Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

samedi 2 janvier 2010

2010

Le petit mot : « Je ferai » a perdu des empires. Le futur n'a de sens qu'à la pointe de l'outil. Prendre une résolution n'est rien ; c'est l'outil qu'il faut prendre. La pensée suit.
(Alain, Minerve ou de la sagesse, LXXX)

vendredi 4 décembre 2009

Citation d'un article

It has become commonplace to refer to young people as digital natives due to their apparent fluency with digital technologies. Indeed, many young people are very comfortable sending text messages, playing online games, and browsing the Web. But does that really make them fluent with new technologies? Though they interact with digital media all the time, few are able to create their own games, animations, or simulations. It's as if they can read but not write.
M. Resnick et autres, Scratch: Programming for All

jeudi 1 octobre 2009

Pensée du jour

Twitter est au blogue ce que le haïku est au poème.

mardi 14 juillet 2009

Pirsig

Je viens de terminer le Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes de Robert M. Pirsig. Vous trouverez plusieurs citations/extraits sur Au fil de mes lectures, mais non celle-ci :

« Quand une personne souffre d'une illusion, on appelle cela la folie. Quand beaucoup de gens souffrent d'une illusion, on appelle cela la religion. »

C'est Dawkins dans son « Pour en finir avec Dieu » qui, en page 16, introduit ainsi la phrase :

« [...] j'ai tendance à dire, comme Robert M. Pirsig, l'auteur du Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes : [...] » (p. 16, Robert Laffont, 2008.)

Je m'attendais donc à la retrouver dans le livre, mais elle n'y est pas. En relisant le texte de Dawkins, je comprends bien que ce dernier ne spécifie absolument pas que la citation provient du livre. Mais alors, d'où sort-elle ?

Mes webrecherches

Wikipedia a un article relativement court sur Pirsig et ne contient pas citations.

Alexandre Leroux a réalisé un beau PDF suite à sa lecture du livre dans sa langue originale. Mais on n'y trouve pas la citation en question.

Je suis donc passé sur wikiquote et j'ai trouvé la citation encadrée de deux autres :
  • A fragment comes and lingers from an old Christian hymn, "You've got to cross that lonesome valley." It carries him forward. "You've got to cross it by yourself." It seems a Western hymn that belongs out in Montana.
    "No one else can cross it for you," it says. It seems to suggest something beyond. "You've got to cross it by yourself."
    He crosses a lonesome valley, out of the mythos, and emerges as if from a dream, seeing that his whole consciousness, the mythos, has been a dream and no one's dream but his own, a dream he must now sustain of his own efforts. Then even "he" disappears and only the dream of himself remains with himself in it.
  • When one person suffers from a delusion, it is called insanity. When many people suffer from a delusion it is called Religion.
  • The Quality, the areté he has fought so hard for, has sacrificed for, has never betrayed, but in all that time has never once understood, now makes itself clear to him and his soul is at rest.
Dans mon édition (Seuil/Points P456), le premier extrait se trouve en page 429 et le troisième en page 430. Entre les deux, aucun signe du second. Wikiquote serait-il en erreur ?

En poussant encore mes recherches, je suis tombé sur ce site qui cite des extraits de Lila, autre livre de Pirsig. On y trouve la phrase suivante :

« An insane delusion can't be held by a group at all. A person isn't considered insane if there are a number of people who believe the same way. Insanity isn't supposed to be a communicable disease. If one other person starts to believe him, or maybe two or three, then it's a religion. »

J'ai continué à fouiller le web, mais tous les sites qui signalent la citation (et il y en a beaucoup!) ne mentionnent soit aucune référence, soit le Traité du zen mais toujours sans indiquer la page exacte.

Comme je ne possède pas l'oeuvre en anglais et que je n'ai pas non plus son Lila, difficile pour moi d'être certain de ma conclusion, qui demeure pour l'instant temporaire : la phrase de Pirsig ne se trouve dans aucune des oeuvres de Pirsig. Il s'agit plutôt d'un condensé de l'idée du paragraphe tiré du livre Lila.

