche.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 4 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 62

Il y a certains salons où l'on entend passer les sifflements de l'envie,

On se flatte de ses dons physiques; eh bien, mais le chameau est fier de sa bosse, et la girafe est fière de son cou.

Tous les poètes n'ont fait que me rapetisser l'idée que j'ai du Paradis; certaines mélodies m'en ont donné l'émotion.

La sévérité a de la grandeur, quand on commence par soi-même.

Mettez une foi vive dans un coeur, vous verrez l'égoïsme s'y ennuyer et la vanité s'y flétrir.

Le sacrifice s'adresse de préférence à la femme, il reçoit meilleur accueil.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 3 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 61

Il y a des gens qui sont toujours contents d'eux, ce ne sont pas ceux dont je suis le plus contente.

Une vie sans événements, sans hasards, c'est un peloton de fil que le temps dévide.

La chance protège l'amoureux ; elle lui prépare des rencontres joyeuses et lui chuchote d'heureux mensonges.

Que de temps pour garantir une pureté, qu'un mot imprudent suffit à détruire !

Belles exceptions ! vous nous rendez plus inexcusable encore la rigidité de la règle.

L'amour est quelquefois honteux de lui-même : sa dignité passe outre.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 2 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 60

Les habiletés s'acquièrent, les ruses s'introduisent.

Les femmes de quarante ans jouissent de l'amour et tremblent : c'est le baiser du départ.

Les heureux prennent les contrariétés pour des peines, oubliant de se comparer.

Hélas! on ne considère jamais le pauvre tout à fait comme soi, et notre pitié s'en rétrécit.

La femme romanesque n'est pas toute au présent : elle caresse le passé et bâtit dans l'avenir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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