Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

samedi 24 janvier 2009

Bossuet

Hier, en entrant dans la salle de réunion, je trouve sur le tableau cette citation :
Déformation de collectionneur oblige, je vérifiai immédiatement sur Internet son exactitude ; en guillemettant la phrase dans Google, un seul résultat apparu, ce qui, évidemment, éveilla ma suspicion.
En réalité, la phrase exacte se trouve dans son Instruction sur les états d'oraison. Premier Traité, où sont exposées les erreurs des faux mystiques de nos jours, Livre V, pp. 95-96 publié en 1697.
[...] La réflexion affermit nos actes; et cet affermissement nous est nécessaire tant que nous sommes dans cette vie, où nous ne voyons qu'en partie, comme dit saint Paul (7 Cor. XIII, 9), c'est-à-dire imparfaitement. De la faiblesse de nos vues vient celle de nos résolutions. En cet état, Dieu a voulu mettre dans l'esprit humain la force, pour ainsi parler, de redoubler ses actes par la réflexion, pour donner de la fermeté à ses mouvements directs. Ainsi, les actes directs ont quelque chose de plus simple, de plus naturel, de plus sincère peut-être, qui vient plus du fond, si vous voulez ; mais les réflexions qui ont la force de les confirmer venant par-dessus, elles font dire à David : J'ai juré, et j'ai résolu de garder les lois de votre justice. (Psal. CXVIII, 106.)
C'est pourquoi la réflexion est appelée l'œil de l'âme, parce que l'acte direct n'étant le plus souvent assez aperçu, la réflexion, en l'apercevant, raffermit avec connaissance, et comme par un jugement confirmalif.
Si on tient à bien citer Bossuet, il aurait fallu écrire :
[...] La réflexion est appelée l'œil de l'âme [...] (1697)

Notons par ailleurs que la date donnée sur le tableau est celle de sa naissance.

samedi 3 janvier 2009

Des règles

« Now to consult the rules of composition before making a picture is a little like consulting the law of gravitation before going for a walk. Such rules and laws are deduced from the accomplished fact ; they are the products of reflection... »
- Edward Weston. Réf.

dimanche 10 août 2008

Comparaison

« Most schools define computer literacy as being able to operate Microsoft Office and maybe do a little web design. They're missing the point. That's like saying, 'If you know which end of a book to hold up, and you know how to turn to Chapter Three, then you're literate.' »
Alan Kay

mardi 15 juillet 2008

Le beau Littré

Je possède plusieurs dictionnaires, mais malheureusement le Littré n'en fait pas partie. Ce n'est pas bien grave, car une version libre en ligne (ou sur poste de travail) existe, version dûe à François Gannaz. Ce dernier m'a d'ailleurs fait parvenir les sources et depuis quelques mois, je suis à les trifouiller pour en extraire les 300000 citations.

J'aimerais attirer votre attention aujourd'hui sur une citation se trouvant tout en bas de la rubrique BEAU :

S'il est vrai que l'homme laid de naissance soit plus bel encore que le plus beau des animaux, CH. LÉVÊQUE, Science du beau, t. II, p. 338, Paris, 1861.

À cause d'un «glitch» lors de l'importation dans MySql, je me suis en tête de la vérifier. Et c'est ainsi que j'ai trouvé un jolie erreur. Je ne possède pas le livre la Science du beau, mais Google Books a les deux tomes numérisés. Je me suis rendu à la page 338 du tome 2 pour constater nulle trace de la phrase en question. J'ai donc cherché dans le tome 1 et, effectivement, la citation s'y trouvait bel et bien.

Comme mentionné plus haut, je n'ai pas la version papier du dictionnaire ; il est bien possible que l'erreur provienne de sa numérisation. Je me rendrai bientôt à la bibliothèque nationale du Québec et en profiterai pour faire les vérifications d'usage !

mardi 24 juin 2008

Glanures

Dans notre monde humain que chaque génération renouvelle, les analyses ne sont jamais terminées, les synthèses jamais achevées. Il faut donc sans cesse les faire ou les refaire si l'on tient à ce que les vérités qu'elles peuvent à chaque instant révéler restent au milieu de nous. C'est, comme se nourrir, une activité vitale.
Yves Jaigu dans la préface à Délivrance de M. Clavel et Ph. Sollers.

[Il convient] de redonner à la « discussion » sa signification, son rôle, son vrai sens : celui de l'antipolémique, du refus d'être combat pour vaincre et même pour convaincre, afin d'être ce qu'elle est dans tout sa force : une pugnacité révélatrice, une série de raisonnements vécus que rapportent de leurs voyages ces navigateurs que nous sommes tous et qui ont besoin d'un lieu de passage où échanger leurs expériences, leurs visions, leurs découvertes.
Yves Jaigu dans la préface à Délivrance de M. Clavel et Ph. Sollers.