Cela faisait un bout de temps que j'avais visité des sites anglophones de citations. J'avoue qu'ils ne m'ont pas impressionné. Ils sont pour la plupart très mal faits et donnent rarement les références exactes. Pirsig, dans son livre, parle de Qualité, caractéristique peu présente dans les sites que j'ai visités. Par ailleurs, je n'y ai trouvé aucun équivalent d'Au fil de mes lectures.

lundi 25 mai 2009

Merveilleux nombres

« Avec les nombres on peut faire ce qu'on veut. Si j'ai le nombre sacré 9 et que je veux obtenir 1314, date du bûcher de Jacques de Molay -  date chère entre toutes, pour qui, comme moi, se déclare fidèle à la tradition chevaleresque templière - comment fais-je ? Je le multiplie par 146, date fatidique de la destruction de Carthage. Comment suis-je arrivé à ce résultat ? J'ai divisé 1314 par deux, par trois, et cetera, tant que je n'ai pas trouvé une date satisfaisante. J'aurais tout aussi bien pu diviser par 1314 par 6,28, le double de 3,14, et j'eusse obtenu 209. Eh bien, c'est l'année où Attale Ier de Pergame entre dans la ligue antimacédonienne. »
Umberto Eco, Le Pendule de Foucault, p. 295, trad. J.-N. Schifano, Grasset, 1990

samedi 23 mai 2009

Ingres ou Wilde ?

Je me suis récemment penché (voir les citations sur Au fil de mes lectures) sur les Notes et Pensées du peintre Ingres né en 1780 et décédé en 1867. Curieusement, plusieurs sites web donnent la citation suivante du peintre :
« Avec le talent on fait ce qu'on veut. Avec le génie on fait ce qu'on peut. »
mais, comme c'est si souvent malheureusement le cas, sans donner la référence. Cela éveilla ma suspicion, car je ne l'avais pas relevée dans ses Notes et pensées.

En posant la question au divin Google, j'ai même trouvé que certains l'attribuaient (encore une fois sans la référence) à Oscar Wilde. De Google normal, je suis allé dans son outil LIVRES et, en tapant la phrase exacte, je suis tombé sur l'article ci-contre de L'intermédiaire des chercheurs et des curieux. Je n'étais donc pas le seul à me poser la question !

Commençons par répondre à M. Cabidos : L'éditrice Sagaert cite une phrase de Paul Valéry tirée de Mélanges (p.375, in Oeuvre t.1, La Pléiade). Cette citation se trouve d'ailleurs sur Au fil.

Je suis retourné voir le journal de Gide à l'entrée bien rapportée par M. Cabidos. J'ai remarqué qu'à peu près au même moment, Gide parle aussi de sa lecture du livre Oscar Wilde et moi de Lord Alfred Douglas. Cette lecture lui aurait-elle fait remémorer un mot de Wilde ? C'est ainsi que j'ai parcouru les entrées consacrées à ce dernier dans mon Bartlett et mon Oxford. Mais peine perdue. Je possède cependant deux recueils de citations de Wilde. Encore là, sans succès.

Et tous mes dictionnaires de citations (et j'en ai beaucoup) restaient absolument silencieux ou répétaient tout simplement que le mot provenait du journal de Gide citant Ingres.

Je me suis donc mis à la recherche du côté anglophone. Et je suis tombé sur :
Of a life's prime purpose, it is to sit down content with a little success.
Talk not of genius baffled. Genius is master of man.
Genius does what it must, and talent does what it can.
Blot out my name, that the spirits of Shakespeare and Milton and Burns
Look not down on the praises of fools with a pity my soul yet spurns.
Owen Meredith, The poetical works

On pourrait traduire par « le génie fait ce qu'il doit, et le talent ce qu'il peut. »

Décortiquons les deux énoncés. Dans le cas de Gide, il faut entendre qu'il faut se «débrouiller» avec le génie, qu'on ne le commande sans doute pas étant considéré plus grand que soi. Alors qu'avec le talent, plus malléable, il nous permet de faire ce qu'on peut.

Le sens de Meredith est un peu le même : le génie étant au dessus, on ne peut le déconcerter. Il est maître de nous. Le génie fait ce qu'il doit faire avec l'homme. Et le talent, seulement ce qu'il peut.

Dans le cas de Gide, l'homme fait ce qu'il veut faire avec le talent, mais ne pourra dépasser cette limite.

Que conclure de tout cela ? Ma foi, que Gide aurait lu Meredith et l'aurait mentalement traduit m'apparaît une hypothèse plausible. Or, en vérifiant dans le journal de Gide, j'y trouve plusieurs entrées sur Owen Meredith. Gide en était donc un lecteur, ce qui expliquerait son « Je ne sais plus de qui ce mot admirable. »

À moins que l'on ne me trouve la phrase exacte dans une oeuvre en français, je vais considérer ma conclusion comme étant seule valable.

