Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 25 mai 2012

Chemin faisant, page 152

Un peu de bonne volonté, et Dieu fait le reste.

Testament de la vie : je laisse tout à la poussière.

Une défaite est une entorse; on en guérit.

Un des charmes de la jeunesse, c'est de se croire éternelle.

En fait de pécheurs, les plus faciles à tenter sont les gourmands.

Dieu veut bien se servir de chacun de nous pour se faire aimer.

Les gens qui ont notre confiance sont des créanciers : il semble qu'on leur fasse un vol quand on leur tait quelque chose.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

jeudi 24 mai 2012

Chemin faisant, page 151

Tout briser, que c'est facile à côté de tout ménager !

La victoire sur un imbécile peut appauvrir l'imbécile, elle n'enrichit pas l'homme d'esprit.

On a le dédain du dire quand on sait agir.

Les heures sonnent inconsciemment nos douleurs ; elles leur restent cependant associées dans nos souvenirs et nos rancunes.

Les souffrances de la femme sont mêlées d'amour-propre, celles de la mère ne sont que de l'amour meurtri.

L'accomplissement d'un devoir laisse en nous de la fraîcheur, sinon de la joie.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

mercredi 23 mai 2012

Chemin faisant, page 150

Quand on veut reconquérir une ville, on est aimable envers les faubourgs.

On peut, heureusement, être bon patriote sans avoir les vices de son pays, et bon fils sans avoir les défauts de sa mère.

Notre vie est d'avance tracée, nous en brodons simplement le canevas.

Ne se faire craindre que par sa justice.

Ceux qui se louent sont très agréables à côté de ceux qui se plaignent.

Le sourire n'est ni une approbation ni un blâme ; il est du genre neutre.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

mardi 22 mai 2012

Chemin faisant, page 149

Les airs de protection : d'arrogants seigneurs, cravachant de l'oeil leurs vassaux.

On ne devrait pas manger l'oeuf quand on a vilipendé le poulailler.

On n'aime qu'avec les sens quand, sans croire, on aime.

Le bon sens fait quelquefois l'office de la vertu.

Les qualités négatives sont comme l'ombre ; elles ont leur utilité.

Que je serais désolée de ne jamais mé tromper ! Il est si doux de revenir d'une erreur !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

lundi 21 mai 2012

Chemin faisant, page 148

La jeunesse n'apprécie pas l'estime.

Les jaloux aiment tant à faire souffrir de leur mal!

Garder de la crainte juste ce qu'il en faut, que c'est difficile !

Quand le droit n'aura plus besoin de protecteurs, nous pourrons être fiers de notre civilisation.

Quand on demande l'âge de certaines femmes, il semble qu'on leur enlève la chemise, tant elles en paraissent offensées.

Ce qui pèse le plus sur nous, ce sont nos expériences.

L'écho n'apportait plus que des plaintes mélancoliquement embaumées par la senteur des pins ; la douleur était allée plus loin.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

dimanche 20 mai 2012

Chemin faisant, page 147

Les plus douces chaînes sont des chaînes : à un moment donné vous en sentirez le poids.

Dieu a quelquefois des miséricordes particulières pour l'être calomnié ; il l'adopte, il le comble de force, il lui dit tout bas : Je suis là.

Le raisin vaut bien la cerise, quoique ce soit un fruit d'arrière-saison.

Il faut aimer son indépendance un peu comme sa fille : ne permettre à personne de l'approcher.

Se faire aimer est moins une science qu'un don.

Nous sommes vraiment des détachés quand nous n'avons plus besoin que personne nous appartienne.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

samedi 19 mai 2012

Chemin faisant, page 146

La vie semble neuve le matin.

En amour, les boutades sont comme les mouches du visage, elles aiguisent le désir; en amitié, ce sont des maladresses.

Un beau front semble un confessionnal : on n'ose lui mentir.

La vraie grande dame n'a besoin d'être ni grande ni petite, ni blonde ni brune; elle loge en elle des qualités de race, sans être de race souvent.

Une femme indépendante est une désagréable énigme pour l'homme.

L'indépendance de l'esprit nous reconquiert sur le préjugé.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

vendredi 18 mai 2012

Chemin faisant, page 145

La grâce meurt avec toutes les perles de son collier.

Les fautes d'autrui sont des oreillers pour les nôtres.

C'est quand le métier disparaît que l'art se révèle.

Le vrai n'a qu'une couleur, celle du vrai.

La gaieté vient de l'humeur, la joie vient du coeur.

Faire passer son bienfait par dée mains qui ne peuvent pas donner, c'est donner deux fois.

Je crois au sang dans les veines plus que je ne crois aux privilèges du sang.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

jeudi 17 mai 2012

Chemin faisant, page 144

Il est telles économies qui ne sont permises qu'aux riches.

À tout âge on peut pécher par trop de jeunesse.

La justice n'a rien à faire avec l'indulgence, parce qu'elle n'a rien à faire avec le coeur.

La règle a sa beauté dans son inflexibilité.

Le temps s'ébat dans l'espace : c'est son jardin.

L'infériorité qui recherche la supériorité est une terre qui portera fruit.

Le repos comme la grandeur est en nous.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

mercredi 16 mai 2012

Chemin faisant, page 143

Il est des gens qui jouent de l'humilité comme d'un pistolet de poche; ils la sortent et la rentrent suivant l'occurrence.

Les gens qui voient tout sont des mouches qui nous harcèlent et nous piquent dans tous les sens.

Aucune caste n'a le privilège des grandes choses; aucune famille, l'héritage des vertus.

On peut sans fatuité se plaire avec soi-même; affaire d'habitude.

Une passion fait toujours tort à un droit.

Un caprice doit nous faire réfléchir; c'est le valet qui s'installe chez nous.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

mardi 15 mai 2012

Chemin faisant, page 142

Dans un beau vêtement, surveillez aussi la doublure.

Ce qui m'empêche d'admirer les gens qui naissent dotés d'un blason, c'est l'admiration que j'éprouve pour ceux qui s'en créent un eux-mêmes.

Au fond de tout, c'est le ver qui nous attend; plus nous sommes truffés de vanités, plus il se régale.

Je plains ceux qui n'ont pas besoin de rendez-vous avec eux-mêmes.

Il y a des gens qui font l'effet d'accidents dans notre vie, d'autres de famille retrouvée.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

lundi 14 mai 2012

Chemin faisant, page 141

Le soir ferme les calices de toutes les fleurs avant l'arrivée de la nuit; c'est un amant jaloux.

On accepte la menue monnaie de l'amour, la menue monnaie de l'amitié, mais on n'accepte pas la menue monnaie filiale.

Les jeunes aiment à étonner, les vieux à convaincre.

J'arrive à concevoir quelque pitié pour les vieilles qui se teignent : elles croient se défendre, et se défendre est si naturel dans l'attaque ! - mais les jeunes?

On paie souvent pour s'ennuyer !

On gâche la parole humaine comme on gâche l'eau du fleuve, et quelle haute mission elle a cependant! C'est elle qui fait le bien et le mal, le juste et l'injuste, qui bénit et maudit, qui sert l'âme et le coeur : c'est une révélatrice, une des plus grandes munificences de Dieu envers l'homme.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

< 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 >