Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 17 juillet 2009

Une Rencontre

J'aime Kundera.

Son dernier livre, Une rencontre, est une petite joie pour le lecteur que je suis.

Kundera écrit bien, et lit bien. Dans cet essai, il nous fait part, au regard de certains écrivains et compositeurs, de ses sentiments tout en mentionnant que « le ridicule de nos sentiments ne change rien à leur authenticité » (p. 161)

Kundera est d'une grande honnêteté intellectuelle avouant parler de certains auteurs même s'il n'a pas tout lu. Un bel exemple ici :

"Je dis : « J'aime Joseph Conrad. » Et mon ami : « Moi, pas tellement. » Mais parlons-nous du même auteur ? J'ai lu de Conrad deux romans, mon ami un seul que moi je ne connais pas. Et pourtant, chacun de nous, en toute innocence (en toute impertinence innocente), est sûr d'avoir une idée juste sur Conrad." (p. 73)

Le chapitre consacré à Malaparte est remarquable.

En page 23, on trouve une phrase qui m'a fait sourire :

[...] L'art de notre moitié du siècle est encrassé par une logorrhée théorique bruyante et opaque qui empêche une oeuvre d'entrer en contact direct, non médiatisé, non préinterprété, avec celui qui la regarde (qui la lit, qui l'écoute).

La deuxième moitié du XXe siècle terminée, la première du XXIe réserve-t-elle le même sort à l'Art ? Je pense que l'Internet est en train, justement, de révolutionner notre rapport à la connaissance : on n'a plus à se faire une idée à partir des idées que les autres possèdent sur les idées des autres. La banalité et l'exécrable s'y retrouvent, évidemment. Mais aussi l'originalité, la créativité, l'imagination, la beauté. À l'individu de porter son propre jugement. À nous de faire mentir Kundera lorsqu'il lance que « notre expérience historique [...] nous a fait comprendre que les hommes agissent en s'imitant l'un l'autre, que leurs attitudes sont statistiquement calculables, leurs opinions manipulables, et que, donc, l'homme est moins un individu (un sujet) qu'un élément d'une masse. » (p.21)

Mon opinion valant ce qu'elle vaut, j'estime que Kundera est l'un des dix plus grands auteurs du XXe siècle. Qu'attend-on pour le nobéliser ?

Sur Au fil de mes lectures, près de 350 citations dont seize de cet essai.

vendredi 3 juillet 2009

Brussolo

Je suis abonné au fil RSS du blogue de Fantasio depuis quelques années. Et ses rapports de lectures m'enchantent toujours. Chaque fois que j'ai acheté un livre suite à l'un des ses billets, j'ai été comblé par sa lecture.

Or Monsieur Fantasio aime bien Serge Brussolo, et si vous lisez l'ensemble des billets qui lui sont consacrés, vous ne pourrez que vous demander d'où vient cette admiration. En effet, Brussolo semble être un peu brouillon, pas toujours logique, et laisse parfois sur sa faim. Alors pourquoi continuer à le lire ?

Autant aller y voir par moi-même, me dis-je.

Ce que je fis en achetant Les Cavaliers de la pyramide.

Vous trouverez plusieurs résumés sur le web, ici ou par exemple.

Un livre fait son travail s'il enveloppe son lecteur d'une bulle de lecture. Et ce fut le cas pour Les Cavaliers. Je me suis surpris à entrer dans cette histoire relativement abracadabrante. Parfois, j'avais l'impression de me trouver dans un film de série B ou encore dans une bande dessinée. Et pourtant, je m'accrochais aux personnages principaux et je me suis laissé prendre par leur folle quête.

J'ai passé un très bon moment avec ce livre ce qui implique qu'il y a aura certainement d'autres Brussolo dans mes futures acquisitions.