Autre conclusion : soyez prudent avec les sites de citations qui citent bien un auteur, mais non sa référence exacte.

mercredi 13 mai 2009

Les mots

« On peut faire une révolution complète dans les idées, sans être obligé de bouleverser la langue pour les exprimer. De Bossuet et Pascal à Montesquieu et Voltaire, quel immense changement d'idées ! À la place de la foi, le doute ; à la place du respect le plus profond pour les institutions existantes, l'agression la plus hardie : eh bien, pour rendre des idées si différentes, a-t-il fallu créer ou des mots nouveaux ou des constructions nouvelles ? Non; c'est dans la langue pure et coulante de Racine que Voltaire a exprimé les pensées les plus étrangères au siècle de Racine. Défiez-vous, ajoutait M. Andrieux, des gens qui disent qu'il faut renouveler la langue ; c'est qu'ils cherchent à produire avec des mots, des effets qu'ils ne savent pas produire avec des idées. Jamais un grand penseur ne s'est plaint de la langue comme d'un lien qu'il fallût briser. »
Adolphe Thiers, Histoire de la révolution française, T.1, p. xix, 1846

Je cherche toujours dans quelle œuvre Andrieux a écrit son idée sur le renouvellement des mots.

dimanche 26 avril 2009

Quelle chance !

samedi 21 mars 2009

Ah ! les comparaisons...

Qu'est-ce qui distingue un bon politicien d'un mauvais ? Rien. Les deux disent des niaiseries.

samedi 14 mars 2009

S'apprendre

« The true power of the computer will be seen not only in better teaching of the old topics but in transforming ideas about what can be learned. »
Connected Mathematics

lundi 16 février 2009

Marius et les tiers

CÉSAR (à Marius) - Eh bien, pour la deuxième fois, je vais te l'expliquer, le picon-citron-curaçao. Approche-toi ! Tu mets d'abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon. Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c'est joli. Et à la fin, un GRAND tiers d'eau. Voilà.
MARIUS - Et ça fait quatre tiers.
CÉSAR
- Exactement. J'espère que cette fois, tu as compris.
MARIUS - Dans un verre, il n'y a que trois tiers.
CÉSAR - Mais, imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers.
MARIUS - Eh non, ça ne dépend pas. Même dans un arrosoir, on ne peut mettre que trois tiers.
CÉSAR - Alors, explique-moi comment j'en ai mis quatre dans ce verre.
MARIUS - Ça, c'est de l'Arithmétique.

Marcel Pagnol

Sur Wikiquote, on donne l'acte 1 sc. 2 de la pièce Marius. Je me suis précipité sur ma copie pour la retrouver dans le texte, mais peine perdue. Wikiquote utilise l'édition de Fallois (1988) alors que je possède la version Fasquelle (1946) reprise en Livre de poche en 1966. J'ai retrouvé les autres citations données par Wikiquote avec les numéros des scènes légèrement décalés. Peut-être qu'à la suite du film, Pagnol a révisé son propre texte ? C'est à vérifier.

dimanche 25 janvier 2009

Citations de Jules Payot

[...] toutes ces belles disciplines, qui devaient être un instrument de culture, n'ont été pour beaucoup qu'un instrument de torture. (p. 21)

L'art de se servir des livres a une importance capitale. On peut dire que tous les hommes de talent se sont formés par les livres. C'est que les livres respectent l'originalité : chaque lecteur s'assimile ceux qui correspondent à ses inclinations profondes. D'autre part, le livre attend, ce que le professeur ne fait jamais. (p. 62)

N'est-il pas manifeste que nos programmes avec leur entassement de matières hétéroclites, avec la hâte trépidante qu'ils imposent aux professeurs et aux élèves, sont directement contraires à toute méthode fructueuse ? Ils donnent aux enfants des habitudes de travail bâclé et détruisent en eux tout essai d'énergie mentale. (p. 69)

La mise en oeuvre de nos énergies profondes est la source des plus grandes joies de la vie et quand l'enfant a goûté à cette allégresse il est sauvé : il ne pourra plus galvauder son énergie à des besognes somnolentes. Nous disons que la réforme urgente est de cesser de gaver les élèves de vocables morts et d'utiliser leur cerveau comme un entrepôt des pensées d'autrui. Il est urgent d'en faire des esprits libres. (p. 100)

Dans une lettre, Combarieu, inspecteur de l'Académie de Paris, me signalait combien l'enseignement abstrait de la grammaire était vain et il ajoutait : « Les Grecs ont eu quatre ou cinq siècles de grande production littéraire avant de savoir distinguer un substantif d'un adjectif et de savoir ce qu'est un mode. » (p. 167)

Les mathématiques ne sont qu'un outil. Que dirait-on d'un ouvrier qui passerait sa vie à aiguiser son outil sans jamais s'en servir ? Le calcul est une machine qui ne rend que ce qu'on y a mis. Si l'on n'y met aucune réalité, il ne rend que du vent. (p. 196)

Plusieurs autres extraits sur Au fil de mes lectures.

Nota. Dernier paragraphe corrigé suite au commentaire ci-dessous.

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