Recueillez dans un flacon au goulot assez large un peu d'air de Culatao (important complexe sidérurgique) et un pet de votre bébé. Achetez une Bicyclette bleue et plongez-vous un temps dans La Brume d'Avallon. C'est la parfaite recette si vous désirez être un auteur qui se vend.
Hilda Hilst citée dans Je hais les écrivains sous l'item Best sellers.

Je me fais fort de démontrer que l'on croit parfois à quelque chose et que pourtant on n'y croit pas.
Lichtenberg, cité par E. Morin dans son Autocritique.

Le privilège d'apprendre est rarement célébré avec les fastes qu'il mérite.
Catherine David, La Beauté du geste.

En mathématique comme au tai-chi-chuan et au piano, [l'erreur] participe du style de chacun, de cette indéfinissable singularité qui rend un port de tête aussi reconnaissable qu'une voix, un regard ou une signature.
Catherine David, La Beauté du geste.

Les êtres, tant spirituels que matériels, ayant quelques propriétés générales comme l'existence, la possibilité, la durée, l'examen de ces propriétés forme cette branche de la philosophie qu'on nomme l'ontologie, ou science de l'être, ou métaphysique générale.
D'Alembert, Encyclopédie cité dans Les mots de la philosophie d'Alain Lercher.

La religion fait partie de la culture, non comme dogme, ni même comme croyance - comme cri.
Maurice Merleau-Ponty, cité par Grateloup dans Anthologie philosophique.

vendredi 7 décembre 2007

Kernan

Musique et cinéma réunis, s'ajoutant au pouvoir exceptionnel des images sur la vie intime, augmentent d'autant l'impact, auprès de la jeunesse tout spécialement, de ce qui pourrait être un grand art. Dans les faits toutefois, ainsi que le constate Alvin Kernan [In Plato's Cave, 1999] l'image télévisuelle est restée simplette : what you see is what you get. Cinquante ans de télévision n'ont pas rendu jusqu'à présent « un seul écrivain, ni même aucun directeur, célèbre - elle n'a fait que des stars. Ses oeuvres sont éphémères, vues un instant sur l'écran et puis, sauf pour les reprises, disparues pour toujours, jamais appelés à vivre de longues vies sur des rayons de bibliothèque. Sa substance est l'image visuelle et l'oralité, non le mot imprimé plus abstrait, et elle n'encourage dès lors pas la complexité intellectuelle - l'ironie, l'ambiguïté, le paradoxe - ni la structure élaborée des idées qui caractérise les livres imprimés. »
Thomas De Koninck, La crise de l'éducation, Fides 2007

dimanche 2 décembre 2007

Finkielkraut

Extrait d'une entrevue d'Alain Finkielkraut accordée au quotidien Le Devoir :
L.D. Vous avez entre autres une formation de professeur de français. Vous enseignez à l'École polytechnique, mais si vous exerciez votre profession auprès d'adolescents, au secondaire par exemple, que feriez-vous pour appliquer les idées arendtiennes ?

A.F. Je ferais ce que d'autres professeurs tentent déjà de faire. J'enseignerais la littérature.

L.D. À partir de quel âge ?

A.F. Il ne faut pas l'enseigner avant le collège, soit vers l'âge d'onze ou douze ans, même si on peut, dans l'enseignement primaire, leur faire toucher du doigt la beauté.

L.D. Apprendre certains poèmes et des fables, par exemple ?

A.F. Oui. Et par les dictées où se déploie une belle langue. Cela me fait penser à une phrase de Leo Strauss: « Les Grecs avaient une belle expression pour désigner la vulgarité. Ils l'appelaient apeirokalia : manque d'expérience des belles choses. » J'essaierais donc, si j'étais professeur dans l'enseignement secondaire, de donner à mes élèves l'expérience des belles choses. Pour cela, je devrais résister à cette espèce de relativisme culturel devenu dominant, qui consiste à dire que tout est opinion et que la beauté ne relève que du jugement subjectif. Non, le sens de l'enseignement, c'est de résister à ce que j'appelle l'absolutisme égalitaire. Il est très important, dans un monde toujours plus enlaidi, de donner très tôt aux élèves l'expérience des belles choses, de leur rappeler notamment que, demain, ils seront des travailleurs et des consommateurs mais qu'ils ne seront pas que cela.

lundi 26 novembre 2007

Le feu par le feu

« Les maux de grammaire se soignent par la grammaire, les fautes d'orthographe par l'exercice de l'orthographe, la peur de lire par la lecture, celle de ne pas comprendre par l'immersion dans le texte, et l'habitude de ne pas réfléchir par le calme renfort d'une raison strictement limitée à l'objet qui nous occupe, ici, maintenant, dans cette classe, pendant cette heure de cours, tant que nous y sommes.
[...]
La conviction m'est restée qu'il fallait parler aux élèves le seul langage de la matière que je leur enseignais. Peur de la grammaire ? Faisons de la grammaire. Pas d'appétit pour la littérature ? Lisons ! Car, aussi étrange que cela puisse vous paraître, ô nos élèves, vous êtes pétris des matières que nous vous enseignons. Vous êtes la matière même de toutes nos matières. Malheureux à l'école ? Peut-être. Chahutés par la vie ? Certains, oui. Mais à mes yeux, faits de mots, tous autant que vous êtes, tissés de grammaire, remplis de discours, même les plus silencieux ou les moins armés en vocabulaire, hantés par vos représentations du monde, pleins de littérature en somme, chacun d'entre vous, je vous prie de me croire. »
D. Pennac, Chagrin d'école, pp. 124-126.

