Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 21 août 2005

Paasilinna

L'humour n'est pas une étincelle qui jaillit brièvement lors du dénouement comique d'une situation ou d'un récit pour nous faire rire. Sa lumière discrète s'étend sur tout le vaste paysage de la vie.
Kundera, Le rideau, p.130


Paasilinna, né en 1942, est finlandais. J'ai fait sa découverte au hasard d'une visite en librairie : sur le promontoire des nouveautés en poche se trouvait La Cavale du Géomètre. Avec un titre pareil, impossible de ne pas acquérir le livre. J'ai vraiment eu beaucoup de plaisir à le lire. Imaginez un petit vieux, sénile, en arrêt en plein milieu de rue, les poches remplies d'argent. Un chauffeur de taxi doit s'arrêter pour ne pas l'écraser. Ainsi commence La Cavale, ainsi commence le début d'une belle amitié, ainsi commence un beau voyage à travers la Finlande.

« Deux suicidaires se retrouvent fortuitement dans une vieille grange où ils souhaitaient partir tranquilles. Entravés dans leurs funestes projets, ils se mettent en tête de rassembler d'autres désespérés pour monter une association. Commence alors [...] un périple loufoque », lit-on en quatrième de couverture.

L'intérêt de Petits suicides, comme de la majorité des livres de Paasilinna, réside dans cette formidable construction de l'amitié. Des liens, légers mais solides, se tissent entre les personnages qui vivent tous un genre de dépression. Les personnages de Paasilinna ne fuient pas leurs conditions de vie : ils voyagent. Le coeur léger ressenti une fois la désicion prise, le coeur lourd accompagnant la responsabilité de cette décision, ils acceptent cette condition essentiel du voyage, le fait qu'il se terminera. Ce qui, évidemment, les transforme, mais sans les rendre tragiquement étrangers à eux-mêmes. Attention ! tous les livres de Paasilinna font rire et ce Petits suicides entre amis ne fait pas exception : Que les agélastes (faut bien utiliser les nouveaux mots qu'on apprend...) s'en éloignent.

Quelques citations au fil de mes lectures de Paasilinna.

lundi 15 août 2005

Hanff

[En parlant de Helene Hanff]
« On ne sait jamais très bien si elle est une pessimiste gaie ou une optimiste triste. »
Jean-Noël Liaut


- Pourquoi tu souris ? me lança Aurélie.
- Ce livre est tellement bon, lui répondis-je.
- Ça parle de quoi ?
- C'est un échange épistolaire entre une jeune New-Yorkaise et un libraire de Londres. Les lettres datent de la fin des années 40 et s'étalent sur près de vingt ans.
- C'est drôle ?
- Drôle ?
- Depuis que tu as commencé ce livre, tu as le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
- C'est... jubilatoire. La jeune fille est folle des vieux livres d'occasion anglais. Elle est sans le sou, mais arrive tout de même à faire de bons achats. Ses lettres illustrent une amoureuse profonde des livres. Le libraire répond avec la politesse tout anglaise, voulant bien aider sa correspondante américaine. Dans les lettres du libraire, je retrouve à peu près le même ton que dans les courriels que j'échange parfois avec des libraires sur le web. C'est cela, sans doute, qui me fait sourire : le bonheur de savoir qu'on n'est pas seul dans notre folie.

Aurélie devait quitter. J'ai poursuivi ma lecture.

- Il semble bon ton livre, me dit Marie en s'asseyant confortablement au salon.
- Excellent, absolument excellent. Tiens, écoute.

Et j'ai relu, juste pour elle, à haute voix, les trente premières pages du bouquin.

Si les livres vous intéressent un tant soit peu, ce 84, Charing Cross Road vous transportera de joie.

dimanche 14 août 2005

Bouquinage

Hier matin, après un bon petit dejeuner au Café Cognac de Hull, j'ai visité quelques librairies. Avec moi, cette liste :

Les masques du héros de J. M. de Prada;
84, Charing Cross Road d'Hélène Hanff;
Petits suicides entre amis de Paasilinna;
Petit cours d'autodéfense intellectuelle de Baillargeon;
Tout ce que j'aimais de S. Hutsvedt;
Nedjma de K. Yacine;
Notes de chevet de Sei Shönagon.

Je voulais aussi jeter un oeil sur les polars de N. French et Mooney, de même que sur les livres d'Alain de Botton. De plus, il n'était pas question de revenir à la maison sans les trois premiers livres de la liste car : Le Prada est une suggestion enthousiaste d'un lecteur d'Au fil de mes lectures; cela fait plus d'un an que j'attends la sortie en poche du Paasilinna; et partout sur le web, on ne tarit pas d'éloges pour le Hanff.

Premier arrêt : La librairie du Soleil du secteur Hull. Grosse déception : ils n'avaient pas encore reçu le Paasilinna, qui pourtant, était paru en Folio depuis plusieurs semaines. Aucun Prada et pas de Hanff. Le Hustvedt était bien là, mais un rapide survol, et ma déception de ne rien trouver d'autres, m'ont incité à reporter cet achat à une date ultérieure.

Je suis donc passé chez la librairie d'occasion Le Loisir des Usagers, à quelques pas de là. Pour la première fois en plusieurs dizaines de visites, je suis ressorti bredouille. Ils ont toujours le dictionnaire Littré en quelques volumes des années 20, mais à près de 200$, j'ai décidé de ne pas le prendre... Il y avait aussi un Nicci French en poche mais très magané.

J'ai donc traversé la rue et me suis rendu à la Librairie Réflexion des Galeries de Hull. Pas de Hanff, ni de Prada. J'y ai cependant trouvé le Paasilinna. En attendant Marie, j'ai pu lire les trois premiers chapitres. En soirée, je me suis rendu à 115 pages et je compte bien terminer le livre dans la journée ou, au plus tard, demain soir.

- On retourne à la maison ? m'a lancé Marie dans l'auto.
- Non. Je vais faire un arrêt chez Archambault, on sait jamais...

Et je lui expliquai que ma quête de la journée avait été pour le moins infructueuse.

Je n'aime pas vraiment le magasin Archambault, tout au moins celui de Gatineau. Je trouve qu'il n'y a pas là une atmosphère de librairie. Les employés sont jeunes et semblent plutôt ignorants en matière de livres. Cependant, j'y ai trouvé deux Hanff dont j'ai déjà lu, ce matin - c'est un petit livre - , l'extraordinaire, le jubilatoire 84, Charing Cross Road. L'autre Hanff est La duchesse de Bloomsbury Street, qui est une espèce de suite au premier. Les Prada, Baillargeon, Shönagon et Yacine brillaient par leur absence. Cependant, dans la petite section consacrée aux sciences, j'ai trouvé Petit voyage dans le monde des quanta d'Étienne Klein, prix Jean Rostand 2004 publié dans la collection Champs chez Flammarion de même que L'Univers élégant de Brian Greene (Folio/essais) gros livre de 600 pages sur l'histoire de l'infiniment grand à l'infiniment petit pour nous amener jusqu'à la théorie des cordes. Brian Greene, nous dit l'intro, est l'un des spécialistes mondiaux de cette théorie. Quant au Klein, je devrai le retourner chez Archambault : les pages 138 à 176 sont remplacées par les pages 51 à 88. Certainement une erreur de l'imprimeur. J'espère qu'ils ne feront pas de chichis.
Finalement, il aurait sans doute été plus fructueux de commander chez Pantoute à Québec ou chez Gallimard de Montréal. Ce qui me fait apprécier la vente en ligne palliant les inventaires plein de trous de nos librairies locales.