dimanche 25 novembre 2007

Pensée pour moi-même

Le bulletin scolaire est une arnaque pédagogique.

dimanche 18 novembre 2007

Avoir raison

« On a pu montrer, non sans un semblant de pertinence, que le plan des pyramides égyptiennes obéit à des données mathématiques calquées sur des distances astronomiques prouvant que les Anciens savaient calculer, par exemple, la distance de la Terre à la Lune. Les statues géantes de l’Île de Pâques ont fait l’objet de spéculations tout aussi troublantes. […]
Si les sciences exactes peuvent obliger le réel à se plier aux exigences d’élucubrations aussi fantaisistes, on imagine le pouvoir mystificateur des sciences humaines, quand un spécialiste intelligent les mobilise au service d’une idéologie ou de quelque finalité particulière. Un ouvrage passionnant pourrait recenser des sottises pseudoscientifiques les mieux réussies. On y verrait que la frontière entre la probabilité fantaisiste et la probabilité scientifique se perd parfois dans le flou. »
Georges Picard, Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison, Éd. José Corti, 1999.

Seuls les naïfs peuvent croire qu’une discussion vise à résoudre un problème ou à éclaircir une question difficile. En réalité, sa seule justification est d’éprouver les capacités des participants à désarçonner leur adversaire. L’enjeu n’est pas de vérité mais d’amour-propre. Et c’est bien là le problème. Le beau-parleur l’emporte sur le bafouilleur, le téméraire sur le timide, le fonceur sur le scrupuleux.
Id.

Lorsque, dans une discussion, quelqu’un lance : « Il faut être logique ! », soyez à peu près sûr qu’une fois sur deux, il s’apprête à s’en abstenir lui-même. Les débatteurs les moins cohérents ne se privent pas de placer leurs inconséquences sous le patronage de la Logique. Ils l’invoquent d’autant plus qu’ils ne la respectent pas, comme certains dévots avec leur dieu.
Id.

Comment avoir raison face à quelqu’un qui sait tout ? Ce genre de personnage existe. Je ne parle pas de ceux qui croient tout savoir, mais de ceux qui savent tout réellement, gens à la culture inépuisable, étincelant de références, de citations, d’analogies universelles, jamais à court sur les sujets les plus improbables et dont la richesse et la profondeur intellectuelle découragent la contradiction. Je ne vois pas ce que l’on peut faire sinon saluer. Saluons…
Id

vendredi 19 octobre 2007

ECR

« [...] Je déplore que l'éthique et la morale puisent faire l'objet d'une évaluation : le progrès individuel ne se mesure qu'à l'aune de la conscience de chacun. Elle est son seul juge. »
Michel THYS dans un commentaire au billet Le programme d'éthique et de culture religieuse vient d'être adopté du blogue du RAEQ.
NB. ECR = Cours d'éthique et culture religieuse.

jeudi 20 septembre 2007

Ibidem

En feuilletant Pour connaître la pensée de Bachelard (Paul Ginestier, Bordas, 1968), je suis tombé sur cette belle citation du philosophe :
On croit faire comprendre sans se donner la peine de faire sentir. (Ibid., p. 207)

Voulant en savoir un peu sur le contexte entourant de la citation, je me suis rendu à la référence de la citation précédente du livre. Ginestier y citait La pluralité cohérente de la chimie moderne, 1932. Or je possède cette édition. Une visite à la page 207 est demeurée infructueuse. J'ai parcouru une dizaine de pages entourant la 207, mais sans succès.

J'ai donc lancé la recherche sur le web, via le Google classique avec un résultat tristement infructueux.

Nouvelle recherche, mais cette fois dans le Google books. Et hop! la phrase est bien trouvée dans l'Eau et les rêves, dont je possède l'édition de poche. J'ai retrouvé la citation à la page 175.

L'eau et les rêves est souvent cité dans le Ginestier. Il se trouve d'ailleurs donné en référence juste avant la citation tirée de La pluralité. Il faut donc conclure que le ibidem faisait référence à la citation précédent la précédente !

Pourtant dans le Guide de la communication écrite (Marie Malo, Québec Amérique, 1996, page 182), on indique bien que l'abréviation « ibidem » est employée lorsqu'on cite la même source plus d'une fois et ce, de manière consécutive.

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